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Accueil du site > Actualités > Economie > L’intéressant débat sur la monnaie hélicoptère

L’intéressant débat sur la monnaie hélicoptère

C’est un débat plus que légitime après huit ans de politiques peu conventionnelles des banques centrales, aux résultats médiocres. Aujourd’hui se posent des questions sur les politiques alternatives qui existent et qui n’ont pas été utilisées, notamment la « monnaie hélicoptère », la distribution directe d’argent créé par la banque centrale aux citoyens pour gonfler plus efficacement la demande.

 

L’assouplissement quantitatif, pour le peuple
 
Depuis 2008, les banques centrales ont considérablement diversifié leurs politiques. Elles expérimentent depuis quelques mois des taux négatifs, pour pousser les établissements financiers à prêter leurs liquidités, puisque les conserver à la banque centrale coûte de l’argent. Elles ont également considérablement étendu leur bilan, passé d’environ 10% du PIB à 25% aujourd’hui dans la zone euro, à Washington et Londres. Plus fort, le bilan de la banque du Japon atteint 77% du PIB avec la monétisation de sa dette publique. Mais, de plus en plus, des critiques se développent pour plusieurs raison : les résultats médiocres de ces politiques, l’économie n’ayant toujours pas vraiment redémarré. Pire, elles pourraient nourrir d’autres bulles. Enfin, on peut questionner le choix des bénéficiaires de ces politiques.
 
 
C’est pourquoi revient dans le débat public une idée défendue par Milton Friedman dans les années 1930, la distribution pure et simple d’argent aux citoyens par la banque centrale pour créer un pouvoir d’achat en supplément, avec pour objectif de soutenir la demande et lutter contre les tendances déflationnistes. L’idée derrière cette idée iconoclaste, est d’être une alternative avec la relance par les dépenses publiques, que Milton Friedman n’appréciait guère, préférant que chaque individu puisse utiliser l’argent ainsi disponible de la manière dont il le souhaite. On peut donc paradoxalement trouver une racine libérale derrière cette idée, évoquée au début des années 1990 pour sortir les pays européens de la crise. Mais l’hélicoptère pourrait aussi se coupler à une relance classique des dépenses publiques.
 
 
Après tout, plutôt que de racheter pour près de 1000 milliards d’euros d’actifs, la BCE pourrait en consacrer la moitié pour distribuer la bagatelle de 1500 euros à chacun des citoyens de la zone euro, ce qui relancerait la consommation, la demande, et la croissance. Malgré tout, comme l’écrit Romaric Godin dans la Tribune, cette idée serait extraordinairement compliquée à mener dans la Tour de Babel institutionnelle qu’est l’UE, ce qui plaide, une fois de plus, pour le démontage de ce monstre monétaire qu’est l’euro. The Economist a consacré un dossier sur le bilan des politiques monétaires menées et aux alternatives possibles pour lutter contre la prochaine récession (ce qui en dit long sur son jugement sur la pertinence des politiques menées depuis plusieurs années, même si elles vont dans son sens).
 
 
Mais le plus frappant ici, qui n’est pas suffisamment mis en avant, et qui rejoint les critiques de Krugman, qui reprochait aux dirigeants d’aider les banques et non les citoyens lors de la crise des subprimes, c’est bien cela : quels doivent être les bénéficiaires de toutes ces aides ? Pour l’instant, la Fed et la BCE choisissent les banques et le système financier, quand le Japon choisit l’Etat et donc indirectement les citoyens avec la monétisation des dettes. Et si on aidait directement les citoyens ?
 

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9 réactions à cet article    


  • Habana Habana 29 mars 2016 11:33

    La question ne devrait même plus se poser !

    Donnez 1000 euros de plus par mois, à un type qui en gagne déjà 10000, et vous verrez qu’il n’en fera rien ! (sauf les entasser dans une banque).
    Donnez la même chose à un ouvrier, il pourra enfin changer sa machine à laver et son canapé !
    C’est simple bordel !

    Ce qui l’est moins, c’est que de moins en moins de produits sont Français !!
    Qu’achetez-vous de Français aujourd’hui dans les biens de consommation courants ?
    Une télé ? NIET Une machine à laver ? NIET Un téléphone portable ? NIET
    La France a tout laissé couler !
    Et par conséquent, ce regain de consommation potentielle en France ou en Europe, bénéficierait encore et toujours aux asiatiques (qui, soit dit en passant, sont bien moins cons que nous, et qui nous enfument bien correctement => après avoir signé des accords de libre échanges, par exemple, comme avec La Corée, qui ne cesse d’instaurer des barrières techniques ou de faire des audits en quantité industrielle dans les entreprises Européennes ou sur les produits en provenance d’Europe, au seul but de leur infliger des amandes après avoir relevés des « pseudos » non conformités insignifiantes. (ça c’est très facile et tout le monde peut le faire).
    Ils sont les seuls grands gagnants de ces accords ! Mais ça, peu de gens le savent !!

