Iran : une bourse pétrolière en euros, improbable ?
Voici un texte inspiré du journal canadien The Globe and Mail (Lien)
Malgré de nombreux rapports au cours des derniers 18 mois, affirmant que
la Bourse ouvrirait ses portes le 20 mars 2006 - et confronterait
directement le New York Mercantile Exchange et le ICE Futures Exchange
de Londres -, la date aurait été retardée d’au moins plusieurs mois et
peut-être d’un an. [Voici d’ailleurs un communiqué de presse d’une
agence russe confirmant que la Bourse pétrolière n’a pas ouvert ses
portes le 20 mars 2006 (Lien)]
"Dès la mi-2006, nous devrions être capables de démarrer la Bourse",
aurait déclaré Mohammad Asemipur, un conseiller spécial du ministre du
pétrole iranien. Le plan serait d’échanger des produits pétroliers
initialement, puis de graduellement ajouter d’autres produits, avec le
pétrole brut arrivant en dernier. Le processus devrait prendre environ
trois ans, déclare M. Asemipur.
"Le projet de Bourse est à un stade beaucoup moins avancé que ce que
les gens pourraient croire", déclare le consultant britannique Chris
Cook, qui revendique le crédit d’avoir eu l’idée de la Bourse. M. Cook
est membre du consortium dirigé par le Tehran Stock Exchange, qui est
responsable de la direction du projet.
"Vous pouvez être certains qu’il n’y aura pas de contrats de vente de
pétrole avant un an - et cela serait vraiment au plus tôt", a déclaré
M. Cook, un ancien directeur du prédécesseur du ICE de Londres, l’International Petroleum Exchange.
La Bourse électronique devrait être située sur l’île de Kish, dans le golfe persique, une zone libre de taxes iraniennes.
Il y a eu beaucoup moins de discussions à propos de la Bourse dans les
médias de masse que sur l’Internet, particulièrement sur des sites
visant à mettre en marché de l’or ou à avancer des théories économiques.
La théorie est que toutes les ventes utilisant la nouvelle Bourse
seraient faites en euros plutôt qu’en dollars US, qui a été pendant des
décennies la monnaie de réserve principale et la monnaie de référence
lorsque vient le temps de fixer le prix de matières premières. En
conséquence, les nations européennes et les autres pays,
particulièrement les producteurs pétroliers du Moyen-Orient, n’auraient
plus à acheter des milliards de billets verts.
Ceci, selon la théorie, déstabiliserait le dollar US et hâterait le
déclin de l’empire américain, et en outre permettrait à l’Iran de donner
une bonne leçon au grand Satan.
Cependant, continue la théorie, Washington préviendrait le phénomène en
utilisant les ambitions nucléaires iraniennes comme prétexte pour
attaquer le pays.
Kamal Daneshyar, président de la Commission énergétique de l’Iran,
aurait déclaré à la Iranian Students News Agency en
décembre que la Bourse opèrerait initialement en dollars et euros, mais se déplacerait graduellement vers la monnaie européenne de manière
exclusive. Il aurait également été cité déclarant que ceci permettrait
à l’Iran de se venger des dommages économiques que les États-Unis
auraient infligés à la république islamique.
Le Dr. Asemipur, cependant, ne se serait pas prononcé sur la nature de
la monnaie utilisée dans la Bourse iranienne, déclarant que la décision
relevait des participants et non pas du gouvernement iranien. Il aurait
également nié que la Bourse planifiée pourrait endommager l’économie
américaine.
M. Cook aurait réfuté l’idée que le but de l’Iran serait d’utiliser la Bourse pour saboter le dollar américain.
En ce qui concerne l’idée de vendre le pétrole en euros, il déclare que
les Iraniens auraient de la difficulté à la mettre en oeuvre, du moins au
cours des prochaines années. "En fait, il n’y aurait pas suffisamment
d’euros en circulation, et il n’y en aura probablement pas assez avant
longtemps", aurait-il déclaré.
M. Cook aurait cité un article récent de William Engdahl dans le Asia
Times Online : " Pour que l’euro commence à défier le rôle du dollar
américain en tant que monnaie de réserve, une révolution virtuelle dans
la politique financière devra avoir lieu en Europe", déclare M. Engdahl.
"Premièrement, la Banque centrale européenne aurait à céder son pouvoir
à des législateurs élus. La banque aurait alors à activer les presses
et à imprimer des euros comme s’il n’y avait pas de lendemain.
Une attaque sur le dollar américain en tant que monnaie de réserve
mondiale - déclare M. Engdahl - impliquerait "de facto une déclaration
de guerre à la dominance globale des États-Unis", et ce n’est pas
quelque chose qu’un pays ou un groupe de pays soit prêt à faire en ce
moment.
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