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La farce européenne

Jean-Claude Trichet, Patron de la BCE, et ses acolytes n’ont de cesse de rassurer marchés et investisseurs car, à les écouter, l’impact des crises souveraines de l’Europe périphérique ne sera que très marginal. Après tout, argumente Trichet, les P.I.B. combinés de la Grèce, de l’Irlande et du Portugal ne représentent que 5% du P.I.B. global de l’Union… Après tout, les engagements de ces trois nations sont plus ou moins équivalents aux titres pourris subprimes ayant sévi aux Etats-Unis qui peuvent aujourd’hui fièrement clamer avoir surmonté cette tourmente… Prenons Trichet au mot et poursuivons son comparatif avec les subprimes car il est – selon moi – un point commun indéniable entre la crise américaine des subprimes et la crise européenne. En effet et des deux côtés de l’Atlantique, le déni des dirigeants est identique … à moins qu’il ne s’agisse d’une malencontreuse confusion terminologique.

Soyons sérieux : les responsables au plus haut niveau des politiques monétaires et des stratégies financières sont persuadés avoir à gérer un problème de liquidité alors que c’est en réalité – et qu’on se le dise une fois pour toutes ! – une problématique de solvabilité qu’ils doivent affronter.

Ce faisant, ceux à qui nous avons confié les destinées de nos économies – et donc de notre bien-être – usent et abusent de cette auto suggestion en vertu de laquelle ils parviennent – à la faveur de tel sauvetage ou de tel colmatage – à se persuader d’avoir réglé toute la crise. La Réserve Fédérale US ne fut-elle ainsi pas certaine d’avoir jugulé la crise quand elle orchestra en Mars 2008 la prise de Bear Strearns par JP Morgan ? Quelques mois plus tard, en cet été 2008, ne fut-elle pas persuadée devoir gérer les derniers rebondissements en mettant Fannie et Freddie sous la tutelle de l’Etat ? Et quelle ne fut leur surprise lorsqu’ils furent confrontés à l’automne de la même année à l’inextricable insolvabilité de Lehman ? Ce n’est en effet que dans le sang et dans les larmes qu’ils furent amenés à prendre conscience de la centralité – primordiale pour l’ensemble du système financier – de la sauvegarde de Lehman…

Cette tragi-comédie ne vous rappelle-t-elle pas le printemps 2010 marqué par le renflouement de la Grèce par l’Union Européenne et par le F.M.I. ayant injecté environ 100 milliards d’Euros dans une économie dont ils nous assuraient en même temps qu’aucune autre nation européenne n’en aurait besoin ? Promis, juré : ce serait la « der des der » car nous – citoyens contribuables – étions instamment priés de croire que ces problèmes de liquidités affectant certains pays s’estomperaient une fois la confiance rétablie. L’Union et le F.M.I. ne devaient-ils toutefois pas réitérer ce scénario six mois plus tard vis-à-vis de l’Irlande … et aujourd’hui avec le Portugal ? De même, n’entend-on pas actuellement les sources autorisées faire de leur mieux pour nous convaincre que la Grèce, l’Irlande et le Portugal n’auront nullement besoin de restructurer leurs dettes ? En d’autres termes, d’organiser leur faillite ? Que d’efforts et d’énergie enfin pour clamer haut et fort que l’Espagne ne saurait être le prochain domino ! Après tout, la bulle immobilière espagnole combinée à ses endettements extérieurs et à son système bancaire hyper fragilisé sont quantités négligeables…

Marx avait bien raison quand il certifiait que – la seconde fois – l’Histoire se répète toujours comme une farce.


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9 réactions à cet article    


  • NeverMore 18 avril 2011 12:19

    Merci pour vos articles sur votre site, que je lis toujours avec un grand intérêt (et qui ne sont -hélas - que trop pertinents).


    • mac 18 avril 2011 13:06

      Il semble assez évident que nous vivons dans l’illusion la plus complète, que les problèmes de fond ne sont visiblement pas réglés et que de faire fonctionner la planche à billets pour payer des dettes ça na présage rien de bon.
      La seule question est de savoir jusqu’où ça peut aller et quand tout ceci risque de nous exploser à la figure ? 2011 ?2012 ?2013 ?
      Je suis personnellement assez étonné que cela ait tenu aussi longtemps car le jour où il y aura une prise de conscience générale de l’insolvabilité du système ça risque d’être le sauve qui peut !
      J’aimerais me tromper...


      • fifilafiloche fifilafiloche 18 avril 2011 14:35

        Les risques que fait peser la bulle immobilière, et donc la création monétaire inconsidérée, sur la valorisation des actifs de banques ne touche pas seulement l’Espagne mais tous les pays de l’arc euro méditerranéen (Portugal, Espagne, France, Grèce pour la zone Euro, Croatie pour les satellites).


        La décorellation entre salaires et valorisation du capital immobilier n’est pas tenable, l effet richesse ne peut compenser durablement les risques que fait poser cette exception historique. En faisant payer a tous les contribuables européens la spéculation sur ce besoin primaire, les gouvernements, dépendants de l effet de levier fiscal que procure cette spéculation, prennent la responsabilité de la paupérisation du plus grand nombre et au final l affaiblissement des économies européennes dans leur ensemble (même celles qui n ont pas utilisé le recours artificiel au capital pour doper leur croissance).

        Laisser retomber les prix au mépris des intérêts de court terme permettra d’assainir le système bancaire, de permettre au jeunes générations méritantes de se construire un capital indépendemment de l’héritage, bref de redistribuer les cartes de la rente vers le travail. 

        Si aucun gouvernement n’a le courage de laisser le marché revenir sur ses fondamentaux, la pression sera telle que le marché y reviendra de lui même de façon brutale.

        • alberto alberto 18 avril 2011 14:43

          Bonjour, M. Santi : j’aime bien votre nouveau look !

          Et puis vous élargissez le champ des citations de vos auteurs préférés...

          Mais diable, pourquoi ne pas aller jusqu"au bout du raisonnement et conseiller aux détenteurs de parts à la BNP, de se tirer en vitesse ?

          Bien à vous.


          • _Ulysse_ _Ulysse_ 18 avril 2011 16:27

            Comment ça une farce ?

            Mais non, l’euro est parfaitement viable, il n’y a pas de pb.
            Et de toute manière on ne peut pas revenir en arrière. L’euro nous protège et renforcent nos économies surtout les économies d’europe du sud. Et puis sans l’euro, que ferions nous ?
            Souvenez-vous dans les années 60,70,80 avec le franc comment c’était. La france ne pesait rien dans le concert des nations, incapable de défendre sa monnaie notre balance commerciale était catastrophique, les déficits vertigineux. Les loyers étaient tellement chers que bien des français dormaient dehors. Les heureux propriétaires s’endettaient sur 40 années. L’inflation était partout, la baguette à 1franc souvenez vous, c’atait terrible ! Le chômage était partout, personne ne trouvait du travail même à BAC + 5. L’industrie était en totale déconfiture incapable d’importer les matière premières nécessaire faute à la faiblesse du franc attaqué de toute part par des marchés affamés.

            Et puis, rendez-vous compte les dettes seront remboursées car si elles ne le sont pas tout s’effondrera ! Et le pauvre petit vieux qui compte sur sa retraire compémentaire il fera comment si les Grecs remboursent pas ?
            Non, non et non ! Que diantre ! Virez moi tout les fonctionnaires, vendez la totalité des actifs de l’état, bâtiments, terrains, infrastructures, entreprises . Et que chaque citpyen grec vende sa maison aux chinois, comme ca ils rembourserons leur dette ces chacals ! Ils n’auront qu’à vivre ailleurs qu’en grèce après tout ! smiley


            • Laurent_K 18 avril 2011 16:50

              « Soyons sérieux : les responsables au plus haut niveau des politiques monétaires et des stratégies financières sont persuadés avoir à gérer un problème de liquidité alors que c’est en réalité – et qu’on se le dise une fois pour toutes ! – une problématique de solvabilité qu’ils doivent affronter. »

              Ils savent pertinemment que ce n’est pas un problème de liquidités. Depuis au moins le 17 mars 2007 cad bien avant Lehman Brother ! C’est un cable de (l’horrible) Wikileaks qui le prouve.

              Cela pose des questions intéressantes sur leur motivations réelles. Et question conseil financier, je suggère l’or. Pas du papier, de l’or physique (des pièces ou si vous avez les moyens des lingots).

              P.S. : Comme les liens vers Wikileaks ont une tendance bizarre à ne pas toujours fonctionner (hum...), voici le résumé en français :

              Depuis l’été dernier, la crise des marchés financiers a changé de nature. Le problème est maintenant non pas celui de la liquidité présente dans le système mais plutôt une question de solvabilité systémique, selon les déclarations du Gouverneur de la Banque d’Angleterre (BOE) Mervyn King lors d’une rencontre à déjeuner avec le Sous-Secrétaire au Trésor Robert Kimmitt et l’Ambassadeur Tuttle. King a mis en avant deux impératifs. Premièrement, trouver le moyen d’éviter aux banques l’infamie d’avoir à vendre des billets de trésorerie dont personne ne veut à des prix bradés ou de devoir réclamer l’aide d’une banque centrale. Deuxièmement, s’assurer qu’il existe un effort coordonné qui pourrait devoir aller jusqu’à recapitaliser le système bancaire dans son intégralité. Quant au premier impératif, King a suggéré de développer un système de regroupement et d’enchères de manière à débloquer l’important volume d’investissements financiers pour lesquels il n’existe pour le moment aucun marché. Quant au second impératif, King a suggéré que les Etats-Unis, la Grande Bretagne, la Suisse, et peut-être le Japon puissent former un nouveau groupe provisoire qui dans un commun effort réunirait le capital nécessaire afin de recapitaliser toutes les principales banques. (traduction : http://fortune.fdesouche.com/29576-depuis-l%E2%80%99ete-dernier-la-crise-des-marches-financiers-a-change-de-nature)


              • BA 18 avril 2011 21:47

                Lundi 18 avril 2011 :


                Les cinq PIIGS : apocalypse 2011.

                 

                Italie : taux des obligations à 10 ans : 4,779 %.

                 

                http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GBTPGR10:IND

                 

                Espagne : taux des obligations à 10 ans : 5,554 %.

                 

                http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GSPG10YR:IND

                 

                Portugal : taux des obligations à 10 ans : 9,081 %.

                 

                http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GSPT10YR:IND

                 

                Irlande : taux des obligations à 10 ans : 9,757 %.

                 

                http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GIGB10YR:IND

                 

                Le plus apocalyptique, c’est la Grèce :

                 

                Grèce : taux des obligations à 2 ans : 20,335 %.

                 

                http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GGGB2YR:IND

                 

                Grèce : taux des obligations à 3 ans : 21,120 %.

                 

                http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GGGB3YR:IND

                 

                Grèce : taux des obligations à 5 ans : 16,620 %.

                 

                http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GGGB5YR:IND

                Grèce : taux des obligations à 10 ans : 14,549 %.

                 

                http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GGGB10YR:IND

                 


                • beo111 beo111 18 avril 2011 21:48

                  L’Union fait la farce.


                  • avocatdudiable avocatdudiable 21 mai 2011 23:04

                    Bizarre de citer Marx pour un Trader :) Pff les crises comme par hasard ressurgissent dans un continent ou un autre à chaque fois que l’euro ou le dollar ont assez des seuils techniques extrêmes et que la spéculation repart dans l’autre sens. Comme tout le monde le sait les hommes les plus riches de la planète le sont grâce à la Boursse. Alors faire fluctuer les Bourses grâce à des crises préfabriquées est devenue plus juteux que de monter une vraie entreprise capitaliste.


                    Quand les gens vont-ils en prendre conscience ? 

                    Le crédit c’est comme le nucléaire, une formidable invention pour extraire de l’énergie monétaire, ce n’est pas le crédit en soi qui tue c’est l’arrêt soudain du crédit. Et les pseudos-experts du crédit et de l’anti-crédit participent tous deux à occulter le coeur fondamental du problème. Qui contrôle la création monétaire ou ce crédit a droit de vie ou de mort économique sur toute une nation et maintenant sur tous les continents.

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