Imbroglio au sommet : les banques contre le gouvernement ?
J’évoquais il y a peu la « bataille » qui faisait rage entre les deux pouvoirs (politique et financier) qui se disputent le tête des opérations : il se pourrait bien qu’elle tourne à l’avantage du second... pour mieux satisfaire le premier.
Il n’y a qu’à voir l’embarras du gouvernement face à l’annonce du montant des bonus pour comprendre que le G20 n’était rien d’autre que de la poudre aux yeux. Et aussi à quel point il s’est fait prendre au jeu des financiers. ou pas.
Pour le Figaro, qui titre « bonus : la fausse controverse », les banques ne font rien d’autres que suivre les règles établies par le G20 et par l’aide que leur a apporté l’Etat. cela est sans doute vrai, mais cette information sonne comme une trahison de la part du gouvernement : l’aide massive aux banques avait été soit-disant conditionnée à la moralisation du capitalisme, et allait permettre de relancer l’activité économique. Mais force est de constater que les licenciements continuent et que les crédits sont accordés avec parcimonie. Pour le nouvelobs, « rien a changé » : de Martine Aubry au représentant CGT de la BNP, cette affirmation semble être une surprise décevante. Pour autant que je sache, les conditions auxquelles sont soumises les banques depuis le G20 doivent être pourtant connues des syndicats, et celles concernant l’aide aux banques ont du être examinées par les cadres du PS. Comment alors ne pas prévoir le jeu auquel joueraient les banques ?
Quant à l’Etat, il devrait logiquement se satisfaire de ces annonces, car la bonne santé affichée des banques était son objectif principal. D’autant qu’en tant qu’actionnaire de cette banque, les retours doivent être plutôt positifs pour l’Etat. de plus, le fait de savoir que cette banque est en capacité de mettre un milliard de côté pour les bonus devrait Le rassurer quant au remboursement du prêt accordé par Lui à établissement.
Mais comment comprendre alors la polémique que suscite aujourd’hui l’annonce de ces bonus ? et surtout la convocation des banquiers français par le premier ministre ? serait-ce pour les tancer de gagner de l’argent, ou pour avoir communiqué un peu trop fort leurs bons résultats ?
La réussite pour le gouvernement d’une politique de droite devrait pourtant être saluée avec force, et les banques devraient également se féliciter de leurs bons résultats, car elles sont la réalisation des volontés politiques. Bien sûr il peut sembler un peu malvenu de pérorer sur cette bonne santé compte tenu du climat social actuel, mais c’est sans compter sur l’effet psychologique : une banque qui provisionne ses bonus est une banque qui grimpe sur les marchés, car on lui fait confiance. De la bonne publicité en somme..
En fin de compte, ce qui gêne le gouvernement n’est pas le montant de ces bonus (ils en ont consciemment laissé la possibilité), mais le fait que les arnaques du prêt aux banques et du G20 soient si tôt rendues publiques. En voulant faire croire que tout l’argent dépensé pour les banques était la seule solution à la crise, le pouvoir politique voulait assurer la paix sociale face à l’énormité de cette injustice (punir les responsables en leur faisant un cadeau). Mais la publication de ces chiffres peut mettre à mal le gouvernement, qui se doit de jouer la colère en public pour ne pas fâcher la population. Et continuer de faire croire à la guerre entre les deux pouvoirs évoquée plus haut.
Car cette guerre pourrait ne pas être réelle : l’inconscience des politiques est aussi grande que celle des banques, et il est possible que les décisions prises le soient dans l’entente la plus cordiale. Après s’être copieusement renflouées, les banques ne font que leur métier, « prêter aux riches » ; et l’Etat le sien : tenter d’en récupérer un maximum, tant que ça ne se voit pas trop.
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