La facture d’électricité augmentera de 50% en 2020 !

Jean DESESSARD

membre du Groupe écologiste rapporteur de la commission d’enquête sur le coût réel de l’électricité afin d’en déterminer l’imputation aux différents agents économiques

J’évoquais précédemment la hausse du prix du gaz et voilà qu’en réponse le sénat présente un rapport quelques jours plus tard où il annonce une hausse du prix de l’électricité de 50% en 2020 !

Je n’ose croire que la coïncidence de ces deux annonces soit fortuite !

A qui profite le crime !

Cette hausse future de l’électricité permettrait elle de mieux faire passer une hausse immédiate du prix du gaz ?

Cette apparente symétrie, qu’une écoute trop rapide confond dans un amalgame intentionnel, cache cependant des situations très différentes :

Le prix du gaz, énergie importée, est indexé sur le pétrole et il est lié aux prix internationaux. Il a plus que doublé depuis 2000. Compte tenu de l’épuisement des réserves fossiles et de la demande croissante de consommation mondiale cette ascension n’est sans doute pas terminée ! A moins qu’une exploitation respectueuse de l’environnement revienne lui donner une « bouffée d’oxygène » grâce au gaz de schistes.

Si la hausse du gaz se poursuivait à ce rythme, le prix du gaz aurait augmenté de plus de 100% en 2020 pour le plus grand dam de notre balance commerciale qu’il plombe déjà de 13 milliards d’€uros. Alors que la balance électricité se traduit par un solde positif de 2,6 milliards d’€uros.

Les raisons avancées pour la hausse de l’électricité, s’apparentent plus à de l’investissement durable, à une préservation de notre indépendance nationale et de notre sécurité :

• La CSPE qui finance, entre autres, le développement des énergies renouvelables devrait plus que doubler.
• Le besoin d'investissements massifs dans l’entretien des réseaux et des moyens de production pour satisfaire une consommation en croissance,
• L’enchérissement du coût du nucléaire pour renforcer encore la sécurité de cette industrieNous allons inévitablement vers une hausse du coût des énergies qu’elle soit gaz ou électricité ; la « consolation » avec l’électricité, c’est que cette hausse préserve l’autonomie de notre pays et contribue à la limitation des gaz à effet de serre.

Je plains cette malheureuse Delphine Batho, notre ministre de l’Ecologie et de l’Energie, obligée de concilier l’inconciliable, qui au nom du pouvoir d’achat s’érige contre ces hausses.

 Elle insiste sur la nécessité d’une politique de sobriété et d’efficacité énergétique. Un peu comme ma grand-mère qui, malgré toutes les hausses de l’essence prenait toujours le même montant à la pompe : avec le temps, elle allait de moins en moins loin.