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Accueil du site > Actualités > Economie > La France, un grand parc nucléaire mais une électricité trop chère pour (...)

La France, un grand parc nucléaire mais une électricité trop chère pour l’industrie !

 

Coup de chapeau aux politiciens. L’électricité devient chère dans le pays qui a la plus grande et la plus performante production d’électricité nucléaire par habitant au monde !

L’ouverture à la concurrence du marché de l’électricité permet à EDF de fixer librement ses prix alors que les concurrents étrangers ne peuvent ni créer de nouvelles capacités de production en France, ni y acheminer de l’électricité à un meilleur prix. A court terme, les grandes usines chimiques, métallurgiques, papetières sont menacées. Le consensus politique pour reporter à 2008 les hausses de l’électricité vendue aux particuliers conduit à sacrifier sans débat 100 000 emplois déjà menacés.

De 1975 à 2000, l’industrie française est passée de 6 à 4 millions d’emplois. Mais pendant cette période, de très gros investissements ont créé ou modernisé des sites de production sidérurgique, de chimie, d’aluminium, de fonte, de papier ou de verre. Pour Pechiney, Sacilor, Saint-Gobain, Kimberly Clark, la France avait un avantage comparatif : le prix de l’électricité.

Depuis 2000, les destructions annuelles d’emplois industriels ont doublé par rapport à la période précédente . Entre 2000 et 2010, un emploi industriel sur quatre aura été supprimé. La cause principale du déclin de l’emploi dans les secteurs manufacturiers (cuir, textile, électronique, meuble, équipements automobiles et aéronautiques) n’est plus seulement l’avantage comparatif des pays à bas salaires. Il existe une nouvelle cause de délocalisation, la cherté de l’électricité pour l’industrie, alors même que l’électricité produite en France est la moins chère d’Europe de l’Ouest !

Les prix ont doublé depuis 2000. En 2006, de grands groupes internationaux comme Pechiney ou Stora Enso (papeteries) ferment leurs sites les moins productifs... en France, à Lannemezan (260 emplois) ou à Corbehem (600 emplois). Le président de Saint-Gobain annonce que ses nouveaux fours seront installés ailleurs à cause du prix de l’électricité. 70 000 emplois des grandes usines « électro-intensives », auxquels s’ajoutent les dizaines de milliers d’emplois indirects, sont délocalisables.

L’ouverture à la concurrence de la téléphonie fixe, au niveau international, national et local, a bénéficié aux consommateurs. La concurrence dans les services postaux express profite aux clients et a permis la création de grands opérateurs mondiaux, comme DHL - la poste allemande ou TNT - la poste néerlandaise.

Pour l’électricité, qu’avait la France à gagner avec la création d’un marché concurrentiel européen ? Le pays dispose d’un parc de centrales nucléaires (1 réacteur pour 1 million d’habitants contre 0,3 aux USA, le second pays nucléaire) qui produit l’électricité la moins chère d’Europe de l’Ouest. Le pouvoir politique national fixait les tarifs d’EDF. Dans le nouveau système, EDF vend son électricité au prix de son concurrent étranger le moins productif. Les grands clients français n’ont pas de fournisseurs alternatifs. L’appel d’offres des sept usines les plus consommatrices d’électricité de France a été infructueux faute de candidats. De plus, dans le nouveau système, les tarifs d’électricité connaissent des pics tarifaires (jusqu’à 100 euros le mégawatt au lieu de 30 en moyenne) qui étaient inconcevables auparavant. La volatilité des prix crée un marché spéculatif de l’électricité.

Dans l’ancien système, l’industriel était gagnant, dans le nouveau, c’est le trader. Le nouveau système crée un potentiel de spéculation sur les actions et sur les prix car la demande dépasse l’offre. Ce déséquilibre est structurel pour deux raisons : il est difficile d’installer des nouvelles centrales nucléaires pour maintenir la capacité de production (car des centrales sont arrêtées), ou pour l’augmenter. Il est aussi quasiment impossible de créer des réseaux aériens de transport d’électricité entre les pays européens, à cause de l’opposition des riverains ou des Verts.

Le marché européen de l’électricité n’est pas plus concurrentiel que quand il était national et dominé par un monopole public encadré. Le changement principal est que la mission des opérateurs nationaux (EDF, Enel, Endesa...) n’est plus d’assurer une fourniture d’électricité à long terme mais de générer des profits à court terme. Or, les industries consommatrices d’électricité sont des activités capitalistiques de long terme. Elles ne peuvent pas prospérer si le souci du long terme n’est pas partagé par les fournisseurs de l’électricité.

Le scénario actuel est catastrophique : dans le nouveau système, un industriel a intérêt à transférer ses capacités dans un pays à bas salaire, hors union européenne, où l’Etat a encore sa propre politique d’électricité. Les Français paieront plus cher l’électricité après avoir fait l’effort de financer la recherche et un parc nucléaire performant. Les Français paieront aussi les retraités d’EDF qui sont directement à leur charge dans le budget de l’Etat depuis deux ans. Les seuls gagnants de cette politique débile seront les opérateurs financiers qui spéculeront sur l’électricité et sur les actions des entreprises d’énergie.

L’heure est à la prise de conscience, à droite et à gauche, que ni la fusion GDF-Suez ni la renationalisation d’EDF ne traite le problème posé par le cadre issu des directives européennes créant un marché unique de l’électricité.


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26 réactions à cet article    


  • panama (---.---.198.59) 24 octobre 2006 11:39

    Mais pourquoi EDF vend-t-elle son électricité à ce prix ?

    Pas de rapport avec la question des retraites et des avantages sociaux de ses employés ? Il faut bien payer tout ça. L’état (c’est à dire les citoyens) ne peut pas tout prendre à sa charge.


    • l’uranium nous enrichit ! (---.---.64.135) 24 octobre 2006 11:51

      Un autre probléme est le démantélement des centrales trop anciennes ,la privatisation d’EDF réussira à masquer les contraintes d’un tel chantier ?

      Pour MétalEurop ,les actionnaires ont préferé plier bagages ...


      • T.B. (---.---.21.162) 24 octobre 2006 11:57

        Pascal Perez, avant d’aller plus loin, pouvez-vous dire où vous avez trouvé les chiffres sur le prix du mégawatt (industriel et pour particulier) concernant les pays d’Euope ? (exemple, jusqu’à 100 euros le mégawatt au lieu de 30 en moyenne) Perso, j’ai longtemps cherché sur le net et n’ai jamais rien trouvé. Cela m’intéresse beaucoup. Et cela permet, surtout, de se baser sur du tangible pour analyser ensuite correctement la situation.

        Je ne parle pas du nombre de réacteurs, produisant chacun entre 950 MW et 1450 MW. Il y a en a 58 en France et nous sommes 62 millions. 1 réacteur pour 1 million d’habitants, ok. De façon brute. En réalité, 12 ou 15 sur les 58 vont directement à l’export. + environ 6 réacteurs en auto-consommation nucléaire.


        • Kwh (---.---.248.62) 24 octobre 2006 12:03

          Direction Générale de l’Énergie et des Matières Premières, Observatoire de l’Économie de l’Énergie et des Matières Premières, Observatoire de l’Énergie. Septembre 2006

          Prix du gaz et de l’électricité en Europe au 1er janvier 2006


          • T.B. (---.---.21.162) 24 octobre 2006 12:14

            Merci beaucoup mais « page introuvable ». Le lien entier copié/collé non plus. Problème technique momentané ?


          • Kwh (---.---.248.62) 24 octobre 2006 12:15

          • T.B. (---.---.21.162) 24 octobre 2006 12:31

            Merci encore.

            Mais ça commence mal pour l’article. Désolé.

            Usage domestique : Le moins cher est la Grèce en HTT et TTC. Pas la France !

            Usage industriel : Les moins chers sont la Finlande en HTT et la Suède en TTC. Pas la France !

            Je continuerai plus tard ...


          • Pascal Perez (---.---.56.63) 24 octobre 2006 15:06

            la volatilité des prix de l’électricité se lit sur les statistiques de marché de Powernext, la bourse de l’électricité. Le prix de 200 euros le MW a été dépassé en juillet 2006.

            http://www.powernext.fr/modules/PwnDl/download/files/fra/DAM_Statistics09-2006.pdfe

            Cordialement Pascal Perez


          • T.B. (---.---.21.162) 24 octobre 2006 17:58

            Pascal, je ne vous parle pas de la bourse. Je relève simplement que vous écrivez dans votre article « Le pays dispose d’un parc de centrales nucléaires (1 réacteur pour 1 million d’habitants contre 0,3 aux USA, le second pays nucléaire) qui produit l’électricité la moins chère d’Europe de l’Ouest. »

            Or, cette affirmation n’est pas fondée. C’est un peu dommage pour la crédibilité de votre article, car celui-ci s’articule autour de cette « idée-force ».

            Et je suis archi contre toutes formes de boursicotage. Cela revient à faire le jeu des grands goupes, des médias sans concertation citoyenne.


          • Ben Ouar y Villón Brisefer 24 octobre 2006 12:24

            Bravo et merci,

            vous avancez un point de vue d’économiste selon lequel les directives européennes de libéralisation des marchés et les puissances publiques sont in-com-pa-tibles.

            L’Europe telle qu’elle fonctionne et les services publics sont ennemis. L’intérêt général s’en trouve menacé.

            Le « complément d’enquête » sur le Gaz lundi 23 octobre 06 ne dit pas un mot des 70 % d’augmentation du Gaz depuis 2000 ! GDF peut donc annoncer des profits record et rendre sa candidature plus « sexy » aux yeux des investisseurs et des actionnnaires. BRETON, dehors ! smiley


            • Sam (---.---.116.120) 24 octobre 2006 12:45

              Brisefer

              Bravo Benoit !


            • valerian (---.---.213.131) 24 octobre 2006 12:30

              Vous avez tout a fait raison. C’est un point que l’on ne parle pratiquement jamais et l’on se contente de comparer les salaires des ouvriers, Pour avoir travaillé en Chine & en France dans la métallurgie, le prix de l’electricité est sensiblement équivalante. La grosse différence provient de la qualité. Dans ce genre de pays, il y’a de nombreuses coupures voir des délestages programmé par manque de centrale. Je peux vous dire qu’en terme de productivité cela se paye sur le produit final. Nous avons en France un avantage que l’on exploite pas car la concurence fait augmenter le prix de l’énergie.


              • Petit (---.---.60.48) 24 octobre 2006 12:34

                Petite remarque.

                Ce n’est pas tant les verts ou les riverains qui empêchent la construction de lignes à très haute tension que l’inutilité économique de le faire. Car 1) On exporte notre plus électricité qu’on n’en importe, ça risque de durer avec le désengagement du nucléaire de certains de nos voisins, dans ce cas on construit les centrales à coté des frontières ce qui amène au 2) Tant qu’on aura pas découvert le saint graal des électiciens (le supraconductivité), ça servira à rien de construire une centrale nucléraire à Biaritz pour vendre sa production en Estonie. Le marché unique ou plus exactement le marché concurentiel est une abération en terme technique et économique.

                Par contre oui ils sont en général opposé à la construction de nouvelles centrales nucléaires.


                • Sam (---.---.116.120) 24 octobre 2006 12:43

                  L’ouverture à la concurrence de la téléphonie fixe au niveau international, national et local a bénéficié aux consommateurs. La concurrence dans les services postaux express profite aux clients et a permis la création de grands opérateurs mondiaux, comme DHL - la Poste allemande ou TNT - la poste néerlandaise.

                  Téléphone dont les tarifs n’ont cessé de monter depuis des années.

                  Essentiellement par l’ouverture à la concurrence des PTT, devenus F.T., qui ont perdu des milliards d’euros dans leurs appétit nouveaux de croissance face à la concurrence.

                  Nous avons dû, nous devons payer. Le téléphone, c’est les couts de com toujours très chers localement, mais avec le prix de l’abonnement qui rend insupportable la note !

                  Prix d’abonnement que FT maintient très haut, pour rembourses ses dettes et reprendre sa marche au profit, qu’on appelle « bénéfice de la concurence » pour le consommateur gogo.

                  Accessoirement, c’est aussi pour que, dégoutés de cette dérive de la concurrence, les gens quittent FT, ce qui se fait de plus en plus. Ainsi, ils iront vers d’autres boites privées, qui,elles, n’en doutons pratiquent une concurrence vraie, celle qui augmente la qualité des produits, la rapidité d’exécution et surtout, surtout, fait baisser les prix pour tous.

                  Voyons La Poste privatisée : du point de vue de l’immense majorité des clients de la poste, vous et moi, les tarifs ont augmenté, et augmentent encore, et le service est indiscutablement bien moins bon qu’avant la privatisation.

                  Evidemment pour le secteur particulier des entreprises utilisant les colis express, c’est le bon fromage. Evidemment, il y a eu créations de quelques boites. DHL et deux ou trois autres font des bénéfices records pour quelques emplois, surtout ceux de « patrons » ou « actionnaires ». Car, évidemment ces boites embauchent un minimum, des précaires, des partiels et des jetables, pas besoin d’en dire plus. Mèèèèhhh c’est ça la concurrence, alors...

                  Donc, si on résume :

                  l’auteur pointe bien le dogmatisme criminel des puissants accrochés au libéralisme, sans doute parce qu’ils sont vénaux.

                  Mais tout de suite après il ressort les poncifs de la conccurence que le quotidien de tout un chacun anéantit jour après jour.

                  A des yeux ouverts - pas comme la conccurence - il est pourtant clair que depuis France-Télécom et l’ouverture du marché (sous-entendu « à la conccurence »), les bienfaits (de la concurrence) apparaissent inexistants.

                  Par contre, les méfaits sont perpétuels et grandissants : prix des coms très peu touchés et surtout addition globale de téléphone, beaucoup plus salée qu’au temps des services publics de téléphonie. Même compte tenu du temps et de la monnaie.

                  Tout ça pour quoi ? Pour que FT rembourse ses dettes, ses pertes, ses problèmes dûs à quoi ?.. A la mise en conccurence.

                  La Poste : service très lent, pertes de lettres, de recommandés, Chronopost hyper-cher pour compenser des retards de courrier que la privatisation a engendré, car elle donne priorité aux entreprises.

                  Auparavant, les PTT étaient au service du plus grand nombre, le courrier arrivait bien, on faisait pas la queue, les timbres augmentaient pas tous les six mois, et on payait des sommes astronomiques pour que La Poste rendent le service normal qu’elle pratiquait avant.

                  Bref, problème de l’électricité, problème de La Poste, problème de la Téléphonie, tout ça ne sera pas réglé par la concurrence.

                  Ils seront aggravés. Les archaïques, les fossiles du Medef et de l’économie standart annonent que non, c’est pas vrai, c’est vilain l’économie est une loi et la concurrence un bienfait.

                  Aujourd’hui, des gens comme Stiglitz, comme Sapir, comme Harribey, économistes de qualité s’il en est, nous apprennent combien les dogmes sont dogmatiques, infondés et nous entrainent dans un grouffe très profond pour que quelques-uns surnagent.

                  On comprend que l’auteur de par sa formation manifeste des réflexes. Mais, même au FMI sanctuaire du dogme, les écomistes commencent, dans la douleur, à remettre sur la table leur certitudes anciennes et ses incarnations. Qu’elles s’appellent concurrence ou ajustement structurel. smiley


                  • Rocou (---.---.231.20) 29 octobre 2006 08:15

                    Téléphone dont les tarifs n’ont cessé de monter depuis des années.

                    Vous vivez sur quelle planète ? J’en ai marre de cette propagande syndicale à destination des plus jeunes qui n’ont jamais connu les tarifs ahurissants de France Telecom du temps du monopole. Les communication ont tellement augmenté qu’on téléphone GRATUITEMENT aujourd’hui en France.

