L’eurogroupe : la pression s’amplifie sur les peuples
Le sauveur suprême mais de quoi ?
“Nous sommes décidés à tout mettre en oeuvre, toutes les institutions européennes et tous les Etats membres de la zone euro, pour assurer la stabilité et l’unité de la zone euro”, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse de minuit. “C’est donc une mobilisation absolument générale qui est décidée.”
Notre président a selon son habitude pratiqué la dénégation familière avec les journalistes, refusant officiellement de dire le contenu des discussions, pour mieux exagérer son côté sauveur, malgré la méchante Allemagne.
“Je me suis donné beaucoup de mal pour qu’on rassemble tout le monde. Vous ne croyez pas que je vais dire un mot pour créer de la division en Europe alors qu’on a besoin d’unité”, a dit le président français, sans pour autant démentir réellement les informations selon lesquelles les discussions franco-allemandes avaient été parfois tendues vendredi soir.
De son côté, le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, a déclaré samedi que le sommet de l’Eurogroupe avait été surtout l’occasion “d’accorder les violons de la France et de l’Allemagne”. Bref, les autres ont du contempler les éclats du couple fondateur et potentiel créanciers de la zone euro.
C’est super : la commission européenne peut s’endetter auprès des marchés financiers
Il est vrai que Sarkozy a obtenu un dispositif qui est censé accroître le rôle politique de l’Europe, enfin de l’organisme parfaitement anti-démocratique qu’est la Commission européenne. Elle a un nouveau pouvoir : celui de s’endetter sur les marchés financiers, voilà qui est rassurant.
Cette mesure, à laquelle la déclaration finale du sommet européen de la zone euro fait référence sans l’expliciter, avait été exclue à la création de l’euro en 1999 pour éviter qu’un pays ne soit tenté de laisser filer ses déficits publics en escomptant un soutien communautaire. L’Allemagne n’a jamais été chaude pour cette disposition et aujourd’hui moins que jamais. Mais l’argument qui met en balance une Union européenne et une zone euro sur laquelle elle ne cesse de se développer aux dépens des autres économies de la zone, a enfin touché son coeur d’acier. C’est ça ou la fin de la zone euro et donc des gros profits pour les exportateurs allemands.
Sur un plan juridique, le mécanisme repose sur l’article 122-2 du traité européen qui stipule que “lorsqu’un État membre connaît des difficultés ou une menace sérieuse de graves difficultés, en raison de catastrophes naturelles ou d’événements exceptionnels échappant à son contrôle, le Conseil, sur proposition de la Commission, peut accorder, sous certaines conditions, une assistance financière de l’Union à l’État membre concerné”.
La BCE offrirait une garantie implicite à ce mécanisme en s’engageant de manière claire à agir pour “assurer la stabilité de la zone euro”.
Vous remarquerez que la spéculation financière sous toute ses formes est assimilée à une catastrophe naturelle, qui songera jamais à chercher des responsables à un tremblement de terre…
Sur un plan pratique cela revient sans le dire à rétrograder la plupart des membres de la dite zone au statut d’aspirant à la dite zone euro puisqu’on leur accorde une espèce de facilité à la balance des paiements comparable à celle des pays aspirant à l’intégration. Quand on voit l’état des pays baltes, on mesure à quel point il s’agit simplement d’une mise en lisière sans avantages réels.
Parce que de son côté Angela Merkel a obtenu de ses partenaires de la zone euro que le pacte de stabilité et de croissance, qui marque une limite de 3% du PIB pour les déficits publics et de 60% du PIB pour la dette, soit renforcé. C’est-à-dire que non content de ne pas remettre en cause les terribles critères de Maastricht et une politique anti-inflationniste monétariste, on la durcit, on pousse toujours plus avant le durcissement de la zone euro, les Etats membres sont simplement en état d’examen de passage permanent à l’accès de la monnaie unique et toute la politique demeure dirigée par la Commission européenne.
On ne dit pas comment et avec quelles mesures mais il est affirmé que les sanctions seront rendues plus efficaces. Selon plusieurs sources diplomatiques européennes, un premier pas consisterait à mettre en oeuvre de manière plus ferme des dispositions déjà contenues dans la “table de la loi” de la zone euro, comme la suspension des droits de vote à l’Eurogroupe pour les pays qui s’affranchiraient des règles. Les règles seront on le sait déjà non seulement la baisse de l’endettement mais aussi la mesure de la “compétitivité” de l’économie. On sait que “la compétitivité” passe pour eux par la réduction des niveaux de vie et des salaires des populations concernées. La récession organisée volontairement comme prime à la spéculation.
Soyons clairs cela veut dire que la politique d’austérité appliquée à la Grèce devra être étendue, via des critères qui sont ceux d’une lutte anti-inflation et soumission aux exigences du marché, à tous les pays de la zone. la Grèce a bien servi dans cette affaire à la fois d’éclaireur et de repoussoir : on dit aux peuples si vous ne voulez pas être comme la Grèce, il faut vous conformer à la politique monétariste réclamée par le marché.
Et comme d’habitude, notre président s’est payé le luxe de pousser un gigantesque cocorico sur les résultats de ce sommet, cri de victoire qui dit exactement le contraire des résultats obtenus :
“Aujourd’hui, c’était l’heure de vérité pour la zone euro : soit nous laissions les marchés décider de l’avenir de l’euro à notre place, soit nous étions capables de prendre les mesures nécessaires pour faire échec à la spéculation et pour sortir de cette crise plus forts et plus unis”, a-t-il expliqué.
“Nous ne pouvons pas laisser aller l’euro au gré de la spéculation et des intérêts de quelques spéculateurs. L’euro c’est l’Europe, l’Europe c’est la paix sur ce continent. Nous ne pouvons pas laisser défaire ce que les générations précédentes ont construit. C’est ça qui est en cause”, a-t-il ajouté.
Sans vouloir mettre en cause des personnes qui ne sont que le produit d’un système, on ne peut qu’être atterré devant les futures élections présidentielles en France, on est en train de nous préparer un duel au sommet entre deux abominations artificiellement gonflés de vent que sont Sarkozy et DSK, sans aucun choix politique réel puisque comme on le voit il n’y a pas l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette entre la politique du dirigeant actuel du FMI et l’actuel président. Arriveront-ils à nous inventer une alternative ?
Danielle Bleitrach
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