La Chine : Une puissance vulnérable
Depuis quelques années, la Chine détrône une après une les puissances économiques traditionnelles, se dirigeant vertigineux vers la première place du podium en matière de PIB nominal. Avènement qui ne déplaît pas à certaines populations, qui voient en Chine une revanche historique face à l’Occident. Néanmoins, avant d’en devenir une véritable puissance, la Chine doit remonter quelques défis majeurs.
Un défi socio-historique
Notons tout d’abord, que la tendance quasi-générale des commentateurs est d’associer l’avènement économique chinois actuel, avec le passé, dit-on glorieux, de la civilisation chinoise. Or, cette perspective est manifestement trompeuse, car de par leur substance et leur contexte, les deux processus sont radicalement différents.
D’une part, à l’époque de gloire chinoise, la civilisation occidentale n’existait pas en tant que telle, et en tant que référence, pour imposer sa conception économique à l’échelle planétaire, comme c’est le cas actuellement. Donc, il y a une différence fondamentale lié au contexte historique, car l’évolution économique chinoise actuelle est strictement encadrée par le système des normes et des valeurs imposé par les occidentaux.
Ensuite, la substance à l’origine de la puissance chinoise antique avait un caractère purement politique, tandis que la substance de l’avènement actuel à une substance purement économique, étant donné que ce ne fut pas l’appareil politique qui a sorti la Chine de la pauvreté, mais les investissements et la délocalisation occidentale.
Rappelons à ce titre, que depuis l’avènement Occidental, la Chine n’a jamais réussi se développer économiquement par elle-même. Malgré son potentiel démographique, malgré son immense territoire, malgré sa position géographique stratégiquement placée, malgré son statut de membre permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies, la Chine a peigné, tant économiquement et technologiquement, jusqu’à l’arrivée des occidentaux en 2000.
Initiée à l'industrialisation à la fin du 19ème siècle par les Britanniques, la Chine n'a jamais su devenir une puissance industrielle, contrairement au Japon, qui initié par les Américains dès 1853, est devenu dès la fin du 19ème siècle, une grande puissance économique.
Après la Seconde Guerre mondiale, même si elle a reçu de l'Union Soviétique des technologies modernes, la Chine n'a pas avancé industriellement, restant toujours un pays essentiellement agraire. Elle est d’ailleurs, un des rares pays qui n'a pas connu la prospérité spécifique aux Trente Glorieuses. Au contraire, elle est entrée dans une longue période de récession économique, rendant une grande partie de la population dans la pauvreté. Ce qui explique qu’à la fin des années ’80, il y avait un écrasant écart économique entre Hong Kong prospère, car administré par les Britanniques, et la Chine sous-développée.
Le manque d’efficacité et de détermination typique chinois, en matière économique et technologique, se confirme après les années 1990, lorsque l’introduction des capitaux et des technologies occidentaux s’est traduite par une massive pratique de copiage et des produits « contrefaits », sans qualité et sans fiabilité.
Du fait, ce n’est qu’au moment où les spécialistes occidentaux ont intégré l’économie chinoise, apportant leurs savoir-faire en matière de management, d’organisation, d’optimisation des moyens et des ressources, que la Chine a entamé sa route vers le podium de puissances économiques. Il revient à dire, qu’en réalité se sont les Occidentaux qui ont fait de la Chine, la puissance économique actuelle.
Dès lors, vu qu’à travers une perspective socio-historique, la société chinoise n’a jamais su trouver par elle-même la prospérité économique, la question quant à sa capacité de préserver en toute autonomie une croissance économique durable se pose en toute légitimité.
Des défaillances socio-culturelles de fond
Une disposition sociale typique occidentale
Notons ensuite, qu’il y a eu lieu pendant l’Epoque des Lumières une mutation majeure en matière économique, par laquelle les occidentaux ont substitué à l’économie traditionnelle (fondée sur une production directement proportionnelle à la demande) une économie moderne, libérale, où la production est en amont, stimulant la demande. Suite à cette mutation, et à travers plusieurs siècles d’industrialisation et économie libérale, l’activité économique est devenue pour les occidentaux une disposition sociale, étant psychologiquement intériorisée comme une finalité en soi, une finalité ultime, voire un devoir absolu.
Par conséquent, dans leur écrasante majorité, les occidentaux sont actuellement régis par une mentalité purement économique. On parle en termes de logique économique, ou logique de production, car la production économique est devenue la préoccupation principale. Or, cette mentalité n’est pas spécifique à la société chinoise, ou du moins n’a pas été prouvée jusqu’à présent, ce qui constitue une différence, et donc une défaillance, socio-culturelle de fond (ne pas confondre mentalité de production avec esprit commercial).
La rigueur : un atout à l’Ouest et une faille à l’Est
Rappelons entre autres, que la qualité par excellence dont requiert une Economie compétitive, c’est la rigueur, à savoir, une attitude comportementale stricte concernant la rationalisation et l’optimisation des ressources (naturelles, humaines, matérielles, financières, immatérielles). Evidemment, la rigueur doit être abordée tout à la fois dans sa dimension intensive, car chaque individu doit la manifester tant dans la production que dans la consommation, ainsi que dans une dimension extensive, car au niveau macrosocial, tous les acteurs sociaux, absolument tous, doivent avoir un comportement rigoureux quant à l’utilisation des ressources.
Or, en Chine, la rigueur est loin d’être une qualité dominante. Cela se cristallise d’abord au niveau individuel, étant donné que jusqu’à présent les travailleurs chinois n’ont jamais réussi à réaliser par eux-mêmes des produits technologiques fiables et durables. Puis, cela se cristallise également à l’échelle étatique, car jusqu’à présent le gouvernement chinois, n’a jamais su optimiser l’immense quantité de ressources humaines disponibles. Enfin, et surtout, cela se cristallise à travers le système de production, car les infrastructures industrielles sont gourmandes en énergie, très polluantes, avec peu d'efficacité.
Rappelons que la fin du 19ème siècle, la France et les États-Unis, qui avaient amélioré leurs technologies (utilisant le pétrole et l'électricité) ont dépassé économiquement la Grande Bretagne, qui utilisait encore les vieilles machines à charbon. De même, après la crise pétrolière de 1974, les Occidentaux, qui avaient développé la micro-technologie (plus efficace énergétiquement), ont largement dépassé le Bloc de l'Est, qui pareillement, utilisait toujours les vieilles machines gourmandes en énergie.
Dès lors, si les Chinois ne changent pas leur comportement, pour devenir plus rigoureux, afin d'optimiser les ressources disponibles, et de développer des technologies fiables, leur économie risque à s’effondrer rapidement, car inefficace sur le marché international, face à une éventuelle production à base de nouvelles technologies, plus modernisées, plus rentables, et moins énergivores. Ce qui constitue également un défi majeur à remonter, étant donné que la Chine n'a pas réussi à développer des technologies fiables au cours des 50 dernières années, capables de rivaliser avec la technologie occidentale.
Soulignons d’ailleurs, que le manque de rigueur constitue d’ores et déjà un handicap majeur pour l'économie chinoise. D’abord, parce que dans le contexte actuel de compétition internationale et de raréfaction des ressources planétaires, la rentabilisation optimale des ressources disponibles est déjà une condition déterminante. Or, la Chine est loin d’être exemplaire dans ce domaine. Ensuite, parce que dans ce même contexte, l’utilisation optimale de la ressource « temps », c’est-à-dire, rapidité et efficacité, suffit pour faire la différence. Et là encore, la Chine n’est pas une référence.
En somme, si on analyse l’Economie à travers les dispositions sociales et mentales des acteurs humains (travailleurs, managers, technocrates) à travers leur détermination et engagement dans l’activité productive, ainsi qu’à travers la rigueur manifestée, il nous serait difficile d’envisager la Chine comme étant une véritable puissance économique autonome et durable.
Une croissance artificielle
Des statistiques inadéquates
Rappelons tout d’abord, que selon le PIB nominal la Chine est la deuxième puissance économique mondiale (11 300 milliards dollars en 2015), et que selon le PIB à parité de pouvoir d’achat (environ 20 000 milliards dollars en 2015) elle serait désormais en tête de liste. Néanmoins, ces ingrédients doivent être analysés avec plus de précaution, car de par son modèle économique, ainsi que de par sa démographie, la Chine constitue un cas particulier.
Tout d’abord, parce que l’Economie chinoise n’est pas tout à fait libérale, ce qui a permis longtemps à l’Etat de concentrer, puis utiliser, de son plein gré le potentiel humain et matériel disponible, se traduisant au fil des années par une forte croissance économique, conduisant au PIB actuel. Cependant, si le régime politique change, la croissance s’arrêtera, parce qu’elle n’est pas naturelle, ni structurelle, mais simplement conjoncturelle, à savoir, soutenue artificiellement par le régime au pouvoir.
Ensuite, parce que le PIB nominal chinois reflète l’activité d’environ 1 milliards d’actifs. Or, sachant qu’en termes de force de travail c’est l’équivalant de tous les actifs de l’Amérique du nord, de l’Australie et de l’Europe entière (Russie comprise), il faudrait, afin d’estimer la capacité productive chinoise, comparer le PIB nominal chinois avec la somme des PIB nominaux de toutes ces entités, ce qui donnerait 11 300 milliards dollars rapportés à plus de 45 000 milliards.
Enfin, parce que le PIB à parité de pouvoir d'achat ne reflète aucunement le potentiel économique chinois, mais plutôt une faiblesse de la réalité socio-économique chinoise. En règle générale, plus la population d’un pays est pauvre, plus la tendance est de baisser les prix des biens et des services afin de favoriser la consommation intérieure (ce qu’est le cas en Chine). Evidemment, si on associe mathématiquement le bon pouvoir d’achat avec le PIB chinois actuel, certes, ça donne une situation très avantageuse. Sauf que dans la réalité, plus de 75% du PIB ne répercute pas sur la masse sociale (car il relève du secteur privé, majoritairement étranger), de sorte que le PIB PPA ne reflète aucunement le bien-être de la société chinoise.
Une rentabilité plutôt étrangère
Rappelons tout d’abord, qu’actuellement seulement 41 % des exportations chinoises relève des entreprises intégralement chinoises. Le reliquat relève, soit des entreprises exclusivement étrangères (environ 40%), soit d’un partenariat entre les sociétés étrangères et les sociétés chinoises (environ 20%). Ce qui fait qu’environ 50% du bénéfice des exportations chinoises appartient aux investisseurs étrangers.
Rappelons ensuite, que les entreprises intégralement chinoises enregistrent un endettement excessif (145% du PIB), et que cet endettement relève principalement des entreprises publiques (55 % de la dette totale des entreprises) alors que leur part dans la production totale du pays n'est que de 22 %. Ce qui suggère, que plus de la moitié du PIB chinois se doit au secteur privé, dont 60% relève des entreprises étrangères.
Rappelons enfin, que les exportations valorisées sur le marché, notamment dans le domaine TIC, relèvent aussi principalement des entreprises étrangères, donc du capital technologique et immatériel occidental, tandis que les exportations moins valorisées, surtout les textiles, relèvent des entreprises chinoises.
Ce qui prouve, que l’actif chinois n’est toujours pas un producteur efficace et opérationnel, étant donné que malgré les 25 ans de coopération, et de transfert des technologies et des savoir-faire, les branches et les entreprises véritablement rentables et porteuses sont celles gérées par les occidentaux.
Un défi de confiance
Il convient également d’invoquer, le manque de crédibilité et de confiance conférée à la production chinoise en général, et au secteur services en particulier, ce qui constitue un autre handicap majeur.
Certes, la Chine est actuellement l’usine du monde, elle est également le principal chantieriste du monde, elle est la première puissance commerciale du monde, ainsi que le principal constructeur et exportateur des matériaux informatiques. En outre, elle semble avoir mis sur le marché le plus performant ordinateur, et selon ses représentants politiques, elle semble avoir lancé le premier satellite à communication quantique.
Certes, mais quand on connait la Chine, quand on sait qu’elle n’a jamais parvenu à remonter par elle-même les problèmes de rentabilité économique et de fiabilité technologique, quand on connaît la ruse spécifique à ses dirigeants, alors on pourrait se demander en toute légitimité, si ces performances sont-elles fiables et viables.
Rappelons, que sur le marché international les produits chinois sont dans leur grande majorité toujours de faible et très faible qualité. A l’intérieur, et à l’image de la pollution actuelle, on présume que les technologies et les infrastructures sont toujours archaïques. Quant aux prestations fournies par les compagnies chinoises à l’étranger, il suffit de faire un petit tour d’horizon pour constater une triste réalité.
Il y a à ce titre de nombreux exemples, notamment dans la construction des autoroutes, où les compagnies chinoises ne respectent pas leurs responsabilités financières et techniques. Le problème le plus récurrent est le non-respect des normes techniques de base, à savoir, soit les matériaux utilisés sont de mauvaise qualité, soit ils sont insuffisants en quantité, soit les ouvriers sont non-qualifiés. Ce qui diminue la durabilité de l’infrastructure, affectant en passage la confiance accordée au savoir-faire chinois.
Puis, il y a eu des cas, où le constructeur asiatique ne respecte pas ses responsabilités financières. Phénomène rencontré récurent en Afrique, bien que les médias ne parlent pas, afin de ne pas vexer le puissant ami asiatique. Néanmoins, quand s’arrive en Europe (comme ce fut le cas en Pologne où le chinois COVEC n’a pas payé ses factures) la vérité surgit, ce qui met une ombre de plus sur le facteur confiance chinoise.
Il y a également des cas, où les constructeurs chinois ne respectent pas les normes internationales relatives à la prise en charge du projet, comme en Algérie, où la compagnie chinoise a taxé l’achat d’outillages aux algériens, bien que les normes internationales prévoient que ce soit le constructeur qui doit apporter les outillages.
Enfin, et le plus souvent, les compagnies chinoises surtaxent tout retard, quel que soit les facteurs, mêmes les facteurs objectifs, ce qui augmente de 20%, 30%, voire 50%, le prix du projet prévu initial. De quoi endetter davantage les pays pauvres qui ont contracté les Compagnies chinoises.
En somme, malgré tous les efforts faits par les leaders chinois pour sauver les apparences, le made en Chine souffre toujours d’une mauvaise image, une discréditation, sur le marché international. Cela d’autant plus, car les autoroutes construites par les entreprises chinoises présentent déjà des défaillances, requérant une intervention, 5 à 10 ans plutôt qu’aurait nécessité une autoroute construite par les Occidentaux.
Une démographie problématique
Un enjeu social à résoudre
Notons entre autres, que la Chine présente la grande particularité d’avoir autant des milliardaires que les Etats-Unis, et presque autant des pauvres que l’Afrique. Sachant à ce titre, que selon la Banque Mondiale il y a en Chine environ 350 millions d'individus vivant sous le seuil de pauvreté (moins de 1,5 dollars par jour) et encore 200 millions qui vivent aux limites de ce seuil.
Certes, dans tous les pays il y a des riches et des pauvres, et dans tous les pays l’écart entre les deux catégories est écrasant, ce qu’on voit aux Etats-Unis, en Inde et au Brésil. Cependant, cela ne doit pas exister en Chine, étant donné que le régime s’auto-intitule toujours socialiste, et donc, que selon la logique socialiste la richesse doit être redistribuée de manière plus équitable.
Certes, dans les sociétés dites libérales (Etats-Unis, Inde) les inégalités seraient justifiées par une logique dite méritocratique, typique capitaliste. Cependant, en Chine cette logique ne règne pas, ou elle est de très faible portée. D’une part, parce que la société dans sa grande majorité a été apprivoisée aux valeurs marxistes, égalitaristes. Ensuite, parce que la richesse actuelle chinoise se doit en fond à un travail collectif, ainsi qu’à un compromis national (garder la main d’ouvre bon marché comme facteur d’attractivité) une sorte d’acceptabilité sociale mutuelle, dans l’espoir d’une meilleure qualité de vie.
Or, vu que les efforts consentis collectivement et communément ne se traduisent pas par une meilleure redistribution des richesses, mais plutôt par un écrasant écart entre riches et pauvres, la majeure partie de la population se sent, hélas, trahie et humilié. Sachant en passage que les quelques 600 milliardaires chinois et les autres millionnaires représentent seulement 8,6 % de la population totale, mais détiennent 60 % du capital financier.
Le pire, dans le cas de la Chine, est que les presque 500 millions des pauvres ne sont pas séparés entre eux par des barrières géographiques, linguistiques ou socio-culturelles (comme c’est le cas en Afrique ou en Amérique Latine) ce qui rend leur mobilisation faisable, et particulièrement rapide. De même, contrairement à l’Inde, où les inégalités sociales sont plus facilement acceptées de par le système des castes, en Chine la population a été majoritairement éduquée aux valeurs marxistes, donc égalitaristes, ce qui rend les pauvres chinois davantage frustrés.
Dès lors, soit le gouvernement socialiste de Pékin engage une politique de redistribution des richesses (mais cela affaiblirait sa puissance sur la scène internationale, ainsi que la puissance économique du pays) soit il prend le risque d’être confronté à la mobilisation d’un demi-milliard des pauvres, affamés, et surtout, frustrés.
Une démographie contreproductive
En règle générale, on considère que la croissance démographique est directement proportionnelle à la croissance économique, bien que cette hypothèse défendue par les économistes marxistes implique que la production soit supérieure à la consommation afin que la balance des biens et services soit positive, sinon on est dans la récession.
Pareillement, si on aborde les choses par l’optique keynésienne, la croissance démographique serait également proportionnelle à la croissance économique, car plus la population est conséquente en nombre, plus la demande augmenterait lors de la politique de relance, et donc, plus la production augmenterait.
Sauf que dans le cas de la Chine, les choses sont plus complexes, car elle a intégré l’économie libérale avec une population impressionnante en nombre. Or, cela a eu des conséquences majeures dans l’équation production/consommation, parce que la capacité de production mondiale est devenue soudainement nettement supérieure à la demande, conduisant à ce que Marx avait appelé une armée de réserve de travailleurs. Rappelons que lors de l’entrée de la Chine dans l’économie libérale, la production mondiale (qui était majoritairement occidentale et mécanisée) était déjà suffisante pour répondre à la demande mondiale, de sorte qu’elle n’a pas pu intégrer toute la main d’œuvre chinoise.
Dès lors, la démographie chinoise est devenue contreproductive, voire encombrante. D’une part, parce que l’Etat doit prendre en charge toute la population en tant que consommateur (nourriture, logement, chauffage, transport, éducation, santé) tandis qu’il ne peut fructifier qu’une partie de cette population dans la production économique, en raison des quotas d’exportation. Ensuite, parce que dans le cas où les travailleurs songent à exiger une augmentation des revenus, ou une amélioration des conditions de travail, ils seront remplacés par les sous-employés et les chômeurs (l’armée de réserve). Enfin, car de par cette population pauvre (environ 500 millions) la Chine ne peut pas être respectée en tant que pays développé, ce qui constitue un véritable handicap dans le rapport de force avec les occidentaux.
En effet, car si la Chine veut être traitée effectivement comme une puissance, au même titre que l’Occident, il faudrait impérativement que la dimension sociale accompagne la dimension économique. Cela implique que la société chinoise retrouve dans sa grande majorité les mêmes conditions de vie qu’en Occident, afin de devenir toute aussi stable, robuste, motivée, dynamique, et surtout, opérationnelle. Il revient à dire, que le nombre des pauvres (500 millions) doit absolument être réduit au minimum, sinon il serait toujours un fardeau, tirant et plaçant la Chine toujours parmi les pays moyens.
Or, pour cela, il faudrait, soit que le gouvernement assure les conditions matérielles nécessaires, soit qu’il abandonne la politique socialiste pour libéraliser la société, afin que les individus parviennent par eux-mêmes aux conditions de vie occidentales.
Néanmoins, la première condition est mathématiquement irréalisable, car la Chine ne dispose pas pour le moment des ressources (notamment énergie) pour assurer à l’ensemble de sa population les mêmes conditions de logement, de transport, d’éducation, de santé, que celles de l’Occident. Quant à la deuxième condition, c’est plus une hypothèse qu’une réalité, parce qu’il est peu probable que le gouvernement chinois opterait pour un changement de régime.
De plus, même si dans l’absolu l’Etat libéralise davantage la société, il faudrait toutefois assurer les mécanismes nécessaires pour que les gens parviennent par eux-mêmes aux ressources nécessaires. Mais s’il devient libéral, l’Etat chinois n’aurait plus les moyens pour régulariser la société, car toute sa puissance repose actuellement sur la concentration de la société, et donc de la force du travail, entre ses mains.
En somme, à l’image des éléments mobilisés, on constate que la démographie chinoise actuelle est triplement encombrante, à savoir, partiellement productive, entièrement consommatrice, et surtout, vulnérablement représentative. Un véritable fardeau pour la Chine, d’autant plus que la politique actuelle du régime est plutôt centrée sur les conquêtes extérieures, et non sur les problèmes sociaux internes.
Cependant, tant que la société chinoise ne change pas d’image, la Chine sera pénalisée dans le rapport de force avec les occidentaux (positivement pour les travailleurs et les actionnaires occidentaux, négativement pour les travailleurs et les actionnaires chinois) de sorte que les biens, et surtout les prestations occidentales, seront toujours nettement valorisés sur le marché que les biens et les prestations chinois.
Un enjeu régional
Il convient de préciser par la suite, que la démographie n’est pas encombrante seulement au niveau national, mais également au niveau régional, car l’Etat chinois est conditionné dans sa politique interne (monétaire, salariale, fiscale) par la démographie de ses voisins.
Si par exemple, l’Etat fixe par la Loi l’augmentation des revenus afin de favoriser la demande intérieure (politique de relance) il y aurait, soit le risque d’une migration massive depuis les pays voisins (Inde, Indonésie, Thaïlande, Bangladesh) vers la Chine, soit le risque d’un départ d’investisseurs occidentaux vers ces pays. Dans le premier cas la Chine sera confrontée à de nouveaux défis (sécurité frontalière, corruption, inflation, trafic de main d’œuvre, augmentation du taux de chômage). Dans le deuxième, l’exportation chinoise chuterait drastiquement, concurrencée par ses voisins, parce qu’en fond, la seule raison de produire en Chine est l’attractivité du facteur travail.
Il revient à dire, que tant que les pays voisins disposent d’une population nombreuse et pauvre, la Chine n’as pas énormément des marges de manœuvre. Manifestement, elle doit garder les revenus suffisamment bas, d’une part pour ne pas stimuler l’invasion de deux milliards ouvriers pauvres qui se trouvent à ces frontières, ensuite, pour garder les investisseurs étrangers.
Notons enfin relatif à la démographie, que dans le contexte actuel de raréfaction des ressources planétaires, et dans le contexte où la mécanisation, la robotisation, et les hautes technologies remplacent drastiquement la force humaine de travail, les pays et les régions qui disposent d’une population nombreuse seront, tôt au tard, pénalisés économiquement.
Des partenaires encombrants
Un autre facteur encombrant pour la Chine se sont ses nouveaux partenaires dans le cadre du BRICS, qui mis à part la Russie, sont encore plus vulnérables qu’elle. Notons que tout à la fois l’Inde, Brésil et l’Afrique du Sud, ont une situation moins favorable que la Chine, mais avec les mêmes caractéristiques.
Dans tous ces pays plus de la moitié de la population est pauvre (peut-être moins en Brésil, mais beaucoup plus en Afrique du Sud et en Inde). Tous ces pays (mis à part la Russie) sont entourés par des voisins encore plus pauvres, ce qui constitue une vulnérabilité régionale. Dans tous ces pays la richesse est égoïsment concentrée dans les mains d’une poignée de riches. Enfin, (toujours mis à part la Russie) tous ces pays ont un taux de scolarité bas, ce qui entrave toute perspective d’évolution socio-économique.
Par-delà ceux-ci, il convient également de noter que ceux qui détiennent les richesses dans ces pays ont par tradition tendance à travailler avec l’Occident et non pas avec la Chine. En Afrique de sud par exemple, les riches sont soit d’origine anglo-saxonne, soit d’origine hollandaise, soit d’origine allemande, de sorte qu’ils vont privilégier les échanges avec les pays occidentaux. Pareillement pour Brésil, où une grande partie d’hommes d’affaires appartiennent soit à la communauté allemande, soit à d’autres communautés occidentales. Sans parler de la Russie, dont les milliardaires investissent leur fortune en Occident.
Il revient à dire, que le partenariat BRICS est une mauvaise stratégie pour la Chine, car manifestement, elle s’est éloignée d’un ami riche (l’Occident) qui représentait une clientèle riche, pour se faire une série d’amis encombrants de par leurs propres problèmes socio-économiques.
En effet, parce que nul ne peut forcer les riches sud-africains, russes, indiens ou brésiliens, venir investir en Chine, mais en revanche, Pékin s’est engagé à financer des projets socio-économiques dans les pays partenaires. Dès lors, soit le régime pékinois respecte les engagements auprès de ces pays, au détriment de 500 millions chinois pauvres, soit il perd sa crédibilité en tant que puissance économique.