                    Le téléphone, c’est les couts de com toujours très chers localement, mais avec le prix de l’abonnement qui rend insupportable la note !

                    Et comme par hasard, l’abonnement, c’est le reliquat de monopole laissé à France Telecom. Et pour quelle raison ? Pour (soit disant) assurer la mise en place et l’entretien des lignes jusque dans les coins les plus reculés. C’est que l’on appelle le service public. Vous réclamez donc à corps et à cris ce service public mais vous ne voulez pas le payer ?


                  • Forest Ent Forest Ent 24 octobre 2006 13:01

                    C’est assez insidieux, mais la même loi qui privatise GdF est en train d’annuler de facto la libéralisation du marché de l’énergie. J’essayerai d’en faire un bilan ici quand elle sera publiée.


                    • Cassandre (---.---.237.73) 24 octobre 2006 14:40

                      Confidentiel : Bruxelles exerce une sorte de chantage sur EDF pour l’obliger à lâcher 30 % du marché français. Exemples récents : SNCF, Aéroports de Paris.

                      Conséquence : à partir de l’an prochain, au lieu de rouler en train à 50g CO2/kWh, on roulera avec des émissions 10 fois supérieures grâce à l’électricité charbono-gazeuse d’une filiale d’ENDESA !

                      Non seulement notre économie est sabotée, mais notre performance en émissions de GES aussi !


                      • faxtronic (---.---.127.45) 24 octobre 2006 14:51

                        L’europe actuelle est une horreur a eliminer a coup de bulletin de vote


                      • insider (---.---.193.52) 24 octobre 2006 14:56

                        Plusieurs inexactitudes :

                        - le prix du kWh a baissé suite à la liberalisation de 1999 à 2004. La remontée est européenne. Si EDF s’est aligné plutôt que de gagner des parts de marché c’est essentiellement pour financer le redémarrage des investissements en France.
                        - l’Etat ne s’est pas substitué pour rien au paiement de la partie des retraites correspondant au régime général. Ceci s’est fait moyennant le paiement d’une soulte conséquente.
                        - les prix européens de l’électricité à l’industrie et surtout ceux de la France qui sont plutôt en bas de fourchette restent moins élevés que dans les pays du Sud voire de certains PECO.

                        - il est exact en revanche que le marché européen de l’éléctricité ne fonctionne pas du fait de la limitation des interconnexions et de diverses régulations non alignées (enchères de connexions limitées à 1 an, obligations d’achat aux renouvelables, CO2,...). L’UE y travaille.

                        Pas de manichéisme sur de tels sujets ! Ce qui précède n’engage que l’avis personnel de l’auteur du commentaire.


                        • Pascal Perez (---.---.56.63) 24 octobre 2006 15:27

                          D’après le rapport remis au premier ministre « d’étude prospective de la filière électrique nucléaire », (documentation française p 162), Edf finance ses investissements futurs avec un prix de 30 euros le kw.

                          La menace de l’industrie française coexiste donc avec un surfinancement d’EDF avec les tarifs actuels.

                          Il faudrait ici aussi un « jury populaire » pour savoir comment EDF fixe ses prix.


                        • Guigui (---.---.144.116) 24 octobre 2006 18:32

                          Je crois qu’il faut être plus nuancé.

                          Effectivement, pour les petites unités industrielles et excentrées (ex de l’usine Alcan à Lannemezan), la hausse des prix est une calamité et accélère leur fermeture. Pour les papetières, il faut aussi tenir compte du secteur du bois qui est dans un état catastophique au niveau mondial, et c’est sûr qu’il suffit d’un rien pour entraîner la fermeture de certains sites, au niveau francais, mais aussi au niveau canadien.

                          En revanche, les unités industrielles les plus grosses et concentrées comme celles de la ZIP de Fos ont actuellement des projets de cogénération au gaz ou avec des sous-produits industriels (gaz de haut-fourneaux par ex, avec Cycofos) qui sortent de terre. Mais il faut mobiliser de gros capitaux.

                          Comme quoi, c’est toujours les territoires les plus fragiles et les unités les plus petites (mais qui souvent font vivre des territoires excentrés) qui trinquent.


                          • Stephane Klein (---.---.113.119) 24 octobre 2006 23:05

                            Que de reactions a courte vue et sans fondements !!!!!

                            La France aurait une energie chere ??

                            Allez donc voire en Allemagne qui produit surtout base de gaz et d’eolien ce qui s’y passe !!!

                            L’energie est chere ? La faute a la privatisation, rien a voire avec le manque de capacite de production que l’Etat entretient. Et encore les rares centrales qui sont installees le sont a base de gaz, lui-meme indexe sur le petrole, rappelons-le encore et encore !!!

                            Ensuite, il existe une energie encore meilleur marche : l’hydroeletricite dont la plupart des centrales sont amorties et reamorties. Aussi les pays equipes un maximum en hydro ont aussi le cout d’electricite le moins eleve, sans que ca soit une regle universelle puisque la Suisse (hydro a 55%) a un cout du kWh de 12-15 cE/kWH.

                            Quant au nucleaire, resignez-vous a la voire monter : le kWh actuel, finance par le contribuable, a un prix de revient de 3 cE/kWh, celui qui sortira de l’EPR, un prix de revient de 4.6. Et encore sous-estime-t-on le cout du demantellement.

                            Je rappelle a tous qu’en ouvrant en ce moment les informations on peut apprehender les couts induits du dereglement climatique et donc de l’electricite d’origine fossile.


                            • vigie (---.---.203.59) 25 octobre 2006 11:00

                              Voilà un article, qui ne va pas faire plaisir a reboul et jdch, qui nous serinent à longueur de journée les bienfaits de la libre concurrence et de la mondialisation triomphante. Mais justement les patrons ils n’en veulent pas de la libre concurrence, surtout si cela va à l’encontre de leurs intérêts, pas folle la guêpe, elle préfère que se soient les particuliers qui payent à leur place. Ha !les joies des règles du jeu que l’on modifie à la demande.

                              « EDF et l’affaire du « droit de retour »

                              Où l’on assiste à une périlleuse manipulation due au double discours des entreprises et à la faiblesse des politiques

                              Philippe chalmin

                              Professeur d’histoire économique a l’université paris-dauphine

                              La France a bien du mal à assimiler les règles !es plus simples de l’économie de marché. Chaque fois que cela est . possible, elle lui préfère la relative opacité de l’économie administrée. Les entreprises, qui pestent en général centre les contraintes et les pesanteurs publiques, ne sont pas les dernières à vouloir à la fois « le beurre du marché et l’argent du beurre de l’État ». C’est ce qui se passe avec l’affaire du « droit de retour » des consommateurs d’électricité.

                              Un bref rappel. Dans le cadre de la libéralisation des marchés européens de l’énergie, la France a été amenée à remettre en cause le monopole de distribution de l’électricité dont bénéficiait EDF. Dans un premier temps, seules les entreprises et les clients industriels ont pu bénéficier de cette opportunité. Un certain nombre de prestataires se sont développés, sociétés indépendantes ou filiales d’autres électriciens européens.

                              N’ayant pas en général leur propre production, ils s’approvisionnaient sur le marché libre européen qui était à l’époque en pleine restructuration avec l’apparition des premiers marchés dérivés comme le Nord Pool ou Powernext, Sur ces marchés souvent résiduels, le prix qui se forme est celui du dernier kilowattheure (kwh) disponible, et les fluctuations peuvent être importantes. Le pris est en général celui des centrales thermiques mixtes gaz/fioul et par ce biais il y a une corrélation entre le prix du kWh et celui du pétrole.

                              A l’époque de l’ouverture du marché français, les prix européens étaient inférieurs au tarif que pratiquait EDF. Un certain nombre d’entreprises firent alors le choix du marché. Avaient-elles bien compris les nouvelles règles du jeu ? En fait elles abandonnaient la stabilité du prix géré pat un quasi-monopole et préféraient l’instabilité du marché en « spéculant » sur une baisse des prix à moyen terme. Le mot de spéculation est utilisé ici à dessein, car il s’est agi alors d’un choix spéculatif même si, dans nombre de cas, il fut inconscient.

