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Accueil du site > Actualités > Economie > L’instabilité financière et la crise à la Société Générale (...)

L’instabilité financière et la crise à la Société Générale sonnent-elles le glas du capitalisme financier ?

Les mouvements erratiques des marchés financiers depuis l’été 2007, la forte volatilité et les problèmes en cours au sein de la Société Générale sont autant d’éléments qui tendent à prouver un dysfonctionnement dans les rouages du capitalisme financier.

Nombre de commentateurs et de responsables politiques s’appuyent sur ces faits pour appeler à davantage de régulation (traduction : plus de réglementations), et appuyer une plus forte intervention de l’Etat.

Dans l’histoire financière, il y a toujours eu des « excès » de la finance. Nous pouvons remonter jusqu’au XVIIe siècle avec la crise des tulipes en Hollande, et il y en aura toujours.

Ces emballements dans un sens ou dans un autre sont inévitables car ils sont naturellement constitutifs des comportements économiques, avec toute la part de subjectivité que cela comporte, on peut même dire qu’ils sont constitutifs des comportements humains eux-mêmes. En cela, la finance n’est pas décorrélée de toutes les autres activités humaines, avec ses passions, ses débordements ou ses phases de découragement. Dès lors que l’on comprend que ces phénomènes sont inévitables, il revient de s’en prémunir et d’en limiter les effets.

Deux approches alors se distinguent : l’une faisant confiance dans la capacité de l’Etat et des régulateurs à contrôler ces phénomènes, voire à les empêcher. L’autre donnant pouvoir aux acteurs du marché eux-mêmes pour réguler le système.

Dans une économie de science-fiction, un régulateur étatique parfaitement efficient ne serait qu’un neurorégulateur, un métasystème capable de contrôler chaque relation économique, de comprendre chaque incidence que peut avoir telle ou telle décision sur l’économie. Chose parfaitement impossible dans le monde réel. Les réglementations sont généralement uniformes et ne peuvent s’appliquer à tous les cas de figure, surtout dans un monde financier de plus en plus complexe.

Le cas de la Société Générale démontre parfaitement que la régulation administrative reste une chimère. Le rapport remis au Premier ministre par le ministre Christine Lagarde, révèle notamment que la position prise par le jeune trader incriminé aurait été dissimulée par des opérations fictives, comme des achats ou ventes de titres et de warrants à date de départ décalée, des transactions sur futures avec une contrepartie non encore désignée, ou des forwards (contrats à terme entre banques) avec une contrepartie interne au groupe.

Si ce langage semble quelque peu ésotérique pour le commun des mortels, il démontre que la possibilité pour un opérateur de marché de procéder à ce type d’opérations oblige un contrôle interne très pointu pour découvrir ces malversations. C’est notamment un des rôles du middle office chargé du suivi des risques et du contrôle des opérations de marché. Aucune régulation extérieure administrative ne sera capable de faire mieux en termes d’efficacité et de rapidité que la régulation interne, par le perfectionnement constant des nombreux outils de contrôle.

Le même rapport précise aussi que sur la période 2006-2007, la Société Générale avait fait l’objet de 17 inspections de la commission bancaire et qui n’ont abouti qu’à des recommandations de portée très générale. Ce qui est inévitable du fait de la haute technicisation des produits financiers qui demande une régulation plus précise, avec des outils informatiques et des algorithmes mathématiques que seuls des experts et des acteurs du marché peuvent maîtriser et développer.

Au-delà de ces points de régulation interne, nous ne devons pas oublier que le meilleur régulateur qui soit, malgré tous les défauts que l’on lui trouve, demeure le marché lui-même.

Nous vivons dans un monde où la fluidité des marchés, l’interdépendance des systèmes et les risques systémiques qui en découlent, obligent les acteurs eux-mêmes à pousser toujours plus loin leur mode de contrôle. Chaque flux financier est en lui-même un acteur de la régulation. Car les risques sont grands, comme nous le voyons pour la Société Générale : risques opérationnels avec des conséquences financières lourdes, risque de réputation, perte de confiance de ses actionnaires et de ses clients, démotivation de ses employés ; enfin et non des moindres, risque d’être racheté lors d’une OPA.

Dans un tel système ouvert les malversations, les fraudes ou les mauvaises gestions sont immédiatement et rapidement sanctionnées.

A l’inverse, dans un système financier cloisonné et beaucoup plus réglementé, la confiance repose sur la seule qualité de la régulation. Les régulations sont moins opérationnelles et moins efficaces, les sanctions sont moindres car administratives ou politiques. Le danger est alors de voir les fraudes, les malversations devenir la règle et non l’exception.

Comme nous le voyons, le marché et les professionnels de la finance seront toujours les plus à même de réguler le capitalisme financier. La régulation des marchés financiers ne relève pas de l’idéologie ou de la politique mais du bon sens.

Christophe ARVIS

Consultant senior marchés financiers


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29 réactions à cet article    


  • Alpo47 Alpo47 28 février 2008 13:22

    Si je vous suis bien, donc : "Pas de contrôle, laissons les requins se réguler entre eux"..Et les autres poissons, ils font quoi ? Ils regardent et attendent de savoir lesquels vont les dévorer, bien sur ...

    Ne seriez vous pas quelque peu déconnecté de la réalité de la société et de la vie quotidienne ? Vous me faites penser au porte parole du président, évidemment expert en communication, et qui, confronté à la "vraie vie" , aux gens, au cours de sa pitoyable campagne électorale de Neuilly, s’est très rapidement "pris les pieds dans le tapis" ... 

    Descendez donc dans la rue, voir comment se passe la vraie vie ...


    • Roland Verhille Roland Verhille 28 février 2008 15:35

      Pertinente remarque préalable distinguant les comportements économiques des comportement humains eux-mêmes. De tout temps, il y a eu des dévoiements humains destructeurs des sociétés humaines. Mais c’est une erreur de les généraliser à tous les êtres humains, seule une petite frange de l’humanité en est affectée. C’est aussi une erreur de croire à la rédemption systématique des dévoyés. Certains, les moins nombreux peut-être, sont incurables, seule leur neutralisation allant auparavant jusqu’à leur élimination physique sauvegarde la société.

      Malheureusement, l’article continue avec un mélange des torchons et des serviettes. Mélange des comportements économiques et de ceux financiers visant les spéculations financières. Mélange du capitalisme et de cette spéculation financière. Les comportements économiques sont automatiquement régulés par la sanction s’attachant aux unités de production défaillantes, leur élimination physique pure et simple. Il en serait normalement de même pour les organismes s’adonnant aux spéculations financières. Mais là, on trouve les états qui sont la source des moyens se spéculer, la monnaie artificiellement créée en telle quantité qu’elle ne trouve pas à s’employer dans les activités économiques de production de biens et services. On trouve aussi les organismes bancaires régulés par les états comme peu d’autres le sont. Ils ne font que distribuer la monnaie créée par les états dont ils ne sont que le bras armé.

      Et c’est là qu’on retrouve une autre observation pertinente de l’auteur : la chimère d’une régulation administrative, bureaucratique, prétendant se substituer à une régulation naturelle impossible puisqu’elle éliminerait une branche de l’état lui-même. Sa régulation peut d’autant moins être efficace qu’elle est submergée par ses propres provocations au crime en créant et répandant les moyens matériels de la perversion.

      Mais là l’auteur se trompe en semblant énoncer qu’une régulation bureaucratique des professionnels eux-mêmes de la banque serait efficace : l’auto contrôle (ou contrôle interne) de tels organismes démesurés est autant sinon plus inefficace que la régulation publique.


      • Tzecoatl Tzecoatl 29 février 2008 19:48

        @Roland Verhille :

        "Ils ne font que distribuer la monnaie créée par les états"

        Hélas, non, en zone dollar et euro, ceux sont les banques secondaires qui créent la monnaie, ruinant les états.


