Genuflexions, emplois et enfumage
Ou l'on apprend que Francois semble encore croire en l'inversion magique de la fameuse courbe si redoutée...
On apprend qu'aujourd'hui se tiendrait une réunion réunissant Président de la République Francaise et la fine fleur du patronat international.
On est en droit de se demander à quoi rime ce cirque politico-commercio-mediatique.
Cette réunion est une perte de temps et d'argent tellement visible qu'il ne m'en a pas fallu plus pour décider l'écriture d'un article a ce sujet.
Les problèmes de l'emploi sont ailleurs et connus depuis longtemps. Parmi eux :
La formation supérieure
D’un côté nous avons les grandes écoles avec leurs hordes de rites, codes et surtout leur classe préparatoires que personne dans le monde ne nous envie (et les classes prépa et les écoles, j’entends). A l’adresse de ceux qui ne les connaissent pas, ces classes prépa sont des endroits très particuliers ou l’on enseigne à l’élève (pas l’étudiant, occupant le banc d’un lycée jusqu’à son 20e anniversaire) que la réussite passe par l’élimination de ses petits camarades. De plus, si la valeur intrinsèque de l’individu est revendiquée comme faisant partie des priorités, en vérité il en est tout autre, car à la sortie de ces « CPGE », finalement seul le classement compte. Pour faire simple, l’élève n’est pas évalué à terme quant à sa valeur en tant qu’apprenant, mais en comparaison avec les autres, l’accès aux grandes écoles se faisant généralement sur mélange de résultats à des concours quelquefois communs a plusieurs d’entre elles et sur le rang occupé par le candidat durant ses 2 années de déformation. Quel meilleur système pour promouvoir l’esprit de compétition sans limite, la domination du plus faible par le plus fort, la promotion des psychopathes, l’annihilation de la personne au profit du titre, la culture du rang au détriment de celle du résultat ?
De l’autre côté, nos chères et séculaires universités, qui, ayant au moins le mérite de proposer une alternative « ouverte » aux jeunes esprits, sont rongées de l’intérieur par des maux facilement identifiables :
- Déconnexion manifeste avec le monde de l’entreprise. Si des efforts ont été faits depuis les années 90 -création des IUP, des IAE, des DESS, (Master Pro selon la terminologie actuelle), partenariat avec les entreprises, etc-, la théorie du savoir pour le savoir reste encore bien ancrée dans les cerveaux des professeurs et autres intervenants en facultés.
- Politisation non seulement des enseignants mais aussi des étudiants, de manière écrasante au profit des partis de gauche. Les exemples ne manquent pas (Julliard, Cambadelis, Cohn-Bendit…). Les étudiants non sympathisants se retrouvant souvent victimes de pressions voire pire…
- Absence de compétition quasi totale (je ne parle pas de la compétition interne que je fustige plus haut concernant les grandes écoles), ou plutôt de comparaison avec les universités étrangères. Ce qui a pour effet une lente dégradation du niveau : on n’est jamais plus inefficace que lorsque l’on passe son temps à se regarder le nombril.
- Idéologie ayant poussé les dirigeants dans les années 80 à réclamer, non pas plus de gens instruits, mais des résultats en termes de réussite au baccalauréat. Ceci ayant eu pour effet, non seulement la dévalorisation du dit examen, mais aussi le naufrage dans les universités de tant de « faux bacheliers » dont les résultats pré-bac n’était pas suffisants pour leur ouvrir les portes des BTS, IUT et, à plus forte raison, classe prépa. Les facultés accueillant tout étudiant du moment qu’il ait son bac en poche, l’image de ces dernières fut durablement associée à celle de « poubelles post bac) au début pour les 2 années de DEUG. Cette image finit malheureusement par s’étendre à tout le cursus universitaire, la désaffection des entreprises pour les diplômés en facultés (sauf secteurs monopolistiques tels médecine, droit…) ayant atteint son paroxysme dans les années 90-2000.
Les dirigeants tant politiques que financiers, dans les entreprises ou les syndicats étant issus, pour l’immense majorité, des institutions décrites plus haut, doit-on vraiment s’étonner de l’absence de compétitivité et d’attractivité de la France en termes d’entreprises ?
Les politiques de recrutement formatées
Le rôle dévolu aux RH a décuplé depuis les années 70. Le RH décide de tout (salaire d’embauche, progression hiérarchique et financière) mais surtout s’assure que le candidat ait le « bon profil » pour « coller au mieux aux objectifs du groupe ». Dit autrement, le RH (sans s’en rendre compte, souvent, lui-même étant complètement formaté dès l’université) a pour mission le formatage systématique des employés auquel il accorde embauche ou non, augmentation ou non, etc.
Bannis les esprits critiques, interdits les penseurs libres, imposés de manière rigide les codes (vestimentaires par exemple), embauches et progression au faciès et j’en passe et des meilleurs.
Les faiblesses du système managérial
Trois des principes – que j’ai pu vérifier tant en France qu’à l’étranger » expliquent de manière synthétique la politique de gestion des ressources managériales au sein des entreprises tant multinationales que régionales, tant grosses que petites sont les suivants :
1 - Principe de Peter : dans une hiérarchie, tout employé a tendance à s'élever à son niveau d'incompétence » avec le corollaire que : « Avec le temps, tout poste sera occupé par un employé (moutonneux) incapable d'en assumer la responsabilité. ». En passant, notez que l’adjectif entre parenthèse est mien…
2 - Principe de Dilbert : « Les gens les moins compétents sont systématiquement affectés aux postes où ils risquent de causer le moins de dégâts : ceux de managers. »
3 - Le principe de Parkinson explique enfin que les 2 premières solutions épuisées, une entreprise a intérêt à se débarrasser et de ses éléments dynamiques peu payés (comprendre les non-formatés volontairement maintenus au bas de l’échelle), pour les remplacés par des léthargiques surpayés au nom de la tranquillité générale.
Si ces principes sont usités dans les entreprises du monde entier, leur application au sein des societés hexagonales ne fait pas de doute. Je dirais même plus : la France (le Français ?) et sa culture de la jalousie, de l’envie, de la tolérance très relative (sic) envers tout(tous) ce (ceux) qui ne colle pas au(x) modèle(s) communément défini(s) comme universel(s) et « bien » et du dénigrement de tout ce (tous ceux) qui semble(nt) réussir (en particulier au niveau financier) ne peut qu’être le creuset de leur application en masse.
Et encore n’ai-je parlé que des entreprises, les administrations n’étant (et pour cause) pas en reste…
Tout ce qui ne se contrôle pas doit être éliminé.
En France, comme dans l’ensemble du monde (occidentalisé ?), la classe dirigeante déteste l’idée de ne pas pouvoir tout surveiller. Tout doit être contrôlable !
Cet état de pensée est entré à coups de marteaux dans les esprits des futurs cadres et autres « intellectuels » par le moyen des grandes écoles et autres universités. De l’industrie (Systemes qualité « ultra data driven », SPC, LEAN, POKE YOKE…), en passant par la médecine (un mal, des analyses, chiffrées, une molécule), les services (les certifs qualité de tous poils type ISO 9X faisant des entreprises les plus diverses les clones les unes des autres, les rendant faciles à contrôler), la religion (on crée des observatoires de tous poils plus prompts à imposer aux adeptes leurs croyances qu’à protéger quiconque), la nourriture (les AOC, quelquefois protectrice des traditions, souvent complices de l’uniformisation rarement au profit des PME en passant), la politique (dictature de la bien-pensance mais aussi bipolarisation parfaite du paysage politique permettant le formatage parfait des cerveaux, à gauche ou à droite, pas d’alternative, point barre), le rire (le récent vaudeville franco-camerounais dont le dernier épisode se passait en Eure et Loir il n’y a même pas un mois parle de lui-même). J’arrête ici la liste, car elle serait trop longue.
Pour revenir au monde de l’entreprise, les "petits entrepreneurs" sont vus comme des « libéraux », autrement dit, des personnes menant leurs barques seules, contrôlables au mieux par leurs livres de caisses et encore.
Ainsi est organisée la destruction systématique des PME par les dirigeants politiques et financiers :
1 - On les massacre à coups de paperasserie inutiles.
2 - On les surtaxe. Un exemple, à l’inverse des administrations, entreprises publiques et autres grandes entreprises privées, le patron d’une entreprise individuelle est imposé non sur 100% mais sur 125% de ses revenus ! Une seule solution pour échapper à cette escroquerie : faire contrôler sa compta par un organisme agréé par l’Etat de type ARAPL dont les agents se plaisent à harceler le « petit » dirigeant dans le but plus ou moins avoué d’en apprendre le plus possible sur ses activités, ses revenus, voire au-delà.
3 - A l’inverse, un boulevard fait aux grandes entreprises exclusivement contrôlées par les anciens camarades de classe ou de promo des politiques en place… S’y incluent toutes sortes d’administrations cela va sans dire.
Cet état de fait est si ancre que le cerveau du citoyen s’y plie dès le plus jeune âge : dans la liste des carrières encouragées par la majorité des « parents bienveillants », on trouve par ordre de priorité :
- Tu seras fonctionnaire mon fils (1 personne / 3 en rêve)
- Tu seras en CDI dans une entreprise nationalisé mon fils (type EDF, SNCFO)
- Tu seras en CDI dans une entreprise dirigée par les copains de promo des banquiers et politiciens (Air Liquide, Le Nouvel Obs, Airbus…)
- Tu seras en CDI dans une grosse multinationale mon fils
Surtout pas de saillie libérale, pas de multiples carrières, surtout pas de carrière artistique. Du conformisme et de la tenue !
La baisse structurelle du nombre d’emplois disponibles
Il faut reconnaitre à la gauche et au PS en particulier, leur lucidité sur le devenir de l’emploi. Ceci à l’époque ou cet enfumage des 35 heures fut créée.
Il ne sert à rien de se voiler les yeux et les écologistes ou assimiles de tous bords le disent depuis 40 ans : un modèle économique basé sur la croissance infinie, ceci sur une planète dont on n’exploite principalement que les ressources non renouvelables, donc finies ne peut satisfaire qu’un fou ou un économiste libéral. Si on ajoute à ceci que la productivité du travail a bondi dans les 100 dernières années, mais aussi que le marché des biens est arrivé à sa phase mature (celle du simple renouvellement) depuis plusieurs années dans les pays les plus riches, on ne peut que constater un fait d’une évidence enfantine : il y a, par nature, moins de travail pour une population donnée. Le niveau d’équipement de la famille moyenne en produits industriels et manufacturés atteint sa limite dans les pays riches. Ainsi, le nombre de bras nécessaires pour faire tourner le modèle d’économie dans lequel nous surnageons tous a diminué et continuera à le faire. D’où la tentation de partager le travail, pas en terme de volume, mais en terme d’horaires.
Seulement, et même s’il faut bien admettre que l’on atteint un point de saturation, tablettes, consoles, smartphones, véhicules multiples, vacances sous les tropiques, abonnements en tous genres (web pour commencer), accès de la majorité de la population aux produits alimentaires autrefois considérés comme luxueux (champagne, foie gras, saumon…) continuent à alourdir le fameux « panier de la ménagère », qui, bizarrement, en semble dépourvu dans les enquêtes de l’INSEE.
Du coup l’enfumage cité plus haut vient du fait que, pour que le système continue à tourner, partager le travail ne suffit pas : il faut aussi maintenir non seulement le niveau, mais aussi l’augmentation régulière des salaires non pas seulement indexés sur l’inflation, mais aussi sur les dépenses actuelles des foyers, non par comparaison avec 1978 ou la liste des dépenses superflues se limitait à une télévision et 2 semaines de vacances sous une tente Trigano au camping Les Flots Bleus de St Malo voire La Grande Motte pour les plus chanceux.
Et c’est là que le bât blesse. Les salaires n’ont pas suivi le niveau de dépense des foyers. Le matraquage publicitaire ainsi que l’accès facilité au crédit tentent de prolonger le phénomène de suréquipement en créant besoin et illusion de richesse. Ceci afin de continuer à faire tourner des usines (pour la plupart délocalisées en Asie du Sud Est en passant). Un tel château de sable ne peut évidemment pas tenir longtemps, et ce, malgré une démographie globalement en hausse. La raison étant que ces chiffres haussiers sont surtout alimentés par des pays au PIB faible, présentant donc de faibles débouchés pour les produits de grande consommation a forte marge…
Pas de hausse des salaires, pas de consommation, et ceci quel que soit le partage du travail…
La politique de bas salaire
Le corollaire évident du point ci-dessus est la pression que font peser les dirigeants d’entreprises et les banquiers sur les salaires. L’emploi est unanimement considéré comme une denrée soumise aux lois du marché au même titre qu’un kilo de pommes de terre : on parle de « marché du travail ». Peu d’offres, signifierait donc plein de chômeurs et des salaires au bon vouloir de celui qui est en position de force, en l’occurrence l’employeur.
Cette politique est tout-à-fait défendable de leur point de vue : salaires plus bas signifiant charges inferieures, donc marges nettes supérieures, profits à l’avenant.
Là où cela devient plus compliqué pour les industriels est que leurs employés sont aussi leurs clients. L’exemple récent de PSA est édifiant à ce sujet. Certes, l’accès au crédit permet pendant quelques temps de masquer le phénomène, mais la bulle finit un jour ou l’autre par éclater.
En revanche, du côté des banquiers, c’est un jeu spécieux ou l’on gagne à tous les coups :
- les employés sous-payés leur laisse des marges intactes (voire grandissante)
- L’endettement permet de continuer à faire tourner les usines et donc à soutirer une partie non négligeable du salaire du même employé.
- Lorsque le système vacille, non seulement les citoyens (donc les employés) mettent la main à la poche (massacre de leurs économies) pour renflouer les banques, mais en plus, beaucoup d’’entre eux se retrouvent dans des situations de cessations de paiement ce qui entraine saisies immobilières et donc … constitution d’un capital immobilier immense sans aucun frais pour la banque !
On entrevoit donc qui, derrière tout ce remue-ménage, tire les vraies ficelles. Les politiciens ne sont que des pions au service des grands patrons, eux-mêmes inféodés aux banquiers.
On est donc en droit de se poser les 2 questions suivantes :
- Est-ce François Hollande qui reçoit les industriels ou l’inverse ?
- Cette réunion a-t-elle le moindre intérêt, sachant que les réels décideurs n’y sont pas conviés ?
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