La prison de la start-up nation : risques et pertes pour les citoyens, profits pour les financiers
Le modèle d'entreprise proposé par le gouvernement et l'Europe des start-up nations profite uniquement au marché financiers et aux spéculateurs. Ce modèle de développement n'a pas pour but d'ouvrir le monde de l’entreprise, mais au contraire de favoriser sa prise de contrôle par la finance.
La start-up nation
Le gouvernement français a déjà affirmé son souhait de mettre des fonds pour favoriser la création et la survie des start-up en période de crise. Depuis le début du quinquennat, c'est le modèle d'entreprise qu’il plébiscite.
Fin mars, pour les 100 jours de l’investiture d’Ursula Von der Leyen, la commission Européenne a donné son plan pour l'appareil productif des pays européen. Cette commission industrie a été présidée par Thierry Breton ultra-libéral français. Sans surprise elle promeut le modèle start-up et met en avant des outils de soutien financier et des lois pour aller dans cette voie.
Si vous être un patron d'entreprise classique, artisan, commerçant ou même petit industriel, vous n'avez rien à gagner de ces différentes politiques, vous n'intéressez ni les gouvernements, ni le monde de la finance. Au même titre que les citoyens, vous allez payer pour les autres.
Le modèle start-up : le risque pris par les citoyens
Une start-up désigne dans le langage courant des entreprises créées rapidement, le plus souvent avec peu de moyens, sur des niches, et qui ont un fort potentiel de développement. La start-up est un pari très risquée. Déjà dans les entreprises classiques, au bout de 5 ans, seules entre la moitié et les 2/3 existent encore. Plus la mise de fonds est importante, plus le projet est sécurisé, et plus ça a de chances de marcher. Pour les start-up, on peut donc considérer que le taux de survie est bien en-dessous, le but étant d’essayer avec peu de fonds initiaux.
Beaucoup de start-up se basent sur des avancées techniques ou technologiques de leur créateurs, c'est l'innovation du créateur qui va ensuite donner l'entreprise.
La recherche et l'innovation, ont des coûts très élevés. Les statistiques nous montrent que la recherche et l'innovation dans les grandes entreprises sont toujours impulsés par les fonds publics. Il faut mettre en moyenne 1€ de fonds publics pour avoir en face 2€ de fonds privés. Sans cette impulsion, cela ne se lance pas.Vous pouvez trouver ce ratio 1€ public pour 2€ privé dans toutes les études de l’INSEE sur la R&D et même dans le rapport du Sénat traitant du sujet il y a 15 ans.
C’est pour cette raison que quand l’Europe s’était fixé l’objectif de porter la Recherche et Développement à 3 % du PIB des États cela supposait 1 % financé par les États en espérant 2 % financé par le privé.
On peut constater que les grosses entreprises qui font de la Recherche & Développement sont largement soutenues par les fonds publics. On retrouve principalement, des labos pharmaceutiques, de l’armement, de l’énergie et des bagnoles.
Histoire de noircir un peu le tableau, une grosse partie des crédit impôts recherche ont été pris par des banques qui s'en sont servies pour créer des algorithmes pour spéculer en faisant plus de profit. La crise économique qui s'annonce aura aussi en partie été amplifiée par ces crédits d'impôts.
Donc on n’a jamais mis les 1 % du PIB pour faire de la Recherche & Développement puisqu’on a fait de l’austérité partout mais en plus, le pognon qu’on a mis a été pompé par la finance.
Tout ça pour dire que les grandes entreprises et les groupes financiers ne veulent pas se lancer seuls dans des programmes de recherche. C'est trop risqué et cela coûte trop cher. Ils ont donc trouvé le moyen de forcer les autres à faire cette recherche et à prendre ses risque pour eux : c'est le modèle start-up.
En favorisant les start-ups, le gouvernement français et l'Europe poussent les individus à prendre les risques que les financiers n'ont surtout pas envie de prendre. Ils proposent notamment des garanties et des crédits d'impôts. Autrement dit, ce sont les citoyens solidaires entre eux qui financent les start-up et qui payent quand elles ne marchent pas. Tout est donc payé par les citoyens qui vivent dans l'économie réelle, pendant que le monde de la finance regarde tout ça sans participer.
La prise de contrôle par les financiers
Au bout de quelques mois la majeure partie des start-up s'est cassée la figure, c'est le principe de la recherche, on essaye et ça ne marche pas souvent. Mais pour que quelque chose marche, il faut faire plein d'essais, c'est normal. Ce sont les individus avec le soutien des États, donc des citoyens et entreprises qui ont financé tous ces essais.
Pour les start-ups encore en course, arrive le moment charnière, c'est à dire le moment ou la start-up
va lancer sa phase de croissance forte, c'est le moment où elle peuvent dégager de gros bénéfices. C'est le moment où rentrent en scène les marchés financiers.
Quand la start-up a besoin de fonds pour son développement, elle a deux stratégies :
La première c'est d'aller voir sa banque pour obtenir un crédit classique. Sauf que vu les montants engagés, la banque risque de refuser ou de demander à nos start-upers d'avoir de sérieuses garanties et c'est pas gagné.
La deuxième stratégie c'est d'aller en bourse pour demander à des investisseurs, autrement dit les financiers, d'acheter des parts de l'entreprise. Ces investisseurs, qui n'ont pas participé à la vraie prise de risque initiale peuvent cueillir le fruit quand il est mûr. La start-up, devenue entreprise générant des bénéfices, va pouvoir faire vivre les actionnaires qui vont capter ses bénéfices.
La commission européenne toujours au service des financiers
La commission européenne est justement en train de faciliter le passage en bourse des start-up, histoire de permettre aux financiers de mettre la main dessus. Dans le même temps, plutôt que d’aider les États à surmonter la crise économique qui a démarré depuis 2015 et qui va lourdement s’accentuer avec la crise en cours, la BCE a donné 2700 milliards d’euros de Quantitaive Easing (QE) aux financiers.
Christine Lagarde a annoncé qu’elle allait encore donner aux financiers 1100 milliards d’euros de QE rien que pour 2020. Les QE, c’est juste de la planche à billet, ce sont des euros créés par la BCE qui vont directement aux financiers plutôt que de servir aux Éats.
Tout ce fric filé aux grands groupes financiers ajouté à une incitation aux start-up de passer en bourse, c’est juste une organisation pour permettre à ces acteurs privés de prendre la main sur nos entreprises. Les instances européennes facilitent la prise de contrôle de l’économie par quelques grands groupes financiers.
Cette stratégie n’est pas nouvelle, cela fait plusieurs décennies que Microsoft,Google ou même les grands groupes français comme Lagardère ou LVMH fonctionnent de cette manière. Les grands groupes scrutent en permanence les nouvelles entreprises qui se lancent pour soit monter au capital, soit faire un chèque au créateur pour en prendre le contrôle.
Ce modèle start-up permet juste aux grands groupes à la fois de conserver leur monopole en s'accaparant dès le départ tout ce qu pourrait ressembler à un concurrent et en plus à augmenter chaque année leurs bénéfices.
La start-up nation c'est un des leviers pour donner le contrôle de l'économie à des grands groupes privés. Ce sont les citoyens et les entreprises classiques qui travaillent, payent des impôts et prennent des risques pour que tout cela fonctionne.
La Commission européenne et le gouvernement français pendant ce temps font tout leur possible pour adapter les loi et donner des milliers de milliards d’euros aux financiers pour leur permettre de prendre le contrôle de l’économie.
C’est le but des néolibéraux : le contrôle total par quelques acteurs privés dont le seul objectif est la maximisation des bénéfices.
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