La France et la culpabilité
A l'heure où François Hollande vient de perdre à la table des négociations européennes contre Merkel et Cameron, une nouvelle pique sur le système français de la part de Huw Pill, économiste en chef chez Goldman Sachs, nous est relatée par le Huffington Post.
Une nouvelle occasion de réclamer une baisse de la dépense publique en s'appuyant sur une "culpabilité" du peuple de France.
Huw Pill ne mache pas ses mots quand à l'égard de la France mais délivre un discours qui nous est familier.
Sophie Pedder, journaliste à The Economist, faisait publier "Le déni français", livre dans lequel elle se plait à considérer les citoyens de l'Hexagone comme des "enfants gatés" et qu'il faudra impérativement baisser notre dépense publique et le coût du travail.
Deux discours, qui sentent étrangement le conflit d'interêt.
En ce qui concerne Goldman Sachs, nul besoin est de présenter cette banque qui s'est révélée être un acteur majeur de la crise de 2008 et tout simplement un des plus grands responsables, encore impuni à ce jour. Pas besoin d'être diplomé d'HEC pour imaginer ce que pourrait tirer Huw Pill de telles mesures.
Une baisse de la dépense publique dans la santé ou l'éducation par exemple créerait sans nul doute de nouveaux marchés bien juteux que Goldman Sachs s'empresserait de saisir.
La petite nuance vient cette fois ci du fait que Huw s'attaque aux salaires directement, et non pas au cout du travail (salaires + cotisations patronnales).
Avec cette variation, Goldman Sachs est elle en train de griller des étapes ?
Ce qui part sur un constat d'ordinaires soucieux des entreprises ne pouvant embaucher car devant payer le double d'un salaire pour avoir un nouvel employé, ne cherche t'elle pas plutôt a augmenter encore une fois le gain de redistribution des bénéfices aux actionnaires ?
Quant à "The Economist" prétenduement indépendant, est-ce necessaire de rappeler son affiliation à la Banque Rotschild ?
Mais il n'y a pas qu'à l'étranger où on se prête à l'exercice de "redressement des torts" de la Françe.
Chez atlantico.com, leur article sur cette déclaration d'Huw Pill (lien ici) offre même un simulacre de débat sur le sujet.
Les analystes constituant les deux parties s'avèrent tout aussi désintéressés que ceux de Goldman & Sachs.
Alors que Gérard Thoris fait partie du think tank "Insititut de l'entreprise" fière d'avoir des adhérents cumulant 20% du chiffres d'affaires national, alors que Nicolas Bouzou fait partie du "Cercle Turgot" associé au groupe Acxior.
Le but est clair : réduire les avantages sociaux, réduire les salaires, augmenter le temps de travail.
Ça fait beaucoup à demander aux Français et si notre gouvernement semble être partisan de la manière douce pour installer, Goldman Sachs et consort eux veulent la manière forte.
Comment y procéder ? La culpabilité.
Les voisins l'ont déjà fait et nous serions les vilains petits canards refusant de rentrer dans le rang. Les Français seraient désormais responsable de la crise économique et du chomage (que l'on a tourné magiquement en crise "étatique") puisqu'ils ont osés garder l'héritage du Front Populaire.
Sachant bien sur que 50% des Francais, les plus modestes se partagent 6% du patrimoine national. Et que nous avons la meilleure productivité horaire du Monde, devant celle des Allemands qui se plaisent à nous donner des leçons.
Mais voila, nos "parents", de nous "enfants gatés" désirent nous rappeler à l'ordre et nous donner une cure, qui a laissé l'Espagne a terre.
Tant pis si l'on souffre, implicitement nous l'aurions mérités. Tout comme les Grecs qui se battent pour se nourrir et se réchauffer, que l'on nargue pour avoir eu des fraudeurs aux impots.
Laissons les souffrir. Les aider en supprimant leur dette est parfaitement dispensable.
On retrouve dans cette attitude le même esprit de sélection Darwinienne que l'on connait chez les extremistes libéraux.
Après tout l'école de pensée de Friedman ne disait elle pas qu'il ne fallait pas aider les démunis, sous peine de les transformer en assistés ?
Ce discours s'avère d'autant plus incontournable que l'on peut l'entendre dans tout les médias dont les propriétaires possèdent des interêts allant dans ce sens, alors que l'on trouve son contrepoint dans les analyses des "Economistes Atterés" et "Roosevelt 2012" pour en citer quelques uns.
Ou tout simplement Henry Ford qui préconisait pour ses employés d'avoir des salaires assez conséquents pour qu'ils puissent acheter ses propres voitures.
Joseph Stiglitz offre un autre constat sur ces réductions de dépenses publiques.
Si ces chers représentants de Goldman & Sachs et The Economist peuvent avoir une part de vérité dans leurs discours (les cotisations peuvent être trop importantes pour certaines PME pour embaucher ; on dépense trop d'argent concernant les salaires de nos élus) faut il pour autant nous considérer comme "irresponsables" quand l'autre diagnostic venant d'économistes indépendants et ne présentant pas de conflits d'interêts potentiels ?
Ne s'agit il pas la d'un "arbre cachant la forêt" de ceux a qui profite la crise ?
Enfin tout simplement :
Peut-on accepter de recevoir des leçons d'une banque qui incitait ses clients à parier sur la chute financière de l'Europe, quand elle-même, pariait contre eux ?
24 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON