La croissance ne crée pas d’emplois. Mais elle les détruit !
Comme présenté dans mon dernier article, l’argent ne nait pas de notre travail ou bien de la création d’éventuelles richesses. Non, dans le système en place, l’argent nait du crédit avec intérêts. Ce système engendre donc une augmentation exponentielle de la masse monétaire puisqu’il faut toujours emprunter plus, pour rembourser les crédits antérieurs (puisque l’argent meurt au remboursement du crédit).
Mais si l’argent veut garder sa valeur, il faut bien que l’économie se développe au même rythme que celui de la création monétaire. C’est pourquoi nos pays courent après la croissance économique comme le junkie après sa dose. C’est d’ailleurs pourquoi à la question : Quel est le taux de croissance idéal ? La plupart des économistes répondent qu’il doit au moins être égal aux taux d’intérêts…
Mais ce n’est pas cette raison qui est mise en avant pour justifier tous les sacrifices humains perpétrés de par le monde, au nom de la quête de la Sainte Croissance Eternelle… Non, il faut de la croissance au nom de l’emploi ! Ce préjugé nous apparait être d’une telle évidence que nous ne nous interrogeons plus à son sujet. Il est temps de dévoiler ce leurre car c’est au nom du retour de cette croissance que nos politiques encouragés par nos économistes libéraux (qui sont les intégristes les plus dangereux de notre époque), détruisent nos sociétés humaines.
On pourrait résumer le discours ainsi : « la croissance économique nous apportera richesses et emplois pour tous. Mais nous sommes trop riches et privilégiés pour le moment, c’est pourquoi il faut commencer par des sacrifices en détruisant vos privilèges. Ensuite, la croissance reviendra ! Bref, pour vous enrichir demain avec la croissance, il faut vous appauvrir maintenant… » ça parait idiot comme ça, mais c’est le discours ambiant, de gauche comme de droite.
Tout d’abord, la croissance économique est présentée sous forme de pourcentage et témoigne de la progression du Produit Intérieur Brut. Première remarque, comparer des pourcentages sans faire référence au PIB témoigne de la bêtise ou de la manipulation (c’est pourtant ce que font les économistes médiatiques). En effet, 1% de croissance d’un PIB de 10 milliards et aussi important que 10% d’un PIB d’un milliard. Je me souviens d’un temps où les 10% de croissance de la Chine étaient comparés de manière fallacieuse, aux 1% de croissance de la France alors que le PIB français par habitant était pourtant environ 10 fois supérieur… tout cela pour nous faire avaler la destruction des acquis sociaux ?
Mais qu’est-ce que le PIB ? Le Produit Intérieur Brut est l’adition chaque année, de toutes les valeurs ajoutées de nos entreprises et administrations. La valeur ajoutée, c’est la différence entre le prix de vente et les consommations intermédiaires. Pour un boulanger par exemple, la différence entre le prix de son pain, l’achat de farine et de son four à pain, et des ses autres frais, fait sa valeur ajoutée. L’absence de croissance ne signifie donc pas qu’il n’y a plus de création de richesse comme cela est martelé dans les médias, mais que la création de richesse est la même que l’année précédente. De même, une croissance négative ne signifie pas qu’il y a destruction de richesse, mais que la création de richesse est moindre que l’année précédente.
En 1980 le PIB de la France était de 500 milliards d’euros. En 2012, il était de 2000 milliards d’euros… ce qui fait en trente ans une croissance du PIB de 400 % (qui peut prétendre sans mentir qu’il n’y a pas assez de croissance ?). Nous produisons quatre fois plus de richesses par an, qu’il y a trente ans. Comment prétendre que la France s’appauvrit et qu’il faut détruire son système social ? La vérité est certainement ailleurs.
Au cours de la même période, le nombre de chômeurs a, au minimum, été multiplié par 3 ! Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la croissance ne créé plus d’emplois. On peut même penser qu’elle les détruit. Et voici un exemple :
Si mon boulanger, achète un four ou une farine moins chère à l’étranger, tout en maintenant son prix de vente, il va augmenter sa valeur ajoutée et donc la croissance, tout en détruisant des emplois dans l’hexagone… C’est une réalité qui s’intensifie dans tous les domaines économiques depuis la mondialisation ultralibérale. Souvenez-vous du drame du Bangladesh (pays à forte croissance), où une usine textile s’est effondrée sur ses ouvriers esclaves, faisant des milliers de morts sur l’hôtel de la cupidité. Nous avons appris que l’entreprise française Auchan était cliente de cette usine et qu’elle faisait 60% de valeur ajoutée sur les vêtements qu’elle y faisait fabriquer. Voila un bel exemple de délocalisation de nos emplois qui augmente notre croissance économique.
D’autres exemples : Une entreprise dont le métier est la spéculation immobilière a tout intérêt à voir s’envoler les prix des immeubles. Ce qui augmentera sa valeur ajoutée et la croissance sans pour cela créer d’emplois. Une entreprise dont le métier est la spéculation boursière augmentera sa valeur ajoutée et donc la croissance avec l’envolée des cours des actions. (Ce qui, nous le savons, est généralement lié à la destruction d’emplois). Un grand club de foot, était jadis une association. C’est aujourd’hui une entreprise qui entre dans le calcul de la valeur ajoutée, du PIB et de la croissance. Voilà une manière d’augmenter artificiellement la croissance du PIB, sans que cela ne créé aucun emploi. Chacun pourra trouver des exemples autour de lui qui témoigne que non seulement la croissance ne créé plus d’emploi, mais qu’elle peut en détruire au nom de la productivité et des délocalisations.
En conclusion, l’unité de mesure de la croissance économique est la monnaie. Le PIB se chiffre en argent. Mais nous savons que l’accroissement monétaire n’a plus rien à voir avec le travail et la création de richesses comme précédemment expliqué. Aujourd’hui l’accroissement monétaire et donc du PIB, est lié à l’accroissement de la dette globale et l’emploi est jugé comme un coût qu’il faut maitriser et réduire. Vous avez sans doute remarqué que nos politiciens et économistes parlent de coût du travail et non de richesse créé par le travail.
Alors pourquoi courir après une croissance économique destructrice de nos emplois ? La vérité est ailleurs. Considérons la richesse comme un gâteau. La croissance du PIB témoigne de l’augmentation du gâteau et laisse espérer à ceux qui n’ont pas accès à ce gâteau qu’ils pourront accéder aux miettes. Pourquoi espérer avec obsession quelques miettes supplémentaires alors que le gâteau est déjà consistant ? Car tant que l’immense majorité est concentrée sur les miettes supplémentaires (la croissance économique), elle ne s’occupe pas de la minorité qui s’empiffre de tout le gâteau…
Vous savez maintenant pourquoi le discours sur la croissance économique est erroné et tendancieux. Il maintient les peuples dans la soumission, au nom des lendemains qui chantent à la manière d'un discours religieux qui bâti l'enfer sur Terre au nom du Paradis Céleste.
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