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Accueil du site > Actualités > Economie > La philosophie Toyota, modèle du logiciel libre ?

La philosophie Toyota, modèle du logiciel libre ?

Le plus grand constructeur automobile mondial est à présent Toyota, et ce petit événement à provoqué une avalanche d’articles sur leur approche : la « Toyota Way ».

Approche enseignée dans les centres de formation de l’entreprise, comme depuis 1998, l’université Toyota de Californie, qui forme les employés du groupe à sa philosophie d’entreprise : le « penser au plus juste », le « juste à temps », le « kaizen  » (amélioration continue) et le « genshi genbutsu  » (aller voir sur le terrain). L’ouverture vers l’extérieur de ce centre, avec les exemples de la police et de l’armée américaine, qui alimentent quelques articles.

Cette philosophie repose sur cinq piliers  :

  • l’esprit de challenge : perspectives à long terme et prise de décisions permettant l’amélioration et l’optimisation de l’entreprise dans son ensemble ;

  • le kaizen : concept d’amélioration continue et de recherche permanente de l’innovation ;

  • le respect : compréhension des partenaires et clients et établissement d’une confiance mutuelle ;

  • le genshi gembustu : aller à la source pour découvrir les faits et prendre les bonnes décisions, élaborer un consensus et atteindre les objectifs le plus rapidement possible ;

  • le teamwork : progression personnelle et professionnelle, accroissement des performances de l’individu et de l’équipe.


Pour ceux qui ont travaillé dans l’industrie automobile, certains des concepts sont familiers, car mis en oeuvre chez d’autres constructeurs. Mais c’est en appliquant à toutes ces décisions sa philosophie que Toyota a réussi à dépasser tous les constructeurs.


La vision à long terme est un très bon indicateur de la santé future d’une société.

Ainsi, il y a plus de dix ans, lorsque Toyota a évalué les prochains modes de propulsion des véhicules, ils savent - comme tout le monde - que le pétrole va manquer, mais ils ne savent pas - comme tout le monde - quel pourrait être le carburant transportable qui alimentera les véhicules.

Ils décident donc d’investir dans un système hybride, les véhicules seront propulsés par des moteurs électriques dont les batteries sont rechargées par un moteur thermique.

Ainsi, Toyota dispose d’une gamme d’automobiles hybrides, cumulant les avantages de très faibles émissions avec une bonne autonomie et, lorsque nous saurons quel couple moteur/carburant remplacera les systèmes actuels, Toyota remplacera son petit moteur thermique par ce nouveau modèle et aura immédiatement une gamme de véhicules opérationnels, et, si la capacité des batteries devenait suffisante, Toyota disposerait immédiatement de véhicules électriques performants.

Il y a dix ans, Toyota faisait des choix, les plaçant en très bonne position aujourd’hui et probablement pour les années à venir.


Le modèle du logiciel libre utilise intuitivement les bonnes pratiques de Toyota.

L’« amélioration continue » est un bon exemple de philosophie transposable au monde du développement logiciel. Le kaizen considère l’innovation comme le fait de l’assemblage de nombreuses idées, de nombreux individus et non comme le fait d’une idée, d’un seul individu.

Le « penser au plus juste », est également intéressant à transposer. La probabilité d’échouer dans la mise en oeuvre d’un logiciel est proportionnelle à la complexité, ceci doit nous inciter à penser au plus juste les modules à assembler pour composer le logiciel.

Le « juste à temps » n’a évidement pas le même impact pour les logiciels que pour un constructeur automobile qui va ainsi pouvoir économiser le coût de stockage des composants en alimentant les chaînes d’assemblage en continu, et en économisant, surtout, sur le nombre d’éléments à reprendre en cas de défaillance dans un des processus. Bien que, sur des projets importants, l’enchaînement de développement des modules et leurs bascules en production fassent l’objet d’une attention de planification probablement similaire.

Il nous reste à regarder le « genshi genbutsu »... Aller voir sur le terrain... C’est ainsi, que les gros pickup américain de Toyota disposent de poignées, boutons et leviers de commande de très gros format. Pourquoi ? Les ingénieurs envoyés sur le terrain, pendant plusieurs mois, pour étudier l’utilisation de ce type de véhicule avaient simplement constaté que les utilisateurs portaient des gants de travail. Ce point n’avait jamais été pris en compte précédemment. Les logiciels libres étaient, au commencement de leur histoire, conçus au plus près du terrain par les utilisateurs eux-mêmes, des informaticiens. Il reste à conserver (ou à adopter ou adapter) cette philosophie pour la mise en oeuvre des logiciels dont les utilisateurs exercent d’autres métiers.

