Grèce : jusqu’où vont nous mener les chants des Sirènes ?
Depuis mai 2010, la Grèce est "sauvée", l’eurozone a lancé un programme de 110 Milliards € dont 30 financés par le Fonds Monétaire International (deux fois plus que pour la Roumanie). Ensuite, les investisseurs, pleinement rassurés, devaient reprendre le droit chemin de l’acquisition de la Dette grecque

Or, un an après, de la dette grecque personne ne veut, un deuxième programme est à l’étude. Les études durent longtemps, les décisions auraient du être prises début juin 2011…
La vérité sort du puits où on l’avait caché : les investisseurs, qui sont surtout des gestionnaires de fonds d’assurance et de fonds de pension ne peuvent professionnellement pas prendre de risque puisque leur mission est, en effet, d’investir sans risques, ils ont donc l’obligation de la peur.
Les investisseurs n’achètent plus de dette grecque, portugaise ou irlandaise. Lorsque les obligations de ces Etats arrivent à échéance, leur "roll over" (renouvellement) est donc assuré par les fonds européens de sauvetage (aujourd’hui le Fonds Européen de Stabilité Financière, à partir de 2013 le Fonds de Stabilité Monétaire).
Ces fonds sont garantis par les pays notés AAA, surtout l’Allemagne et la France. Ces garanties deviendront donc des paiements naturellement aux frais des contribuables. Reste à savoir jusqu’où l’on va aller !
La dette de l’Etat grecque atteint au total 362 Milliards € (y ajouter 150 Milliards € de dette pour le Portugal et 160 Milliards € pour l’Irlande). Or, 172 Milliards € doivent être trouvés uniquement pour la Grèce d’ici 2014. A qui la Grèce doit de l’argent ? Selon Barclays Capital, aux banques européennes pour 162 Milliards €, à la BCE pour près de 60 Milliards €… mais cela laisse, selon le Deutsche Bank de Londres, un "trou" de 140 Milliards € financé par des fonds de pension et des fonds d’investissements divers.
Racheter au fur et à mesure la dette grecque revient donc à substituer les contribuables des pays notés AAA aux banques non seulement françaises ou allemandes mais aussi britanniques et à des fonds d’investissement surtout anglo-saxons.
Le sauvetage de la Grèce coûte déjà cher aux Grecs : une baisse des revenus de 30%, plus de 15% de chômeurs (ce chiffre atteint plus de 35% pour les moins de 25 ans).
Malgré tout, la Grèce a promis de vendre pour 50 Milliards € d’actifs : des ports (avec les dockers), un aéroport ouvert, un aéroport fermé transformé en réserve naturelle, des chemins de fer où les dépenses représentent dix fois les recettes, un marais salant abandonné, il faut y ajouter des terrains à bâtir mais le droit grec de la propriété est déficient. Reste à trouver les acheteurs !
Mais en fait est-ce le sauvetage de la Grèce ? L’Europe semble surtout racheter les créances que les prêteurs ne veulent pas renouveler c’est-à-dire que les contribuables vont payer non seulement pour les banques mais pour près de la moitié pour des fonds d’investissement surtout anglo-saxons.
Quand Angela Merkel devra présenter la note au Bundestag… « Qu’allait-elle faire dans cette galère ? »…elle pourra toujours avouer qu’elle y a été poussée par les Français dont le Président du Directoire de la BCE et le Directeur du FMI.
Comme aimait à dire François Mitterrand : « Les Français sont nombreux à la tête des organisations internationales, on ne mesurera jamais assez cet apport à l’influence de la France… »
Morad EL HATTAB & Irving SILVERSCHMIDT
Auteurs de La Vérité sur la crise (Ed. Léo Scheer)
P.S. : Extrait d’un article de Georges Ugeux (Executive Vice President International du New York Stock Exchange de 1996 a 2003) publié le 10 juillet 2011 et intitulé Agences de notation : la grande hypocrisie des Gouvernements : « Mais surtout, la crise actuelle était prévisible depuis fin 2009. Dès la mi-2010 nous descendions la pente qui mené à la crise. Rien que sur la Grèce, les rendements ont été multipliés par trois et la prime de risque a quadruplé. Tout cela est le résultat d’accords passés entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel sur une plage à Deauville. Ils entreront dans l’histoire comme les dirigeants les plus nocifs de l’histoire de l’Eurozone. »
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