      • Roland Verhille Roland Verhille 1er mars 2008 08:17

        à Tzecoati,

        Non, pas du tout, les banques secondaires distribuent la monnaie qui existe, chez celles qui la distribuent ou chez les autres banques secondaires auxquelles elles l’empruntent. Quand elles n’en trouvent plus ainsi, elles remontent à la Banque centrale qui alors crée de toute pièce de la monnaie.

        Et c’est ce qui se passe en ce moment : les banques rechignent à faire crédit à d’autres banques. Les Banques centrales sont en train de créer une marée de monnaie pour alimenter les banques secondaires.


      • Tzecoatl Tzecoatl 2 mars 2008 20:53

        Et bien je constate que vous avez pris le parti de la désinformation, mais vous n’êtes pas le premier, rassurez-vous.

        Afin d’être crédible, voici un petit cours de l’école des mines :

        http://www.cerna.ensmp.fr/Enseignement/CoursInitiationEco/10-MonnaiePolMonetaire.pdf

        La banque centrale européenne n’émet que la monnaie centrale, et en tant que particuliers ou entreprises vous ne verrez jamais dans votre poche ni sur votre compte. C’est la monnaie qui alimente le marché inter-bancaire. Elle permet le jeu de compensation entre banques, mais son rôle s’arrête là.

        Celle qui nous intéresse est de la monnaie d’endettement émise par les banques comme le précise le cours ci-dessus.

         


      • Rosemarie Fanfan1204 2 mars 2008 21:15

        @ Tzecoatl, d’accord avec votre post. Le PP est très bien fait. Synthétique d’un système qui ne l’est par forcément. Cela m’a rappelé mes cours à l’Institut des Techniques Bancaires.... cours beaucoup moins digestes que votre PP.


      • Roland Verhille Roland Verhille 4 mars 2008 19:00

        A tzecoati et fanfan,

        Je n’ai pas de bible me commandant mes dévotions, j’examine les mécaniques pour savoir comment elles fonctionnent.

        Vous voyez bien depuis plusieurs mois, les Banques ne compensant plus entre elles leurs excès et insuffisances de liquidités, et c’est la "crise de liquidités". Comment font les Banques centrales pour surmonter cette crise ? Elles déversent sur les banques commerciales une marée de liquidités, de monnaie créée de toute pièce par elles.


      • Tzecoatl Tzecoatl 5 mars 2008 09:11

        @Roland Verhille,

        Les banques centrales ne créent de la monnaie centrale qu’en fonction de la demande des banques secondaires, et effectivement mettent plus de liquidités à disposition comme cela a été le cas au second semetre 2007 pour nous éviter un autre 1929.

        Bref, rien de répréhensible et point d’état dans ce mécanimse.


      • bonsens 28 février 2008 16:09

        s’il controle il doit y avoir c’est le role de l’état de l’assumer

        d’ailleurs ils sembleraient ques les multinationnales sont trés fortes dans les cartels ou ententes ???

         

        avec la mondialisiation nos politiques semblent plutot favoriser les gros au détriment des petits

        jamais les salaires ont si peu augmentés alors que les profits ont augmentés

        c’est là que est le déséquilibre et la couleur politique ne change rien à la chose.

        le pouvoir d’achat à régressé dés la venue de fabius avec la réduction des impots de sociétés de 50 à 33 %

        les banques et les assurances ont conservé les gains de productivités énormes grace à la microinformatique à leur profit exclusif par une netente tacite. ???

         

        les gagnants de cette redistribution sont la grande distribution,la finance ( banque et assurances)

        les profits faits en france sont investis à l’étranger sous prétexte que les frais en france sont trop élevés.

        là encore je constate que les stes dits mutualistes ne sont pas en reste sur les bénéfices ?????

         

        le danger vient que nos dirigeants ont vendus leur àme au dieu ARGENT sans retenue

        le SALUT NE PEUT VENIR QUE PAR UN VOTE POUR DES DIRIGEANTS INTEGRES OU UNE REVOLUTION


        • Eleusis Bastiat - Le Parisien Libéral eleusis 28 février 2008 16:54

          bonsens, je voulais commenter mais finalement il y a si peu de choses valables dans ce que tu dis que ca ne vaut pas la peine.


        • grangeoisi grangeoisi 28 février 2008 16:55

           Les salles des marchés ne seraient elles pas peuplées d’ egos surdimensionnés aussi ?

           

           


          • Forest Ent Forest Ent 28 février 2008 17:47

            Cet article est tout à fait typique de l’idéologie libertarienne, ultra-libérale. On commence en effet à lire de plus en plus souvent dans les journaux US le message suivant : "finalement, c’est la faute à la FED, c’est à dire à l’intervention, et il n’y aurait pas eu de crise s’il n’y avait pas eu de FED".

            L’escroquerie de cette idéologie est entièrement contenue dans le passage suivant de l’article :

            davantage de régulation (traduction : plus de réglementations), et appuyer une plus forte intervention de l’Etat.

            Pour un libertarien, il n’y a pas de différence entre intervention, règlementation et régulation : tout ce que fait un état est idiot et inefficace. Par contre, tout ce que fait un marché est bon à long terme, même s’il y a de petits soucis de ci de là.

            Seulement, les libertariens oublient de pousser leur logique jusqu’au bout quand il s’agit de la survie des banques. Ils n’ont pas tant râlé quand l’UK a nationalisé Northern Rock, et cet auteur n’a pas présenté cela comme le scandale interventionniste du siècle. Pas plus sur les 3 ou 4 plans de relance successifs Paulson/Bush. Ni contre ce que l’on voit se profiler actuellement, c’est à dire la reprise par des fonds d’état US des créances douteuses de quelques acteurs stratégiques.

            Couillons de tous les pays qui n’avez rien compris aux vertus du marché, préparez-vous à cotiser gaiment aux fonds de sauvetage.


            • Jimd Jimd 29 février 2008 09:32

              Plutot d’accord, et pourtant je ne pense pas partager les meme idees :).

              En sauvant ceux qui on fait des erreurs on les absoud, une petite tape sur les mains et on renfloue. c’est l’inverse de la logique liberale.

              Mais comment faire.... la titrisation a ouvert de nouveau type de risques tres mal evalue par le marche. cela a conduit a prete de plus en plus aux non solvables car le risque ete ensuite reporte sur l’ensemble du systeme par la cession de ces titres adosse sur les creances (Asset Backed Securities).

              Concretement que falait il faire ? interdire ces pratiques a la source, avoir un controle centralise des crdeit donne.... c’est le debat qu’il faut avoir.


            • Forest Ent Forest Ent 29 février 2008 11:57

              On peut faire de la régulation sans intervention ni excès de règlementation. Les banques de détail françaises ont été plus prudentes, sans pour autant qu’il y ait eu un flic dans chaque agence bancaire. Un texte très général les rend simplement partiellement responsables de la casse.


            • civis1 civis1 28 février 2008 18:23

              Comment le Marché peut-il se réguler lui même ? Les rois n’avaient-ils pas leur fou pour tenter de les
              rappeler à la réalité et à une certaine l’objectivité ? 
              Seul un système tyranique ne peut prétendre à ne s’autoriser que de soi même.
              Toute autorégulation suppose un tiers extérieur incontournable.
              Il y a une hypocrisie à découvrir le système d’entente illicite qui a existé de tout temps, la même hypocrisie
              à ne pas voir que les tentatives d’économies planifiées ont toutes échouées à cause des manipulations
              statistiques des nomenclatura arrivées au pouvoir dans leur tentative de se maintenir en place et de s’enrichir.
              Sans garde-fou ou en les contournant ce qui aboutit à la même situation, la logique du profit ne peut-être
              que tyranique et folle. 

