L’euphorie des marchés émergents
Il y a encore de cela seulement six mois, investisseurs et spéculateurs devant l’éternel juraient que l’on ne les y reprendraient plus à miser sur les marchés émergents et des matières premières dont le cycle de hausse sur le long terme s’était selon eux inversé. Depuis, et dans une volte-face radicale typique des marchés financiers, les indices boursiers sont témoins d’une flambée en bonne et due, les nations émergentes disposant de réserves énergétiques et de matières premières se détachant très nettement dans le peloton de tête des grands gagnants qui drainent les liquidités du monde entier...
Et voilà donc que la fameuse théorie du découplage des cycles économiques entre l’Asie et les marchés émergents d’une part et les pays dits développés d’autre part connaît un regain d’intérêt, théorie emmenée et confortée par le stimulus économique massif de l’ordre de 600 milliards de dollars décrété par la Chine à l’automne dernier. Les autres pays émergents étant supposés en récolter systématiquement les fruits et ce en dépit d’une conjoncture globale déprimée où les marchés domestiques de ces pays exportateurs pourraient partiellement compenser leurs ventes en chute libre vers un Occident assoiffé de liquidités...De fait, la moitié des exportations de ces pays émergents est aujourd’hui à destination d’autres pays émergents alors que ces nations vendaient à l’Occident deux tiers de leurs marchandises il y a vingt ans.
Les investisseurs et spéculateurs perçoivent donc - au moins intuitivement - les pays émergents, réputés grands thésaurisateurs et bénéficiant de comptes publics excédentaires, comme plus dignes de leurs placements par rapport à des nations Occidentales criblées de dettes et réduites à l’équation à haut risque des baisses de taux quantitatives. Ainsi, et dès lors que les esprits invisibles et efficients des marchés financiers se sont rendus compte que le gros de la crise était peut-être passé, marchés émergents et autres matières premières devinrent des placements de prédilection au détriment des Bons du Trésor de pays développés dont la valorisation avait été exagérément gonflée pendant le climax de la crise.
Baromètre par excellence de la croissance économique globale, les prix du cuivre ont ainsi pris 40% sur les trois premiers mois de 2009...Cette appréciation des marchés boursiers émergents, dont le coefficient de rentabilité est autour de 12 actuellement par rapport à 18 il y a une année et à 8 en Octobre 2008, est susceptible de se poursuivre mais gare à ne pas confondre et à mettre dans un même sac un pays comme la Chine et les Etats de la Baltique par exemple ! Au demeurant, une grande prudence est de mise même en Chine, le coefficient de rentabilité de la Bourse de Shanghai étant à 30 contre 10 il y a seulement six mois tandis que le Bovespa traite aujourd’hui à 19 dans un contexte où, étant à 7 il y six mois, la Banque Centrale du Brésil intervient fréquemment afin d’enrayer la chute du billet vert contre le Réal...
Avec une population ayant bénéficié du doublement de ses revenus entre 2002 et 2007, la croissance de certaines de ces nations émergentes, comme la Chine et l’Inde, devrait néanmoins poursuivre son rythme à deux chiffres en 2009 et 2010 et ce dans un environnement où celle de nos pays Occidentaux, occupés à résorber leurs déficits, devrait être - au mieux - anémique pendant cette même période.
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