La Grèce vend à la découpe son énergie
Enfant terrible de la crise économique européenne, la Grèce n’en finit plus de brader son patrimoine depuis six ans, hypothéquant son avenir. Sous la pression de ses créanciers, le gouvernement hellénique a dû se résoudre à mettre en vente, morceau par morceau, la compagnie publique d’énergie, DEI
Après avoir déjà cédé une bonne part du Pirée, le port d’Athènes, l’Etat grec a reçu le 9 juillet 2014 l’autorisation du Parlement de privatiser un autre bijou de famille : le principal énergéticien du pays, DEI. La situation économique de l’entreprise publique n’est pas brillante, ses dettes sont évaluées à plus de 5 milliards de dollars, l’équivalent de son chiffre d’affaires en 2013.
Des mesures extrêmes
Imposée par la Troïka (la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international), la vente de parts de l’énergéticien hellène n’est pourtant pas une évidence économique et juridique. L’Etat grec ne détient déjà plus que 51% de DEI et sa participation va être ramenée à 20%. En comparaison, l’Etat français reste présent à hauteur de près de 85% chez EDF et de 70% chez GDF Suez, sans que la Commission européenne y trouve à y redire.
La porte-parole du gouvernement, Sophia Voultepsi, a elle-même convenu que « c'est un ordre de l'Union européenne qui est très sévère en matière de concurrence ». De plus, le coût social s’annonce élevé. Les syndicats et une partie de la classe politique ont prévenu que cette vente entraînera « une hausse des prix de l'électricité [...] et une baisse des salaires du personnel ».
Quel bénéfice pour la Grèce ?
Dans les faits, la vente telle quelle de DEI n’est pas acquise. Noyée sous les dettes et peu rentable, il semble décidé de séparer les actifs sains et toxiques de l’entreprise pour la rendre plus présentable auprès d’éventuels investisseurs. D’un côté, les activités rentables (mines de lignite, barrages hydroélectriques, réserves de gaz naturel) devraient être mises aux enchères aux alentours de 2 milliards d’euros, de l’autre, les activités non rentables devraient être conservées par l’Etat. Bref, les pertes seront assumées par les contribuables grecs (et européens via les fonds d’aide de l’UE) tandis que les profits seront privatisés.
Le cas grec est un cas extrême de la libéralisation boiteuse du secteur de l’énergie en Europe. Si une sortie de crise semble aujourd’hui envisageable pour le pays, son avenir économique semble plus qu’incertain, une bonne part des activités porteuses, dont l’énergie, ayant été bradées pour éponger les dettes.
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