              1) En appauvrissant les travailleurs qui sont aussi des consommateurs l’économie de marché scie la branche sur laquelle elle est assise.Plus de consommateurs, plus de clients.

              2) Pour agir à ce niveau là, la puissance financière des marchés et de la logique mercantile destructrice d’activité et de richesse dépasse largement la puissance de régulation à la disposition des états.
               
               


              • anny paule 28 février 2008 18:39

                Il me semble qu’il est un hiatus entre le titre de l’article et son contenu... même si la forme est interrogative !Personnellement, j’avoue ne rien "entendre" au capitalisme financier... mais je subis, comme nombre d’entre nous, les affres de la récession.

                Ce qui me paraît clair, bien que "Candide" je sois, c’est que la forme actuelle du capitalisme effréné que nous vivons nous mène droit dans le mur... et il n’est pas nécessaire d’être révolutionnaire pour penser ainsi : simple question de bon sens, de sens commun.

                Jamais, dans l’histoire de l’humanité, nous n’avons assisté à un monde aussi pervers et perverti que celui-ci. Les Politiques sont des marionnettes assujetties à la FINANCE... Or, traditionnellement, dans nos démocraties, ils étaient sensés oeuvrer pour l’équilibre collectif et le Bien commun... si le Bien commun devient la santé de la FINANCE (incarnée par les banques et les multinationales incontrôlables et incontrôlées, par le système de la concurrence ), le commun des mortels que nous constituons majoritairement n’a plus sa place en ce monde.

                J’avoue que le titre de ce texte m’avait laissé à espérer... J’aurais aimé qu’il soit question de contrôle et de régulation dans l’intérêt bien compris de tous...

                A rester dans la modélisation abstraite des économistes patentés, nous courons à la pire des catastrophes !


                • manusan 28 février 2008 19:17

                  merci à l’auteur pour son analyse des marchés financiers, vu son poste il semble savoir de quoi il parle.

                  Maintenant, l’impact que les marchés ont sur la vie quotidienne c’est un autre débat. Le sujet traité était  : qui donne les coups de baton ? quels sont les sanctions les plus efficaces pour éviter les dérives ?

                  Est ce que l’Etat pourrait sanctionner comme le propose certains commentaires ? si on avait un Etat et un gouvernement suffisament mûre, pourquoi pas, mais qu’a t’on vu le lendemain de l’affaire SG : l’idée d’un rapprochement avec la banque postale !!!!

                  Avec un Etat comme ça, nos patrons, quoi qu’ils fassent, peuvent dormir tranquille.

                  En attendant, comme le dit l’auteur, le marché sanctionne.


                  • Ecométa Ecométa 28 février 2008 20:31

                    Bonjour,

                     

                    L’expression "capitalisme financier" est un pléonasme, en fait un véritable cercle vicieux ; c’est le capital qui se regarde technoscientifiquement, ou plus exactement mathématiquement, « algorithmement » le nombril :  le petit monde des banquiers entre eux !

                    Comment est-il possible que les mouvements financiers mondiaux représentent plus de 40 fois l’ensemble de la production mondiale ? La finance est totalement déconnectée de l’économie : les multinationales font plus de profit au plan financier qu’à celui de leur activité ! 

                     

                    Il n’y a pas création de richesse, mais simplement d’une monnaie de singe ! Comme tout est parti des Etats-Unis, c’est à partir des Etats-Unis que tout va capoter... comme dans les années 30 du siècle dernier. « Plus jamais ça… plus jamais ce capitalisme sauvage » ; c’est très précisément ce qui avait été dit à cette époque et pourtant nous remettons ça !

                     

                     

                    Ce capitalisme financier n’est pas une nouveauté, il se trouve qu’il a déjà opéré par le passé, et placé l’ensemble de l’humanité plus bas que terre : l’histoire est tout simplement en train de se répéter !

