Jacques Attali n’est pas libéral
L’omniprésent médiatique Jacques Attali, conseiller des princes, misant à chaque fois sur le bon cheval (celui qui est en avance dans les sondages), est dépeint par la plupart des commentateurs sur Internet et par bon nombre de commentateurs dans les grands médias comme un libéral. Or il n’en est rien. En voici les preuves.

Jacques Attali n’est pas libéral. Encore faut-il se mettre d’accord sur la définition de libéral. Est libéral celui qui veut réduire la taille de l’État et défendre le droit de propriété. Mais dans notre pays qui est de moins en moins libéral, est devenu libéral tout ce qui n’est pas littéralement communiste ou au pire socialo-communiste. Tous les candidats à la présidentielle se sont dit pendant la campagne contre le libéralisme, ou au mieux pour la moralisation du capitalisme. Tous étaient d’accord pour imputer au capitalisme la responsabilité première de la crise, qui est pourtant une crise de l’Etat et d’institutions étatiques. Et pour qui Jacques Attali a-t-il appelé à voter aux présidentielles ? Je vous le donne en mille : le socialiste François Hollande (au même titre que le néo-communiste Jean-Luc Mélenchon). Oui, celui qui a fait de la finance son ennemi n°1, et qui veut taxer à 75% les revenus au-delà de 1 millions d’euros par an. Libéral Attali ?
Qui Jacques Attali a-t-il conseillé en tant que Présidents de la République ? François Mitterrand tout d’abord, qui a mis en place une politique anti-libérale de 1981 à 1983, avec des ministres communistes, sur les conseils (entre autres) d’un certain Jacques Attali. Son retournement de politique en 1983 n’est pas spécialement libéral (voir graphique ci-dessous) et ne doit rien à Jacques Attali, mais au mur de l’argent. Sous François Mitterrand, le poids de l’Etat n’a cessé d’augmenter dans l’économie, de même que la dette.
Vous remarquerez que la dette s’est également creusée sous Sarkozy (elle a même accéléré quand il était Président), dont Attali était l’un des conseillers. Donc soit Jacques Attali n’a aucune influence sur les Présidents de la République, ce qui m’étonnerait beaucoup, soit il n’est tout simplement pas libéral, pas plus en tout cas que les Présidents qu’il conseille.
Le rapport Attali : prétendue preuve du libéralisme d’Attali
En 2007 l’Humanité s’en donnait à cœur joie : “Plus libéral qu’Attali, tu meurs !”. Ce serait oublier que pour l’Humanité, est libéral tout ce qui n’est pas communiste et subventionné comme l’Humanité. En effet, à part Le Monde Diplomatique, Politis et Là-bas si j’y suis, il ne reste plus grand monde à ne pas être libéral selon l’Humanité (même la SNCF serait libérale selon eux). Or quand on se penche en détail sur le rapport Attali, il n’existe aucune réduction du périmètre de l’Etat, comme le notait L’Hérétique à l’époque :
“Pourtant, telles quelles, toutes ces propositions recèlent un vice fondamental : elles ne modifient pas le périmètre de l’Etat. Elles seront systématiquement critiquées car les Français se demanderont ce qu’il restera de l’éducation, de l’assurance maladie ou des retraites si l’on supprime tant de salariés du secteur public. Le rapport Attali oublie de donner la réponse : le but est d’assurer un meilleur service à moindre coût grâce aux privatisations et à l’introduction de la concurrence, que ce soit en matière d’école ou de protection sociale. Le rapport va donc susciter une levée de boucliers et une attaque contre l’ultra-libéralisme, parce qu’on « casse le service public », mais il aura passé sous silence la réduction des coûts et l’amélioration de la qualité des services qui résulteraient d’une vraie politique libérale : diminuer le périmètre de l’Etat pour transférer et les activités et les emplois vers l’initiative privée et le marché.”
Et il ajoutait que le rapport Attali vise à augmenter un certain nombre d’impôts, ce qui n’est pas libéral mais anti-libéral, et qui a pourtant été souvent suivi par le gouvernement de Nicolas Sarkozy, un président qui a créé des taxes par dizaines.
“Quand vous faites une économie, il y a forcément quelqu’un qui en pâtit”
Le 21 mai 2012, Jacques Attali est l’invité de Carrément Brunet. 5 ans après la remise de son rapport, il le défend toujours mordicus, et explique même en quoi il n’est pas libéral. Il va ainsi expliquer que le fait de réduire les dépenses nuit, directement ou indirectement, à des citoyens français. Est-il besoin de préciser que les libéraux prétendent exactement le contraire ? Voici la retranscription de ce qu’a dit Jacques Attali ce jour-là :
“Si vous réduisez le nombre de fonctionnaires, forcément ceux qu’on n’a pas engagés sont au chômage. Si vous réduisez les dotations aux collectivités locales, vous réduisez les emplois et le travail des entreprises de travaux publics. Si vous supprimez les allocations aux intermittents du spectacle, qui coûtent 1 milliard par an à l’Etat, c’est tous les intermittents du spectacle qui sont pénalisés et qui sont dans la misère. [...] Il y a toujours un Français qui subit les conséquences négatives des baisses des dépenses publiques.”
Vous pourrez demander à n’importe quel disciple de Hayek, Milton Friedman ou Ludwig von Mises, ces paroles ne sont pas celles d’un libéral mais d’un anti-libéral. Le libéral expliquera à qui veut l’entendre que la baisse des dépenses publiques ne peut que profiter aux citoyens, y compris à ceux qui ne seront pas engagés comme fonctionnaires ou qui ne bénéficieront pas du travail d’entreprises de travaux publics. Car un libéral ne peut que se féliciter de la baisse de la taille et du poids de l’État, qui doit en rester à ses fonctions régaliennes, justice – police – armée (et monnaie pour certains libéraux). Loin de voir des “conséquences négatives”, il ne voit que des conséquences positives : moins d’État, donc moins d’impôts et de charges, donc plus de liberté pour le citoyen et le consommateur d’allouer son argent à ce que bon lui semble, et plus de volonté pour créer des entreprises et des emplois.
Conclusion
Jacques Attali est un socialiste nomade, et en cela il est internationaliste, mais les anti-libéraux confondent trop souvent internationalisme et libéralisme. Or les libéraux sont contre le gouvernement mondial qui se met en place, et que Jacques Attali appelle régulièrement de ses vœux. Un gouvernement mondial n’a rien de libéral, il a tout de socialiste, si les mots ont encore un sens. Jacques Attali n’a jamais été favorable à la réduction de la taille de l’État, ni national, ni supra-national, puisqu’il a œuvré au contraire au développement d’un super-État européen et socialiste (le bébé de Jacques Delors, autre socialiste), qui impose aux peuples une bureaucratie supplémentaire, comme si celle de leur pays ne leur suffisait pas. Les mesures européennes présentées par beaucoup comme libérales (suppression des frontières, libre circulation des biens et des hommes, création d’une monnaie commune) n’ont en fait pas grand chose de libéral.
Quand Jacques Attali était directeur de la BERD, un de ces acteurs du gouvernement mondial au même titre que le FMI, la Banque mondiale ou l’ONU, il a été viré parce que trop dépensier. Quant à son entreprise de micro-finance, Planet finance, vu les taux d’intérêt demandés on est plus proche de la mécanique du FMI que d’une banque normale.
Auteur : Jean ROBIN
Source : Enquête&Débat
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