La dette ! La dette ! Est-ce vraiment le bon sujet ?
En 1980, Raymond Barre, Premier ministre de la France, tel un cabri sur sa chaise, disait : « La France va droit dans le mur ... La France vit au-dessus de ses moyens ... ». Effectivement la dette de notre pays était catastrophique, selon lui. Elle atteignait la somme colossale de 64 milliards d’euros. Soit 15 % du PIB ! Nous nous demandions si le meilleur économiste de France, comme l’appelait le président Giscard, disait vraiment la vérité ou s’il se moquait de nous, pauvres incultes en économie, car cette matière, pourtant si essentielle, n’était déjà pas enseignée à l’école primaire, ni au collège.
C’est peut-être à partir de ces années-là que les Français ont commencé à écouter leurs politiques d’une façon soupçonneuse. A minimiser leurs propos. A s’en moquer même. Propos, qui souvent n’avaient d’intérêt que la mise en place d’une politique d’austérité. Politique d’inspiration monétariste, issue du célèbre prix Nobel d’économie Milton Friedman.
Aujourd’hui encore, ils crient "au loup !". Les politiques bien sûr. Tous, chacun de leur côté. Mais ensemble. La dette atteint désormais 63,9% du PIB. Est-ce supportable ? Est-ce hors des normes ? Sommes-nous les seuls des pays riches à avoir cette hauteur de dette publique ? Pourquoi les politiques français mettent-ils en avant notre dette, qui est la leur finalement ?
Supportable ? La maison France a dégagé en 2006 un revenu économique de 1 800 milliards d’euros environ. C’est sa création de richesse. Sa valeur ajoutée. Son PIB. Et elle doit quelques 1 150 milliards d’euros, pour lequel elle rembourse chaque année 50 milliards. Soit 3 % de ce qu’elle gagne, environ. Est-ce vraiment et sincèrement insupportable ? Quel ménage, qui gagnerait 1 800 euros par mois trouverait insupportable de rembourser 50 euros pour ce qu’il doit, même si c’est pour rembourser une dette dite de fonctionnement ? Aucun ! Mais le ménage "France", si !
Alors, soyons sérieux. Notre dette est très supportable. Même Raymond Barre ne sait plus quoi dire. En d’autres temps, pas si loin pourtant, avec une telle dette, il aurait déjà fait appel au FMI, qui lui aurait répondu : "Du calme cher ami, beaucoup de pays sont dans votre situation ... ".
Hors des normes ? Le pacte de stabilité de l’Union européenne prévoit un critère de bonne gestion de la dette, qui ne doit pas dépasser 60 % du PIB. A 59,99 % on ne dit rien. Au-delà de 80 % on fait un rappel à l’orthodoxie financière. C’est tout !
Avec 63,9%, la France est dans la bonne moyenne de la classe. Des pays comme l’Italie, la Grèce, la Belgique avoisinent ou dépassent les 100% ! Avec une dette de 1 500 milliards d’euros, l’Allemagne dépasse aussi les 60 %. Et, les États-Unis ne sont pas en reste, leur dette publique atteignait 66 % en 2005 selon l’Ocde.
La mise en avant de la dette ? En période électorale c’est pratique de dire que la dette pose problème et est la cause de tout. Cela permet à la personne qui sera élue de justifier la future austérité de sa politique économique et sociale. Les uns diront : "Pour résorber la dette qui nous a été laissée par le précédent gouvernement, il faut diminuer le nombre de fonctionnaires". Les autres : "Pour résorber la dette laissée par nos prédécesseurs irresponsables, il ne faut surtout pas alléger les prélèvements obligatoires. Voire même, il conviendra peut-être de les augmenter si ...".
C’est tellement plus simple de dire "Je vais réduire ceci ou cela". Tout le monde peut le dire et même le faire. Cela ne demande aucune imagination et surtout aucune compétence spécifique, même économique - c’est bien, car celle-ci n’est toujours pas enseignée à l’école de 2007, comme le prouve, en l’espèce et chaque jour, le faible niveau économique de beaucoup de politiciens.
Ce qui demande de l’imagination, de l’intelligence politique et économique, c’est de dire comment la France va faire pour enfin s’accrocher au train de la supercroissance mondiale qui entoure notre pays de tous les côtés.
C’est cela le vrai sujet d’aujourd’hui ! Celui que l’on va demander à notre futur gouvernement de réussir. Au-delà des incantations qui ne trompent plus personne depuis trente ans - surtout celles dont les autres auraient été la cause -, c’est finalement sur sa capacité à mettre en œuvre une véritable politique de croissance économique,qu’il devra rapidement être jugé.
Alors, Mesdames et Messieurs les postulants à la fonction suprême, c’est de cela qu’il faut nous parler. La dette, on connaît bien. Comment la diminuer en ne créant aucune croissance, on connaît aussi. Tout le monde peut "couper" dans les dépenses. C’est facile ! Il n’y a qu’à faire !
Mais, ce que l’on ne sait pas encore, et pourtant à quelques jours de votre élection, c’est comment vous aller enfin accrocher notre pays à la croissance planétaire ! 3 % de croissance nouvelle, c’est cinquante milliards de plus dans les caisses de la richesse nationale. Exactement ce que nous coûte, chaque année, la trop fameuse dette. 3 %, ce n’est pas vraiment beaucoup, quand tout le monde fait entre 3,5 et 10 !
Alors, au travail madame la Présidente / monsieur le Président ! Le challenge, votre challenge, le vrai, celui qui mérite débat, il est là devant vous et il s’appelle "croissance" et non "dette" !
14 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON