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Accueil du site > Actualités > Economie > La nouvelle maladie économique : le catastrophisme

La nouvelle maladie économique : le catastrophisme

L'alternative, c'est la sortie de l'euro ? Un économiste traditionnel a répondu à un journaliste : « Non. Ce serait un cataclysme économique. La monnaie serait dévaluée, les dettes publiques s'envoleraient. Le protectionnisme rayonnerait. Et la récession ferait exploser le chômage. Un cycle dévastateur et durable. »

Conclusion hâtive qui étonne de la part d’un économiste qualifié comme celui-ci.

1 - La dévaluation peut être contrôlée en dirigeant le cours du franc réanimé. Nous supposons que la parité Euro-Franc serait la règle au moment décidé par sa réintroduction sur le marché intérieur. Les accords bilatéraux existent entre la Chine et les U.S.A sur les valeurs réciproques de leurs monnaies. Sur ce marché intérieur, rien ne change à l’annonce de la banque de France de cette parité qui peut faire durer des mois la coexistence de deux monnaies Euro et Franc. Les euros seront progressivement remplacés en quantité égale. Il n’y a donc pas de raison qu’il y ait plus d’inflation après introduction du franc que lors de la présence unique de l’euro. Il faut savoir en effet que l’inflation des prix est souvent consécutive à l’augmentation de la masse monétaire en circulation sur ce marché intérieur. D’ailleurs l’inflation en euro existe en permanence du seul fait de cette circulation depuis sa création. L’inflation fait peur, surtout aux créanciers, à partir d’un certain niveau par la double réaction, baisse de pouvoir d’achat, donc augmentation des salaires nominaux, et rattrapage par augmentation des prix. L’intervention des créanciers prêteurs est possible pour la contenir en augmentant les taux d’intérêt qui diminuerait alors la propension à l’augmentation de cette masse monétaire. La difficulté est de contrôler la vitesse de ce rattrapage : si elle va trop vite, le rattrapage peut arriver trop tard. Cela a été le cas en Allemagne dans les années 20 quand elle a dû rembourser des dommages de guerres énormes : les créanciers ont reçu des marks en quantité énorme, dont ils ne savaient que faire à part acheter des entreprises allemandes. Les entreprises de production ont pu également se reconstruire par l’apport des nouveaux actifs. Il fallait donc produire à nouveau mais à bas prix ce qui a augmenté petit à petit le faible pouvoir d’achat des ouvriers, en même temps, et pour que ces ouvriers puissent acheter, augmenter leurs salaires. Une course sans fin s’est engagée du seul fait de l’importance des masses monétaires disponibles dont les créanciers ne savaient que faire d’autant plus que la valeur nominale de ;leur argent baissait. L’inflation galopait sous la masse monétaire en circulation. Ce cercle vicieux inflation et rattrapage par les prix et par les salaires a été arrêté quand les alliés ont accepté un moratoire sur la dette.

2 - En fait l’inflation a eu pour cause première la réintroduction des créances payées sur le marché intérieur. Il est probable que rien d’aussi pernicieux que l’inflation galopante ne serait arrivé sir les créanciers avaient gardé leur argent pour ne le dépenser que progressivement sur le long terme. Dans tous les cas, les gouvernements qui ont à leur disposition l’arme des taux d’intérêt, et une contrainte possible sur les niveaux des prix des marchés, savent comment juguler l’inflation. Cette inflation s’est d’ailleurs arrêtée après que les alliés ont accepté un moratoire, qui est devenu définitif.

Dans le cas où la France rembourserait ses dettes aux banques, dans une monnaie qui a le même cours que celui qu’elle remplace petit à petit, rien ne prouve que les banques réinjecteraient ces sommes sur le même marché. Ou alors faire ce qu’elles font c’est-à-dire prêter à nouveau à un taux supérieur pour combler son déficit public, alors que la Banque de France le ferait à taux zéro ? Ou acheter des biens matériels ? Ou enfin demander un échange avec d’autres devises ? Mais ceci n’est valable qu’à très court terme ce qui éloigne le spectre de l’inflation.

Financer le déficit actuel par de l’argent emprunté aura le même effet sur la masse monétaire en circulation que ce soit dans une monnaie interne (planche à billets) ou à l’aide de banques. En fait ce sont celles-ci qui seraient lésées si la Banque centrale les abandonnaient à leur triste sort de créanciers à la recherche d’emprunteurs !

On voit, que dans l’immédiat il n’y aurait aucune raison de baisser volontairement le cours de la devise franc. Sans inflation importante, cet ajustement n’aura pas lieu d’être. Certes celle-ci peut baisser sur le marché des devises, selon l’humeur des financiers internationaux. A moinbs que pendant un certain temps son cours soit fixé à un niveau judicxieux ? Celui-ci dépend beaucoup de l’état de l’Economie française du moment et des taux d’intérêt probablement peu intéressants pour des prêteurs, si comme prévisible c’est la Banque de France qui les impose. Le plus bas possible pour la relance. Ce qui fait la différence avec les dévaluations que la France a connues depuis les années 50 à 70 c’est qu’elles avaient lieu sous la pression de l’intérieur. Alors qu’en cas de sortie de l’Euro cela ne pourrait venir, dans un premier temps, que de l’extérieur : en macroéconomie cyclique, on prend souvent la conséquence pour la cause.

3 -Le protectionnisme ? Reste la balance des paiements. L’importation des produits énergétiques se ressentirait si le franc, comme devise a une cote faible. D’où un début d’inflation dans ce secteur. Mais la production intérieure serait en partie sauvegardée en s’opposant au dumping social de certains pays et à un cours de sa monnaie fixé anormalement bas pour qu’ils puissent mieux exporter dans les pays riches. L’avantage que l’on peut prévoir est la fin des délocalisations, et la reprise de la production interne. Et reprise de l’export et la fameuse relocalisation progressive. Oui ! l’importation sera restreinte, mais le chômage pourra enfin baisser : moins de délocalisation, et plus d’exportation. Augmentation du prix de l’énergie importée ? : la France est indépendante à 80% de ses besoins en électricité. Alors le pétrole ? Oui, le prix de l’essence augmenterait, une fois de plus, mais les écolos seront contents : le ferroutage pourrait enfin voir le jour. Et le tourisme peut y gagner.

J’ajoute que si les créanciers internationaux menacent (de quoi) ? Il sera facile de leur rire aux nez : et de leur demander combien de divisions ? On n’a plus besoin de vous, et nous pourrons commencer à vous rembourser progressivement. Ce qui leur fait peur, c’est qu’ils pensent qu’on va perdre la maîtrise du temps et des réactions brutales. Comme si ce n’était pas pire actuellement quand on glisse inexorablement vers une grande dépression en se raccrochant désespérément aux basques des banquiers.

Dans ce scénario où est la cataclysme ? Ce mot veut dire effondrement immédiat ? Sur quoi ? sur qui ? Allons messieurs les économistes (sauf quelques-uns, qui se comptent sur les doigts de la main) pouvez-vous détailler votre scénario ?

En conclusion on est loin du cataclysme annoncé : dévaluation ? Et alors ? davantage de dettes publiques ? Pour quelles raison ? Au contraire le service de la dette diminuera, et les remboursements seront plus légers. Et enfin, si le retour à l’emploi était le seul vrai frein à la catastrophe annoncée ?


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10 réactions à cet article    


  • Pyrathome Pyrathome 13 décembre 2011 12:23

    L’Allemagne sera la première à quitter l’euro, les palettes de Deutschmark sont prêtes....
    Confirmation dans quelques semaines/mois.... smiley...



    • la FRANCE est devenue un pays de fripouilles ...

      a l’exemple de nos politiques ( mediator...karachi...valises de billets...)

      tout est arnaque...amazone...smart box...rachats de credits...prets revolvings...appartements

      insalubres ou loués dans des immeubles insalubres(voir sci bron-buchmann...rockfelller

      goldmann sachs...sg...bnp.)


      • BA 13 décembre 2011 14:05

        Pierre-Henri de Menthon pointe notamment le fait que les Français les plus riches réalisent des retraits et que cela se passe « loin des caméras, à l’abri des bureaux cossus des banquiers privés, ceux qui gèrent le patrimoine des grandes fortunes ! »

         

        Dans la vidéo ci-dessous, il est précisé :

         

        « Chez Pictet et Lombard Odier, deux grandes banques privées de Genève, les ouvertures de comptes par les Français se multiplient, des dizaines de millions d’euros affluent tous les jours. »

         

        http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=_oEWxIkVA7o# !

         


        Nous sommes embarqués dans un grand bateau appelé « ZONE EURO ».

        Or, que voyons-nous ?

        Nous voyons les passagers les plus riches qui sont en train d’entasser leurs richesses dans des canots de sauvetage.

        Nous voyons les passagers les plus riches qui sont en train de fuir le bateau « ZONE EURO », pour aller mettre leurs richesses dans les banques privées suisses : la banque Pictet, la banque Lombard Odier, etc.

        Nous voyons les passagers les plus riches qui s’éloignent du bateau « ZONE EURO », et qui mettent à l’abri leur épargne en-dehors de la zone euro.

        C’est un signe qui ne trompe pas.

        C’est un signe qui montre que le bateau « ZONE EURO » est en train de couler.


        • pepin2pomme 13 décembre 2011 14:08

          @Peretz,

          Vous présentez une vision simpliste du passage de l’Euro au Franc. Si ça devait se faire, ce serait plus compliqué que n’a été le passage du Franc à l’Euro, parce que le nouveau Franc ne remplacerait pas l’Euro, qui lui, continuera sa vie dans d’autres pays.
          Alors une question concrète : si, au lendemain du passage, les salaires seront versés en Francs, quid de votre épargne en Euros ? sera-t-elle convertie automatiquement ou restera-t-elle en Euros, dans une banque Française ?
          - Si ce ne sont que les salaires qui sont versés en Francs, l’introduction du Franc prendra un temps fou avant que toute la masse monétaire en circulation en France soit convertie.
          - Si, au contraire, on décide que chaque Euro qui se trouve sur le territoire Français se trouve converti du jour au lendemain, ce sera la débandade banquaire. En tout cas personnellement je prendrai des mesures pour déplacer mon épargne en Allemagne avant le basculement, puisque on peut s’attendre à une dévaluation du nouveau Franc. Comme évidemment tout le monde fera pareil, je vous laisse imaginer le scénario.
          Alors, comment voyez vous le scénario de la bascule ???


          • Peretz Peretz 13 décembre 2011 16:16

            Tous les comptes bancaires français seront évidemment reconvertis en un clic : le mot Franc remplacera, le mot euro, sans incidence. La banque de France pourra les changer progressivement la monnaie au fur et à mesure de sa fabrication. Concernant l’épargne, qui est un argent qui dort, sans intérêt (!) pour l’Economie d’un pays, mais pour les banques qui le replacent ailleurs avec bénéfice, il pourra aller dormir ailleurs. La dévaluation officielle, ne peut se faire dans l’immédiat, mais seulement à partir du moment où l’Euro aura disparu du marché intérieur, et que le franc sera devenu une monnaie d’échange externe, convertissable en euro comme toute devise détenue par d’autres pays. Seul le cas où les entreprises exportatrices seraient obligés de transformer des euros disponibles à la BCE en francs serait délicat, la balance des paiements étant déficitaire en France. D’où peut-être, une dévaluation entre la BCE et la Banque de France pour des échanges Euros-francs qui serait obligée de dévier de la parité, après accord, à cause du différentiel quantitatif. Actuellement les variations en euros sont fournies quantitavement sur demande des banques pour les besoins des entreprises comme des particuliers. La Banque de France engrangera les Euros progressivement par ses remplacements en francs. C’est elle qui fournirait les besoins pour les échanges commerciaux jusqu’à disparition complète de l’Euro sur le marché intérieur. À noter que les échanges de l’import-export sont souvent libellés en dollars. Ce système pourrait se généraliser le temps nécessaire à des accords internationaux. (N’oublions pas la possibilité de nationalisation des banques si nécessaire)


          • pepin2pomme 14 décembre 2011 13:24

            Votre scénario sera une catastrophe, plus pour les banques que pour le peuple. Contrairement à ce qui s’est passé en 2001, la nouvelle monaie ne fait pas disparaître l’ancienne. Donc, il est à parier que la majorité des épargnants Français qui ont des comptes en Euros refuseront que leurs Euros soient convertis en Francs. Il ne reste alors qu’une solution : transférer ses fonds avant la date fatidique dans une autre banque européenne, en Allemagne par exemple. Rien n’interdit pour l’intant d’ouvrir un compte à l’étranger.
            Dans votre idée, comptez-vous l’interdire ?


