La déferlante des voitures chinoises en Algérie annonce-t-elle la fin de l’industrie automobile en Europe ?
Loin de leur présence discrète à Genève en 2005 et au Mondial de l’auto à Paris en 2006, la déferlante des voitures chinoises s’affiche au salon automobile d’Alger. Puissante, décomplexée, imaginative, à la portée de tous. A côté de quelques célébrités comme la Cherry, une myriade de marques se bousculent : Giantmotor, Foryota, JMC, Foton, Hafei et même une Jetta "made in China » bardée du logo VW. La liste est longue. Nul ne doit oublier qu’il existe 140 groupes automobiles en Chine. « Les Chinois dominent l’édition 2007. Dans cinq ans, ils seront peut-être les seuls à se présenter » remarque un organisateur. A leurs côtés, les constructeurs occidentaux font pâle figure. Certains ont déjà baissé les bras comme Renault, grand absent du salon. D’autres calment leurs nerfs en se moquant de ces marques inconnues. Ils s’amusent des techniques rudimentaires, du déjà-vu. Mais, dans l’ombre, ils tremblent. « Comment lutter contre des prix défiant toute concurrence ? déclare un constructeur européen. Comment batailler contre une stratégie de conquête absolue ? » Il ajoute : « les constructeurs chinois ont le gouvernement chinois tout entier comme un seul homme derrière eux ! Tous sont gavés à l’objectif proclamé que l’industrie automobile chinoise puisse représenter 10 % des échanges mondiaux du secteur d’ici à 2015 ! » « Dans nos pays, prolonge-t-il avec amertume, nous sommes assommés de règles, de contraintes. La voiture est devenue un sujet honteux. Certains souhaitent même sa disparition de nos villes. Que veulent-ils au juste, que nous nous défaisions de toute notre industrie ? Ce qui passe aujourd’hui en Algérie comme déjà en Syrie, c’est l’annonce de la fin programmée des usines d’automobiles en Europe ! » Le verdict est exagéré. Mais à observer l’empressement des Algérois autour des voitures, il s’impose presque. Pas seulement des Algérois mais aussi des Marocains, des ressortissants de pays africains qui ont fait le déplacement. Tous tiennent le même raisonnement : enfin des voitures neuves accessibles à des populations longtemps habituées à des voitures d’occasion en provenance de l’Europe ! Faites donc vos prix ! Le prix public d’un minibus de marque Wuling à 5 000 euros ; des pick-up au prix de 8 500 euros, des voitures bas de gamme frôlant les 3 000 euros. En 2006, les Chinois ont vendu 26 000 voitures en Algérie. « Et qu’importe la marque, déclare un habitant de Constantine, pourvu qu’on roule avec un certain confort ! » A moyenne échéance, les voitures chinoises s’adjugeront 50 % du marché algérien évalué pour 2007 à un potentiel de 160 000 voitures. Et chez les concessionnaires et les garagistes, l’effervescence gagne. Dans la banlieue d’Alger ou d’Oran, des panneaux foisonnent. « Ici prochainement telle marque chinoise ! »
La Chine est déjà le second marché du monde ! 4,4 millions de véhicules en 2003, 5,1 en 2004, 5,9 en 2005, 7,2 en 2006. La production devrait doubler d’ici trois ans. A échéance de 2012, la Chine sera le premier producteur et marché du monde avec une capacité de 20 millions d’unités. D’après les statistiques officielles, l’exportation automobile a dépassé pour la première fois l’importation automobile de 11 000 unités en 2005, avec 173 000 unités exportées. Pour l’année 2006, l’excédent est passé à 137 000 unités, principalement des camions et des petites voitures, la plupart exportés vers le Proche-Orient, l’Afrique et l’Asie centrale. Les indicateurs de tendance prévoient pour l’année 2007 une montée en puissance, avec 450 000 voitures exportées. En 2010, le chiffre pourrait atteindre 2 millions de véhicules. La déferlante s’annonce inexorable.
Pour en savoir plus « Le Petit Brévaire de stratégie des constructeurs automobiles chinois » (http://www.chine-informations.com)
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