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La productivité au banc des accusés

« La France est le pays qui a le taux de productivité le plus élevé au monde. » Qui n’a jamais entendu cet argument dans un débat économique, brandi fièrement tel un glaive de justice face aux détracteurs du modèle social à la française ? Qu’il est en effet plaisant de se dire que nous sommes les meilleurs. Que le monde entier nous envie notre productivité, et vient sournoisement espionner nos méthodologies qui nous rendent si productifs. En trépignant d’impatience à l’idée de venir installer des filiales de production dans un pays où la productivité semble être une religion.

L’article tente d’apporter des éclaircissements sur ce célèbre indicateur, dont le mode de calcul est en revanche assez méconnu et, comme vous pourrez le constater dans certains cas, complètement hallucinant. Lisez jusqu’au bout, vous ne serez sans doute pas déçu ! L’article va tout d’abord rappeler le classement plus où moins officiel de la France, la définition un peu barbante de la productivité, avant de donner quelques exemples croustillants de son application.

Classement officiel des pays en termes de productivité horaire

Les sources fiables ne sont pas si simples à trouver, en voici une du Sénat (www.senat.fr) datant de 2006, en prenant la zone euro comme indice 100 :

Luxembourg : 183
Norvège  : 160
USA   : 140
Belgique : 134
Irlande   : 132
France  : 125

La France est donc au sixième rang mondial, ce qui apparemment est une bonne chose.

DEFINITIONS

La productivité horaire est le rapport entre la production et le nombre d’heures travaillées (PIB/nombre d’heures travaillées).

Une définition donc on ne peut plus simple, qui reporte en fait sa complexité dans la définition du PIB, dont l’une des nombreuses variantes est la suivante :

Le PIB est égal à la somme des valeurs ajoutées brutes des différents secteurs institutionnels ou des différentes branches d’activité, augmentée des impôts moins les subventions sur les produits.

Contrairement à ce que beaucoup pensent, le PIB n’a rien d’une science exacte et beaucoup de bémols sont mis par le Sénat lui-même sur son calcul et les comparaisons internationales. En France, la mise en oeuvre de ce calcul par l’INSEE fait l’objet d’une telle opacité que cela mériterait un article en soi. Par exemple, difficile de mettre la main de manière officielle sur les éléments suivants, jugez vous-même de leur importance :

  • L’économie souterraine est censée être estimée et incluse dans les comparaisons internationales. Est-elle incluse dans celui de la France ? D’après certains, dont Wikipedia, oui, d’autres soutiennent catégoriquement que non, etc. Quand on connaît la fourchette d’estimation qui va de 4% à 14% pour la France...
  • La valeur ajoutée des services publics est-elle ajoutée par le prix de revient (et cela concerne-t-il l’amortissement de l’immobilier, de l’administration, les fournitures...), ou par le « prix du marché » ? Si c’est le prix du marché, comment est-il déterminé ?

  • Les hausses de l’immobilier sont-elles plus ou moins incluses dans la croissance, comme c’est le cas aux USA par le biais des prêts octroyables ?

  • Etc.

Si les lecteurs ont des sources détaillant ces points, je suis fortement preneur. Je parle bien de sources SVP, pas d’opinions ou connaissances personnelles provenant de vieux professeurs d’économie usés et aigris. Il semble qu’il y ait là en tout cas de formidables variables d’ajustement permettant à un gouvernement d’orienter les chiffres du PIB. Bien, passons maintenant aux choses sérieuses.

EXEMPLES MARQUANTS D’APPLICATION

Cette définition de la productivité en tête, voyons comment elle s’applique sur quelques cas pratiques.

Exemple 1

Soit une société française d’un effectif de 3000 personnes dont :

  • 2900 personnes travaillant directement à la production ;
  • 100 personnes travaillant au siège, d’un salaire moyen bien supérieur à ceux de la production.
Imaginons que cette société décide de délocaliser la totalité de sa production. C’est catastrophique pour le PIB, puisqu’il perd toute la valeur ajoutée des salariés de la production. Mais c’est excellent pour le taux de productivité, puisque les seuls travailleurs restant au pays sont au siège, et sont donc ceux qui dégagent le plus de valeur ajoutée, entre leur salaire et le résultat opérationnel du siège social !

Le Sénat l’avoue à demi-mots et en tout petit : « on peut rappeler que les délocalisations exercent un impact favorable sur la productivité, les activités délocalisées étant généralement les moins productives  ».

Surprenant non ? Bien comprendre et garder en tête cet exemple est fondamental. A lui seul, il résume l’absurdité d’utiliser un tel indicateur dans une argumentation.

En caricaturant, un pays qui aurait des dizaines de millions de travailleurs au noir, chômeurs, étudiants, clandestins, RMIste, retraités, pré-retraités d’un côté et un très faible nombre de personnes qui travailleraient dans des sièges sociaux de grandes multinationales de l’autre, serait assurément le numéro un de la productivité horaire. Et ce jusqu’à l’implosion, il accroîtrait d’année en année son avance sur ses « malheureux » poursuivants qui n’y verraient que du feu. Tiens...

Quelle que soit son opinion politique, il faut bien retenir cela : une hausse de la « productivité » au sens de sa définition actuelle n’est pas forcément une bonne nouvelle, et peut même en être une très mauvaise quand il met en évidence un fort taux de délocalisations.

Exemple 2

La contribution au PIB de l’administration était d’environ 240 milliards d’euros en 1999, à la veille du passage au 35h. Et au lendemain de ce passage au 35h, abracadabra... La productivité de l’administration a été d’un coup de baguette améliorée de 12%. Pourquoi ? Le PIB est resté à 240 milliards, les salaires ayant été maintenus, alors que le nombre d’heures a lui diminué, augmentant mécaniquement la productivité et larguant ainsi pour de bon les pauvres administrations étrangères qui ramaient en se demandant comment nous Français étions si « productifs ». J’ai choisi l’exemple de l’administration uniquement parce que le passage au 35h y a été moins confus que dans le privé. N’y voyez aucune intention malveillante. Mais il est bien évident que cela s’applique aussi dans le privé, de manière peut-être moins nette.

Bien entendu, certaines branches ont ensuite fait des efforts réels de productivité pour s’adapter, comme le postier qui court tous les jours d’un village à un autre pour assurer des permanences de 2h, mais là n’est pas la question. Cet exemple met l’accent sur une autre aberration de la productivité que celle du premier exemple : elle est purement comptable et ne s’appuie en aucun cas sur des éléments concrets d’efficacité sur le terrain. Pour que tout le monde comprenne ce « purement comptable », je donnerai le même exemple de l’administration sous un autre angle : si l’Etat décide une augmentation uniforme de 3% des salaires, cela augmente d’autant la productivité de l’administration. Enfin pratiquement d’autant, au bémol près de connaître le mode précis de prise en compte de l’INSEE pour son calcul (cf. plus haut). En d’autres termes, plus vous augmentez le salaire d’un fonctionnaire, plus il est productif ! Décapant non ?

Exemple 3

Prenons l’exemple d’un organisme guichetier quelconque en France, et son équivalent en Chine.

Imaginons-les au même nombre d’effectifs, effectuant à la même vitesse et la même qualité leur travail, les deux traitant une moyenne de 100 usagers par heure au guichet pour l’ensemble de l’organisme. Bien.

  • Le salaire horaire moyen net d’un fonctionnaire chinois est d’environ 0,70€ net/heure en 2006. En confrontant les PIB par habitant simple et en parité de pouvoir d’achat (données Wikipedia) de la Chine et de la France, on peut estimer que cela correspond à un salaire horaire de 3,5€ nets.

  • Le salaire moyen d’un fonctionnaire français est d’environ 14€ nets/mois (source INSEE 2004).

Donc avec notre extraordinaire définition de la productivité, le coût de la main-d’oeuvre étant de loin le plus important poste de valeur ajoutée de nos deux organismes, hors correction du PIB sur l’indice des prix, l’organisme français est donc plus de quatre fois plus « productif » que son homologue chinois, à efficacité et qualité strictement identiques. Evidemment, ce n’est qu’une conséquence de la définition, mais je suis certain que beaucoup ne l’avaient pas envisagé sous cet angle. Comment cela est-il possible ? Encore une fois cela est dû à l’approche purement comptable de l’indicateur, qui ne tient absolument pas compte de travail réellement produit. Cet invraisemblable écart pour un travail identique est dû à la richesse « historique » de la France, qui permet (et heureusement) des salaires beaucoup plus élevés. La richesse historique n’étant pas du tout incluse dans le PIB, elle fausse complètement, et c’est un euphémisme, les comparaisons de la « productivité » entre des pays structurellement différents.


Exemple 4


Imaginons deux pays structurellement très proches, avec un PIB quasiment identique. Supposons que l’un des deux, appelons-le le pays F, décide de recourir fortement à l’emprunt pour répondre à ses besoins sociaux, s’accordant un déficit de 3%/an. L’autre pays conservant (à tort ou à raison, ça c’est une autre histoire) la rigueur, pas ou peu de déficits. Eh bien le pays F aura mécaniquement droit à une hausse générale de sa productivité de 3% (au moins), hop le tour est joué. Peut-être même plus, car il est possible qu’un déficit soit un investissement et que les 3% investis se transforment en 4% de croissance par exemple... Mais quand c’est pour financer du social rien n’est moins sûr... C’est un autre débat. L’endettement est donc un autre énième facteur qui fausse les comparaisons de productivité, que ce soit dans le temps pour un même pays ou dans les comparaisons entre deux pays... ça commence à faire beaucoup.


CONCLUSION


On pourrait boucler très longtemps sur d’autres exemples tous plus surprenants et amusants les uns que les autres, croyez-moi. J’espère que ceux que j’ai choisis suffiront à montrer aux lecteurs que l’indicateur de productivité, si souvent mis en avant dans les médias et par nos politiques pour bomber le torse, n’est qu’un écran de fumée de plus. Chacun peut ensuite avoir ses convictions politiques, mais utiliser cette chose que l’on ose appeler un indicateur dans un argumentaire, dans un sens comme dans l’autre, est soit une énorme erreur soit un honteux mensonge. Un indicateur de quoi ??? Je serais gré que les lecteurs ayant trouvé l’article intéressant y fassent référence dans les fils de discussion chaque fois qu’un de nos bien-pensants utilisera le fameux : « La France a le taux de productivité le plus élevé au monde. » Et j’espère que ces mêmes bien-pensants sauront, pour une fois, faire preuve justement de bonne foi. Ben quoi on peut toujours rêver ?!



Quels indicateurs palliatifs ?

  • Pour comparer la productivité au sens efficacité dans le travail, c’est bien simple, il n’y a aucun moyen. Quelques organismes auditent de temps en temps des branches d’activité dans un échantillon de pays, mais bon c’est cantonné, non récurrent, forcément tendancieux et donc difficilement exploitable.

  • Le seul vrai juge est le taux d’implantations d’entreprises étrangères dans le domaine de la production au sens large (logiciel, high tech, industriel...). SVP que personne ne sorte que la France est au hit parade mondial des investissements étrangers car sinon je fais un article sur le sujet ;-). Cet argument que l’on entend et lit souvent est faux, archi-faux, archi-archi-faux. Les gens confondent investissements d’implantations et prises de participation au capital (qui ne créent strictement aucun emploi, ce serait même l’inverse), et ce n’est pas tout à fait la même chose...


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47 réactions à cet article    


  • Ceri Ceri 9 janvier 2008 12:36

    merci, c’est très bien expliqué !

    oui et le calcul du pouvoir d’achat est dans le même style, ils ne tiennent pas compte de tout un tas de facteurs essentiels comme le logement par exemple.

    Ca pose, effectivement, la question du choix des outils de mesure. D’ailleurs le grand enjeu dans les IFI c’est de choisir tel paramètre et pas tel autre pour dire que tout va bien dans le meilleur des mondes.

     

     


    • vieuxcon vieuxcon 9 janvier 2008 12:48

      Je ne peu pas vraiment vous répondre. j’ai des entrées à l’Insee, mais n’ai pas mis en doute leur capacité de réflexion aussi loin aue vous.

      Je peux par contre vous donner d’autres indicateurs. Par exemple le cout de tonne d’acier produite. Il fut (et reste peut être) longtemps le meilleur en France.

      Je peu vous dire par exemple, que quand Ford à construit en Espagne, puis délocalisé en France une usine de production de voiture, c’est par ce que le cout était inférieur en France. Non pas le cout de production direct (charge salariale / nombre de voitures produites en sortie de chaine direct) mais le cout après retour en chaîne pour défaut constaté. Et la différence était suffisante pour délocaliser après deux ans seulement.

      Objectivement je ne peu donc pas vous apporter la contridaction. Je peu juste vous signaler, que dans le mileiu industriel il existe fort heureusement d’autres critère que ceux du sénat. Ce sont ces autres critères qui mettent la productivité horaire dans le peloton de tête pour la France.

