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L’Europe doit choisir entre la solidarité ou ... le schisme !

La formidable machine à exporter allemande peut se payer le luxe de réduire ses dépenses budgétaires car elle mise sur une demande internationale de ses marchandises appelée à la rescousse de sa propre relance économique. En dépit d’une croissance du P.I.B. sans précédent depuis la réunification du pays (2.2% pour le second trimestre 2010), cette situation est intenable tant le contraste entre l’Allemagne et les nations périphériques Européennes est saisissant. En effet, la Grèce s’est elle aussi distinguée pendant la même période, quoique dans un sens radicalement opposé, puisque son économie s’est contractée au même moment de 1.8% tandis que l’Espagne et que le Portugal survivent péniblement avec une croissance tout juste positive de l’ordre de 0.2%...

Cet état des lieux pour le moins préoccupant de certaines nations faisant partie intégrante de la famille Européenne a néanmoins, aux yeux de l’Allemagne, transformé cette crise en un "happening" salutaire et hautement profitable. Le rendement payé par les obligations d’Etat allemandes (bunds), considérées comme valeur refuge en ces temps d’incertitudes, n’est-il pas à son plus bas historique ? L’effondrement de ces mêmes rendements n’offre-t-il pas un avantage supplémentaire déterminant aux entreprises allemandes ainsi capables de se financer à bon marché pendant que les entreprises espagnoles (pour ne citer qu’elles) doivent lutter du fait de rendements sur leurs Bons du Trésor condamnés à grimper pour attirer les investisseurs ? La crise grecque représente en outre une véritable aubaine car, ayant contribué à mettre l’Euro sous une pression intense, elle a du même coup dopé artificiellement les exportations allemandes. Encore mieux : l’appréciation notable de certaines monnaies, comme le Yen japonais au plus haut depuis 15 ans vis-à-vis du Dollar, ayant bénéficié d’un afflux très substantiel de liquidités en quête de sécurité en périodes de tourmentes Européennes confère ainsi un atout supplémentaire à l’Allemagne. Ses exportations inondent aujourd’hui l’Asie tout en mettant le Japon au tapis et en neutralisant sa (déjà) maigre croissance très fortement pénalisée par l’extrême fermeté de sa devise.

La crise Européenne prouve de manière flagrante que nos responsables n’ont tiré nul enseignement de la crise ayant démarré à l’été 2007. Les problèmes inextricables des nations Européennes et des exportateurs japonais ne sont-ils pas inversement proportionnels à l’euphorie allemande ? La crise Européenne n’a-t-elle pas tout simplement démontré que notre système global était encore et toujours marqué par cette instabilité et par ces déséquilibres ayant parfois des impacts désastreux sur les activités économiques ? La croissance d’un pays, voire celle d’un bloc géographique entier, n’a pas vocation à se révéler tout aussi volatile et versatile que les fluctuations de sa devise. Comment un pays rigoureux et travailleur comme l’Allemagne cède-t-il aujourd’hui aux sirènes de la facilité en multipliant ses excédents et en exploitant les déficits (et accessoirement la souffrance) des autres ? Les déséquilibres et autres déficits ne se solderont pas plus positivement en 2010 qu’en 2001 ou qu’en 2007...

Il est aujourd’hui impératif de dépasser ce stade de l’admiration béate et simpliste envers un pays puisant force et richesses de ses exportations afin de tendre vers un monde d’Etats responsables qui s’efforcent de trouver ensemble des solutions optimales aux crises financières en assumant chacun sa part du fardeau. L’industrie allemande, qui profite pleinement aujourd’hui de taux d’intérêt artificiellement bas et d’une monnaie unique rongée par la perte de confiance internationale, serait pourtant terriblement exposée en cas de déroute grecque. Un nouveau modèle de coopération dans l’intérêt des populations sinistrées et moins favorisées se doit donc urgemment d’être adopté. Un modèle où les pays du Nord - et pas toujours ceux du Sud - consentent aussi à des sacrifices.


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10 réactions à cet article    


  • plancherDesVaches 15 septembre 2010 12:19

    Des états responsables... On atteind le domaine de la science-fiction, là...
    Quoique.. d’ici qu’ils soient « trop » responsables en devenant des dictatures.

    Bon, sinon, un peu de solidarité ne fait pas de mal (car je vous rappelle que nous avons une monnaie commune comme les états des états-unis d’amérique) :
    http://contreinfo.info/breve.php3?id_breve=9652
    « La BCE achète de la dette irlandaise, grecque et portugaise (FT via EuroIntelligence) »


    • tmd 15 septembre 2010 12:20

      L’Allemagne est un pays économiquement vertueux. Avec un déficit de 3.5% du PIB cette année, et des économies planifiées de 80 milliards d’euros sur 3 ans, il est loin devant les autres grands pays européens. De plus, c’est le seul des grands qui a une balance des paiements positive ! C’est grâce à l’Allemagne que l’euro ne plonge pas vers des abîmes sans fond face aux autres monnaies.

      Contrairement à ce que vous écrivez, ce n’est pas en profitant du « happening » de la crise que l’Allemagne s’en sort si bien. C’est plutôt grâce à 20 années de gestion rigoureuse, qui ont été nécessaires depuis la réunification, et qui étaient déjà loin d’être laxistes auparavant. La crise n’a fait que mettre au grand jour ce problème de l’euro qui ne peut pas servir de monnaie unique à la fois aux cigales et aux fourmis.

      Plutôt que de crier haro sur l’Allemagne, il faudrait plutôt prendre exemple.


      • BlackMatter 15 septembre 2010 15:27

        Le problème est que l’Allemagne s’en sort si bien grâce aux exportations vers les pays « non vertueux », en suite d’une compression des salaires.
        Si tout le monde appliquait la même méthode, non seulement il y aurait appauvrissement des salariés européens mais en plus elle perdrait son avantage. Nous serions alors dans une spirale négative...
        En vérité (et ce qu’elle ne dit pas), c’est qu’elle n’a pas interet à ce qu’on devienne aussi rigoureux qu’elle. Elle nous accuse d’être laxiste tout en sachant bien que si nous ne l’étions pas, sa politique économique serait un échec. Elle est donc faux cul par ailleurs en nous expliquant que l’euro tient à elle.


      • etiennegabriel 15 septembre 2010 19:59

        Un état nation c’est, sinon un tout, du moins un grand ensemble, l’Allemagne a une forte croissance cette année, mais en 2008-2009 elle a eu la plus forte décroissance ; de surcroit elle est temporairement avantagée par une natalité constamment basse depuis plus de trente ans ; donc moins de dépenses scolaires, moins de pression à la hausse de l’immobilier.
        Mais sur le long terme (50 -60 ans ) ce fait deviendra un handicap (il nait 650000 enfants en Al. pour 80 millions d’hab. environs, en France 830 000 naissances pour 62 millions d’hab.). A votre avis cet exemple là est-il aussi à suivre ?
        Enfin l’Allemagne a sabrée dans ses dépenses sociales, il y a environ 10 ans et ceci a aggravé le déficit des naissances ; est-ce aussi une voie d’avenir ?
        A terme une Allemagne très riche sans habitants. Le dernier sera très très riche et très vieux. Et des Français tous ruinés, mais nombreux........


      • BlackMatter 15 septembre 2010 15:30

        « L’Europe doit choisir entre la solidarité ou ... le schisme ! »

        Pour revenir sur le titre, l’Europe doit choisir la solidarité.
        Le nationalisme ou le communautarisme (y compris religieux), l’histoire l’a montré, c’est la guerre !

        Et nous sommes en paix depuis 60 ans uniquement parce que nous résistons à ces deux solutions.


        • DG. DG. 15 septembre 2010 18:32

          on peut être nationaliste et solidaire
          c’est l’impérialisme, l’histoire l’a montré, qui mène a la guerre, le nationalisme n’est qu’un prétexte.
          vous devrez donc démonter l’existence des guerres antérieures a la Révolution sur le fondement du nationnalisme, ce qui sera difficile car cette idée n’existait pas a l’époque.


        • BlackMatter 15 septembre 2010 20:32

          Le terme a été créé au 19eme siècle mais le nationalisme existait bien avant...

          Par ailleurs, l’impérialisme est une forme de nationalisme.

          Selon Wiki :
          Le politologue Denis Monière classe le nationalisme sous deux typologies :

          - une typologie dite « classique », basée sur les critères d’appartenance, qui fait la distinction entre le nationalisme civique ou politique et le nationalisme ethnique ou culturel. Chacun renvoie à une conception de la nation bien particulière.

          -une seconde, basée sur des critères basés sur les objectifs, comprend quatre groupes : nationalisme de domination, nationalisme de libération, nationalisme de conservation, nationalisme de revendication.

          Quoi qu’il en soit, le repli sur soit fini par entrainer la haine ou la peur des autres.


        • Catherine Segurane Catherine Segurane 15 septembre 2010 15:51

          Je choisis le schisme.


          • Tzecoatl Tzecoatl 16 septembre 2010 19:41

            L’Allemagne a apparemment toujours cherché à exceller voire s’illustrer, militairement par le passé, économiquement aujourd’hui.


            S’ils souhaitent à ce point vaincre, il leur faut bien des vaincus. Et s’ils souhaitent continuer ainsi, il vaudrait mieux qu’ils se ménagent leurs vaincus (la brève de contreinfo transmis par plancherdesvaches est révélateur).

            L’Europe peut se targuer, contrairement aux US, d’avoir un commerce extérieur équilibré, dans une mondialisation complètement faussée par la monnaie chinoise, grâce à l’Allemagne et à cause de l’Allemagne (machines-outils allemandes exportés en Chine et produits chinois importés en Europe). 

            L’Europe est pour l’heure largement plus équilibrée dans la mondialisation faussée que les US, qui sont dans l’incapacité de rééquilibrer les règles (http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?num=f03c57870d1a02a3bd7354eb8eb7d854). L’avenir américain est moins serein que le notre.

            Il est plus simple que la BCE rachète des dettes publiques que de passer par la case éclatement de l’Euro et dévaluation des économies faibles de l’Eurozone. 
            Si l’Allemagne et Axel Weber peuvent comprendre cela...




            • macacho123 5 juillet 2011 23:47

              Thanks for the article. I really appreciate it. Keep up the great work. I’m loving it. Keep up the good work Koi Pool and Aquaristik

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