L’Electricité vecteur d’écologie ?
Revu à la hausse au mois de juillet 2012, le bonus de 7 000 euros accordé pour l’achat d’un véhicule électrique sera maintenu en 2013. C’est l’annonce qui a été faite par Arnaud Montebourg, Delphine Batho et Frédéric Cuvillier à l’occasion du lancement de la mission Hirtzman. Cette mission s’inscrit dans le cadre du plan de soutien à la filière automobile annoncé le 25 juillet 2012 par Arnaud Montebourg.Peinte en vert la voiture électrique roule au secours de l’industrie automobile française !
La véritable solution écologique, serait de réduire drastiquement tous les déplacements motorisés ou, à la rigueur, d’utiliser systématiquement les transports en commun tels que le tram, solution utopique tant l’ « auto » mobile personnelle s’assimile à l’autonomie comme composante essentielle de notre liberté individuelle.
La voiture électrique peut paraitre alors comme une bonne solution pour limiter l’empreinte écologique de cette liberté, dès lors que la production d’énergie électrique consommée par ce véhicule serait produite avec le minimum de gaz polluants.
Chacun sait que l’électricité n’est pas une énergie « primaire » mais qu’elle est « fabriquée » à partir d’autres énergies, fossiles ou non. Toutes ces sources n’ont pas le même impact écologique et doivent être distinguées en fonction de leurs qualités ou de leurs nuisances environnementales. Tout raisonnement purement quantitatif, confondant l’ensemble des énergies sans tenir compte de leurs caractéristiques, serait « mélanger des torchons et des serviettes » et ne serait pas très scientifique.
Nous avons la chance en France, grâce à une politique suivie constamment par tous les gouvernements depuis des décennies, d’avoir une électricité très décarbonée, puisque 90% de la production électrique est d’origine nucléaire et hydraulique et que la production solaire et éolienne devrait largement augmenter à terme.
Cela permet à la France, d’être parmi les tout premiers pays industriels les moins émetteurs de CO2 par tête d’habitant avec 5,6 tonnes de CO2/an alors que le Danemark ou l’Allemagne, souvent cités en exemple, sont respectivement à 5,9 tonnes/an et 9,1 tonnes/an en 2011 (cf http://www.statistiques-mondiales.com mai2012).
L’augmentation prévisible de la consommation électrique qui résulterait de la multiplication des véhicules électriques (l’équivalent d’une tranche nucléaire pour 600.000 véhicules) permettrait de s’abstraire de notre dépendance aux hydrocarbures, s’inscrirait dans une politique d’indépendance énergétique, et contribuerait à réduire les émissions de CO2 ; à condition que notre parc de production électrique reste aussi vert qu’il l’est à présent et que les batteries de ces véhicules soient rechargées pendant les heures où cette énergie verte est disponible.
On peut s’étonner alors que ces critères environnementaux et économiques ne s’appliquent pas, de la même façon, en matière de bâtiment et qu’une politique de Gribouille conduit aujourd’hui à des résultats inverses à ceux qui seraient souhaitables.
Le diable est dans les détails et le grand espoir écologique du Grenelle souffre d’un jeu politique domestique et international qui manque de clarté ou de cohérence !
La Loi Grenelle et la Réglementation thermique (RT2012) qui en découle édictent une exigence de sobriété pour les constructions neuves : elles imposent une limitation de la consommation énergétique en fonction de la surface du logement à 50 kWh/m²/an pour le gaz et le fuel mais à 19,3 kWh/m²/an pour l’électricité.
Cela conduit à disqualifier l’option électrique dans les logements neufs en augmentant l’investissement nécessaire pour sur isoler et laisse par contrecoup pour seul choix économique la solution gaz, cinq fois plus émettrice de CO2.
Si l’on ne peut contester la nécessité de mieux isoler nos bâtiments afin d’éviter le gaspillage énergétique, on peut s’étonner que cette exigence d’isolation ne s’impose pas de façon identique à toutes les constructions.
Si l’on ne peut contester non plus l’intérêt de développer les énergies renouvelables, on peut s’étonner qu’un handicap imposé à notre seule énergie nationale, sans exigence d’émission de CO2 aboutisse à accroitre notre dépendance énergétique, sans réel bienfait écologique.
Cette Réglementation thermique applicable au 1er janvier 2013 a en effet été anticipée par de nombreux constructeurs et promoteurs avec pour résultat de faire basculer la quasi-totalité des nouveaux programmes de construction en gaz.
Le CGDD (commissariat général au développement durable) constate lui-même que la consommation de gaz naturel corrigée des variations climatiques a augmenté en 2011 de 2,4% dans le résidentiel et de 2,2% dans le tertiaire et ajoute sans rire « l’inflexion de 2011 reste à confirmer mais pourrait s’expliquer par la RT2012 qui privilégie le chauffage au gaz … au détriment des logements chauffés à l’électricité » (sic) !!!
Constat étonnant lorsqu’on sait que le déficit de notre balance commerciale en matière de gaz a bondi de 9,7 milliards d’€uros en 2010 à 12 milliards d’€uros en 2011. Peut-être 14 milliards en 2012.
Combien de temps nos gouvernants pourront-ils tenir un double discours en encourageant d’une part le développement du chauffage au gaz et en essayant d’autre part de s’opposer vainement aux demandes d’augmentation répétées de GDF-SUEZ ?
Cette situation schizophrénique, illogique sur le plan économique et écologique est politiquement dangereuse à court terme : je ne peux raisonnablement penser que nos dirigeants soient incompétents ou qu’ils aient des intérêts inavouables pour privilégier une énergie étrangère au détriment de l’intérêt national.
Alors où est le truc ?
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