      Vous auriez poursuivre votre étude sur le nombre d’heure moyen travaillé. C’est un indicateur qui mesure le nombre d’heure moyen de travail pour un individu actif, dans un état donné. On ne prend que les individus au travail sans tenir compte des chomeurs. Ce chiffre donne un résultat de 1750h pour un Français, alors qu’il varie entre 1250 et 1350 pour le Luxembourg, la Suisse l’allemagne, la Hollande, le Danemark Bref tous les pays européens où la richesse individuelle est supérieur à la France.

      Quoi j’ose prétendre qu’un Suisse travaille moins d’heure qu’un Français. Et OUI. Le nombre de congé lfariés égal est similaire vois supérieur dans certains canton catholique. Encore une légende bien Française. Le nombre de congé annuel semble supérieur en France je le concède. mais c’est difficilement mesurable quantitativement. On parle de congé du batiment en Suisse ou de congé de l’automobile en France. Si c’est assez facilement mesurable pour les ouvriers c’est bien moins évidents pour les cadres d’un coté comme de l’autre.

      Reste qu’en Suisse en allemagne, au danemark et dans d’autre pays encore, le temps partiel choisit est une pratique courante. Dans les hopitaux suisses, de nombreuses infimières sont à temps partiel. Inconcevable en France. De nombreux cadres suisses sont aussi à temps partiel choisit. Pas pour faire un deuxième emploi dans une autre entreprise, non. Pour prendre le temps de vivre simplement, le temps de voir sa famille ses amis, de profiter de la nature.

      Et cette pratique du temps partiel amène ce chiffre à 1250 heures en moyenne pour les gens en activité. Castastrophe économique ? Bien sur que non le niveau de vie moyne d’un suisse n’arien à voir avec le niveau de vie d’un Français.

      Donc le travailler plus pour gagner plus ne se base sur aucune réalité économique.

      C’est un autre critère, qui est la clef de se problème. Le travailler tous. Dans tous les pays auquels je fait référence plus haut, le taux de chômage est très faible. Et si ce taux est très faible, ce n’est pas par ce qu’on a contraint les chômeurs à retrouver un emploi, c’est par ce que cette pratique du temps partiel à libéré des emploIs. Quand un salarié d’une netreprise à un niveau de vie correct, qu’il est intsallé, marié, que lavenir de ses enfants est assuré, il léve le pied. Quand une femme a des enfants, tout le monde considère comme normal, et pas handicamp qu’elle ne fasse pas la totalité des heures légales. on aménage son temps partiel. Bien sur son saliare en est diminué, mais pas sa retraite, pas son droit à l’assurance maladie, pas sa qualification au sein de l’entreprise, ni son droit à l’avancement. Quand un cadre se sent fatigué, plus tot que d’arriver à burning out, il est préférable pour tout le monde de lui laisser profiter d’un aménagement de son temps de travail. Ces connaissances et sa qualification profitent toujours à l’entreprise. Il conserve tout ces droits, y compris celui de revenir à temps complet s’il le souhaite.

      Bref ces histoires horaires sont en France toujours teintés de mauvaise foi. On voudrait faire croire que le Français ne travaille pas assez. Ce n’est pas le sujet.

      Le vrai sujet est : il n’y a pas assez de Français en age de travailler qui travaille. Pas forcément plus longtemps, c’est inutile, ça ne créé pas de richesse. Il faut que nous acquérions une culture de partage du temps de travail. 35 heures pour tous ça ne veut rien dire non plus. Nous devons accepter que l’individu face moins d’heure, mais que plus d’individus produise la même chose, et pourquoi plus si nécessaire.

      Qu’une refonte des charges des entreprises, des droits des travailleurs soit nécessaire, sans doute. Mais tant qu’à faire prenons les bons critères. Et ce n’est pas le tvailler plus.

       


      • donino30 donino30 9 janvier 2008 13:27

        Ford est un exemple intéressant, mais de quand date cette délocalisation de l’Espagne vers la France ? Voici une information relayée en octobre 2007 par la tribune et le figaro :

        L’annonce a de quoi inquiéter les salariés bordelais, car Ford n’écarte plus la possibilité de se séparer d’une de ses deux usines girondines. L’annonce est venue de la bouche du vice-président de Ford Europe, James Tetreault. Les baisses envisagées de la production de transmissions automatiques menaceraient d’ici 2020 ’’directement 2000 emplois

        Certes le groupe a de graves difficultés financières, mais dans le même temps :

