La Bourse contre le capitalisme financier
En 10 ans le CAC 40 n’a pas bougé d’un pouce. Preuve que le capitalisme financier est désormais devenu le principal danger pour le capitalisme lui-même.
Le 9 juin 1998, l’indice CAC 40 entamait la séance à 4193 points. Ce jour n’a rien eu d’historique au Palais Brongniart, pas plus que la séance du 5 septembre 2008, mais ces deux séances ont un point commun remarquable : leur niveau. En 10 ans (et 3 mois), le CAC 40 n’a pas bougé d’un pouce et valait vendredi soir … 4196 points.
Cette remarquable stabilité cache bien sûr des variations très importantes. Deux flambées vertigineuses (6929 points en septembre 2000 et 6157 le 4 juin 2007) accompagnées de deux chutes abyssales. La première en 2003, où le CAC touche le fond en séance à 2431 points ; la deuxième, entamée au cours de l’été 2007, est malheureusement toujours en cours (-25% depuis le 1er janvier 2008).
La Bourse : Un investissement à long terme ?
Pourtant, la chanson que nous serine tous les « experts » depuis que les particuliers sont appelés à investir massivement en Bourse, c’est que sur le long terme la Bourse est toujours le placement gagnant. Un exemple pris au hasard chez Wikipedia :
« (…) les marchés boursiers étant généralement volatils à la hausse comme à la baisse, avec un risque accru lors des crises boursières (…)mais aussi des espoirs de gains importants en période de forte hausse (…) ou à long terme ».
1998 – 2008, 10 ans donc, pour un particulier, ça ressemble pourtant à du « long terme » …
L’économie française s’est-elle effondrée sur la période ? Pas qu’on sache. Le PIB français (en Euros courants) aura augmenté de 44%, passant de 1323 à 1911 milliards d’euros de 1998 à 2008. Logiquement, la Bourse aurait dû suivre peu ou prou la même courbe : le CAC 40 devrait donc tourner autour de 6000 points. Mais il n’en est rien.
Pire, 100 Euros confiés le 1er janvier 1999 à un guichet de la Poste (devenu depuis Banque Postale) vous mettraient le 31 décembre prochain à la tête de … 130 Euros. 30% de mieux, ce n’est pas le Pérou, mais toujours mieux que les 0% de la Bourse !
La pierre : Un investissement archaïque mais gagnant
Tous ceux qui ont « bêtement » investi dans la pierre ces 10 dernières années rient sous cape, puisque ce placement a rapporté 150 à 200% - hors effet de levier de l’emprunt. Car non content d’assurer un enrichissement très supérieur à la Bourse, l’immobilier constitue le seul investissement pour lequel un banquier vous prêtera de l’argent. Essayez d’aller voir le vôtre pour investir 150 000 Euros dans un PEA avec 10 000 Euros en poche en lui suggérant de vous prêter les 140 000 Euros manquant sur 10 ans et observez sa tête. Pourtant, un achat immobilier de 150 000 Euros en 1998 avec 10 000 Euros d’apport et un financement sur 10 ans constituerait aujourd’hui un capital d’environ 270 000 Euros, soit … 27 fois plus qu’un placement en Bourse de 10 000 Euros en 1998 ! Bien sûr, il aura fallu entre temps, louer le bien, l’entretenir, payer des impôts, mais bon, tout le monde comprendra qu’au bout du compte, il n’y a pas photo entre un PEA et de l’immobilier.
Une mauvaise nouvelle pour le capitalisme
Pour les 7 millions de détenteurs d’un PEA comme pour les entreprises qui se financent grâce à la Bourse, tout cela constitue une très mauvaise nouvelle. On pourrait même s’interroger sur les vertus d’un capitalisme qui prétend encourager le risque tout en rémunérant mieux les détenteurs d’un Livret A que les porteurs d’actions. Les raisons de cette sous-performance chronique de l’investissement boursier semblent assez évidentes : l’avidité des acteurs financiers (banquiers, courtiers, intermédiaires, agences de notation etc…) et leur capacité à inventer des produits complexes et à en faire porter le risque aux autres, tout en empochant immédiatement de confortables revenus. Tout ceci a altéré la lisibilité et donc la confiance en leur activité. Ironie assez remarquable, le capitalisme financier constitue donc désormais une menace pour le capitalisme lui-même, en asséchant l’un des principaux moteurs du financement des entreprises - la Bourse.
Les crypto-marxistes et alter-mondialistes de salon y verront une bonne nouvelle. Ceux-ci ont toujours applaudi aux famines soviétiques et les salariés feraient bien de s’en méfier. Ils devraient en revanche hausser le ton et exiger une meilleure régulation des marchés, car in fine, c’est leur job que les golden-boys jouent au poker.
9 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON