Grèce : la préfiguration de la situation en France ?
On peut se demander si ce qui se passe en Grèce ne pourrait se passer également en France. Ca veut dire frôler la cessation de paiement, chercher désespérément des banques, des fonds de pensions, des assurances, voire des pays qui acceptent de vous prêter de l’argent pour faire les fins de mois, payer ses fonctionnaires et surtout rembourser les emprunts précédents.
Ensuite ça veut dire, pour obtenir ces nouveaux prêts de ce que l’on se complait à appeler des spéculateurs, s’engager à mettre en place des plans de redressement (ou de rigueur dans le langage de l’opposition) pour équilibrer enfin les comptes du pays, annuellement et au global. Incidemment si on voulait éliminer les spéculateurs de la surface du globe, il suffirait de ne pas avoir à emprunter de l’argent, ou si cela vous arrivait, d’avoir les garanties à offrir et la crédibilité suffisante pour que les préteurs se précipitent. Quand comme la Grèce vous n’avez fait aucun effort sérieux depuis des années pour équilibrer dépenses et recettes et qu’en plus vous avez maquillé vos comptes depuis plusieurs années, il est illusoire de penser que ces prêteurs vont se précipiter pour répondre à vos nouvelles demandes de prêt alors que vous ne savez pas comment rembourser celles qui arrivent à échéance le mois prochain.
Sommes-nous vraiment différent en France ? Oui sur le fond car notre économie est infiniment plus solide que l’économie grecque, la tricherie vis-à-vis du fisc n’y est pas aussi avérée et la corruption bien moins présente, mais non dans les méthodes car nous avons nous-mêmes fait de la cavalerie permanente depuis Trente ans, droite et gauche confondues, en augmentant les dépenses, en accroissant les effectifs de personnels non directement productifs, et en chargeant sous les taxes la mule de l’industrie privée. Quant à notre plan de redressement annoncé, Bruxelles ne le trouve pas crédible pour cause d’une estimation de croissance économique pour les prochaines années irréaliste et d’effort insuffisant de réduction des dépenses.
Nos gouvernants sont remarquablement discrets en ce moment, vous ne trouvez pas ? Bien sûr, il y a un sujet à risque d’ordre national sur la table en ce moment, celui de la révision de notre système de retraite, qui explique cette modestie, mais il y a également le fait que nous pourrions bien être la prochaine victime de ces foutues agences de notation. Après le Portugal et l’Espagne, on parle de l’Italie, mais le vrai risque est que ce soit la notation de la France qui soit dégradée, ce qui provoquerait un tsunami boursier d’une ampleur jamais vue avec un seul pays encore capable de boucher les trous, l’Allemagne.
D’où sans doute la montée en charge médiatique de François Fillon et la mise sur pied d’un gel pour trois ans des dépenses de l’Etat, hors Sécu, service de la dette et montée des retraites des fonctionnaires néanmoins, ce qui veut dire que nous continuerons à générer tous les ans du déficit et donc des emprunts supplémentaires. C’est surement insuffisant pour ne pas nous trouver à terme, à ce rythme et à horizon dix ans, dans une situation comparable à la Grèce, où à l’Irlande avec des conséquences et des mesures sans doute semblables, augmentation de la TVA , diminution drastiques des effectifs et des salaires des fonctionnaires et émeutes sociales. Ce serait vraiment le moment d’une Union nationale pour gérer une situation aussi problématique. Le PS hélas ne l’a pas compris.
A suivre de très près.
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