                     

                     

                    Alors que le capitalisme industriel, qui, lui, se justifiait, il faut des capitaux pour développer une industrie, défendait encore à peu près les emplois, le capitalisme financier les détruit car il fait du chômage et de la précarité de l’emplois les seuls modes d’ajustement de l’économie ! En fait le capitalisme financier a remis au goût du jour une lutte entre capital et travail que l’on croyait avoir définitivement dépassée depuis Keynes. 

                     

                    Depuis le retour du capitalisme financier, ceci dans les pays dits développés, ou encore civilisés, les personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté ne cesse d’augmenter ; au point que le taux de chômage n’est même plus pertinent, que seul est pertinent ce nombre de personnes vivant sous le seul de pauvreté ! Ce n’est pas sur le PIB qu’il faut réfléchir mais sur le capitalisme financier qui est une aberration économique.

                    Au tout début de la financiarisation de l’économie, dans les années 80, avec la première banque mondiale de l’époque qui était japonaise, j’ai aidé, à la mise en fonction de service back office salle des marchés ; je sais donc de quoi je parle quand j’évoque la dérive financière !

                     

                    Vous, qui êtes diplômé de finances et de théologie (visiblement de théologie financière) : ouvrez les yeux ! Cesser de prêcher pour votre paroisse financière, cesser de parier sur l’avenir de vos actifs financiers, de spéculer à la hausse comme à la baisse en vous couvrant à tous les coups et en faisant supporter le risque aux petits et moyens actionnaires : que dire des salariés ! Regarder l’état du monde car il est grave, très grave, et vous y êtes pour quelque chose ! 

                     

                    Ecometa

                     


                    • ronchonaire 28 février 2008 22:06

                      J’ai beau être économiste et libéral (ultra diront certains), j’ai du mal à adhérer à cet article.

                      Le problème est à la fois fondamental et très simple : le but du système financier est, comme son nom l’indique, d’assurer le financement de l’activité économique. Or, ce n’est plus le cas depuis déjà bien longtemps : ce système s’est complètement fourvoyé et est désormais totalement déconnecté de l’économie réelle.

                      Les "traders" d’aujourd’hui me font penser à l’ordinateur dans "2001..." : censés être au service de l’humain, ils ont buggé pour finalement ne plus répondre aux ordres, au nom de leur supposée supériorité. Il est grand temps de débrancher l’ordinateur avant qu’il ne nous tue !

                      La crise actuelle ne sera donc salutaire qu’à une seule condition : qu’elle permette de revenir aux fondamentaux et que les banquiers se remettent à faire leur travail, à savoir assurer l’adéquation entre l’offre et la demande de financement. Tout le reste (intervention ou non de l’Etat, prétendue auto-régulation des marchés) n’est que du noyage de poisson destiné à assurer la survie de la profession de trader.


                      • zets zets 29 février 2008 05:28

                        Splendide article de théologie, en fait que celui-là.

                        Sans aller dans le fond de votre pensée, vous pouvez avoir votre vision du monde et de son fonctionnement en fonction de là d’où vous le regardez, mais de grâce arrêtez d’en appeller au "bon sens", "Ces emballements dans un sens ou dans un autre sont inévitables car ils sont naturellement constitutifs des comportements économiques" surtout le "naturellement", ou autre " Dès lors que l’on comprend que ces phénomènes sont inévitables".

                        Ces prémisses de votre raisonnement sont pour le moins discutables, mais ils sont érigés en axiome, vous ne cherchez donc pas à les démontrer. Ca nous éclaire grandement sur la philosophie sous-jacente de votre pensée. Je vous laisse donc inventer la vision du monde qui va avec.

                        Moi, ça m’évoque des famines ("mais non, c’est un optimum du marché, qui se débarasse des inadaptés"), de l’esclavagisme ("mais non, c’est la rationalité des acteurs"), de l’exploitation ("mais non, c’est la rémunération juste du risque").

                        Bon, je m’arrête ici, je pense que vous avez compris mon propos. Mais quand je vois votre poste, je me dis que ça ne va pas s’arranger (pour 99% des humains). Oh je ne parle pas de vous, ne vous inquiétez pas, votre place au paradis vous attend.

                         

                         


                        • yannick yannick 29 février 2008 08:16

                          Chers amis traders, je vous propose un deal : Allez y ! Fraudez tout ce que vous pouvez, mettez des millions de côté ( débrouillez vous pour transformer ça en argent physique, parce que sur un compte ça servira bientôt plus à rien ), faites moi tomber cette économie et on vous dira rien, vous pourrez garder vos billets et nous, pendant ce temps on remplacera ça par l’écosociétalisme.

                           


                          • Tzecoatl Tzecoatl 29 février 2008 11:23

                            Cette article ne tire que des conclusions idéologiques.

                            Un seul constat : les prêts sub-primes ne peuvent pas être émis en France grâce à la régulation (taux usuraire de 11% pour l’immobilier).

                            La SG est victime de son manque de régulation interne.

                            Quand à votre conclusion :

                            "La régulation des marchés financiers ne relève pas de l’idéologie ou de la politique mais du bon sens."

                            Désolé, d’en rigoler, mais s’il y a une qualité qui leur fait défaut est bien celle-là, irrémédiablement.

                            Pourquoi, comment accorder quelque crédit aux libertariens sur la notion de banque libre alors que l’on constate que les banques titrisent sauvagement afin de sortir la création monétaire de leur bilan et échapper ainsi au contrôle de la masse monétaire par les banques centrales ? Bref, pratiquent déjà en marge l’activité de banque libre qui mine la valeur de la monnaie (syndrome de planche à billets) ?

                            Derrière la caution de complexité accordée aux marchés financiers, une seule chose vient à l’esprit : les marchés financiers sont certainement plus gangrenés et pourris que complexes.

                            En effet, après la création monétaire exubérante dont ils sont inexorablement caractérisés, l’obligation de rentabiliser cette masse monétaire asservit le reste de l’économie. Nous ne sommes plus dans une relation de client-fournisseur, bref de service et de réponse à la demande comme le préconise Ronchonaire plus haut, mais de maître-esclave.

                            La seule raison de la survie des agissements bancaires frauduleux et abusifs est que la faillite d’une banque est particulièrement destructeur pour l’économie , d’où la protection juridique des états envers ces établissements bancaires.


                            • karg se 29 février 2008 11:28

                              Je pense qu’il faut pas mélanger le problème de la société générale avec le problème des bulles spéculatives. Aucun un système n’est invincible, il y a toujours une faille qu’un individu isolé pourra exploiter.

                              Les bulles c’est une toute autre affaire, il s’agit d’un comportement collectif irrationnel, là la régulation externe (étatique ou autre) est nécessaire. Dans l’affaire des subprimes il est clair que la diligence des banques à était mise en défaut, les système américains très permissif est trop fragile. Mais il faut pas êre dupe, les politiques étaient complices, l’immobilier était le moteur de la croissance US.


                              • Tzecoatl Tzecoatl 29 février 2008 11:55

                                Le problème, Karg Se, est que le papier de Mr Arvis est un appel à la multiplication des failles, en valeureux soldat anti-étatiste qu’il est.

                                On constate bien une levée de boucliers des (ultra-)libéraux depuis les déboires du système financier à la mi-2007. C’est leur rengaine et leur doctrine.

                                M’enfin, on ne peut que constater que le noyau dur libéral exerce dans le monde de la finance, ce n’est certainement pas un hasard.

                                 


                              • Traroth Traroth 29 février 2008 12:45

                                "Le cas de la Société Générale démontre parfaitement que la régulation administrative reste une chimère" : Sans doute. Mais personnellement, j’en tire des conclusions radicalement opposées aux vôtres : ça prouve qu’il faut *plus* de contrôle de la part de l’Etat, et non moins. Parce que le cas de la Société Générale prouve avant tout que les acteurs du marché sont structurellement totalement incapables de se réguler eux-même.

                                Le contrôle de l’Etat ne fonctionne pas, c’est exact, mais pas pour les raisons technocratiques que vous évoquez (si l’Etat a besoin d’experts, il saura les trouver, rassurez-vous), mais parce que la motivation manque, toujours pour les mêmes raisons de collusion entre milieux des affaires et monde politique. La conclusion qu’on peut en tirer est donc qu’il faut améliorer les contrôles et non les supprimer.


                                • armand armand 29 février 2008 12:51

                                  S’agissant du secteur immobilier, tout particulèrement, l’existence des sub-primes à permis à des centaines de milliers de personnes de vivre bien au-dessus de leurs moyens et de s’offrir (temporairement dans bien des cas) la maison de leurs rêves, liquidée ensuite comme un vulgaire ’asset’. En France, où pareille dérive est impossible, que voit-on ? La captation croissante du parc immobilier par les classes supérieures, l’argent allant à l’argent, et l’exclusion quasi totale des primo-accédants, auxquels on ne prêtera qu’à condition de disposer d’un capital suffisant, de revenus solides, ou d’une capacité de remboursement gagé sur des dizaines d’années de travail. Ce n’est pas mieux, mais le système américain, avec toutes ses turbulences,semble mieux à même de procurer une illusion d’aisance : en France les pauvres sont sommés désomais de vivre comme des pauvres, bouffer comme des pauvres, se loger comme des pauvres, tandis que les riches, offrant toutes les garanties de solvabilité, continueront à prospérer.

                                  Dans le souci d’une société plus juste, à mon sens ces deux formules sont à rejeter et, tout particulèrement dans les domaines de première nécessité, logement et alimentation, rétablir un encadrement rigoureux des prix, au besoin par l’utilisation modulée de la fiscalité.


                                  • Argo Argo 29 février 2008 13:54

                                    Assez d’accord avec Ronchonnaire.

                                    Vous ne traitez que du problème de la régulation du marché financier, des dérives, du contrôle, du "bon sens" qui devrait y prévaloir. Mais la question essentielle, c’est celle du fondement même du capitalisme financier, sa philosophie, son utilité, sa justification. Cela dépasse Kerviel, la SG, les dérives... Il y a aussi les fonds de pension, les hedges funds, les banquiers centraux, l’endettement de pays comme les USA... 

                                    Attention, je parle du capitalisme dans sa forme mondialisée et financière et non du marché qui est utile et comporte en son sein des mécanismes de régulation assez satisfaisants (avec leurs limites).

                                    Je vais tenter d’illustrer mon propos par un exemple. Henry Ford (capitaliste s’il en est) disait "Je paye mes ouvriers pour qu’ils achètent mes voitures". A son époque, le patron gagnait 40 fois le salaire de l’ouvrier. Aujourd’hui c’est entre 350 et 400 fois. Depuis 1990, avec l’apparition des fonds de pension, puis des hedges funds, la part des salaires dans le PIB n’a cessé de diminuer au bénéfice du profit spéculatif.

                                    Aujourd’hui, l’ouvrier n’est même plus assez payé pour acheter la voiture de M Ford. La répartition de la valeur ajoutée de l’entreprise glisse inexorablement vers la rémunération des fonds au détriment des salaires et de l’investissement productif.

                                    Cette manne ne profite, évidemment, ni à l’entreprise, ni à la consommation. D’où la croisance anémiée, le pouvoir d’achat au ras des paquerettes. Pour que Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie, titre son dernier livre "Quand le capitalisme perd la tête" on peut se demander s’il n’y a pas quelque chose de pourri dans la philosophie même de ce capitalisme qui pour beaucoup est en voie d’autodestruction.


                                    • zets zets 29 février 2008 20:14

                                      c’est son avant-dernier, le dernier étant à ma connaissance "Un autre monde", toujours chez Fayard et encore plus intéressant !


                                    • Melvido 1er mars 2008 18:07

                                      ’Consultant senior marchés financiers’
                                      Waou.
                                      Mais qu’est ce que ça peut bien vouloir dire ?

                                       

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