Keynes est un mythe ... ou un cauchemar !
La majorité des Banques Centrales Occidentales et la quasi totalité de nos dirigeants politiques sont, pour des raisons fort compréhensibles, de fervents adeptes de la théorie Keynésienne qui enseigne que le seul remède aux crises économiques consiste en la promotion de la demande - et donc de la consommation - même s’il faut faire appel au crédit excessif et à la création ex nihilo de monnaie.
Production et consommation sont en effet les deux facettes de la même pièce avec toutefois une prédominance de la production qui initie tout ce processus car c’est elle qui déclenche la consommation. La consommation n’existerait pas effectivement sans la production qui se répartit plus ou moins inégalement entre êtres humains qui, ce faisant, se lancent dans la démarche consommatrice...
Pourtant, comme cette consommation ne peut se réaliser sans le préalable indispensable du travail, nous avons trop tendance à négliger l’amont (ou l’initiation de ce processus) assuré par des producteurs qui acceptent de percevoir la part qui leur revient sous la forme d’un moyen de paiement collectif - l’argent - en échange de ce produit fini. Le travail - ou plutôt sa rémunération - nous permet donc de participer à ce processus d’échange, en nous autorisant à faire partie du groupe, à l’instar du joueur de poker qui met un jeton pour être de la partie...
Cette vision n’est à l’évidence pas partagée par Keynes ni par son fan-club qui n’accordent à l’argent guère plus d’importance que celle d’être un simple médium servant aux échanges, une sorte de graisse permettant à la machine de mieux tourner en somme. Comme le plus grand nombre, Keynes confondait et mélangeait allègrement l’argent - c’est-à-dire la quotité revenant au producteur pour son produit fini - avec le crédit qui est en réalité une démarche de ce producteur anticipant la rémunération de son action de production à une échéance définie à l’avance. Anticipation elle-même fonction de la confiance du créancier en les capacités du débiteur à produire (un produit ou un travail) ou à se dessaisir d’un bien ayant une valeur...
Ces subtilités sont compréhensibles dès lors que l’on considère les pathologies liées au crédit car il va de soi que des crédits non remboursés grippent sérieusement la machine, quand ils ne la paralysent pas. Notre mécanisme monétaire encourage les pourvoyeuses de crédit aveuglées par le profit ou peu conscientes des risques que sont les Banques à consentir du crédit en excès, c’est-à-dire à tout simplement émettre du crédit dépassant la capacité de production - ou de travail - de l’individu ou de l’entreprise concernés.
Dans un monde idéal où la consommation ne serait pas artificiellement suscitée par le crédit, cet excès de crédit aboutirait à une nette augmentation de la production et donc à un gonflement de stocks qui, ne pouvant être écoulés, déboucherait sur une diminution de la production avec un retour progressif à l’équilibre. Néanmoins, dans notre système truffé de déséquilibres, le crédit généreux et mal ciblé se traduit immanquablement en une croissance parfois irraisonnée des achats (et donc des profits) entraînant avec eux dans cette spirale haussière les prix de ces produits finis car la masse d’argent en circulation en vient progressivement à excéder les capacités de production (trop d’argent disponible pour acheter un nombre limité de produits)...
Ces producteurs, qui bénéficient d’encore plus de crédits du fait de carnets de commandes très bien garnis, se mettent donc à créer des emplois sur ces fondements excessivement fragiles que sont les illusions de profits - quand ce n’est pas les profits injustifiés - créées par tout ce crédit. Toujours est-il que cette euphorie et cette apparente facilité à gagner de l’argent induisent toutes sortes de comportements à risques, dont la spéculation, tant il apparaît à un certain nombre qu’il n’est même plus nécessaire de travailler pour emprunter et pour réaliser des profits rapides !
Cette course effrénée au crédit se transforme donc très rapidement en une vraie pathologie - que certains appellent une bulle - mais qui n’est en réalité qu’accumulation de mauvais crédits. Les bulles étant systématiquement caractérisées par de très mauvaises allocations d’actifs, ce qui revient à dire que le récipiendaire de cet argent (ou de ce crédit) est rarement le bon... Cette richesse - fictive ou inappropriée - s’évaporant par la suite dès lors qu’un débiteur important ne parvient plus à honorer ses engagements, infectant de proche en proche la quasi totalité des intervenants à cette construction financière qui, en définitive, nuit à un monde du travail subissant les contrecoups des mauvais choix stratégiques de producteurs ayant cédé à l’euphorie spéculative.
Logiquement, la consommation stagne, ou ralentit considérablement selon les crises, et ce en dépit d’une multitude de stocks qui ne trouvent désormais plus preneurs, provoquant l’incompréhension des Keynésiens qui estiment résoudre l’équation en pompant force liquidités qui autoriseront l’achat de ces produits finis en attente d’être consommés. Et tant pis si cette relance, entièrement redevable à encore plus de mauvais crédits, vient forcer la main de consommateurs otages ou marionnettes d’un immense jeu de dés pipés.
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