Le mercredi 09 décembre 2009 au 19ème étage de l’immeuble SCIAM, abritant le Ministre de l’Economie et des finances, dans une atmosphère détendue, et l’Ambassadeur de France en Côte d’ivoire ont conclut un accord sur l’annulation de la dette d’un montant de 205 milliards de francs CFA. La Côte d’ivoire vient de bénéficier non seulement d’une réduction de sa dette mais aussi d’un rééchelonnement de 314 milliards de francs CFA soit 697 millions de Dollars US sur une période allant de 23 à 40 et d’un différé exceptionnel de 990 milliards de Francs CFA environs 2,2 milliards de Dollar US.
A l’occasion de cette signature l’Ambassadeur de France en Côte d’ivoire, SEM Jean-Marc Simon est revenu sur l’effort entrepris par la Côte d’ivoire pour arriver à ce résultat. Il dit à ce sujet ‘‘je voudrais au nom du gouvernement de Français adresser mes félicitations à la Côte d’ivoire qui pu, par ses efforts, se rendre éligible à l’initiative qui a été prise pour mettre le désendettement des pays pauvres très endettés’’. En effet la Côte d’ivoire a atteint le point de décision de l’initiative renforcée en faveur des pays pauvres endettés (PPTE). Ainsi pour joindre l’acte à la parole la France premier partenaire économique de la Côte d’ivoire a décidé d’éponger une partie de sa dette. C’est environ 90% de la dette éligible qui a été annulée. En ce qui concerne les différés il faut souligner que, selon SEM Jean-Marc Simon, ils correspondent à l’annulation de 67% des arriérés de dettes commerciales pré-date butoir et 90% des échéances sur la durée des programmes FMI. Dès que la Côte d’ivoire aura atteint le point d’achèvement, toujours selon l’Ambassadeur, la France accordera à la Côte d’ivoire la part restante de l’allègement de la dette d’elle dans l’initiative PPTE.
De son côté la Côte d’ivoire s’engage a affecté les ressources ainsi obtenues aux objectifs prioritaires identifiés dans le cadre du Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté. Pour le Ministre ivoirien de l’Economie et des Finances Charles DIBY Koffi ‘‘ la Côte d’ivoire s’est engagée à chercher un traitement comparable de la part des ses créanciers privés et bilatéraux non membres du Club de Paris’’. Malgré ce coup de pouce, la Côte d’ivoire attend beaucoup de la France surtout quant on sait que la structure de la dette de la Côte d’ivoire est composée de 83% de prêts sous forme d’appui budgétaire et 17% de prêts projet.
Par ailleurs, au delà des soubresauts qui ont émaillé les relations franco-ivoiriennes, la France avec environ 700 entreprises reste des principaux animateurs de la sphère économique ivoirienne. Cette annulation qui n’est pas la première dans les relations séculaires entre ces deux pays amène certaines personnes à s’interroger sur le réel enjeu de l’annulation de la dette pour la Côte d’ivoire d’une part, et sur l’usage effectif du flux financier issu de cette annulation par les autorités ivoiriennes d’autre part. En tout état de cause, la problématique de la dette des pays en voie de développement a toujours alimenté les débats économiques. Chacun y va de sa contribution dans la superposition fiction et réalité en considérant la réduction de la dette comme un signe de relance économique. Mais la perméabilité de cette réflexion demeure l’usage des gains financiers que réalisent des pays comme Côte d’ivoire. Ainsi le simple ivoirien peut s’interroger sur la bonne volonté des autorités a tenir leur engagement. Toutefois selon l’hypothèse d’une future annulation, n’est-il pas nécessaire de convertir les flux financiers, fruits de l’annulation, en prêts de projet par investissement direct ? Cela sera sans doute plus bénéfique pour des populations de plus en pauvres.