La pollution de l’air à 100M d’€
Un récent rapport du Sénat a chiffré à 101,3 milliards les coûts induits par la pollution de l’air. Une somme vertigineuse, que la Commission d’enquête sénatoriale a obtenue après compilation de nombreuses études, auditions de chercheurs, d’associations, de responsables politiques… Et ce chiffre serait encore sous-estimé !
Adopté à l’unanimité par la Commission d’enquête sénatoriale, ce rapport est sévèrement intitulé : « le coût de l’inaction ». Il fait la synthèse de nombreux travaux pour mettre un chiffre tangible sur les impacts des pollutions de l’air dans les divers secteurs de l’économie : en matière sanitaire, bien sûr, avec les conséquences sur la santé (bronchites chroniques, problèmes cardiaques, cancers, asthme infantile), mais également en termes de productivité dans les entreprises -650 000 journées d’arrêt de travail liés la pollution atmosphérique- de perte de biodiversité, de dégradation des bâtiments en centre-ville et de rendements agricoles. Trop peu prises en compte, ces externalités sont bien réelles : selon l’INRA, cité dans le rapport, le rendement des champs de blé en région parisienne est 10 % inférieur à celui d’une région non polluée. Les effets non-sanitaires sont évalués à 4,3 milliards d’euros.
De nouvelles pollutions
Le rapport part d’un constat stimulant : l’air est de meilleure qualité que par le passé, mais la pollution a changé de nature, moins localisée près des sites industriels, elle est plus diffuse, dépendante des transports, du chauffage, de l’agriculture et de l’air intérieur, précise Le Figaro. En cause, les particules fines, l’ozone et les oxydes d’azote, qui seraient directement responsables de 42 à 45 000 décès prématurés selon l’OMS. D’où la nécessité d’agir en priorité sur les transports, responsables de plus de la moitié (59 %) des émissions d’oxyde d’azote.
« Une aberration économique »
Les sénateurs insistent sur cet aspect pour soutenir 61 propositions, évoquées par Le Monde. Beaucoup reposent sur une refonte des normes, car actuellement toutes les substances toxiques connues ne sont pas règlementées : alignement de la fiscalité du diesel sur celle de l’essence d’ici 2020, nouvelles taxes sur les émissions de polluants, soutien aux véhicules propres (hybrides, électriques), étiquetage des composants volatils sur les produits d’entretien… Mais aussi des mesures favorisant la recherche (l’« effet cocktail » des pollutions étant mal étudié) et les innovations dans les transports.
Ce rapport présente l’immense intérêt de regarder de façon globale le problème, au-delà des pics de pollutions parisiens et des débats ponctuels sur la circulation alternée. « Il faut faire en sorte que cette contrainte environnementale devienne une opportunité économique », a déclaré Leila Aïchi, rapporteur de la Commission sénatoriale. On ne saurait mieux dire.
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