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Accueil du site > Actualités > Economie > La B.C.E. fait banque à part

La B.C.E. fait banque à part

Une fois encore la BCE pourrait rehausser le niveau de son principal taux directeur à l’issu de sa prochaine réunion. C’est ce qu’il apparaît du communiqué paru le 17 janvier dernier. Cette nouvelle hausse apparaît dans un contexte où la maîtrise de l’inflation, défini comme l’objectif principal de la banque centrale semble échapper à son contrôle.

C’est face à un nouveau dilemme que se trouve la BCE. L’inflation à laquelle l’institution francfortoise accorde une marge d’au plus 2 % par an semble cette année flirter avec un seuil jamais atteint depuis six ans et demi. En décembre, celle-ci l’estime à 3,1 %. Agir devient alors inévitable pour la BCE. Le principal taux directeur actuel s’établit déjà à 4 % soit son niveau le plus élevé depuis 2002. Comparé à la Fed, équivalent américain, qui en plus de l’objectif inflationniste cumule celui d’une politique monétaire cohérente en matière de croissance, il reste à l’institution européenne une marge certaine. En effet, le principal taux directeur américain s’établit aujourd’hui à 4,25 %. Cependant, c’est dans un cycle baissier qu’a décidé de s’établir la réserve fédérale. En effet, celui-ci, après avoir atteint un pic à 5,25 % en mars 2006 ne cesse de se réduire pour atteindre aujourd’hui les 4,25 %. L’attente des financiers ces prochains mois le place même à 3,75 % soit en dessous de celui de la BCE. Cette situation n’était plus arrivée depuis 2005. Ces deux politiques semblent pour le peu opposées. Peut-on en conclure que les Etats-Unis sont dans une situation inflationniste plus enviable ? Il apparaît qu’avec une hausse des prix de 4,1 % en 2007, après 2,5 % en 2006, celle-ci s’établit à un niveau encore plus critique que celui de la zone euro.

Cette divergence de politique s’explique par les objectifs différents des deux banques centrales. Pour l’européenne, qui s’inspire directement de la Bundesbank, dont l’orthodoxie financière était soit saluée soit décriée, il s’agit avant tout de prévenir une inflation qui pourrait déstabiliser une économie déjà mal en point dans la zone euro. Pour l’américaine, la cible s’avère être différente, celle-ci semble plus encline à favoriser la croissance économique. A l’heure où G. W. Bush s’apprête à donner les lignes directrices d’un plan destiné à favoriser la reprise économique, le président de la Fed, Ben Bernanke, apporte son soutien au président américain, en s’engageant à combattre une récession qui semble de plus en plus probable outre-Atlantique. Cet acte paraît impensable en Europe ou chaque intervention ou commentaire politiciens concernant la politique économique de l’institution s’oppose à de sévères critiques ; la Banque centrale se réfugiant sous le principe de la sacro-sainte indépendance.

Alors que la politique économique de la Fed semble claire, que peut nous réserver la BCE dans les mois à venir ? Telle est la question que l’on peut se poser. Une hausse ou un maintien du principal taux directeur peuvent être clairement envisagés. En effet, c’est l’augure que nous laisse présager le dernier communiqué, dans lequel son président souligne l’importance de la lutte contre l’inflation. On peut alors prévoir une bronca diplomatique de la part de la France et de l’Italie, pour qui augmenter les taux d’intérêt favoriserait un euro fort, contexte dans lequel les deux pays ont du mal à évoluer. La deuxième solution consisterait à une baisse des taux déjà souhaitée par certains au sein même du conseil de l’institution. Cette situation apparaît peu probable tenant compte des tensions inflationnistes.

Encore une fois, à l’heure où politiques et financiers se tiennent la main outre-Atlantique pour affronter les difficultés auxquelles ils doivent faire face, l’Euroland semble une fois de plus désorganisé.

Il serait de bon ton de proposer des solutions concertées entre d’une part les politiques économiques des différents pays de l’Euroland et d’autre part les politiques monétaires mises en place à Frankfurt. Encore combien de temps durera cette confusion ?


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7 réactions à cet article    


  • Nemo 22 janvier 2008 11:24

    @ l’auteur,

    Personnellement, je n’ai pas l’impression que la BCE soit aussi désorganisée que vous ne le dites. Au contraire, son objectif principal, qui est bien celui de la lutte contre l’inflation, n’a pas varié d’un iota - au grand dam, comme vous le soulignez, de la France et de l’Italie.

    Vous soulignez également avec raison la filiation directe avec la Bundesbank, dont l’horreur économique suprême réside dans la surinflation.

    J’aimerai en rappeler ici les raisons. On sous-estime souvent à tort les ravages de l’hyperinflation des années 1920 en Allemagne. La paupérisation des allemands, obligés d’aller acheter du pain avec des brouettes de billets, a non seulement frappé les esprits, mais ancré de manière durable les méfaits de ce phénomène.

    Les classes les plus touchées par ce phénomène sont avant tout les classes populaires - dont les salaires ne suivent qu’avec retard la perte de pouvoir d’achat que constitue la dépréciation de la monnaie - les retraités et les salariés du secteur public et para-public. Autant dire les 3/4 de la population.

    Un ralentissement économique est à coup sûr un facteur d’augmentation du chômage et de restrictions - encore une fois - pour les classes populaires (de toutes façons, ce sont toujours les plus pauvres qui trinquent en premier). Mais rien n’est comparable au désastre d’un effondrement de la monnaie et d’une inflation trop forte (les deux affirmations étant à bien des égards concomittantes).