          • Peretz Peretz 14 décembre 2011 17:25

            @pepin. Il s’agit d’un faux problème : le processus de changement sera annoncé comme la fin des dettes-déficit donc un retour à la croissance, donc une diminution du chômage. Je ne vois pas comment, ceux qui ont des fins de mois difficiles, ou justes pourraient aller placer une hypothétique épargne dans des banques étrangères. A supposer que pour les autres, une partie de la classe moyenne le fasse, l’importance des fonds résidents en circulation serait suffisante pour que le processus se poursuive. Il est probable qu’au bout de quelques semaines, ou mois, le montant des échanges engrangés soit suffisant pour qu’il puisse combler le déficit en euros sans emprunts bancaires. Face aux banques créancières, le gouvernement peut exercer alors une forte pression afin qu’elles continuent à prêter (sinon c’est le défaut) en euros quand arrive une échéance de remboursement. Ou mieux, il les contraint à accepter le remboursement en eurofrancs. DIFFICILE DE REFUSER SACHANT QUE SUR LE MARCHÉ NATIONAL LA VALEUR DE LA NOUVELLE MONNAIE EST ÉQUIVALENTE À L’EURO. Par ailleurs le déficit est comblé par l’afflux d’euros échangés, 8 % du PIB sont rapidement trouvés dans l’accumulation de la monnaie échangée. Si ces rentrées tardent les créanciers en euros ne pourront que diminuer leurs exigences concernant le niveau d’intérêt sachant que la France aura conservé ou retrouvé un niveau de solvabilité supérieur à ce qui existait auparavant. Poursuivant cette technique, la dette souveraine commence à diminuer car son service diminue, ce qui n’est pas le cas actuellement. Il est même envisageable des remboursements anticipés. La confiance ne peut que revenir, sachant que la masse monétaire n’ayant pas augmenté en euros - eurofrancs mélangés, l’inflation n’augmente pas non plus. Quand les échanges de la masse monétaire circulante sera près d’être terminée (payes et autres revenus, ne seront établis qu’en eurofrancs, les euros de circulation finiront pas disparaître), la deuxième étape pourra être entamée, celles des échanges avec l’extérieur. Sans la pression de l’inflation, la dévaluation promise par les défaitistes, peut ne pas être décrétée immédiatement, mais décidée malgré tout sans EXCES, pour faire basculer la balance des paiements dans un sens favorable. A noter que les dévaluations sont des ajustements dus à l’inflation donc à la perte de valeur de la monnaie alors circulante. Des accords bilatéraux seront possibles à taux négociés au coup par coup, par dessus l’OMC, comme le font la Chine et l’Amérique. De même, la France a engrangé suffisamment d’euros souverains pour maintenir ce double processus d’échange externe un certain temps. Je ne vois toujours pas pourquoi une forte dévaluation serait nécessaire. Au contraire, l’activité économique pourrait repartir sur de meilleures bases si les délocalisations cessent entamant un processus de relocalisations. Le tourisme pourrait refleurir avec un nouvel apport de devises. Le seul point délicat serait un certain renchérissement de l’énergie importée. Il suffira alors d’augmenter les salaires (SMIC) en proportion, ce qui alors seulement pourrait faire revenir un début d’inflation. Mais contrôlable tant qu’elle n’atteint pas des niveaux élevés. 4% serait acceptable a dit Denis Blanchard, directeur du département économie au FMI. Que feront alors ceux qui ont placé leur épargne à l’étranger sans la suivre physiquement, sinon la rapatrier pour absorber ces augmentations ? Ce modèle me semble utilisable pour tout pays membre de la zone euro. Il suffira alors de négocier des accords bilatéraux avec ajustements de dévaluation concertés pour des sorties sans casse des petits pays, en tout cas moins graves que les rigueurs imposées par la finance internationale. Celle-ci serait au contraire la seule à subir les inconvénients d’une reprise en main du politique favorable aux populations dans leur ensemble, mais défavorables aux privilégiés.


          • pepin2pomme 15 décembre 2011 07:02

            Merci pour cette longue explication.


          • ddacoudre ddacoudre 14 décembre 2011 09:46

            bonjour peretz

            je te suis sur le danger de détruire l’euro et l’europe.
            je m’en explique dans un article http://www.agoravox.fr/ecrire/?exec=articles&id_article=106203.
            ddacoudre.over-blog.com .
            cordialement.


            • Peretz Peretz 14 décembre 2011 10:23

              @ddacoudre. O.K. Approuvé ton article, bien que trop pessimiste et attentise (attendre le cycle de kondatrieJe suis keynésien, donc j’estime pouvoir agir, si les politiques le veulent aussi, bien entendu. Ils seront obligés si on leur montre la voie.

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