L’argent
Essai sur la cause des causes de la crise.
- Introduction -
La thèse défendue dans cet essai est qu'une des manières de penser la crise est de considérer la défaillance généralisés des individus dans leurs rapports à l'argent. Les criconvolutions de la crise financière n'est, de ce point de vue, qu'une forme macroscopique d'un chaos dont l'origine se trouve à l'échelle microscopique.
- Développement -
A/ Qu'est ce que l'argent ? Ou, du moins, que devrait-il être ?
1/ L'argent est un outil - au sens on peut qualifier d'outil toute production de l'esprit humain qui peut servir d'intermédiaire pour la réalisation d'une tâche, et qui a pour but de rendre cette réalisation globalement plus aisée.
2/ La fonction de l'argent-outil est de servir d'étalon de valeur pour les biens et les services à l'intérieur d'une société - ensemble d'individus ayant un sentiment de vivre ensemble partagé suffisamment fort pour permettre une coopération active entre eux - de manière à faciliter les échanges à l'intérieur de celle-ci.
3/ L'existence de l'argent en tant qu'outil repose sur deux pilliers : D'une part, le signe monétaire ( pièce, billet, ... ) et, d'autre part, l'organisation sociale et culturelle qui permet de donner à ce symbole purement virtuel de richesse une valeur réelle, communément admise et partagée.
4/ Les seules caractéristiques nécessaire pour les signes monétaires sont a) De pouvoir être comptés b) De n'exister qu'en un nombre fini et connu.
5/ Tout comme la voiture, en tant qu'outil, est une création purement humaine - non naturelle - qui doit être entretenue par un ensemble de techniciens sous peine de voir ses composants retomber à leur état naturel ( un tas de rouille et de poussière ), l'argent-outil doit être activement maintenu en l'état pour rester utilisable. Que ce soit une petite association munie d'un tableau et de feutres pour un SEL (système d'échange local), ou une entité européenne avec force paperasse et matériel informatique.
B/ Quel est le comportement des individus face à l'argent, au quotidien ?
1/ L'argent n'est pas perçu comme un moyen, un outil, mais comme une richesse en soit, la question de l'usage de l'argent arrivant majoritairement dans un second temps.
2/ La zone économique dans laquelle la monnaie à cours se délite de plus en plus du fait de la mondialisation, à laquelle chacun contribue en profitant des bas couts des produits importés de pays où la main d'oeuvre est peu chère. Implicitement, si le producteur ne prend pas la peine d'apporter des informations sur l'organisation de la production, il est clair que celle-ci est entièrement conditionnée par la recherche du moindre coût financier.
3/ Plus personne ne se soucie de la mécanique de l'argent-outil, laissant l'affaire à des spécialistes, au gouvernement ou dans le secteur financier privé.
4/ On a laissé les gouvernement manipuler la masse monnétaire dans leur double délire d'obtenir de la croissance à tout prix (1er délire) en modulant la vitesse d'impression du papier monnaie (2ème délire), et accepté d'en subir les conséquences, sans jamais manifester quelque mécontentement que ce soit à ce sujet avant la crise.
5/ Au lieu de réagir à l'accaparement de la gestion de l'argent-outil par les banques privées en restreignant au maximum la quantité de monnaie laissée en leur pouvoir, tous le monde s'est laissé bercer par la possibilité de faire fructifier par magie son argent, sans se poser de question.
C/ Quelles conséquences ?
Une maxime qu'on ne cesse de nous rabâcher dans les média est que le rôle des banques est de financer l'économie. Ah bon, ce sont aux banquiers de modeler l'économie de demain en faisant profiter tel ou tel de leurs largesses ? Le pouvoir corrompt, et voilà ce qui arrive quand on donne du pouvoir sans limite à un technicien : il finit par se prendre pour Dieu.
Un banquier n'est pas plus apte que vous est moi à décider qui doit recevoir de l'argent ou pas. Il est normal que les banquiers ne prêtent qu'aux riches - i.e, ceux qui ont des actifs qui puissent être liquidés en cas de défaut - puisque le banquier n'a pas plus de compétence que vous et moi pour savoir qui va gagner ou perdre de l'argent demain.
Les inégalités dans la distribution du capital étant encore plus forte que les inégalités dans la distribution des revenus, tout dépôt en banque viendra mécaniquement renforcer les inégalités puisque la liquidité ira prioritairement à celui qui possède déjà plus d'actifs que le déposant.
D/ Une remarque sur Frédéric Lordon
Un des penseurs populaire de la crise financière, Frederic lordon, dit en fait exactement la même chose, si on l'écoute bien ( dans la fin de l'émission en particulier ) LIEN à savoir que la source de l'oppression moderne des peuples, c'est le capital financier aveugle, qu'une société plus humaine ne peut exister sans une nécessaire ré-humanisation du capital des entreprises, chose impossible tant que les peuples continuent d'alimenter la source de leur opppression avec leur épargne. Il se retrouve néanmons face à une aporie, ne pouvant envisager que des solutions holistes ( qui supposent un renversement global ) à la crise, tout en sachant qu'une telle solution ne peut être mise en oeuvre que de manière centralisée, ce qui n'est pas souhaitable.
- Conclusion -
La conclusion logique de ce propos devrait être d'appeller chaque citoyen à reprendre la gestion de son capital financier en main, dont le devenir naturel devrait d'être transformé en capital réel (au sens strict, un ensemble de propriétés permettant la création de valeur via le travail personnel ) à une échéance aussi courte que possible. Les manières de "rematérialiser" sont capital financier sont nombreuses, mais comportent toutes une part de risque, qui est à mettre en perspective avec la certitude d'être perdant à tous les coups dans l'inaction, que ce soit en tant qu'épargnant, que salarié, ou que citoyen. La conséquence logique d'une telle rematérialisation du capital fincancier, c'est qu'elle viendrait forcément développer les secteurs à la jonction du champ de compréhension et du champ d'action des individus, donc forcément à l'échelle locale. Or, cette relocalisation de l'économie est, à mon humble avis, la seule manière de dépasser la triple crise que nous vivons : crise financière, crise énergétique, et crise écologique, qui ont toutes les trois pour point commun de résulter d'un abandon des individus à participer à des systèmes qu'ils ne comprennent pas, au profit du bien être à court terme.
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