    • Le421... Refuznik !! Le421 29 mars 2016 19:27

      @Habana
      Sauf que ce que vous oubliez, c’est que l’argent ne va plus qu’à ceux qui en ont déjà plein.
      C’est con comme la lune, mais c’est la théorie du capitalisme moderne.
      Dites-moi de quoi vous avez besoin, je vous dirais comment vous en passer.

      Distribuez de l’argent en le jetant d’un hélico, vous aurez des types qui affrèteront à grands frais d’autres hélicos avec de grandes épuisettes pour tout rafler et éviter que les gueux n’en profitent.
      A quoi sert de donner de l’argent aux pauvres vu qu’ils ne savent pas quoi en faire intelligemment, genre le placer aux iles vierges britanniques...

      Et en plus, vous avez tout un tas de larbins, y compris sur AV, qui trouvent cela normal...


    • straine straine 29 mars 2016 12:04

      « Et si on aidait directement les citoyens ? »

      Sans rire .... ils déstructurent un modèle économique qui sans être parfait tendait vers un équilibre, et, dans le seul but d’espérer profiter de leurs rapines tout en concrétisant les masses monétaires virtuelles crées dans l’euphorique victoire d’une guerre asymétrique non déclarée, la mafia financière veut noyer le poisson sous un flot de papier cul !
      Les charlots de « je suis charlie » devraient juste se demander ou ils en seront une fois le flot de liquidité passé :))
      Je doute fort qu’ils soient plus cons (les « je suis charlie » ) vu qu’ils sont à mon avis au paroxysme du crétinisme, par contre, je suis certain qu’avec ce plan ils endetteront leurs descendants (les futurs « je suis charlie » ) ad vitam aeternam ! :(


      • Jean Pierre 29 mars 2016 13:59

        L’idée de donner du pouvoir d’achat avait un sens lorsque les économies étaient relativement fermées sur elles même. Aujourd’hui donner du pouvoir d’achat aux européen (par exemple) reviendrait à subventionner des industries lointaines et à créer de l’emploi ailleurs.

        Il serait sans doute plus judicieux de financer des activités non délocalisables et créatrices d’emploi en Europe.
        L’important serait donc de cibler selon l’utilité sociale (infrastructures, santé, éducation, logement) ou stratégique (énergies, recherche). 
        La tendance générale en Europe est la destruction des services publics nationaux par la mise en concurrence sur le secteur marchand. L’expression « construire l’Europe » aurait plus de sens si des financements allaient vers la construction de véritables services publics Européens (santé, éducation, énergies, recherche), la démocratie ayant pour tache de veiller à ce qu’ils soient efficaces, égalitaires et économes. Au lieu de diviser les peuples par leur mise en concurrence, on les rapprocherait par des projets communs. Mais pour cela, il faudrait commencer par démonter l’idéologie néo-libérale dominante qui dresse les individus et les pays les uns contre les autres pour le plus grand profit de l’oligarchie. Et ça, c’est pas gagné.

        • Daniel Roux Daniel Roux 29 mars 2016 17:47

          De l’argent jeté sur les foules nécessiteuses ?

          Pourquoi pas, mais d’où viendrait cet argent ? Certainement pas de l’épargne honnête, fruit du travail et du profit. Ce bel argent à l’origine traçable, il n’y en a plus !

          Ce serait donc de la monnaie fraîchement imprimée, de la fausse monnaie en quelque sorte, sans valeur qui diluerait encore la valeur de la vraie monnaie avec laquelle elle se confond.

          Les buts recherchés sont de deux sortes :

          1) L’officiel, l’inflation qui spolie les vrais épargnants mais rogne les dettes. Mais comme la consommation est en berne avec l’appauvrissement des consommateurs, c’est un échec patent et c’est le contraire qui arrive, la déflation qui décourage les investissements.

          2) La cachée, la baisse drastique des taux d’intérêts par l’abondance de l’offre de liquidités. Elle permet d’éviter la faillite des gros emprunteurs et les premiers d’entre eux, les états mal gérés par des hommes médiocres avides de pouvoir et d’honneurs. Ce sont eux qui ont financé la croissance permanente des PIB par le crédit, et donc la dette, plutôt que par les impôts ou la baisse des dépenses publiques, comme cela aurait dû se faire.

          C’est la faute fondatrice de la grande crise avec le refus obstinés de laisser fonctionner les règles du jeu socio-économiques comme elles devraient, en renflouant les canards boiteux, trop gros pour faire faillite, avec l’argent public pour le plus grand profit de ces riches actionnaires si généreux avec les hommes politiques.

          Ils n’ont pas fait ce qu’ils devaient faire, au moment où il fallait le faire. La dette a explosé et est devenue incontrôlable parce qu’ils ont préféré l’irresponsabilité de la fuite en avant sachant que personne ne serait jamais autorisé à leur demander des comptes.

          Le système a déraillé et ceux qui se trouvent aux manettes tentent de le cacher pour éviter que la catastrophe arrive. Ils en sont à trafiquer les statistiques pour cacher la réalité, rendant invisible le processus en cours. Leur manœuvres sont de plus en plus désespérées et de moins en moins efficaces.

          Jusqu’à quand ?

           

           


          • Le421... Refuznik !! Le421 29 mars 2016 19:32

            @Daniel Roux
            Et je me répète encore une fois...

            Tant que quelques hauts responsables ne se retrouveront pas avec du goudron et des plumes comme on faisait autrefois au far west pour les tricheurs...

            Parce que ce sont des tricheurs.

            Faire de l’argent en trafiquant de l’argent, sans produire quoi que ce soit.
            Pire !!
            Ils ont pignon sur rue et expliquent à la télé ce qu’il faudrait faire.
            Pas pour eux, bien sûr !!


          • exocet exocet 29 mars 2016 22:31

            Alors, il va se mettre à pleuvoir des euros, oui ou non ?

            Parceque là j’ai comme un doute : vais-je investir 2 euros dans un cabas ?

            Pas gagné d’avance, le pari.

            Avec tous nos intelligents élites enarques collaboratifs qui risquent de tiquer :
            « de l’argent pour ceux qui n’en ont pas ? confiture aux cochons »

            Aussi, même si la BCE prenait l’initiative de changer un peu de bénéficiaires, pour une fois, de ses largesses, je crains que le bon pognon promis n’arrive pas jusque chez nous, moi, vous, petits Français.
            Le risque : bloqué en haut lieu, investi en notre nom, chez des amis et amis d’amis dont les entreprises ont besoin de financement ;
            ou bien retenu avant d’être distribué pour des projets de projeteurs méritants, qui sait...
            J’arrête pour ne pas trop leur donner d’idées, à nos valeureuses élites...


            • jeanaugustin 30 mars 2016 10:36

              Pourquoi dans un premier temps ne pas mobiliser les dettes de l’assurance chômage et de la Caisse de Remboursement de la Dette Sociale. ? 

              Des sommes effectivement dépensées pour subvenir aux besoins des citoyens les plus démunis, avec des destinations parfaitement identifiées.

              • hugo BOTOPO 30 mars 2016 15:24

                Pour affuter ses arguments chacun, « expert auto-proclamé en économie financière, aussi efficace que les professionnels », s’appuie sur ses propres hypothèses, en absence de précisions issue des pontes de la BCE.

                Certes la BCE reste la mère protectrices des banques : depuis 2008 les mesures prises, de concert avec les États, ont sauvés des banques de la faillite, en laissant des ardoises « aux petits investisseurs » conseillés par ces banques "d’investir dans les subprimes et autres placements à risques prétendus- faussement- gages de hauts profits.

                Le QE (assouplissement quantitatif) déversera -sans effets détectables sur l’emploi- plus de 1000 Md€ dans les caisses des banques en leur rachetant, sur les marchés financiers, de bons emprunts (pas d’emprunts pourris, ni à taux négatifs) souscrits principalement par les États. Ces emprunts sont à échéance de 3 ans maximum et porteurs d’intérêts que la BCE va récupérer, en capital et intérêts ! On oublie cette obligation : les États toujours en déficit budgétaire vont être obligés d’emprunter à nouveau auprès des banques dans les 3 ans qui viennent ! Alors les banques avec le QE améliorent provisoirement leur ratio fonds propre/emprunts accordés.

                Pour l’hélicoptère un QE pour les citoyens consommateurs et/ou investisseurs, quand sera-t-il des remboursements, au minimum en capital  ? Est-ce une variante du PTZ (taux à taux zéro) ? Dans ce cas où est le gros intérêt ? Une amélioration à court terme, suivie d’un serrage de ceinture !

                Il serait beaucoup plus intéressant de financer directement par des émissions de la BCE, à taux zéro et avec des annuités constantes en capital sur 50 ans, des travaux et équipements d’infrastructure non rentables à court/moyen terme,
                (tunnels de métros, voiries de trams, digues, réhabilitation des sols) pour se prémunir des effets des dérèglements climatiques et préparer un avenir respectueux de la pérennité de la nature. Les retombées en matière d’emplois créés et de retour à l’équilibre des comptes sociaux et publics, sont importantes si la BCE déverse progressivement des centaines de Md€ pendant quelques années !

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