L’aveuglement dogmatique de nos dirigeants politiques face à la crise du lait
Ces derniers jours, la crise du lait s’est durcie en réaction à la chute brutale des cours (-30% par rapport à l’an dernier). On a assisté ici et là aux blocages de plate-forme de distribution, aux déversements de fumier ou aux renversements de chariot. Cette crise supplémentaire démontre, s’il s’en fallait, que la concurrence libre et non faussée ne peut avoir réponse à tout et qu’elle ne peut s’appliquer à tous les marchés sans une réglementation stricte.
Attardons-nous un instant sur ce chiffre : 30%. Comment réagirions-nous si nos rentrées d’argent fluctuaient de plus ou moins 30% selon les années et qu’elles ne permettaient même plus de supporter nos dépenses courantes ? Une telle situation de précarité serait impensable pour nombre d’entre nous ; il en est de même pour les producteurs laitiers, mais aussi pour tous les agriculteurs de manière générale : producteurs de porc ou de viande bovine, dont les cours sont désormais soumis aux seules lois du marché.
Il est un dogme profondément enraciné parmi les élites qui nous gouvernent : la concurrence non réglementée est le seul gage d’efficacité économique permettant de garantir une rigueur dans la compression des coûts et de ne conserver que les acteurs les plus économiquement performants. C’est ce projet qui se met en place dans le cadre de la réforme de la Politique Agricole Commune (PAC) avec la suppression des quotas laitiers en 2015 et dans l’intervalle, l’augmentation progressive des quotas. Dans le même temps, la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) a dénoncé pour entrave à la concurrence, l’instauration de prix de référence par l’interprofession (CNIEL) ce qui s’est traduit par une négociation directe entre producteurs et industriels et une baisse régulière des prix payés aux producteurs... jusqu’à atteindre un prix de vente inférieur au coût de production...
Pourquoi autant d’obstination dans cette volonté de libéralisation totale des échanges ? Pourquoi vouloir livrer bon gré mal gré nos agriculteurs à l’instabilité des marchés mondiaux dont les cours peuvent varier du simple au double ?
Devant un tel déni de réalité : instabilité des cours entraînant de facto la fragilisation des filières agricoles, caractère particulier de l’alimentation, précarité des producteurs et perte de cohésion sociale... une seule réponse s’impose à l’esprit : nos élites sont enfermées dans l’idéologie libérale et sont devenues sourdes à la légitime volonté de stabilité économique des peuples (non-prise en compte des résultats du référendum). Pis, la victoire des conservateurs au dernières élections européennes n’augure pas de changements décisifs dans les années à venir. Que faire alors ? Dans une démocratie, la réponse est sans appel : seuls les débats d’idées et la persuasion quelque soit la forme sont de rigueur... Quelque soit la forme...
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