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L’OPA sur Arcelor peut motiver les politiques à créer un droit social européen

Toujours le même scénario français, avec une levée de boucliers contre les OPA hostiles en terres européennes. Mais Thierry Breton critique Mittal, qui possède 88% de son groupe après onze acquisitions depuis 1989. Il lui reproche le non-respect de la gouvernance d’entreprise moderne, qui n’est définie, dans aucune organisation européenne. Si le ministre français ne prend pas d’initiatives européennes pour créer les garanties de la protection sociale lors d’une transaction, qui le fera, Nicolas Sarkozy ?

Après la rumeur avortée d’OPA sur Danone l’été dernier, le numéro 2 de l’acier, Arcelor, fait l’objet d’une OPA agressive de Mittal depuis le 27 janvier dernier, pour plus de 18 milliards. La fusion des deux groupes produirait 100 millions de tonnes d’acier, et une valorisation autour de 40 milliards. Notons qu’Arcelor n’est plus française mais belge, luxembourgeoise et espagnole. C’est donc une entreprise de droit luxembourgeois, qui emploie plus de 30 000 salariés en Europe.

Thierry Breton a d’abord critiqué la forme hostile de cette OPA, qui ne serait pas conforme aux « règles de la gouvernance moderne ». Autrement dit, Mittal aurait dû consulter les acteurs de l’environnement d’Arcelor, dont le ministre de l’économie, pour justifier son OPA. Mais aucune règle européenne de gouvernance d’entreprise n’existe. Pascal Lamy pourrait en proposer une à l’OMC.

Allons-nous vivre longtemps le même scénario démagogique à chaque menace de prise de contrôle d’une entreprise par un acteur venu de l’étranger ? Les paroles des pouvoirs publics français se fondent avec celles des syndicats pour combattre sans moyens les risques de délocalisations. Est-il acceptable que le président Dollé, proche de la retraite, stigmatise la nationalité indienne du président Mittal dans Le Figaro du 2 février ? L’Inde a pourtant bien accueilli la prise de contrôle de son industrie cimentière par Lafarge. Il faut aussi rappeler que Mittal est une société anglo-néerlandaise qui possède des usines en France et dans les pays de l’Est, où Arcelor est absente. Lakshimi Mittal a déjà proposé que le siège du futur groupe soit installé au Luxembourg, comme celui d’Arcelor, et annoncé qu’il ne conserverait que 50% des parts du nouveau leader mondial de l’acier.

Notre faible croissance est aussi nourrie par celles de l’Inde et de la Chine, créateurs de richesses, qui permettent aux Chinois d’acheter les Airbus européens, et aussi les PC d’IBM, les téléviseurs Thomson et la parfumerie Marionnaud. Les syndicats préféreraient sans doute qu’Airbus vende tous ses avions à Air France-KLM, seule entreprise du secteur à respecter le « modèle social français » ?

Ce débat bien relayé par les médias nationaux traite deux enjeux (6000 articles sur Arcelor dans six langues dont plus de 900 en France, depuis le 27 janvier[*]). Le premier, c’est la bataille de l’emploi, dont la priorité est devenue indiscutable pour le gouvernement. Le second, c’est le prix et la forme d’acquisition par Mittal. Le conseil d’administration d’Arcelor a refusé le 30 janvier une prime de 27% sur le cours de l’action et un paiement au numéraire pour 25% de l’offre totale. Mais Mittal a donné son accord à l’Allemand ThyssenKrupp pour céder sa part du Canadien Dofaso. Ainsi, Mittal encaisserait plus de deux milliards pour surenchérir d’ici au printemps et satisfaire les actionnaires d’Arcelor, juges ultimes du succès de l’OPA.

Alors Thierry Breton pourrait faire preuve d’initiatives en s’inspirant des propositions des nombreux thinktank, comme l’Institut Montaigne. Qu’attend-il pour construire un projet de loi européen qui garantirait le respect d’une protection sociale par tous les acquéreurs étrangers ? Cette loi serait une assurance non seulement pour les salariés européens des groupes mondiaux, mais aussi pour tous les employés des mêmes groupes qui travaillent dans des pays moins protégés que le nôtre. Ils sont pléthore ! Le non-respect des engagements sociaux serait sanctionné par une autorité de régulation sociale - tout comme l’Autorité des marchés financiers vérifie le respect de la transparence des comptes des sociétés cotées pour protéger les actionnaires minoritaires. Exportons nos valeurs sociales, après les avoir modernisées avec nos partenaires européens !

* source datops


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2 réactions à cet article    


  • imbécile pas heureux (---.---.34.171) 11 février 2006 17:41

    Cela sent la magouille.........


    • RealFinance (---.---.137.106) 4 juin 2006 15:04

      Cet article est plein de bon sens. Un grand bravo. Merci.

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