La 4ème licence mobile 3G réservée pour et par les historiques !
Alors que l’ARCEP s’était déclarée favorable à l’arrivée d’un nouvel entrant sur la marché de la 3G, le gouvernement devrait ce lundi 20 octobre annoncer son choix : une 4ème licence de téléphonie mobile réservée aux opérateurs historiques. La fin d’un serpent de mer ?
J’avais donc bien fait de parler de "lobbying" et d’"influence" dans ce marché de dupes qu’est la 4ème licence mobile... Après que l’ARCEP ait pourtant rendu un avis très favorable à une ouverture de la concurrence (voir leur rapport complet suite aux consultations publiques effectuées depuis cet été), le camouflet vient de tomber, dans une news du JDN qui reprend Le Figaro, on n’attend plus que son officialisation lundi 20 mais c’est du tout-cuit : la 4ème licence mobile de téléphonie mobile 3G sera dépecée en blocs et réservée aux opérateurs existants. C’est à dire ceux-là même qui ont assiégé le gouvernement et l’Elysée pour éviter l’attribution de la 4ème licence à un nouvel entrant qui aurait probablement bousculé leurs grilles tarifaires.
Les grands mouvements de manche de Xavier Niel (voir ici ou là pour plus d’infos sur leur stratégie de communication), les demandes toutes justifiées des opérateurs alternatifs intéressés, et bien il faut croire qu’une main sur l’épaule dans une coulisse fait plus d’effet. Comment croire en effet un seul instant que cette volonté affichée par le gouvernement ne soit pas le résultat d’un lobbying effréné, alors que le pouvoir d’achat des Français exige de la concurrence dans un secteur verrouillé par des proches de l’Etat (Bouygues est un quasi-parent de Sarkozy, France Telecom a pour actionnaire l’Etat), et où les prix sont plus chers qu’ailleurs en Europe.
D’autres belles idées mourront avec cette décision purement politique, comme celle de la couverture du territoire (pourquoi les opérateurs existants se réveilleraient-ils maintenant ?), de la fracture numérique, de la stimulation du marché…
Les victimes ? On pense de prime abord à Free, qui s’était déjà cassé les dents en 2007, alors seul candidat, mais sans moyens financiers suffisant… re-belote donc cette année pour le groupe, qui exigeait encore un étalement du paiement de la licence (619 millions d’euros à l’achat, plus le double d’investissements). Mais Free a d’autres cordes à son arc (avec le Wimax notamment, mais aussi la fibre optique). Les opérateurs alternatifs sont donc les véritables perdants dans l’affaire, balayés d’un geste de main par un « deal » opérateurs historiques / Etat qui n’arrangera pas les consommateurs.
Car il y a des gagnants, évidemment, et la victoire des historiques est totale, écrasante, si jamais l’annonce officielle du Plan Numérique 2012 (lundi 20, par le Président en personne) confirme les informations du Figaro. Non seulement Orange, Bouygues et SFR voient-ils la menace d’un nouvel opérateur s’éloigner, mais en plus, ils récupèrent le reste du butin, c’est à dire les fréquences en jeu. Si les opérateurs historiques ont réussi ce tour de force, c’est probablement parce qu’ils ont accepté la contrepartie du « deal » : accepter la taxe envisagée par l’Etat pour financer les chaines de télévision publiques, qui perdront d’ici 3 ans les revenus de la publicité.
L’information sera donc officialisée dans le cadre du Plan Numérique 2012 préparé par Eric Besson et présenté par Nicolas Sarkozy ce lundi 20 octobre, un avis différent relèverait du miracle… il n’y a plus qu’à faire les fonds de tiroir et à continuer à jalouser nos voisins européens, tous mieux lotis.
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