En 2005, l’ex-manager de Volkswagen Peter Hartz, dont la réforme profonde de la gestion du chômage en Allemagne porte le nom, était mis en difficulté par la presse qui se posait des questions sur son implication dans le scandale de corruption du groupe automobile allemand.

En fin de l’année 2006, les choses se concrétisent : le Parquet a porté au nombre de quarante-quatre les cas de détournement de fonds dont Peter Hartz est maintenant accusé. Il aurait, entre autres, fait profiter l’ancien chef du comité d’entreprise, Klaus Volkert, de presque deux millions d’euros de paiements de "bonus" sans en informer Volkswagen. La maîtresse de Klaus Volkert aurait aussi reçu des sommes importantes de Peter Hartz.

En octobre 2006, Hartz s’est montré coopératif dans les investigations du Parquet en admettant sa responsabilité pénale dans les faveurs financières exercées au profit de l’ancien président du comité d’entreprise. A la suite de cette coopération, le Parquet pense que les investigations aboutiront plus rapidement que prévu.

Par expérience, on sait qu’un accusé qui coopère avec la Justice peut s’attendre à un jugement plus clément. En outre, la probabilité de dissimulation de faits ayant été écartée par cette coopération démonstrative, la détention provisoire peut être évitée dans la plupart des cas. Il est question de tout un réseau de sociétés-écrans mondiales pratiquant des transferts de fonds qui transitaient par de nombreux comptes. Des voyages d’agrément et des fêtes, réglés par des chèques en blanc Volkswagen, ont aussi été mis à jour.

Peter Hartz n’est pas le seul accusé dans cette affaire. Il y a douze autres accusés contre lesquels le Parquet enquête actuellement.

Si ce scandale économique allemand est déjà gênant en soi, il l’est d’autant plus que Peter Hartz est l’initiateur et le représentant de la grande réforme du traitement du chômage qui a apporté pauvreté, précarité et diminution de droits fontamentaux à des millions de chômeurs. Le professeur Roland Merten, de l’Université de Jena, a démontré à quel point le calcul du besoin vital d’un allocataire Hartz4 est loin de la réalité. Les enfants sont les oubliés dans cette réforme : un enfant de la naissance à l’âge de quatorze ans d’un demandeur d’emploi qui vit de l’ALG2 (dans le cadre de Hartz 4) a 2,62 euros par jour à sa disposition pour manger. Même dans la cantine la moins chère, 2,62 euros ne suffisent pas pour manger à midi. Manquent ensuite le petit-déjeuner, le goûter et le dîner. Alors, comment apporter à son enfant produits laitiers, protéines, légumes, fruits, céréales et boissons avec ce budget, alimentation équilibrée qui pourtant est nécessaire pour construire un capital santé pour toute une vie ?

En ce moment, les scandales économiques en Allemagne se succèdent : Le procès Mannesmann/Vodafone, dans lequel des managers pratiquaient du self-service à hauteur de millions d’euros à deux chiffres, puis le scandale Siemens dans lequel six accusés ont déjà fait des aveux. Il y est question du détournement de quelque deux cents millions d’euros, somme qui ne cesse d’enfler au fil du temps et des investigations.

Même si l’Allemagne bénéficie d’une petite croissance économique et d’une légère baisse du chiffre du chômage en ce moment, les discours culpabilisants des dirigeants politiques envers les chômeurs et précaires, et les appels aux efforts des gens qui sont au plus bas de l’échelle sociale continuent, mais ne fonctionnent plus.

Quand la croissance était absente, c’était pour ne pas demander une quelconque augmentation de salaire. La baisse des droits des salariés et le renoncement aux acquis sociaux était à l’ordre du jour. Aujourd’hui, alors que les profit des sociétés sont bien au rendez-vous, il ne faut pas risquer de détruire cette fleur fragile qui s’appelle conjoncture, racontent les organisations patronales aux syndicats. Et demain, si la conjoncture est stable, il ne faut pas risquer de la déstabiliser avec des revendications salariales inutiles.

Quant aux chômeurs, il y aura toujours de la marge pour rendre leur vie encore un peu plus difficile.

Source : Diety sur les forums d’Actuchômage (Viendez, crénom ! Et donnez des sous ! Plein !)