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Accueil du site > Actualités > Economie > La crise est-elle démocratique ?

La crise est-elle démocratique ?

Inégalités, crise et classes sociales

En période de récession, les plans de licenciements frappent les classes populaires de plein fouet dans la mesure où elles ne disposent d’aucun matelas (capitaux, propriétés, ...) pour amortir le choc. C’est une évidence.
Mais qu’en est-il de la classe des vainqueurs, de ceux qui sont bien insérés dans le système économique ? Krach boursiers, dévaluation des biens immobiliers et chômage touchent également les cadres supérieurs et les chefs d’entreprise, montrant que la crise affecte également les classes favorisées.

Depuis les années 80, les inégalités se sont accrues entre les plus aisés et les classes défavorisées et la crise touche les possédants (détenteurs de capitaux mobiliers et immobiliers ...). Ainsi, depuis les années 80 et l’avènement de l’économie financière, les riches s’enrichissent, les pauvres se paupérisent. Ce renforcement des inégalités est l’échec du consensus de Washington, cette doctrine économique des pays riches qui faisait de la croissance une fin en soi, sans se préoccuper de la répartition de cette croissance.

Cette nouvelle donne économique pose la question suivante : la crise peut-elle être favorable à l’égalité ? La crise est-elle démocratique ?

Oui, donc, la crise pourrait "remettre les pendules à l’heure" en appauvrissant les plus riches. Rassurons-nous il reste de la marge ... aux Etats-Unis, entre 1998 et 2005, 50 % du surcroît de richesse crée a profité à 1 % des ménages les plus favorisés. Dans la richesse nationale française (PIB), la part du travail a perdu 10 points au profit du capital sur la même période.


Egalité et liberté, libéralisme et protectionnisme

Si cette tendance se confirme, on pourrait assister à un retour à la société d’Ancien Régime, dans lequel la pauvreté est héréditaire, les inégalités laissées en héritage d’une génération à l’autre. Bien sûr, ce n’est pas nouveau. Keynes (Théorie Générale de l’emploi, de l’intérêt et de l’épargne), qui a inspiré le new deal et les politiques volontaristes des années 30, constatait déjà les problèmes du capitalisme au début du siècle :

" Les deux vices marquants du monde économique où nous vivons sont que le plein emploi n’y pas assuré et que la répartition de la fortune et du revenu y est arbitraire et manque d’équité "

Ainsi, la question qui se pose est : quel degré d’inégalité une démocratie peut-elle supporter ?

Difficile de répondre à la première question, car le sentiment d’injustice ne se mesure pas. Mais il est clair que la démocratie ne peut se maintenir sans un niveau élevé d’homogénéité. Autrement dit, lorsqu’une démocratie de masse se transforme en démocratie d’élites, lorsque la démocratie politique devient uniquement démocratie de marché, les inégalités deviennent insupportables pour la classe moyenne (80 % de la population dans les pays industrialisés). La notion de démocratie de marché signifie l’abandon des classes pauvres aux lois du marché, générant inégalités et injustice pour ceux dont l’efficacité économique est moindre. La démocratie, nous apprend Keynes, doit maintenir un équilibre fragile, entre l’efficacité et l’égalité, entre l’individualisme et la solidarité. sur un versant philosophique, Tocqueville (De la démocratie en Amérique) expliquait que la démocratie était fondée sur une dialectique des passions, celle de l’égalité et celle de la liberté. La passion de l’égalité, affirmait-il, est plus forte que celle de l’égalité, de sorte que les peuples préfèrent "l’égalité dans l’esclavage plutôt que la liberté dans l’inégalité". Ainsi, le rôle des politiques en démocratie est de favoriser cette égalité. Mission qui a été allègrement oubliée ...

L’égalité selon Sarkozy

La période actuelle, déjà défavorable aux nantis, est propice pour remettre à plat les politiques de redistribution (notamment le bouclier fiscal instauré par le gouvernement Fillon-Sarkozy). Il pourrait notamment être symboliquement fort de lancer un impôt exceptionnel sur les revenus élevés. D’un point de vue théorique, cela reviendrait à subordonner le principe économique à la démocratie, donc à renverser la hiérarchie actuelle des valeurs.

Mais là aussi nous pouvons nous rassurer : ce n’est pas le président Sarkozy qui prendra une telle décision. Mais espérons que les lois économiques sauront sanctionner ceux qui ont été trop longtemps abuser de leur position dominante dans le système économique ... Il est temps de réinjecter de l’égalité dans les sociétés développées.

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12 réactions à cet article    


  • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 20 août 2009 13:22

    à l’auteur

    « La période actuelle, déjà défavorable aux nantis »

    défavorable aux nantis ?

    Est-ce du second degré ou une simple faute de dactylographie ?


    • Leo29 Leo29 20 août 2009 13:43

      L’auteur voulait sûrement dire que les nantis étaient très mal vus en France, traders banquiers, financiers de tous poils, rentiers, bling bling, amateurs de Rolex et de stylos Montblanc, etc........
      Evidemment ça ne les empêche pas de s’en mettre pleins les poches.
      Pour eux il n’y a pas de crise, ce qui me laisse à penser que nous ne sommes pas encore dans une véritable démocratie.....


      • Francis, agnotologue JL 20 août 2009 14:01

        Article un peu déroutant qui passe parfois du premier au second degré sans prévenir.

        Je lis : « La passion de l’égalité, affirmait Tocqueville, est plus forte que celle de l’égalité, de sorte que les peuples préfèrent »l’égalité dans l’esclavage plutôt que la liberté dans l’inégalité« . »

        Je ne vois pas ce qui vous permet d’ajouter : « Ainsi, le rôle des politiques en démocratie est de favoriser cette égalité ».

        Au contraire, les politiques usent et abusent de cette servitude volontaire (La Böétie) pour protéger la minorité riche contre la majorité pas toujours silencieuse.


        • Francis, agnotologue JL 27 août 2009 09:58

          @ surfnblue : la logique capitaliste c’est de créer la pénurie : en l’occurence, la pénurie d’emplois. Cela se fait d’une part, en vendant la production moins cher que ne le peuvent faire les artisans, d’autre part en payant les salariés le minimum vital, ce qui oblige à travailler plus, toujours plus, pour gagner moins, toujours moins.

          « Le système ancestral qu’a employé jusqu’à présent l’Europe occidentale pour entuber la planète au cours des deux premières manches du capitalisme – c’est l’appropriation. Refuser l’accès à quelque chose parce que c’est à moi, moi, moi ! Faire payer un loyer en échange d’un monopole. Fabriquer la rareté artificielle, même de la connaissance et de l’expérience humaines en les redéfinissant et les remodelant. Les outils ici sont des moyens légaux tels que les droits sur la propriété intellectuelle, les licences, les logiciels ... ». (Phase trois du capitalisme : l’économie du savoir),


        • bernard29 bernard29 20 août 2009 14:32

          Comme l’a souligné dans le premier commentaire Jean-Pierre Llabrés , l’article est assez difficle a suivre.

          A la question ; « Ainsi, la question qui se pose est : quel degré d’inégalité une démocratie peut-elle supporter ? » on peut signaler qu’il y a plus de 30 ans, on disait que les sociétés développées pouvaient supporter jusqu’ 15 % de marginaux « laissés pour compte. » 

          Aujourd’hui je crois que c’est plus. car si on a développé les inégalités, on a aussi développé les différences dans les statuts et situations des citoyens. Ainsi ce n’est pas la même chose d’être un salarié-actionnaire de sa boîte que d’être un salarié qui n’a ni chéque vacance, ni chéque déjeuner, ni aucun avantage. En développant les inégalités, la société capitaliste a pris bien soin de multiplier les freins aux éventuelles solidarités entre salariés ou employés, ou citoyens. Les situations ne sont plus comparables. Il ne suffit plus de comparer les salires net en bas de la fiche de paye.

          Ainsi dire ; «  Il est temps de réinjecter de l’égalité dans les sociétés développées. » ne suffit plus . Il faut revenir sur tous les privilèges de toutes sortes et là : plus personne n’est d’accord.

          la question est donc comment réinjecter de l’égalité ?


          • Marti 21 août 2009 07:28

            L’auteur se trompe, le bouclier fiscal a été instauré par le gouvernement Villepin-Chirac.


            • R.L. 21 août 2009 10:44

              « Ce renforcement des inégalités est l’échec du consensus de Washington,... »

              Mais non justement : la victoire !
              Le consensus de Washington n’a pas été trahi ! Favoriser les riches sur le dos des pauvres, augmenter les inégalités... sous l’égide totalitaire des U.S.A, voilà ce qu’étaient ses objectifs.


              • W.Best fonzibrain 21 août 2009 11:36

                LOL 


                il n’y a pas de démocratie
                mais vous etes stupide ou quoi

                choisir entre des gens imposé n’est pas la démocratie

                entre la peste et le choléra

                • Internaute Internaute 21 août 2009 11:37

                  Encore un olibrius pour qui la démocratie se limite à l’égalité des fortunes et qui dénonce les riches qu’il faudrait taxer un maximum pour que le petit peuple soit enfin riche.

                  La démocratie se limite à l’égalité des droits devant la loi.

                  L’égalité en soi et sur tous les plans n’a strictement aucun intérêt et n’est pas spécialement démocratique. Elle est même trés néfaste car elle détruit toute hiérarchie sociale. Ainsi on passe son temps à monter les élèves contre les professeurs, les femmes contre les hommes, les enfants contre leurs parents, les ouvriers contre leurs patrons et à dénoncer du doigt n’importe quelle injustice dont le fondement n’est souvent que l’appariement terrible de deux données qui n’ont rien à voir entre elles, par exemple le salaire d’un fonctionnaire de l’EN et celui du dernier trader de City qui vient d’empocher 100 millions de dollars. Dés qu’on trouve quelque part une grosse différence numérique, forcément ce n’est pas démocratique.

                  Trés curieusement on évite soigneusement de monter le peuple contre ses députés alors que c’est surtout sur ce point précis que se joue la démocratie.


                  • Senatus populusque (Courouve) Courouve 21 août 2009 11:58

                    On confond aussi inégalités et injustice.


                  • xbrossard 21 août 2009 13:40

                    la démocratie recule car les centres de décision du futur sont maintenant dans les centres économiques, les entreprises, qui ne sont pas démocratique.


                    • BMKOVAC BMKOVAC 21 août 2009 16:34

                      Les nantis perdent un peu de leurs superflus Encore que la bourse est remontée et qu’ile recommence les spéculations comme si rien ne c’était passé. Ils ont déjà largement récupérés leurs pertes C’est l’économie réelle et les pauvres qui paient les pots cassés comme d’habitude . J’usqu’à quand allons nous les laisser faire, là est toute la question ??? 

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