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La Fédération Européene des Transports (transports ferroviaires) proteste le 8 novembre 2011

Les 15/16/17 novembre 2011, les député(e)s européens débattront et voteront le projet de Directive « refonte du 1er paquet ferroviaire ». Après une analyse détaillée de ce projet, la Fédération Européenne des Transports qui rassemble des cheminots de 41 pays européens, a décidé d’organiser une journée d’action européenne le 8 novembre 2011 partout en Europe.

L’objectif de cette action européenne massive est de faire pression sur les débats parlementaires pour réorienter un texte qui ne vise qu’à donner un coup fatal aux entreprises historiques, à favoriser l’émergence d’entreprises extérieures au monde du transport ferroviaire, et à remettre en cause les garanties collectives des Cheminots des entreprises actuelles (publiques et privées).

L’enjeu est très important. Le projet actuel, s’il était adopté, serait un formidable accélérateur d’une libéralisation qui montre depuis une décennie tous ses méfaits, y compris en terme de résultats. Pour nous, cheminots, la sécurité est un réflexe !

Pour les personnels de l’Infrastructure...

Le manque important d’investissements publics, le recours accentué aux Partenariats Publics-Privés (où le risque financier est entièrement supporté par la collectivité), la soif de bénéfices rapides des intervenants privés, va accélérer la détérioration de la qualité du travail par l’allongement des visites et des parcours par exemple. Car l’entretien de la voie rentrera immanquablement dans le retour sur investissement pour les co-financeurs privés dans le cadre du P.P.P. L’histoire dramatique du chemin de fer britannique des années 80 et 90 est l’exemple flagrant de cette catastrophe en devenir. L’intervention d’un unique opérateur privé sur une ligne ferroviaire peut provoquer une gestion à l’économie de l’entretien de l’infrastructure. La stimulation de la concurrence privée sur les seuls segments rentables va accentuer les difficultés financières des lignes jugées déficitaires et provoquer leur fermeture. C’est aussi la remise en cause définitive de « l’effet réseau » (préservation des lignes à plus faible trafic) qui est structurant pour le mode ferroviaire comparable à un corps humain et sa circulation sanguine.

Pour les personnels du Matériel (entretien),

L’objectif de mettre à disposition les « services essentiels » (stations de carburants par exemple) pourra être étendu, dans les faits, à l’entretien courant ou accidentel des véhicules ferroviaires. Avec l’obligation de réaliser des interventions et réparations dans la seule optique du « moindre coût ». L’injonction européenne de séparer complètement les ateliers de maintenance des entreprises ferroviaires sera lourde de conséquences si elle était concrétisée. C’est la dernière étape avant la privatisation complète qui résultera de cette séparation.

La recherche du coût le plus bas, élément essentiel pour développer des marges bénéficiaires pour les entreprises va accélérer l’utilisation de pièces détachées usagées, réutilisées à l’extrême limite de la fiabilité entrainant une prise de risque (soi-disant calculée) sur la sécurité. Pour de nombreux cheminots chargés de l’entretien du matériel, la situation actuelle est déjà très difficile. En matière de matériel roulant ferroviaire, aucun risque ne peut être tolérable car il en va de la vie des cheminots, des voyageurs et de tous les usagers du rail.

Pour les personnels de la Circulation

Elément intégrateur dans la fiabilité du système ferroviaire, les cheminots gérant la circulation des trains quotidiennement connaissent des difficultés croissantes liées à l’afflux de nouvelles entreprises sur le réseau souvent saturé. Ils doivent aussi gérer les priorités définies arbitrairement entre les différents types et sociétés de transports (voyageurs, fret, travaux sur le réseau). Cela provoque des dysfonctionnements dans la circulation et la colère légitime des usagers.

La séparation complète exigée entre la circulation et les autres intervenants (infrastructure et transporteurs) a provoqué le délitement des solidarités professionnelles nécessaires qui permettaient des solutions rapides en cas d’incidents. Tous les cheminots constatent des retards de circulation qui sont dû autant par la faiblesse d’investissements que par une évolution structurelle qui empêche les flexibilités naturelles permettant efficacité et sécurité inhérentes au transport ferroviaire.

Pour les personnels des Gares

Pour le projet de directive, l’heure est à la marchandisation complète de nos gares. Les cheminots constatent la privatisation rapide de nombreux espaces sur une grande superficie faisant peser un risque sur la qualité de l’accueil et le meilleur fonctionnement d’une gare. La grande diversité des entreprises ferroviaires ne va pas manquer d’aggraver la situation actuelle. Il sera difficile pour les personnels d’une entreprise ferroviaire de répondre aux questions de voyageurs utilisateurs de services d’une société concurrente. Même avec des obligations minimales détaillées, l’arrivée voulue et encouragée par le projet de directive d’une multitude de nouveaux opérateurs privés et publics ne manquera pas de provoquer des dysfonctionnements réels pour les cheminots concernés et les voyageurs. Ceux-ci connaissent déjà de nombreux problèmes liés à la diversification des modes de distribution souvent hermétiques les uns par rapport aux autres (vente en guichet, internet, téléphone). Ils connaitront demain la diversité dans le principe européen du dogme de la « concurrence libre et non faussée » qui ne s’exercera que sur les voyages « rentables ». Ce sera le low-cost aérien appliqué au réseau ferroviaire avec des trains aux horaires confirmés peu de temps avant le départ à l’image des charters aériens des années 80 ! Une forte détérioration des conditions de travail des personnels des gares est probable dans ces conditions si le projet était adopté en l’état.

Pour tous les cheminots

C’est la remise en cause des entreprises publiques actuelles par l’article 5 du projet (statut juridique, conditions contractuelles des personnels). C’est exactement ce qui s’est passé pour le secteur de l’énergie, de la poste et des télécommunications, avec immanquablement une hausse des tarifs pour les usagers et souvent des problèmes de qualité dans les services.

Très hypocritement, cette limitation rend inopérant la liberté de faire grève par le biais d’une annexe traitant de la qualité du service (annexe 8 du projet). C’est la remise en cause de l’exercice du droit de grève.

C’est le contrôle presque complet de la Commission (instance bureaucratique de l’Union) sur les affaires ferroviaires nationales (article 60 du projet) qui, sous couvert d’une utilisation abusive de l’article 290 du Traité Européen de Lisbonne (actes délégués) entend réorganiser les entreprises historiques et encourager le secteur privé, dans tous les Etats, sans contrôle démocratique (par les élus européens et nationaux).

C’est aussi la privatisation des réseaux ferroviaires financés par les citoyens européens par leurs impôts et taxes publics avec le recours devenus presque obligatoires devant le carcan du Pacte de stabilité budgétaire par les Partenariats Publics Privés que certains pays connaissent bien avec l’octroi au secteur marchand des autoroutes payantes.

Sous le prétexte de « l’équité concurrentielle », le secteur privé exige le démantèlement des grandes entreprises publiques ferroviaires dans certains pays et la poursuite de la libéralisation dans ceux qui ont vu leurs compagnies historiques éclatées en une multitudes de filiales par des montages type Holding pour certains et des séparations complètes pour d’autres.

Mais rien n’est inéluctable ! Les jeux ne sont pas faits ! Les cheminots peuvent se faire entendre car ils connaissent tous leurs métiers mieux que d’autres qui ne portent d’intérêt à ce mode de transport que par la marge bénéficiaire potentielle.

La Fédération Européenne des Travailleurs des Transports (ETF) considère que ce projet de « refonte « et certains amendements proposés constituent un vrai danger pour les chemins de fer en Europe.


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4 réactions à cet article    


  • BA 8 octobre 2011 13:55
    Samedi 8 octobre 2011 :

    Crise en Europe : les patrons français, italiens et allemands veulent un nouveau traité.

    Les confédérations patronales française, allemande et italienne ont appelé samedi à la mise en chantier d’un nouveau traité susceptible de surmonter les déficiences actuelles de la zone euro.

    « Afin que puissent être établies les fondations d’une Europe du XXIe siècle prospère et politiquement forte, nous demandons à l’Union européenne de lancer le chantier d’un nouveau Traité, qui constituera une étape nouvelle vers une Union politique et économique plus étroite », ont affirmé le Medef français, le BDI allemand et la Confindustria italienne.


    Encore un nouveau traité européen ?

    Mais pourquoi ?

    Parce que les traités précédents n’étaient pas assez libéraux ?

    • zelectron zelectron 8 octobre 2011 15:24

      Vive les autocars bien moins chers pour remplacer le rail bien trop cher ...


      • PJC1169 8 octobre 2011 19:38

        jusqu’au jour ou les conseils généraux ou régionaux feront payer l’usure des routes (il faudra bien les entretenir et pour cela faire appel aux usagers responsables de l’usure) au prorata de la charge et du nombre d’essieux. Ce jour-là les autocars cesseront d’être moins cher et le transport routier se fera concurrencer par le transport ferroviaire.
        N’oublions pas que le coût et l’entretien des routes sont à l’heure actuelle payés par la collectivité. Tout comme l’a été celui des voies de chemin de fer jusqu’à un passé récent.
        Poussons jusqu’au bout la logique libérale, après nous pleurerons.


      • jeanpaul01fr 10 octobre 2011 15:46

        Effectivement, s’il y a autant de camions, c’est bel et bien parce que le coût du transport routier est beaucoup trop sous-évalué. 80% du coût du transport routier est supporté par la collectivité et c’est simplement scandaleux.
        Pollution, accidentologie, dégradation de l’environnement et des paysages, il est temps d’arrêter, par exemple, de récolter le lait en hollande, pour le transporter ensuite en Grèce pour brasser des yahourts, et transporter ceux-ci à travers l’Europe pour les vendre en Allemagne...

        Si le coût du transport routier était évalué à son juste prix, de telles aberrations n’existeraient plus...
         

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