La dette, les AAA et les Français
Paroles de 2008
« La dette publique a mauvaise réputation. Elle aurait atteint un tel niveau qu’il importerait de réduire, drastiquement et sans tarder, les dépenses de l’Etat et des autres administrations publiques. Fardeau pour les générations futures, elle risquerait par ailleurs d’asphyxier notre économie. Enfin, si elle continuait à croître ou si les taux d’intérêt venaient à augmenter, sa charge deviendrait insoutenable, et la défiance des prêteurs rendrait l’Etat incapable de se financer.
« La rengaine catastrophiste, reprise fin juin par la Cour des comptes, n’épargne pas le registre des causes : l’endettement de nos administrations résulterait de la faillite morale des gouvernements précédents, laxistes à force de capituler devant les caprices des électeurs. Pour se racheter de ces condamnables facilités, il conviendrait de prescrire une longue pénitence : les responsables politiques devraient donc avoir le courage d’imposer la rigueur à leurs administrés, pour leur bien et celui de leurs descendants. Examinons une à une ces assertions assénées comme autant d’évidences » écrivaient Bruno Tinel, Maître de conférences à l’université Paris-I et Franck Van de Velde, Maître de conférences à l’université de sciences et de technologie Lille-I en juillet 2008 dans le Monde Diplomatique.
La France, un pays moins fiable que l’Allemagne
La dégradation du triple A français est annoncée depuis plusieurs semaines. La baisse des notes de nombreux pays européens était également envisagée. En anticipant la perte fatale annoncée de la note par excellence, Nicolas Sarkozy, pour garder la tête haute, s’appuyait sur l’espoir de la chute conjointe de l’Allemagne.
Standard & Poors, l’agence de notation, suivant les mouvements du marché, a pris en compte le taux des prêts d’intérêts opérés pour chacun des deux pays. « La France emprunte à des taux d’un pays noté BBB + », avait expliqué Standard & Poors à Médiapart. Le dernier taux imposé à la France se montait à 3,40%. Le taux pratiqué pour l’Allemagne était inférieur de plus de 1,3%. La note de l’Allemagne n’a, de ce fait, pas été dégradée contrairement à celle de la France, consacrant la différence de traitement des deux pays par les marchés.
Qu’est devenu le « Trésor National » ?
« S'agissant de la défense du AAA, c'est la France dans son ensemble qui est obligée de faire front. Cette note est un « trésor national » détenu en copropriété par tous les Français disait, en août 2010 l’essayiste Alain Minc, ami du président de la république. Le chef de l’Etat s’est instauré vestale du trésor s’en appropriant le mérite.
Le coût des intérêts de l’emprunt d’Etat représente d’ores et déjà le troisième poste des dépenses de l’Etat français. Les impôts sont aspirés par la prise en charge de ce poste.
Que recouvre la dette publique ? Selon le traité de Maastricht, elle est constituée par la dette de l’ensemble des administrations, les emprunts pris par l'Etat, les collectivités territoriales, les organismes publics et les entreprises publiques.
1995 : La dette publique au sens du traité de Maastricht s'élève à 663 milliards d’€
2000 : Elle s'élève à 827,3 milliards d ‘€.
http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&ref_id=NATTEF08318 –
Fin 2007 : Elle atteint 1 209,5 milliards d’€.
http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1190#encadre1
À la fin du premier trimestre 2010, elle s’établit à 1 535,5 milliards d€.
http://www.insee.fr/fr/themes/info-rapide.asp?id=40&date=20100630
La France a été incapable de réduire sa dette et de « rassurer les marchés ». La première conséquence a été une augmentation des taux d’intérêt des prêts d’Etat. L’Etat Français ne peut toujours pas, comme les autres pays européens, s’alimenter à la Banque Centrale Européenne dont le taux de prêt est aux environs de 1%, selon la volonté libérale. Tandis que les banques, auteures de nos tourments, ont autorisation de profiter de cet argent peu cher. Madame Merkel et Nicolas Sarkozy, principaux artisans du maintien de cet interdit ont peur d’un dérapage des gouvernements créant une inflation importante.
Nicolas Sarkozy en voyant la menace s’annoncer avait minimisé l’importance de cette dégradation à partir du moment où elle lui semblait inévitable. « Pour l'instant, (les agences) ont maintenu le triple A. Si elles devaient nous leretirer, nous affronterions cette situation avec sang-froid et calme. Ce serait une difficulté de plus, mais pas insurmontable. », a déclaré le président dans un entretien paru le 12 décembre dans le Monde.
Monsieur Sarkozy abdique bien vite ses ailes de gardien du « trésor national ».
Les Français coûtent trop cher et ne travaillent pas assez
Le « trésor national », tant loué, n’aurait plus de valeur pour le président de la dégradation. Il est abaissé au rang de péripétie anecdotique de notre histoire.
« Sur le fond des choses, ça ne change rien, a estimé le président français. Nous sommes face à une crise sans précédent qui nous impose de réduire nos dépenses, de réduire notre déficit mais aussi de trouver le chemin d'une nouvelle croissance en résolvant nos problèmes de compétitivité » rapporte l’AFP.
La France a un taux de 9,3% de chômage, le plus haut depuis douze ans, avec une croissance atone » indique l’AFP.
Est-il crédible de parler de relance de la croissance
- Alors que les chiffres de l’INSEE sont traduits par les économistes comme des révélateurs d’une récession aujourd’hui installée ?
- Alors que Monsieur Sarkozy veut encore réduire les dépenses. Qui remplira les carnets de commande des entreprises, vecteur de la croissance ?
-Alors que le taux de chômage jamais égalé parle de baisse du pouvoir d’achat. Qui videra les rayons des magasins ?
« Dans sa gestion de la crise, la France s’est placée dans le camp des pays ayant tentés de protéger au maximum l’emploi, provoquant de facto un effondrement de la productivité. Quand il y a encore de nombreux employés mais moins de travail, mécaniquement les salariés produisent moins par tête. » écrit Cyrille Lachevre, rédacteur en chef du service macro économie du Figaro, journal connu pour être la voix du gouvernement.
http://blog.lefigaro.fr/economie/cyrille-lachevre.html
En d’autres termes, selon Monsieur Lachevre, il n’y a pas eu assez de chômeurs en France.
Parallèlement, « Dans son étude annuelle sur la productivité comparée des pays du G7, l'Office national des statistiques (ONS) a laissé inchangé son palmarès : le travailleur américain arrive en tête, suivi du français, de l'italien, de l'allemand et du canadien. » nous apprend la Dépêche dans un article du 20.09.2011
Quel problème de productivité, Monsieur Sarkozy soulève-t-il ?
Pour respecter les engagements pris au nom de la discipline dans la zone euro, de nouvelles coupes budgétaires, de nouvelles réductions de crédits, de nouveaux impôts et taxes vont être imposés selon un schéma traditionnel.
Les ressources de l’Etat sont tributaires du mouvement inéluctable de modification de la répartition des impôts instauré par le gouvernement Sarkozy. La dégradation des ressources nationales trouve sa source dans une répartition de plus en plus injuste de l’imposition au profit des très grosses fortunes. Ce manque à gagner constitue une lourde part de la dette.
Un impôt qui se répartit, depuis cinq ans, en priorité sur les moins argentés, de loin le plus grand nombre des contribuables, mais qui ne peut en rien compenser le défaut de participation des plus fortunés.
Quand t’es petit, tu paies
« Les salariés du secteur privé travaillent aujourd’hui dans des entreprises plus grandes qu’il y a trente ans, quel que soit le secteur d’activité. Cette évolution s’est faite au détriment des entreprises de taille moyenne, alors que les petites entreprises concentrent toujours autant de salariés. (…) En 2006, 33 % des salariés travaillent dans une entreprise de plus de 1 000 salariés contre 27 % en 1985. En revanche, 38 % travaillent dans un établissement de moins de 20 salariés contre 34 % en 1985. » constate l’INSEE en avril 2010.
http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1289
L’injustice de l’impôt sarkozyen s’exprime également pour les entreprises.
« Les salariés du secteur privé travaillent aujourd’hui dans des entreprises plus grandes qu’il y a trente ans, quel que soit le secteur d’activité. Cette évolution s’est faite au détriment des entreprises de taille moyenne, alors que les petites entreprises concentrent toujours autant de salariés. (…) En 2006, 33 % des salariés travaillent dans une entreprise de plus de 1 000 salariés contre 27 % en 1985. En revanche, 38 % travaillent dans un établissement de moins de 20 salariés contre 34 % en 1985. » constate l’INSEE en avril 2010. http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1289
« Les grandes entreprises sont moins imposées que les PME, selon un rapport parlementaire publié mercredi, qui souligne qu'il est "urgent de travailler" sur l'exonération de certaines charges dont bénéficient les sociétés du CAC 40.
Toutes les analyses convergent pour constater que le niveau de l'imposition des plus grandes entreprises est significativement plus faible que celui des PME" peut-on lire dans la synthèse du document de Gilles Carrez (UMP), rapporteur général du Budget à l'Assemblée nationale. » expose un article de l’Express du 06.07.2011.
La déduction des charges pour les très grosses entreprises n’est pas remise en cause dans le projet de mesures de Monsieur Sarkozy. Seulement une supposé mauvaise qualité de productivité. Cependant les petites entreprises créent autant d’emplois que les très grosses. Les artisans avec trois millions d’actifs embauchent 100 000 personnes chaque année. Leurs 920 000 entreprises sont implantées sur l’ensemble du territoire.
La politique de Monsieur Sarkozy vise à rendre les citoyens ordinaires responsable de la grave dégradation économique du pays quant des voix de son bord s’élèvent pour dénoncer les injustices qui grèvent la santé financière du pays et détruisent progressivement la structure de solidarité issue de la Résistance et une administration qui fonctionnait bien.
N’y a-t-il pas une nostalgie du servage chez certains dirigeants libéraux ?
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