L’adoption des ces pratiques dans le champ des technologies de l’information et de la communication a déjà commencé avec les logiciels libres. L’élargissement de cette dynamique de construction collective sera bénéfique à l’ensemble des organisations y contribuant.


Sources :

En cherchant sur google news

Toyota : stratégie gagnante grâce au marketing de la délocalisation

Toyota va ravir à GM sa place de leader mondial - Le Monde

Toyota France - Recrutement

Le Modèle Toyota : 14 Principes qui feront la réussite de votre entreprise

Toyota : les clefs de la réussite
- France 24

SUCCÈS D’UNE STRATÉGIE A LONG TERME • Toyota, le mouvement perpétuel - The New York Times

Toyota coach la police de Los Angeles - The Wall Street Journal


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4 réactions à cet article    


  • Vincent 11 mai 2007 17:15

    Alexis, travaillant dans l’automobile et appliquant cette philosophie Toyotiste je pense que l’analogie que vous faite avec les logiciels libre est bonne.

    Pour en revenir aux principes Toyotistes Ils sont regroupés maintenant sous le terme Lean Manufaturing.

    Aussi lorsque l’on analyse votre cursus, on se dit que l’automobile même à tout. Mais en dehors de ce fait, je pense que si suite aux derniers et prochains changements vous gardez vos fonctions, il me parait indispensable d’appliquer vos connaissances et les méthodes que vous maîtrisez aux différents organismes d’états.

    Pour expliquer rapidement à mes opérateurs le Lean Manufacturing au cours des premières présentations je leur dis simplement :

    Est-ce que les gestes et les opérations que vous effectuez au cours de vos cycles de productions créent de la valeur ajoutée ?

    Si oui, gardez les et minimisez-les, si non supprimez-les.

    On constate alors qu’il est très difficile de se départir des ses mauvaises habitudes et notamment que l’on préfère faire du stock au cas où.

    Dans ce cas l’exemple le plus marquant pour la diminution des stocks d’encours est une analogie entre les dépenses de santé avancées par les patients et la durée des remboursement de sécu.

    En effet les heures de productions consacrées à créer un stock d’encours qui ne sera assemblé que plus tard constituent les dépenses de santé avancées.

    Le paiement du produit final payé par le client constitue le remboursement sécu.

    Je suis pour une application de ces principes aux différents organismes d’état.

    Par ailleurs je me demandais si parmi les dirigeants de nos administrations il y avait des personnes formées et aptes à mettre en place ces méthodes, je suis rassuré maintenant, le tout étant de vaincre la résistance au changement dont une des caractéristique principale et l’abandon supposé des sécurité.


    • _Oaz_ _Oaz_ 12 mai 2007 00:29

      Mettre en correspondance le lean manufacturing et le logiciel libre ? Pourquoi pas, à condition de garder à l’esprit que « libre » reste un état du logiciel et non pas un moyen pour le réaliser, même si la philosophie dominante du monde du logiciel libre est effectivement très proche des principes mis en avant dans l’article.

      En fait, les principes de Toyota ont une filiation directe avec un ensemble de méthodes de développement logiciels : les méthodes « agiles ».

      Le Just-In-Time, par exemple, y est connu sous la dénomination « YAGNI » (You Ain’t Gonna Need It), l’idée qu’il est inutile d’écrire du code dont on n’est pas encore assuré de l’utilité. Les « Kanban » peuvent alors prendre la forme de scénario fonctionnel à satisfaire (et pour cela, se limiter à écrire le code strictement nécessaire).

      Le poka yoke, pour prendre un autre exemple, peut avoir la forme de test unitaires exécutables rédigés *avant* le code du logiciel lui même de telle sorte que l’écriture de toute ligne de code soit canalisée à travers un dispositif évitant les erreurs.


      • Alexis Monville Alexis Monville 27 mai 2007 09:26

        Merci pour vos commentaires très encourageant ! Je vais tenir compte de vos suggestions pour la prochaine mouture !


        • Alexis Monville Alexis Monville 28 mai 2007 12:07

          un nouvel article sur Toyota à lire dans l’édition du jour :

          http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=24918

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