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James Robertson : « pour une réforme monétaire adaptée à l’ère de l’information »

Plus loin que le côté éthique et vert d’une banque comme la banque Triodos par exemple, il faudrait revoir tout notre système bancaire et monétaire de fond en comble. Il faudrait totalement réformer le mode de fonctionnement des banques et de la monnaie. Sans réforme, il y aura toujours pénurie monétaire, inégalités croissantes et crises à répétition. Il est d’ailleurs fort probable que sans changement, la prochaine débâcle financière concernera les énergies vertes, les matières premières et les denrées alimentaires, et ensuite, l’eau, l’air, la terre, la lumière ?

90% des banques fonctionnent selon une centralisation absolue du pouvoir, une opacité totale du mode de fonctionnement et une création monétaire fondée sur le crédit ou la dette. Sans dette il n’y aurait pas d’argent, donc pas d’échange, donc pas d’économie. 90% de l’argent en circulation dans le monde est de l’argent dette. Voir article Emprunter pour manger…

Les banques ont aujourd’hui plein pouvoir. Elles ont pignon sur rue et ne communiquent que ce qu’elles veulent bien nous communiquer. Les États membres n’ont aucun droit de regard sur leurs activités et comptabilités (article 104 du traité de Maastricht, article 108 du traité de Lisbonne(1)). Le résultat est sous nos yeux aujourd’hui : une économie mondiale en crise, du blanchiment d’argent, des activités hors bilan, des bulles spéculatives, des crédits 30 à 40 fois supérieur aux actifs, des montages financiers pourris, des mensonges et combines en tout genre. Bien sûr cette indépendance et ce laxisme bancaire se fait avec l’assentiment des gouvernements qui répondent bien plus au chant du gros billet des multinationales qu’aux sincères et impérieuses sollicitations de PME et petits travailleurs que nous sommes.

Les banques ne peuvent plus fonctionner comme elles le font ! S’il y a bien une réforme à mener rapidement c’est bien celle là ! Mais un réforme bien plus draconienne que celle dont on nous rabat les oreilles quotidiennement.


Notre système monétaire et son réseau bancaire n’est plus adapté à la réalité du moment - si tant est qu’il l’était seulement un jour ! C’est un système archaïque hérité d’un mode de fonctionnement féodal : basé sur la subordination à une autorité centralisée de plus en plus tentaculaire. C’est un système qui a profité des progrès des dernières décennies en matière de technologie de l’information et qui a su tirer parti des lenteurs et du laisser-aller volontaire du monde politique. Il est aujourd’hui possible de transférer des milliards d’un point du globe à un autre en quelques clicks de souris. Cette libre circulation du capital est non seulement possible mais parfaitement légale et approuvée par nos gouvernements au travers de textes de loi qu’il est question de constitutionaliser (article 56 du traité de Lisbonne(1)).


L’Europe comme les États-Unis, la Chine et tous les Etats du monde sont victimes des progrès des technologies de l’information et d’un accord tacite mondial et dogmatique qui fait de l’individualisme et de l’appât du gain une vertu plutôt qu’un vice.


L’argent est la sève ou le sang de la société : c’est grâce à l’argent que l’échange et le partage est possible. L’argent joue un rôle clé dans la société humaine. Est-il normal que sa gestion soit si opaque, si inégalitaire et si conditionnelle ? Pourquoi les pauvres se voient imposer un taux d’intérêt parfois bien supérieur à 50% alors que les riches n’ont bien souvent qu’un taux minimal voire nul ? Pourquoi les pays du tiers monde doivent-ils rembourser une dette à taux supérieur à celui pratiqué entre Etats riches ? Pourquoi, en cas de crises, est-ce toujours l’emploi qui soit visé et peu le profit ? Crises bien souvent provoquées par les profiteurs, qui font du profit sur le dos des travailleurs qui sont chaque fois les premier à sauter. Quant au niveau fiscal il faut bien admettre que nous ne sommes pas tous taxés de la même manière, voir par exemple Les holdings d’Albert Frère paye moins d’impôt que sa concièrge.

Comment ne pas faire le rapprochement avec le creusement des inégalités malgré tous les progrès positifs et les richesses actuelles ?

Pour le bien être de tous et celui de la planète, il n’est plus tenable et acceptable de continuer avec ce système monétaire (et ce système fiscal).
Nous devons nous réapproprier le cours de nos vies. Nous devons nous réapproprier le pouvoir de création monétaire. Il s’agit de notre monnaie à tous, du plus grand au plus petit. Notre monnaie à tous et pas seulement celle d’un Rockefeller, Mittal ou Soros.

Nous devons prendre à notre avantage les progrès de la communication et de l’information. Grace aux réseaux informatiques, il est parfaitement possible d’imaginer une monnaie plus démocratique et plus transparente que les grandes monnaies internationales officielles actuelles, tels les euros, dollars ou yens.

Pensez-vous que cela soit possible ? Si oui, vive la démocratie. Si non, bas les masques, adieu démocratie et bonjour ploutocratie.

Joseph HUBER et James ROBERTSON, eux, y croient dur comme fer et font tout ce qui est en leur pouvoir pour que cette réforme monétaire nationale et mondiale se concrétise. Ils ont besoins de nous tous pour que cette information passe et soit relayée au plus niveau. Nous devons mettre le paquet avant la prochaine réunion du G20 début avril(2). Les pays BRIC y sont forcément plus enthousiastes que les Etats-Unis avec leurs dollars et l’Europe avec ses euros cherchant à supplanter le billet vert. Qui ne le voudrait pas ? Pensez donc, en 2002, il a été estimé que la suprématie mondiale du dollar sur le monde rapportait 400 milliards de dollars par an aux Etats-Unis. Une sorte de taxe mondiale du monde aux Etats-Unis. L’Etat US est également le seul à pouvoir s’offrir le luxe d’emprunter à l’étranger avec sa propre monnaie puis d’avoir la possibilité de dévaluer ses obligations de remboursement. Lors du dernier Forum Economique Mondial à Davos le 28 janvier 2009, Poutine à clairement souligné que dans les circonstances actuelles, le dollar ne pouvait rester la seule devise de réserve et qu’il serait « opportun d’encourager un processus objectif pour l’émergence de plusieurs monnaies régionales fortes dans le futur ». Poutine en a profité pour citer le rouble comme autre monnaie potentielle de réserve.

Alors, voici succinctement ce que proposent Joseph HUBER et James ROBERTSON dans leur document CREATING NEW MONEY : A monetary reform for the information age disponible sur le site de la New Economic Foundation (NEF) et dans leur campagne pour le G20
 

1. L’objectif est de parvenir à placer à l’Agenda du prochain sommet du G20 du 2 avril 2009 des propositions de réformes monétaires au niveau national et international.


2. Même si les gouvernements du G20 n’abordaient pas ces questions en avril, tout ce qui pourra être fait ne sera pas perdu et contribuera à accentuer le support croissant et existant d’une nécessaire réforme monétaire. Balayées de l’Agenda, cette importante réforme pourrait alors se déployer sur internet et d’autres canaux en une puissante campagne internationale de longue haleine.



3. La réforme à proposer aux gouvernements du G20 est la suivante.

1) La réforme monétaire nationale consistera en une nationalisation des monnaies nationales,

(a) en transférant aux banques centrales nationalisées la responsabilité de créer une monnaie libérée de tout principe d’endettement et en quantité suffisante pour l’approvisionnement monétaire public ; et

(b) en interdisant tous les autres acteurs financiers, y compris les banques commerciales, de créer de la monnaie bancaire à partir de rien - tout comme forger ses propres pièces, fabriquer de faux billets ou la contrefaçon, sont interdit par la loi.


2) La réforme monétaire internationale introduira une monnaie internationale libérée des dettes,

(a) créée par une nouvelle autorité monétaire internationale,

(b) pour opérer des échanges internationaux de l’économie globale d’une manière plus efficace, plus stable et surtout, sur une base plus juste.

(c) coexistant avec les monnaies nationales et l’euro.

(d) mais ne s’appuyant plus jamais sur aucunes d’entre elles comme monnaies internationales.


Ces deux reformes créeront une monnaie libérée de toute dette, et pas une monnaie dette comme elle est créé aujourd’hui.


La réforme nationale opèrera un transfert de la fonction de création monétaire de l’intérêt d’un secteur particulier (banques) à une autorité monétaire nationale (la banque centrale) servant les intérêts publics.


La réforme internationale réalisera un transfert d’un intérêt national particulier (les Etats-Unis créant les dollars) à une véritable monnaie internationale délivrée par une autorité monétaire internationale au service de l’intérêt général. Ces réformes ne sont pas seulement à envisager pour le long terme. Toutes les actions prises pour traiter la crise actuelle seraient plus efficaces si elles étaient définies sur base de ces réformes.

Impossible ? Utopique ? Irréaliste ?

Dans tous les cas, la crise actuelle est une preuve de plus que les banquiers centraux ne sont pas mieux placés que l’État pour gérer la monnaie nécessaire à l’économie. Certes l’histoire nous montre que l’État à parfois usé et abusé du pouvoir régalien de frapper monnaie. C’est ce que les banques et les ploutocrates n’ont de cesse de nous rappeler. Il est cependant piquant de noter leur amnésie ou leur aveuglement total devant certains faits historiques contraires(4).

Puisqu’il existe autant de fait en faveur ou en défaveur d’une gestion Étatique ou Bancaire de l’argent, la proposition consiste à tendre progressivement vers le principe de la séparation des pouvoirs. Le système monétaire deviendrait la quatrième branche de pouvoir au même titre que l’exécutif, le législatif et le judiciaire. En Belgique, le parti politique Vivant est sur la même longueur d’onde(5). En France, il y a le parti politique de Jean-Marc Governatori, « La France en action  »(6) ainsi que le mouvement du Sociétalisme soutenu par André-Jacques Holbecq et Philippe Derudder(7).

Autant cette proposition de réforme monétaire est nécessaire et ses actions sont légitimes et nécessaires, autant elle nécessite une grande mobilisation et un consensus d’un très grand nombre. Afin de pallier à l’argument de baisse de compétitivité inhérent à notre système économique, Joseph HUBER et James ROBERTSON ont déjà évoqué l’application du principe de la politique simultanée proposée par John BUNZL(8).

 

Notes

(1) Un NON venant de l’IRLANDE un VENDREDI 13, quel symbole !

(2) James ROBERTSON : appel à mobilisation et sensibilisation pour une nécessaire réforme monétaire. Sensibilisation à mener jusque début avril, réunion du G20. http://www.jamesrobertson.com/g20monetaryreform.htm

(3) Document "CREATING NEW MONEY : A monetary reform for the information age". Document téléchargeable sur le site de la New Economic Foundation (www.neweconomics.orghttp://www.neweconomics.org/gen/uploads/CreatingNewMoney.pdf

(4) Sur le site de Jean-Pierre POULAIN il est notamment fait mention du livre "L’argent" de John Kenneth GALBRAITH aux éditions Gallimard (collection "folio histoire") où l’on apprend (p86) que dans les années 1720, parmi les colonies américaines : la Pennsylvanie, New York, le New Jersey, le Delaware et le Maryland ont émit des billets et que ces expériences ont toutes été concluantes !

Et encore, (p88) : "Par une espèce d’accord tacite entre bien-pensants, les débordements de Rhode Island, du Massachussetts et de la Caroline du Sud en vinrent à symboliser et résumer l’expérience monétaire des colonies. L’expérience absolument différente des colonies du centre était purement et simplement passée sous silence."

(5) Joseph MEYER, fraction Vivant de la communauté Germanophone : www.vivant-ostbelgien.org ; www.systememonetaire.be ; www.regiogeld.be et www.socialcurrency.be

(6) Jean-Marc GOVERNATORI, « La France en action » : www.lafranceenaction.com

(7) www.public-debt.org & www.societal.org

(8) Le concept clé de la politique simultanée réside dans le fait de bien dissocier d’une part, l’acceptation ou l’adhésion au programme d’un monde plus solidaire et d’autre part, la mise en œuvre différée et concrète de ce programme. C’est en effet grâce à cette distinction que la politique simultanée aura toutes les chances d’aboutir puisque les gens, représentants de parti politique ou associations ne s’engagent, au départ, à rien lorsqu’ils adhèrent au programme. Ce n’est qu’à partir du moment où un nombre suffisant est atteint, qu’il y a décision unanime de mettre en œuvre le processus. Une sorte d’interrupteur géant pour faire face à la logique de compétition. Les chances d’y parvenir sont assez importantes quand on observe le faible taux de participation aux élections dans certains états. Aux États-Unis par exemple, le taux de participation n’atteint même pas les 50%. Tous les mécontents, petits partis, groupes d’oppositions seront tentés d’adhérer à ce programme. Pour un candidat ou un parti politique, cet énorme vivier de population représente un poids non négligeable qu’il ne pourra pas ignorer pour son élection. Il tâchera donc de se conformer à la politique simultanée, sous peine de perdre ce pool potentiel d’électeurs. Évidemment la politique simultanée ne peut fonctionner que dans un contexte de respect et de fonctionnement d’une véritable démocratie. C’est une condition essentielle à l’application de la politique simultanée. Plus d’informations sur www.simpol.org.


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5 réactions à cet article    


  • plancherDesVaches 27 février 2009 20:30

    Pourquoi pas...

    Néanmoins, vous lancez de grands principes généreux, et c’est cela qui est suspect. Il faut toujours équilibrer : qui finance votre RMI ? A quelle hauteur faut taxer les trop gros revenus.. ?
    (désolé : je réduit tout à de simples chiffres, mais VIABLES)

    Pour la monnaie : venez en Europe : nous avons aboli cette me..e de spéculation monétaire. Le pire, c’est que des idiots veulent sortir de l’Euro...

    Pour des règles mondiales... il faudra la révolte des peuples style 1789. Si cela pouvait être des 1789 locaux plutôt qu’une guerre mondiale, se serait légerement mieux. Enfin... avec juste un peu moins de morts.


    • plancherDesVaches 27 février 2009 20:44

      Je vous aide, au lieu de vous critiquer. Mais sachez que c’est bon pour UNE fois.


      http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/02/27/nous-sommes-devenus-les-gestionnaires-de-nos-propres-jouissances-par-zygmunt-bauman_1161217_3232.html

      "le capitalisme est un système qui ne peut être à la fois cohérent et complet"
      "s’il essaie de les résoudre, il doit renier ses propres fondements."

      Gloups....


      • plancherDesVaches 28 février 2009 17:35

        A quand la confiance dans les politiques, non ?

        Par ailleurs, l’OMC est à fuir comme la peste. Elle est parfaitement connue pour aggraver les différences entre pays et entre individus dans le pays.
        Ca doit arranger des libéraux...
        Mais non, même pas... ils l’accusent de fixer des règles smiley


      • Emmanuel Aguéra LeManu 28 février 2009 18:18

        Parler des banques c’est bien, parler d’argent, c’est difficile.
        Combien coûte la satisfaction ? L’argent est-il pertinent à son usage ? Fait-il le bonheur ? Ou le malheur ?...
        Avant de parler d’argent, définissons-en le pourquoi.
        Et le coût.


        • Login 28 février 2009 23:22

           Pourquoi voulez-vous que ceux a qui le système est profitable le changent ?
           
           

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