                              Chaque fois qu’un consommateur fait le choix de l’instabilité, il rentre dans la logique du risque et donc de la. Spéculation, voilà donc nos entreprises soucieuses de se libérer du « monopole EDF » et en fait spéculant à la baisse du prix de l’électricité, au moins en tout cas en dessous du tarif régulé.

                              Tout fonctionna très bien au début, mais le troisième choc pétrolier passa par-là. Les prix de l’électricité grimpèrent en Europe. Les entreprises, qui avaient spéculé à la baisse, virent au contraire leur facture énergétique augmenter souvent de manière spectaculaire. Tant pis pour elles, dirait un libéral.

                              Heureusement nous sommes en France ! Ces entreprises Couvèrent quelques appuis politiques, quelques oreilles compatissantes et prêtes à ramener ces brebis égarées dans le droit chemin des tarifs administrés. C’est ce qui va être fait dans le cadre d’an amendement rajouté à la loi sur l’énergie en discussion cette semaine au Parlement ; les malheureux pourront retrouver les joies de la stabilité de leur électricité, à un prix seulement un peu supérieur à celui d’EDF.

                              Mais comment faire ? Leurs fournisseurs actuels ne peuvent vendre à perte et si EDFse.substitiiait à eux, ce serait, là. reconstituer un monopole honni par Bruxelles. En effet EDF a un avantage en matière de prix de revient (basé sur le nucléaire) dont ne disposent pas ses concurrents. La solution trouvée est admirable dans la grande tradition « taxatrice » française. EDF, « indirectement Suez par le biais de la Compagnie nationale du Rhône qui dispose d’an parc hydroélectrique, vont subventionner leurs concurrents à hauteur de la différence entre le prix de marché et le nouveau tarif.

                              Cela, selon de premières estimations faites sur la base des prix de 2005, pourrait représenter un montant annuel de 700 millions d’euros, à 95 % pour EDF une entreprise publique et donc un cou à partager entre tous les Français ! Sans compter ce paradoxe que cela revient î taxer de l’énergie « propre » (nucléaire hydroélectricité) en subventionnant les centrales les plus marginales... et les plus polluantes. Mais soyons bien clairs. Ce qui est critiquable dans cette manipulation, c’est le... double langage tenu par les entreprises et c’est la faiblesse des politiques. Le « droit de retour » est une véritable escroquerie et pas seulement intellectuelle. Cela ne préjuge en rien du débat qui sera nécessaire en Europe, à propos du stator exact de l’électricité - bien public ou commodité de marché -, à la lumière de quelques libéralisations peu réussies comme aux Etats-Unis.

                              Le monde est plus complexe que ne l’imaginent certains des ayatollahs libéraux qui règnent à Bruxelles. Mais la capacité du génie français à transcender ces complexités est confondante. Cet admirable « droit de retour » nous en offre une nouvelle preuve.


                              • gem gem 25 octobre 2006 22:05

                                je me pince : vigie qui cite Chalmin, le grand spécialiste du commerce international des matières premières, le « libre-échangiste », « l’utra-libéral », honni des les altercomprenants...

                                 smiley

                                excellent !!!


                              • mélimélo (---.---.146.11) 25 octobre 2006 22:14

                                Cher Vigie:je ne pense pas que tu aies tout compris:il n’y a pas eu de troisième choc pétrolier,mais qu’une période estivale de spéculation !


                              • (---.---.136.90) 28 octobre 2006 22:41

                                On ne doit pas lire les mêmes journaux. Mais à l’heure actuelle le prix de l’électricité EDF est une des moins chère d’Europe et en tout cas bien moins chère que celle vendue en Allemagne.

                                D’ailleurs, si on réfléchit, pourquoi veut-on privatiser EDF d’après vous ? Pour perdre de l’argent ? smiley

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