Idées reçues sur la reprise d’entreprise
L’APCE, OSEO, la presse ou le Conseil économique et social
(CES) sortent régulièrement depuis deux à trois ans des enquêtes et des
rapports relatifs à la transmission et la reprise d’entreprise.
L’axe principal de ces travaux est le plus souvent
représenté par la pyramide des âges en France sur les dix prochaines années et
la prise de conscience sur le plan social et sociétal des effets du "Papy
Boom". Fréquemment portées par une conclusion en forme d’alerte, ces
informations laissent à penser que la France doit se préparer à un séisme
économique au niveau des PME et PMI du fait de l’absence d’anticipation du
phénomène. Avec entre 600 et 700 000 chefs d’entreprise devant prendre leur
retraite d’ici à 2010, l’offre
de cession devrait aller grandissant dès 2007 et donc abonder un marché de la
reprise d’entreprise particulièrement florissant.
Sur le terrain, la réalité ne semble pas totalement en phase
avec ces études.
Certes, le nombre de chefs d’entreprise en âge de prendre
leur retraite dans les cinq à sept prochaines années n’est pas à remettre en cause
mais le marché de la transmission reprise apparaît beaucoup plus complexe.
Dans ces statistiques démographiques, il faut trier les
entreprises uni-personnelles, les petits commerces et toutes les activités dont
le fond n’est porté que par le dirigeant et n’a de valeur que par son action
propre et directe. Ces petites structures vont disparaître avec la cessation
d’activité de leur propriétaire et cela n’affectera pas directement et en
profondeur le tissu économique de nos régions. La rotation d’ouverture-fermeture de ces TPE, même dans cette phase d’amplification, est un
phénomène récurrent sans grande incidence.
Il est également nécessaire, comme le fait le CES avec
pertinence, de ne pas considérer les entreprises qui, bien qu’aujourd’hui
rentables, déclinent lentement avec leur dirigeant et qui seront peut-être à
vendre mais certainement pas achetables. La création d’entreprise vient alors
compenser largement ces disparitions tout en renforçant l’avenir économique des
secteurs concernés.
Au total, plus des deux tiers des entreprises ne devraient
pas être pris en compte dans les analyses statistiques telles qu’elles sont
présentées.
Sur le tiers restant, il conviendrait de retraiter celles
pour lesquelles la transmissions naturelle se fait par filiation ou en interne
(le fils, la fille ou le second sont les repreneurs désignés) et les
entreprises dont le secteur ou la taille critique les portent vers la reprise
par une autre structure dans une logique de croissance externe.
Sans faire preuve d’exhaustivité ni d’une grande précision,
la réalité observée sur le terrain montre que le nombre d’entreprises pouvant
véritablement faire l’objet d’une opération de transmission reprise est loin
des 600 ou 700 000 annoncées. Ramenés à l’échelle d’un département et étalés
dans le temps, ces chiffres sont tels que ce sont seulement quelques
entreprises par an qui vont être concernées.
La recherche d’un repreneur n’est pas et ne sera pas non plus
très aisée, d’autant moins dans les années qui viennent.
En ce qui concerne les cadres de grandes sociétés, la
génération montante devra choisir entre profiter d’une accélération de carrière
et créer ou reprendre une entreprise. Le choix sera probablement en faveur de la carrière. Dans les
PME-PMI, le départ du chef d’entreprise, s’il n’est pas préparé, rendra peu
lisible et probablement très difficiles la reprise, la transmission ou plus
simplement la continuation de l’entreprise. Il n’y a pas de solution miracle en
matière de transmission, chaque cas est unique. Céder à un candidat externe à
l’entreprise est une possibilité mais trouver un successeur en interne est
aussi une voie à explorer. Cependant, chacun a à l’esprit l’exemple de reprise
par un cadre dirigeant externe qui se termine mal et l’on sait également qu’il
peut être délicat d’amener l’un de ses salariés à devenir le nouveau chef
d’entreprise. Souvent ramenée à une transaction financière, la transmission de
nos PME est pourtant avant tout une affaire de rapports humains.
4 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON