L’Europe face à la crise
Face à la crise économique, la commission européenne a annoncé mercredi que près de 200 milliards d’euros seront injectés dans l’économie européenne (chaque pays membre y contribuera en reversant 1,5% de son PIB) dans le cadre d’un plan de relance qui préconise aux états membres de l’U.E de privilégier la stimulation économique au profit de la rigueur budgétaire. Bruxelles suspend donc provisoirement ses sanctions en cas de dépassement des plafonds, qui contraignaient les membres de l’Eurogroupe à ce que leur déficit public n’atteigne pas les 3% de leur PIB et que leur dette ne soit pas supérieure à 60% du PIB. En mettant de côté ces contraintes, Bruxelles ouvre la voie à des plans de relances nationaux, afin de répondre précisément à des situations différentes. Tour d’horizon de la situation économique et des impacts de la crise sur les poids lourds européens.
Les baisses d’impôts font débat en Allemagne
Nous sommes en récession et nous avons une année 2009 difficile devant nous. Peer Steinbrück le sait, le ministre allemand des finances a solennellement prévenu ses compatriotes que la crise économique n’épargnera pas l’Allemagne, dont le PIB s’est contracté de 0,5% au troisième trimestre. Les indicateurs prévoient pour l’année 2009 une récession sévère, qui va contraindre le gouvernement d’Angela Merkel à alléger les impôts pour les salaires faibles et moyennement élévés d’ici 2009, alors que la feuille de route de la chancelière prévoyait d’effectuer de telles éxonérations à l’horizon 2010.
A dix mois d’échéances législatives cruciales, la question des baisses d’impôts fait débat outre-rhin, le CSU les réclamant tandis que le CDU hésite à les appliquer, tout en étant conscient que les rejeter constituerait en soit un lourd handicap dans le cadre des élections législatives. Angela Merkel s’y refuse pour le moment, ayant fait de la rigueur budgétaire une des priorités de son mandat, tout comme M.Steinbrück qui estime que cette orientation est mauvaise parce qu’elle pèsera sur nos enfants et petits-enfants sans obtenir d’effets fiables sur la croissance.
Le projet de Berlusconi en suspend
En 2008, la croissance du PIB restera modérée en Italie a prévenu l’OCDE et l’UE, qui tablent sur une croissance annuelle de l’ordre de 0,1%, contre les 0,5% prévus initialement. Pour l’année 2009, les prévisions de croissance ont elles aussi été revues à la baisse, pas plus de 0,5% estime l’UE, soit moins que les 0,9% qu’espérait le gouvernement. Il est clair que la réalisation de notre programme est conditionnée par trois éléments essentiels : l’actuelle crise économique dans le monde et en Italie, les contraintes du traité européen et l’équilibre précaire des comptes publics rappelle Silvio Berlusconi, qui élu récemment, risque de renoncer à certaines de ses promesses.
En première ligne, son grand plan de réduction de la fracture économique entre l’Italie du nord et l’Italie du sud risque d’être sérieusement retardé. Par ailleurs, le gouvernement risque de ne pas être en mesure d’appliquer la revalorisation des allocations sociales et l’instauration de "primes bébés" afin de stimuler la natalité et que Berlusconi avait promis lors de sa campagne. Cependant, afin que ces promesses puissent être au moins partiellement tenues, le gouvernement italien s’est engagé à réduire les dépenses publiques et augmenter les taxes sur les grands groupes économiques lors de l’année à venir.
Le Royaume-Uni en première ligne
Le premier ministre britannique Gordon Brown tente de convaincre la chambre des communes de voter favorablement son pré-budget 2009-2010, un plan de sortie de crise de l’ordre de 20 millions de livres (24 millions d’euros). Il nous faut maintenant une action à point nommé pour éviter des dégâts permanents a déclaré Gordon Brown, qui bénéficie d’un regain de popularité depuis le début de la crise financière. Son budget prévoit notamment un abaissement de la TVA de 17,5 à 15% et une dévalorisation du taux d’imposition pour les salaires annuels supérieurs à 180 000€.
Mais malgré les critiques du camp conservateur qui craint un remboursement extrêmement conséquent, le gouvernement de Gordon Brown se doit de réagir, face à une crise économique qui touche particulièrement le Royaumme-Uni. En effet, les prévisions quant à l’année 2009 ne sont que très pessimistes, et tablent sur une contraction du PIB de l’ordre de 1,3%, le Royaumme-Uni étant particulièrement touché par la crise du fait de l’importance de son secteur financier. L’Etat britannique va par ailleurs être contraint d’emprunter en masse, de façon que le déficit public atteindra 8% du PIB en 2008.
La dette publique grimpe en Belgique
La crise économique a supplanté la crise politique en Belgique, où les prévisions économiques pour l’année 2009 vont contraindre Flamands et Wallons à établir un consensus pour éviter des dégâts économiques irrémédiables. Après une période 2005-2008 très prospère au niveau de l’emploi, le royaume d’Albert II se prépare à une reprise du chômage quant à l’année 2009, qui atteindra les 8%. Le PIB va lui aussi entamer une période de stagnation, avec une croissance qui atteindra les 0,1% en 2009, quand le gouvernement misait sur un excédent de l’ordre de 0,5%. La dette publique, après une période de résorption de 15 ans va elle aussi grimper en 2009 estime la commission européenne, elle atteindra en effet les 86% contre 83% en 2007. La Wallonie, brebis galeuse de la Belgique, ne sortira pas indemne de la crise, certes, mais devrait voir ses pertes limitées.
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