    On oublie un peu trop facilement en France que la dernière période de récession date de 1993, un an après la dévaluation de 15% du franc, suite à une attaque par les marchés financiers. L’euro, et singulièrement l’euro fort, nous protège de ces manoeuvres. Au contraire, par sa stabilisation à un niveau élevé, et malgré l’inconvénient réel que représente le surcoût monétaire pour nos exportations, l’euro fort ramène des capitaux chez nous, et soutient le mouvement lent mais réel de facturation des importations européennes en euro.

    Et ce mouvement, s’il devait se poursuivre jusqu’à ce que l’euro remplace le dollar comme monnaie internationale, représenterait un avantage compétitif capital pour l’Union Européenne dans la concurrence économique mondiale. Et même si c’est un mouvement long, cela vaut bien le coup de supporter un ralentissement conjoncturel.

    Cordialement,


    • Tzecoatl Tzecoatl 22 janvier 2008 11:40

      La politique monétaire de la BCE est une illusion. Croyez-vous que les taux d’intérêts soient à même de calmer les prix du pétrole, du litre de lait, ou de la baguette ?

      Très clairement, non.

      Le seul créneau où sa politique peut avoir un effet, c’est lorsque la masse monétaire est par trop conséquente (dû à une politique de taux précédémment trop laxiste) et que trop d’argent en circulation dévalorise la monnaie et donc propage l’augmentation des prix. Est-ce le cas ? Pas vraiment, du moins ce n’est pas incriminé.

      Dès lors, sa politique de lutte contre l’inflation étant vouée à l’échec, l’augmentation des taux sera inopérante, sans que l’on fasse l’économie de son pendant, le resserrement du crédit et donc la pression à la récession.

       


      • Forest Ent Forest Ent 22 janvier 2008 11:45

        Tout le monde va taper sur la BCE dans les temps qui viennent, pour rien. Elle n’est pas la cause d’une crise de surendettement aggavée par la politique trop longtemps trop laxiste de la fed. Et entre inflation (avec risque de stagflation) et récession, il n’y a pas de bon choix. Il faut prendre son parti de cette crise : elle est inévitable, et même nécessaire. Il y a beaucoup de monnaie à détruire pour que l’économie puisse repartir sur des bases saines.


        • logic 22 janvier 2008 16:19

          Connaissez vous vraiement Mr Trichet Je vous conseille d’aller voir "le siècle" "inspections des finances" et quelques autres sites qui vous éclaireront sur les véritables intentions de nos gros financiers internationaux et des Trichet (qui font partie du panier de crabes) ne sont que les exécutants de leurs ordres Ils ont été mis en place pour leur capicité à créer des nébuleuses et nous faire croire que nous sommes des béotiens en économie mais que eux ont la meilleure démarche pour maintenir le cap

           Honnêtement savez vous quelles étaient les responsabilités de Mr Trichet en 1990 ?


        • Forest Ent Forest Ent 22 janvier 2008 18:34

          Non seulement j’en ai une idée, mais vous trouverez même facilement cela sur mon propre site, je pense à la page "Crédit Lyonnais". smiley

          http://forestent.free.fr/

          En ce qui me concerne, je serais content que la France quitte l’UE. Mais il faut quand même distinguer : ce n’est pas la faute à Trichet si les US ont émis trop de dollars. Si l’on veut mettre quelque chose en cause, ce seraient alors plutôt les échanges extérieurs de l’UE. Mais vous allez alors tomber plutôt à cette époque sur Lamy, DSK, Fabius, Jouyet, etc ... Vous allez me dire que tous ces gens sont en phase ? Soit, mais ce n’est pas la BCE en tant que telle, qui n’a, je le répète, plus aucune solution vis à vis de la bulle US et UK.


        • logic 22 janvier 2008 22:01

          Pour vous renseigner sachez que Trichet au début des années 90 était le fonctionnaire de Bercy chargé de controler le CL donc son pote qui s’appelait JP Levade lui même pote de Michel Bon ( vous connaissez )

           Il n’y a pas à tapper il y a à connaitre leur turpitude et ne pas rester admiratif devant ces fumiers qui nous en....

           pour ma part j’ai mis une Banque nationalisée au Tribunal en 91 . tout était calculé pour enfoncer une petite entreprise qui prenait des parts de marché à la grande distribution J’ai gagné en 1ère instance Ils ont fait appel ils ont reperdu mais ils ont limité la casse car le Président d’Appel était en cheville

          Vous vous croyez en démocratie ??? Les crabes se bouffent entre eux et ne crèvent pas aussi vite s’alimentant de la chair des autres

           Au point où nous en sommes il ne nous reste qu’à leur souhaiter BON APPETIT


        • Forest Ent Forest Ent 23 janvier 2008 03:07

          Oui, c’était bien en bas de cette page :

          http://forestent.free.fr/lyonnais.html

          Je ne résiste pas à la citation :

          "canard enchaîné" du 25/12/2006

          « Au terme de plus de 10 ans d’instruction, le parquet de Paris s’apprête à demander un non-lieu total dans le second volet du dossier qui couvre les années 1993 à 1995. Le premier, de 1991 à 1993, avait été jugé en juin 2003, exonérant notamment Jean-Claude Trichet de toute responsabilité, ce qui lui a permis de devenir président de la banque centrale européenne. (...) Le dossier contient deux expertises qui confirment les accusations de falsification de la banque publique. (...) La cour de cassation a annulé le 17 juin dernier un certain nombre de relaxes prononcées en 2003, dont celle de Trichet. Mais cette cassation n’aura aucune conséquence pénale : le parquet de Paris ayant refusé de faire appel en 2003, les relaxés risquent au pire quelques milliers d’euros d’amende. Et le plus gros scandale bancaire de l’après-guerre - un trou de près de 20 milliards d’euros pour les finances publiques qui ne sera pas comblé avant 2012 - se terminera pour le mieux. »

           

           

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