Gare au crédit revolving
La mesure prise en juin dernier par Nicolas Sarkozy pour soutenir la consommation autorise à une réduction d’impôt égale à 25% des intérêts payés en 2004 et 2005 dans la limite annuelle de 600 euros (soit un cadeau fiscal de 150 euros).

Une mesure qui, selon les économistes gouvernementaux, devrait rapporter entre 3 et 4 milliards aux caisses de l’Etat, et correspondrait à un demi-point du PIB. Chiffres qui n’ont jamais été confirmés par la moindre étude. Encore un effet d’annonce sans lendemain ! Le plus étonnant est que cette directive concerne tous les prêts à la consommation, y compris les réserves d’argent appelées plus couramment crédits revolving.
Ces sociétés de crédit ne pouvaient rêver d’un tel cadeau ! À coups de campagnes d’affichage, de marketing direct et de presse (surtout la presse télé) les Cofidis, Cetelem, Médiatis, Cofinoga, Pass, Sofinco et consorts profitent de cette aubaine pour séduire les consommateurs. Les cibles sont bien identifiées, tous ceux qui ne peuvent accéder à un crédit bancaire affecté à des taux raisonnables : les jeunes qui s’installent avec un faible pouvoir d’achat, les chômeurs, les seniors, les veufs, les divorcés, les malades et les familles monoparentales. En somme, les plus vulnérables.
Les astuces publicitaires pour ferrer ces proies faciles sont bien rodées : premières mensualités réduites, 0€ pendant 3 mois, taux exceptionnel sur une première période, ou plus simplement possibilités de disponibilités immédiates de sommes importantes (jusqu’à 10 000 €). Selon une étude réalisée en 2003 par l’IFOP, 85% des Français ont recours au crédit et, phénomène paraissant complètement aberrant, un sur deux a souscrit un crédit sans connaître le taux d’intérêt. Une proportion identique ignore tout des règles du crédit revolving, qui est certainement le plus dangereux, car le client ne se rend pas bien compte de son niveau d’endettement.
Une même famille peut ainsi cumuler plusieurs réserves et se retrouver à payer des intérêts mensuels correspondant à des TEG annuels allant de 18 à 23% ... pour un même argent acheté à moins de 3% par les sociétés de revolving. Et tant que le client rembourse ses mensualités, les réserves sont automatiquement renouvelées, voire augmentées. Il suffit pour cela de remplir une case sur le courrier arrivé dans votre boîte aux lettres. On ne vous demande ni votre âge, ni votre situation bancaire, ni votre situation familiale, ni votre endettement, ni votre état de santé. En somme, un système pervers, implacable, et très difficilement réversible, qui entraîne souvent des situations de surendettement. Plus on a de dettes, plus on est en situation de précarité, plus on est prisonnier du système.
Un argument de plus, et pour une fois totalement justifié, en faveur du mouvement anti-pub qui a fait de la surconsommation son cheval de bataille. Pourtant, à l’exception d’associations de consommateurs comme Que Choisir ou 60 millions de consommateurs, peu de voix se sont, jusqu’à présent, élevées dans la presse pour, au minimum, réglementer le taux du crédit revolving. Le sujet n’est certes pas dans le cœur de l’actualité, tellement il est banalisé. Pourtant, lorsqu’on a conscience de la souffrance et de la dépendance de centaines de milliers de nos concitoyens n’ayant pas eu la chance d’accéder à l’information ou, plus grave, n’ayant pas eu d’autre choix, on peut tenter d’initier une mobilisation en dénonçant cet abus.
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