Cela d’autant, que d’autres partenariats ont été engagés avec des pays pauvres (Ethiopie, Jamaïque, Cameroun, Angola), la Chine espérant qu’en échange de quelques infrastructures (autoroutes, TGV) pourrait s’emplanter stratégiquement, et s’emparer de leurs ressources naturelles. Sauf que les dépenses sont immédiates (plus de 50 milliards dollars par an) tandis que les recettes sont prévues à long terme, voire à très long terme, voire au pire, jamais. De quoi frustrer davantage 500 millions chinois affamés, et les motiver à se mobiliser contre le régime actuel.
Le facteur géographique
Les dynamiques régionales
Il convient de préciser par la suite, que si on aborde la situation de la Chine à travers l’effet régional, sa situation est davantage vulnérable comparée à celle de l’Occident. Rappelons à ce titre, que la majorité des pays qui longent les frontières chinoises sont pauvres, dont ceux du sud sont très peuplés, de sorte que les échanges régionaux ne pèsent pas en faveur de la Chine.
Au sud, tout au long de la frontière, il y a environ 2 milliards d’hommes, repartis dans plusieurs pays pauvres, qui logiquement, et mathématiquement, pénalisent l’économie chinoise. D’une part, parce que par leur présence ils tirent vers le bas les revenus de la région, ainsi que les flux d’investissement étranger vers la Chine. Ensuite, parce qu’en règle générale les échanges socio-économiques tendent vers un équilibre, de sorte que dans ses échanges avec ses voisins, la Chine perd du capital financier, en échange de leur seule richesse, à savoir, le capital humain. Force est de reconnaître, qu’on ne tire jamais profit d’un pays pauvre, tout au contraire…
En nord, la dynamique économique est très faible, d’une part parce que l’économie russe est concentrée à l’ouest, coté Europe, tandis que les autres voisins (Kazakhstan, Mongolie) ne sont pas suffisamment développés. En outre, le grand voisin russe est plus puissant politiquement, et dispose davantage d’atouts technologiques et stratégiques, de sorte qu’il domine dans le rapport de force avec la Chine. Le partenariat entre les deux fonctionne tant que la Chine joue le jeu du Kremlin, et surtout, tant qu’elle reste son banquier.
Quant aux autres puissances de la région, (Japon, Corée du Sud, Taiwan, Singapour), certes, les échanges économiques avec la Chine avaient pris une certaine ampleur. Néanmoins, étant donné les ambitions militaires et expansionnistes affichées par Pékin, à une dynamique économique risque à se substituer bientôt une diplomatie conflictuelle. Cela d’autant, que pour des raisons historiques, militaires et stratégiques, ni les américains, ni les japonais, ni les coréens, n’ont aucun intérêt de voir la Chine se développer davantage économiquement. D’où la stratégie de détourner la Chine à travers le partenariat transpacifique.
A l’opposé, les deux puissances Occidentales (Etats-Unis et Union Européenne) ont une situation régionale nettement supérieure, tant en ce qui concerne le danger démographique, qu’en termes de dynamiques économiques. Ni une, ni autre, ne risque pas dans un futur proche être confronté à un flux migratoire si considérable (d’ordre de milliards) capable de bouleverser leur fonctionnement interne. Ni une, ni autre, n’ont parmi leurs voisins directs des pays extrêmement pauvres.
Concernant, le facteur démographique, certes, l’Occident accueille les réfugiés de guerre et d’autres ayants droit, selon les conventions internationales. Toutefois, si cela prend des proportions, menaçant le fonctionnement économique comme en Chine (salaires, prix, revenus), rien n’empêcherait l’Occident de changer sa politique. Surtout que les frontières occidentales sont majoritairement naturelles, ce qui constitue un véritable rempart. Il suffirait de surveiller davantage la Méditerranée (sachant que la principale source démographique potentiellement influençable pour l’Europe c’est l’Afrique, environ un milliard d’individus), ainsi que la frontière avec Mexique, pour que l’Occident devienne pratiquement hermétique.
A l’est, l’Union Européenne est protégée par des puissances historiques, Russie, Turquie, mais aussi, Hongrie, Pologne, qui sont suffisamment militarisées et stables, pour ne pas subir involontairement une décharge démographique venant du sud.
En termes économiques, les dynamiques régionales sont nettement plus favorables à l’Occident qu’à la Chine. Il convient de préciser à ce propos, que les régions les moins développées proches de l’Occident (Russie, Turquie, Mexique, Balkans) présentent un niveau socio-économique équivalent aux régions les plus développées de la Chine. En effet, si on croise d’une manière plus sociale, et moins mathématique, les trois type de PIB (nominal, PPA, par habitant), avec le niveau d’éducation, avec également le niveau d’accès aux services publiques, on constate que la Chine est derrière ces divers pays de par son poids démographique et son grand nombre de pauvres.
Notons à ce propos, qu’avec seulement 150 millions buches à nourrir pour un vaste territoire riche en ressources naturelles, fossiles et minérales, la Russie est, malgré tout, une puissance plus autonome que la Chine, ainsi qu’un atout pour l’économie occidentale. Par-delà les antagonismes à caractère politique et stratégique, la Russie reste un important partenaire Occidental, ses énergies ainsi que ses investissements se dirigeant massivement vers l’Europe, et très peu vers la Chine. Cela vaut aussi pour la Turquie, qui au dépit de quelques antagonismes diplomatiques, reste un partenaire économique important pour l’Union Européenne.
Dès lors, sachant que toutes les deux figurent parmi les principales puissances économiques, sachant que leur démographie n’est pas encombrante à l’économie, sachant que le niveau d’éducation est supérieur, sachant entre autres, que toutes les deux ont été à un certain moment la première puissance mondiale (ce qui reflète une certaine motivation et détermination), l’ensemble fait, que dans le registre dynamiques régionales, l’Occident est largement plus favorisé par ses voisins que la Chine.
Mais le pire reste à venir, car à l’ouest on retrouve les économies les plus stables, et historiquement les plus durables, dont l’articulation se traduit par une synergie incomparable à l’échelle planétaire, rendant l’économie occidentale statistiquement, et pour encore longtemps, indétrônable.
Entourée par quatre grandes puissances (Allemagne, Grande Bretagne, Italie, Espagne) et par d’autres plus petites (Suisses, Belgique, Luxembourg) la France constitue le cœur d’une région économique, qui par sa dynamique dépasse largement la puissance économique asiatique. Une dynamique qui s’accélère de surcroît sur l’impact des économies du nord (Pays-Bas, Danemark, Suède, Norvège), riches économiquement, mais modérées démographiquement, ce qui constitue un atout supplémentaire en termes de marges de manœuvre, dans le contexte actuel de raréfaction des ressources. Evidemment, cette dynamique économique occidentale prend considérablement d’ampleur sous l’impact de l’Economie nord-américaine, plus proche géographiquement, et stratégiquement, de l’Europe que de la Chine. En référence le projet du traité de partenariat transatlantique.
Manifestement, à travers les dynamiques régionales, qui dans le cas de l’Occident constituent un puissant levier amplificateur de développement socio-économique, tandis que dans le cas de la Chine c’est justement le contraire, l’hypothèse d’une Chine véritable puissance économique, s’avère de plus en plus hypothétique.
Une zone à haut risque
Notons entre autres, que toujours à la confluence entre pauvreté et forte démographie est émergé récemment le phénomène de piraterie maritime, qui engendre de nouveaux enjeux, dont la conjonction menace directement l’économie chinoise.
Un premier renvoie à la sécurité du trafic commercial (donc des exportations chinoises) sachant qu’il est particulièrement récurrent dans les principaux étroits (Malacca, Golfe d’Aden) que traverse la flotte marchande entre la Chine et l’Occident. Un deuxième renvoie à la stabilité régionale, sachant que les pirates sont généralement les populations pauvres voisines, ce qui pourrait aggraver davantage les tensions régionales.
Or, cela constitue d’ores et déjà un défi difficilement surmontable pour la Chine. D’une part, parce qu’elle ne possède pas les moyens juridiques, militaires et stratégiques nécessaires pour défendre sa flotte marchande à travers tout l’Océan Indien. Ensuite, parce que les populations riveraines ne voient pas de bon œil l’avènement de la Chine et les nouveaux capitalistes chinois. Enfin, parce que tout à la fois l’Indonésie, l’Inde, ainsi que d’autres pays de la région, aimeraient prendre la place d’usine du monde, de sorte que la piraterie serait tolérée, voire encouragée, par ces divers pays.
Il revient à dire, que quel que soient les décisions prises par Pekin, tant que la population sud-asiatique reste nombreuse mais pauvre, la région sera instable, et le trafic commercial sera de plus en plus menacé. Or, une région instable finit tôt au tard par détourner les investisseurs occidentaux vers d’autres régions du monde, de sorte, que malgré toutes les apparences, l’économie chinoise sera moins prometteuse que dans le passé.
Le facteur stratégique
Les atouts conjoncturels
Il convient de préciser de l’emblée, qu’il y a tout à la fois des millionnaires occidentaux qui investissent leur capital en Chine, ainsi que des millionnaires chinois qui investissent leur capitaux en Occident. Dès lors, tout à la fois les grands Pôles Economiques, les flottes marchandes et les infrastructures portuaires, constituent des points stratégiques conjoncturels, car selon les actionnaires, ils peuvent servir soit les intérêts de la Chine, soit les intérêts des Occidentaux.
Néanmoins, il y a quelques aspects de fond qui doivent être retenus ici. D’une part, les deux catégories de millionnaires préfèrent les banques occidentales libérales, aux banques chinoises monopolisées par le régime. Ensuite, étant donné la qualité de vie, il y a nettement plus de riches chinois qui finissent par s’installer définitivement en Occident, que des Occidentaux qui s’installent définitivement en Chine. Enfin, de par sa législation (mais aussi son prestige et réputation) la société occidentale s’impose dans le rapport de force face à l’investisseur asiatique, tandis qu’en Chine, c’est l’investisseur occidental qui s’impose dans le rapport de force.
Ainsi, en articulant ces éléments (qui constituent la règle générale à plus de 75%) on constate que les points stratégiques conjoncturels ont à terme une tendance d’occidentalisation, du fait que dans la plupart des cas, les milliardaires asiatiques, propriétaires des ports maritimes ou des flottes marchandes, finissent par intégrer la société occidentale. Cela se vaut, tant que l’Occident reste une région stable, développée et démocratique (qui protège les intérêts des investisseurs), tant que le régime politique chinois reste autoritaire, et surtout, tant que la pollution ne diminue pas en Chine. Dès lors, cette catégorie d’atouts stratégiques favorise dans sa grande majorité l’Economie occidentale.
Les points stratégiques
Notons entres autres, que par-delà les mentalités différentes, l’évolution socio-historique se traduit également par une écrasante différence en termes de points stratégiques entre l’Occident et la Chine. Rappelons, que de par leur passé colonial et militaire, les pays occidentaux contrôlent actuellement la plupart des points stratégique de la planète, et donc, les principales routes maritimes commerciales.
Malgré une présence économique chinoise (exclusivement portuaire) le Canal de Panama est toujours militairement sur le contrôle des Etats-Unis, comme convenu par le traité de rétrocession, ainsi que toute la région, depuis les Caraïbes jusqu’au Pacifique. Pour sa part, bien que protégé par l’armée égyptienne (fournie en bâtiments et technologies militaires par la France, dont le rôle stratégique est non négligeable) le Canal Suez est surtout protégé militairement par la flotte américaine du proche Orient. L’étroit de Malacca, le passage le plus fréquenté du monde, se trouve quant à lui sur une étroite surveillance occidentale (américains, britanniques et australiens) présents dans la région suite aux divers accords de coopération militaire, soit avec Singapour, soit avec la Malaisie. Pareillement, depuis leurs bases militaires du golfe d’Aden (Djibouti, Koweït, Bahreïn, EAU, Oman) les américains contrôlent aussi l’étroit Bab-el-Manded. Enfin, la Méditerranée, notamment le Gibraltar, est entièrement sous le contrôle des Forces militaires occidentales.
Quant aux autres routes maritimes, celle du sud qui contourne l’Afrique, celle du nord près du Pole, ou celle du Pacifique, vers l’Australie, elles sont exclusivement contrôlées et protégées par les marines globales ou à capacité mondiale, qui sont occidentales. Notons à ce sujet, qu’il y a actuellement une seule marine véritablement globale (US Navy) et deux marines à capacité mondiale, respectivement la Marine nationale française et la Royal Navy britannique. Le point fort de ces trois Forces maritimes repose sur leurs bases militaires implantées sur tous les Continents et sur tous les Océans, ainsi que sur leur capacité de projection en dehors de leur ZEE (Zone maritime Economique Exclusive).
Rappelons que les puissances occidentales (France, Grande Bretagne, Pays-Bas) possèdent toujours des nombreuses îles ou territoires à travers le monde, qui constituent tout à la fois de bases de ravitaillement pour leurs flottes, ainsi que de points stratégiques, qui leur permettent d’agir et protéger leur marine marchande. Grâce à ces possessions, d’une part leur ZEE est nettement supérieure rapportée à leur territoire (la France est la deuxième puissance maritime) ensuite elles influent sur presque tous les Mers et Océans.
S’ajoutent à celles-ci les Etats-Unis, qui contrôlent depuis la deuxième Guerre Mondiale pratiquement tous les hautes Mers, grâce à une impériale flotte, composée de 300 bâtiments de guerre, dont dix porte-avions et 25 croiseurs, tous renouvelés régulièrement, donc tous hautement opérationnels.
Or, la Chine ne possède pas de tels atouts. Rappelons que la Chine n’est pas une puissance maritime, sa ZEE est nettement inférieure à celle des Etats-Unis, ou celle de la France, et reste limitée au seul littoral chinois, même si Pékin affiche des ambitions expansionnistes. De plus, comme toutes les autres Marines régionales (Russie, Inde, Brésil) la Marine chinoise ne dispose pas des moyens stratégiques, ni technologiques, qui pourraient la rendre capable d’intervenir en autonomie en dehors de la ZEE chinoise.
Notons que depuis 20 ans, Pékin affirme vouloir construire trois porte-avions. Sauf qu’à ce jour la Chine n’a construit aucun, son seul porte-avions (Liaoning) étant en réalité un porte-hélicoptère ukrainien amélioré, tandis que la plupart de ses bâtiments de guerre sont des anciens produits soviétiques modifiés. Cela pourrait s’expliquer par le fait qu’un porte-avions implique des milliers d’ordinateurs et micro-processeurs à son bord, ainsi qu’autant des systèmes automatiques, tous opérationnels, et surtout, parfaitement synchronisés entre eux. Or, étant donné qu’en général une technologie chinoise sur dix est défaillante (ou hors service avant le délai) l’ensemble fait que pour le moment, la Chine n’a toujours mis à l’eau un porte-avions 100% chinois, capable de rivaliser avec les porte-avions occidentaux.
Certes, selon certaines opinions, la Chine pourrait s’aventurer en dehors de sa zone exclusive (grâce à son porte-avion Liaoning) mais dans la pratique cela s’avère plus difficile, parce qu’elle ne dispose pas de bases pour ravitailler sa flotte, ni de Croiseurs pour protéger son porte-avions, cela surtout, sachant que si la Marine chinoise s’aventure en dehors de sa zone légale, elle rentre inévitablement en conflit avec ses voisins directs, Japon, Corée de Sud, Inde, tous alliés des Etats-Unis.
D’où en passage, l’inadéquate comparaison entre la Marine chinoise et l’US Navy, parce que bien avant que la flotte chinoise soit en contact direct avec la flotte américaine, elle devrait passer à travers la flotte japonaise, coréenne, indonésienne, et indienne.
Petite conclusion
En somme, par-delà toute hypothèse hasardeuse de la part des commentateurs anti-occidentaux, la perspective d’une éventuelle autonomie envers l’Occident n’est pas vraiment envisagée par les autorités pékinoises.
D’abord, parce que la majeure partie de la croissance économique chinoise relève des échanges avec l’Occident, dont les exportations empruntent une route maritime étroitement surveillée et contrôlée par les pays occidentaux. Car il ne faut pas oublier, que les quatre grandes étapes de l’économie, sont la production, la distribution, l’échange et la consommation, et manifestement, la Chine n’a une maîtrise exclusive sur aucune de ces étapes.
Ensuite, parce que les principaux réseaux mondiaux d’acheminement et de distribution sont contrôlés par les pays occidentaux, de sorte que si la Chine se mettait à travers l’Occident, tous les atouts stratégiques occidentaux (portes, flottes, étroits, canaux) feraient bloc à l’encontre de la Chine.
Enfin, parce qu’en réalité et en fond, le seul partenaire raisonnable et fiable chinois reste l’Occident. La Russie s’en sert de la Chine pour faire contrepoids à l’Occident (pareillement comme en 1945), mais Kremlin n’a aucun intérêt de voir la Chine prendre le devant sur la scène politique. Pareillement, ses voisins directs (Japon, Inde, Corée du sud) profitent de la dynamique économique autour de la Chine, mais aucun n’a l’intérêt que la Chine devienne davantage puissante. Quant aux pays pauvres, ils voient en Chine un banquier, mais la référence reste toujours l’Occident.
Un défi de maturité
Notons enfin, qu’il y a dans l’attitude des autorités pékinoises une certaine naïveté, du fait que dans le processus d’évolution socio-économique enclenché après 1990, ils tentent à passer rapidement aux étapes supérieures, sans régler les problèmes de fond de la société chinoise. On dirait qu’ils cherchent à rattraper en quelques décennies le retard de quelques siècles. Certes, mais cela est dangereux en termes de fiabilité et viabilité, car quand on fait vit sans avoir l’expérience nécessaire, on fait mal.
Il y a trois indicateurs qui illustrent parfaitement cette attitude, en l’occurrence, volume, rentabilité et pollution. A travers le volume la Chine impressionne, à travers la rentabilité elle déçoit, à travers la pollution elle fait peur. Si on regarde les performances économiques chinoises, l’attribut principal c’est le volume (tonnage, exportations, réseau national d’autoroutes, de TGV), la faiblesse principale c’est la rentabilité (pertinence, qualité, durabilité), et la conséquence principale de ceux deux-là, c’est la pollution.
On dirait que mis à part la sagesse, la folie de la grandeur constitue également une qualité inhérente aux populations chinoises, ou du moins, aux certaines élites chinoises. Or, justement, cette folie pour la grandeur n’est pas toujours compatible avec la rentabilité et l’efficacité, surtout dans le cas de la Chine, qui se lance facilement dans des projets faramineux, sans estimer leur efficacité réelle, ni sa capacité de pouvoir les réaliser dans les règles de l’art. Rappelons que malgré sa grandeur imposante, la Grande Muraille n’a pas empêché Gengis Khan, puis les mandchouriens, de conquérir la Chine. Inversement, les petits châteaux et citadelles médiévaux, même isolés entre eux, ont protégé l’Occident en raison de leur conception pragmatique, à savoir, stratégiquement placés.
Cela n’a pas changé de nos jours, les chinois construisant des autoroutes partout à travers le monde, sans pour autant évaluer l’efficacité du projet, notamment dans les pays moins avancés. Certes, Pékin espère amortir les dépenses faites via le péage et l’utilisation du commerce limitrophe (chinois bien sûr), puis en passage récupérer les richesses naturelles. Sauf que dans la réalité les choses sont plus complexes.
D’une part, dans ces régions les gens sont pauvres, et prennent, en tant que particulier, très rarement une autoroute à péage, tandis que les Poids Lourds trouveront toujours les moyens de détourner le péage. Ensuite, parce qu’à l’extérieur de la ville la population limitrophe, pauvre, menacera toujours la sécurité des autoroutes et des commerces, poussant la clientèle potentielle à prendre l’avion, et les commerçants à quitter la zone. Enfin, parce que là où l’argent croise la pauvreté, émergent toujours les phénomènes type, délinquance, corruption, attaque armé, guerre, terrorisme, rendant la région instable. Dès lors, tous ces facteurs font qu’en réalité les recettes seront largement décevantes par rapport aux estimations.
Quant aux richesses naturelles, il faut dire que les populations locales sont plus émancipées, et n’acceptent plus se laisser faire, de sorte que la Chine devrait, soit payer honorablement les ressources, soit passer en force (mais avec des effets secondaires) soit enfin, (et le plus probable) quitter le pays, rétrocédant les infrastructures, évidemment à titre gratuit (cadeau).
L’ensemble fait, que les projets chinois dans les pays moins avancés, sont certes pharaoniques, mais peu rentables à long terme, car les recettes financières finales seront ridicules rapportées aux investissements initiaux.
Le projet TGV illustre également la folie pour la grandeur chinoise, mais aussi leur manque de pragmatisme. Ils auraient dû peut-être se demander pourquoi les français ou les japonais n’ont jamais exporté leur TGV. Surtout, ils auraient dû se demander pourquoi on leur a concédé si facilement le transfert de cette technologie. Le mot rentabilité serait peut-être une réponse.
Rappelons qu’il y a eu dans les années ’95 un projet d’exportation du TGV français en Inde, abandonné par manque de rentabilité économique. Les prospectives engagées à l’époque ont dévoilé une radicale dissymétrie entre le cout initial lié aux infrastructures, les dépenses quotidiennes liées à la sécurité, les dépenses ultérieures liées à la maintenance des infrastructures, tous faramineux, rapportés aux recettes ridicules, étant donné le revenu des passagers potentiels.
En effet, car ce qu’il faut retenir à ce sujet, est qu’un train devient véritablement TGV, et véritablement rentable, lorsqu’il circule régulièrement avec une vitesse supérieure à 250 Km/h, afin de rapprocher en temps record deux régions économiquement importantes, placées à une distance moyenne, et transportant une clientèle régulière et économiquement aisée. Au-delà d’une distance de 1000 Km, le TGV devient moins efficace rapporté à l’avion (ce qui explique qu’il n’existe pas une ligne TGV à l’échelle européenne, ni à l’échelle des Etats-Unis), tandis qu’en absence d’une fréquentation régulière et maximale, le TGV n’est pas rentable (les passagers occasionnels ou les touristes ne suffisent pas pour rentabiliser un TGV).
En outre, un véritable TGV exige une ligne (LGV) particulièrement sécurisée (rempart, grillage), un contrôle technique systématique, et une maintenance régulière, tenant compte qu’à 250km/h tout petit incident serait fatal. Or, c’est justement tout cet ensemble des frais (maintenance, sécurité, entretien) ajoutés aux frais de consommation (nettement supérieure au-delà de 250km/h) qui rendent un TGV particulièrement cher, et surtout, très peu rentable dans les régions moins développées. D’où, soit la naïveté, soit la ruse, des autorités chinoises.
Naïveté, surtout à l’image de leur projet faramineux de construire une ligne LGV réunissant l’Europe, l’Asie et l’Amérique, à travers Béring. Ou encore une ligne réunissant toutes les capitales de l’Afrique. Certes, ça fait bon pour l’image de la Chine, mais sans aucune efficacité, parce que les régions traversées sont, soit peu développées, soit complètement désertées, rendant la sécurité de la LGV superficielle (donc risque de vol des matériaux, câbles, grillages, puis logiquement, animaux à travers la voie) de sorte que finalement la vitesse ne dépassera jamais le 150 Km/h, enfin, et surtout, parce que le train serait toujours à moitié vide, voire pire, et un TGV vide, rentabilité exige, ne partirait pas une deuxième fois. Au moins, que les chinois veulent offrir gracieusement une promenade à travers Béring et Alaska.
Ruse, parce qu’on ne peut pas savoir si le gouvernement chinois envisage de construire vraiment un TGV, ou seulement un train normal au prix d’un TGV, comme fut le cas au Nigéria, où les compagnies chinoises ont construit un train, dont les caractéristiques techniques sont celles d’un train normal (150Km/h, sans sécurité particulière) pour un design, certes, et surtout, pour un prix d’un TGV (849 millions dollars). De quoi amoindrir l’admiration africaine pour les prestations chinoises, lorsqu’ils réaliseront qu’ils ont payé presque un milliard dollars pour un projet qui valait à peine 150 millions.
Conclusion
Pour conclure, il semblerait que de la même manière comme elle a connu un avènement foudroyant grâce à l’intervention occidentale, la Chine pourrait connaître également un effondrement, tout aussi foudroyant, et toujours, grâce à l’intervention, ou plutôt, à la non-intervention occidentale.
En outre, à l’image des exemples cités, il semblerait que les compagnies chinoises sont sur le point de gaspiller inutilement les ressources planétaires, en construisant des infrastructures faramineuses, pour une très faible rentabilité, fiabilité et viabilité.
Enfin, les populations africaines devraient être plus prudentes dans leurs accords avec la Chine, car apparemment elles sont en train d’entamer un nouveau type de colonisation, cette fois-ci en toute formalité légale.
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