La FED adopte un taux d’intérêt « islamique »
La Reserve Fédérale ou Banque Centrale Américaine, institution privée qui regroupe les principales Banques américaines a réduit son taux directeur à une fourchette allant de 0 à 0,25 %. C’est un taux historique qui témoigne à lui seul de l’ampleur de la crise. Au mois de Septembre, au début de la chute des bourses et des marchés financiers, plusieurs économistes ont fait remarquer la solidité des banques islamiques : les prêts participatifs à taux 0 % sont-ils une des solutions à la crise par la possibilité offerte aux entreprises de se restructurer ou/et de lancer de nouveaux investissements ?

Le degré d’interventionnisme dans les économies dites « libérales », allant d’aides directes (plan Paulson) aux prises de participation dans les Banques (plan Brown) en passant par les annonces fracassantes de chaque pays d’injection de milliards de dollars et d’euros dans les économies, fait oublier que la crise financière a pour origine « une économie du vent « bâtie sur la spéculation financière, sur les profits exorbitants tirés de transactions non productives de biens ou de services.
La chute des bourses concomitante à la chute des cours du pétrole (1) n’est-elle pas qu’un réajustement de la valeur réelle des entreprises et des matières premières en dehors des anticipations spéculatives des traders dans des marchés en effervescence, alimentés par des médias qui confondent activité économique et jeu de hasard. Ces médias ont depuis plusieurs années encouragé l’accès des petits porteurs à la Bourse en présentant en boucle et de façon alléchante les »performances » des entreprises cotées omettant de préciser la part spéculative des cours boursiers et par là le risque de réajustement encouru.
Les Prêts Participatifs
Ce produit bancaire correspond à un prêt assorti d’une prise de participation dans l’entreprise pendant la durée de remboursement du capital. La Banque s’octroie en compensation d’un taux d’intérêt nul, une participation aux bénéfices et aux pertes de l’entreprise. En ce sens, elle n’est plus seulement « loueuse » d’argent à des taux qui peuvent à eux seuls handicaper le développement de l’entreprise et aboutir à des « fonds pourris », mais elle se transforme en actionnaire impliqué dans le développement de celle-ci. Si l’entreprise ne réalise pas de bénéfices, la Banque aura sa part de responsabilité dans l’octroi du prêt, c’est à dire dans l’étude de faisabilité et dans l’étude de rentabilité prévisionnelles, alors que dans le droit commercial classique, sa responsabilité dans les difficultés de l’entreprise est souvent judiciairement engagée.
Ce système est à la base du système financier islamique et les Banques Islamiques en font leur fonds de commerce suivant la Charia et d’après les préceptes coraniques (2) :
La crise et socialisation des pertes
C’est bien Sarkozy, du haut de la tribune de l’ONU qui critiqua au plus fort de « puissance » de Président de l’Union Européenne, et au lendemain de ses succès en Géorgie : « un système où quand on gagne, on gagne et quand on perd eh bien... on gagne encore, ce n’est pas normal » s’écria-t-il.
Entre les paroles et les actes, la realpolitik a pris le pas : le sauvetage des banques, dans les pays touchés par la crise, n’était plus uniquement une décision économique mais une décision politique et sociale : le retrait massif des fonds des particuliers allait entrainer et les banques et les particuliers dans le gouffre et l’annonce tapageuse des « aides » était davantage destinée à redonner confiance dans le système en le sauvant qu’à véritablement injecter des fonds qui n’existent pas par ailleurs, sinon à aller les chercher sur le marché international.
Mais au delà de cette « perfusion médiatique », coté classe ouvrière, classe moyenne, ménages, vous et moi, consommateurs assidus de l’information de masse, cette politique favorable aux plus riches est au détriment du « contribuable futur » qui voit depuis plusieurs années son pouvoir d’achat s’effilocher et qui ne pourra pas espérer travailler plus pour gagner plus, tout au moins espère-t-il dans ces conditions conserver son emploi actuel.
C’est dans cette recherche de la « justice sociale » que le capitalisme trébuche puis se relève : aide aveugle, puis aide conditionnée, réformes, puis ralentissement des réformes (enseignement, justice) aide ciblée, puis aide globale (concertation européenne, mondiale) tant la gravité de la crise est incalculable et sa durée insoupçonnable.
Le défi notamment pour la première économie mondiale est de reconstruire les fondements d’une économie réelle basée sur la création de richesses et non plus sur les spéculations, les stock- options, les rémunérations délirantes, les paradis dorés,... le vol et le vent.
Dans ce cadre, le système financier islamique (3) offre une alternative qui est économiquement et socialement saine et profitable avec un esprit Win-Win, gagnant- gagnant (4) tout en rejetant dans l’esprit et dans la lettre toute idée d’intérêt usuraire ou de profit démesuré, ce que vient de décider la toute puissante FED. Mais le ton est donné depuis plusieurs semaines par Sarkozy à l’ONU, décrit alors comme étant »sur les pas de Chirac » :
"Construisons un capitalisme régulé où des pans entiers de l’activité financière ne seront pas laissés à la seule appréciation des opérateurs de marché, où les banques feront leur métier", c’est-à-dire de "financer le développement de l’économie et non d’alimenter la spéculation. Construisons un capitalisme où les règles prudentielles s’appliquent à tous et servent à prévenir et amortir les chocs au lieu de les aggraver, où les agences de notation seront contrôlées, et sanctionnées si besoin, où la transparence des transactions remplacera l’opacité, où les modes de rémunération ne pousseront pas à des abus", a-t-il psalmodié (5).
A défaut d’un Bretton-Woods, une discipline de fer s’impose. En somme un système « islamique » qui ne porte pas son nom.
Références :
(1)Quand le pétrole était monté à 147 $, la part de spéculation dans ce cours était de plus de 50 $. La baisse de la consommation ne justifie pas la chute du prix du baril de 147 à 43 $.
(2)Le Coran :
Sourate 2 Verset 275 :
Ceux qui mangent [pratiquent] de l’intérêt usuraire ne se tiennent (au jour du Jugement dernier) que comme se tient celui que le toucher de Satan a bouleversé. Cela, parce qu’ils disent : “Le commerce est tout à fait comme l’intérêt”. Alors que Dieu a rendu licite le commerce, et illicite l’intérêt. Celui, donc, qui cesse dès que lui est venue une exhortation de son Seigneur, peut conserver ce qu’il a acquis auparavant ; et son affaire dépend de Dieu. Mais quiconque récidive... alors les voilà, les gens du Feu ! Ils y demeureront éternellement.
Sourate 2 V130.
Ô les croyants ! Ne pratiquez pas l’usure en multipliant démesurément votre capital. Et craignez Dieu afin que vous réussissiez !
(3) La première banque islamique d’Europe :
http://www.saphirnews.com/La-premiere-banque-islamique-d-Europe_a994.html
(4) La loi de la jungle n’est pas celle qu’on nous a apprise Par Sylvain Michelet
http://www.nouvellescles.com/article.php3?id_article=322
(5) Le Journal du Dimanche
http://www.lejdd.fr/cmc/international/200839/sarkozy-veut-son-bretton-woods_151228.htm
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