        Le groupe automobile Ford, qui vient d’acheter une usine en Roumanie, a annoncé son intention d’en faire l’une des plus grandes d’Europe. Selon John Fleming, administrateur délégué de Ford Europe, le site roumain sera plus important que celui de Ford Genk, rapportent mardi L’Echo et De Tijd. Pour mener à bien son projet, Ford va investir 675 millions d’euros à des fins de modernisation de l’usine roumaine. L’objectif du constructeur automobile est d’arriver, d’ici 2011, à une production annuelle de 300.000 véhicules et 300.000 moteurs, ce qui représente un record eu égard aux 265.000 voitures qui devraient sortir cette année des chaînes de l’usine de Genk

        Merci encore pour cette parfaite illustration.


      • Emile Red Emile Red 10 janvier 2008 11:50

        Donino, vous plantez l’exemple Ford dès lors que vous parlez d’automobiles ou de moteurs.

        Les usines Ford de Bordeaux sont uniquement spécialisées dans les boîtes de vitesses, et de plus, des boîtes automatiques particulières pour certains véhicules spécifiques aux USA comme des pick-up qui sont les premières victimes de la déconfiture de Ford aux States.

        Maintenant parlons de Toyota (un de mes clients) dont les usines du nord (fabrication des Yaris) sont, au dire des dirigeants, dans les plus performantes du groupe et les plus rentables...

        Les arguments de Vieuxcon sont les arguments de toutes sociétés progressistes où l’entreprise n’est plus l’ennemi du salarié mais le partenaire, il existe des analyses qui démontrent que le temps travaillé n’est efficace que sur durée journalière moyenne et qu’au dessus la productivité chute systématiquement. Ford UK avait fait une étude qui démontrait que pour une productivité X, passées les 6 premières heures le risque de voir revenir les véhicules, pour malfaçon, augmentait de plus de 40%, si je me souviens bien des termes, il s’en était suivi une diminution de productivité pour correspondre au temps effectif, ménageant ainsi les besoins aléatoires de hausse de production.

         

         


      • Leveque 9 janvier 2008 13:09

        Un autre réalité, beaucoup plus simple à comprendre, sur la productivité Francaise.

        En France l’emploi est tellement cher et compliqué, que le travail est effectué avec des effectifs réduits.

        alors que le travail à faire est le même. Là il y aurait 10 employés en Angleterre ou aux USA,

        en France , il y en a 8,7 parfois 6.

        Au bilan, donc, le travail étant effectué par moins de personnes qu’on "surcharge" de boulot,

        on en tire la conclusion que la productivité Francaise est excellente......hum hum.....


        • Emile Red Emile Red 10 janvier 2008 11:54

          Le travail n’est pas plus cher en France que dans la plupart des pays riches, par exemple, aux USA les entreprises coulent à cause de leur système de retraite intégralement financées en interne.


        • Vincent 9 janvier 2008 13:47

           

          Alors là je suis sur le cul.
           
          En ce qui me concerne, je travaille dans l’industrie automobile pour information, la productivité chez nous se mesure en FTE (full time equivalent) standard de compta américaine si mes souvenir sont bon.
          Quesaqo ?
           
          Il s’agit du chiffre d’affaire rapporter pas personne à temps complet.
           
          En gros si vous voulez être rentable dans l’industrie automobile, il faut faire au minimum env. 150 k€/ an / personne.
           
          Bon ceci dit, dans nos usines nous utilisons ce que l’on appelle le TRS, taux de rendement synthétique, qui correspond à la multiplication de 4 facteurs.
           
          Nous partons d’une base de 24h00 (nous travaillons en 3x8) que nous appelons temps global.
           
          Dans un premier temps nous déduisons de cette base de temps globale les arrêts du aux plannings, liés à l’organisation, à la maintenance. 
          On l’appelle le temps planifié : P
           
          Ensuite de ce temps P nous relevons le temps disponible D (on déduit les pannes, les changement de production)
          On appelle le temps disponible D
           
          Ensuite nous calculons le temps net disponible nous déduisons du temps D les arrêt courts, les pertes de vitesse et l’efficience.
          On appelle ce temps E
           
          Enfin nous calculons le temps effectif donc du temps E nous déduisons les rebuts et les défaut, on appelle ce ration qualité Q
           
          Enfin le produit de ces 4 facteurs représente le taux de rendement synthétique
           
          TRS= P x D x E x Q , cet indicateur est ensuite exprimé en %.
           
          Il permet de calculer de façon complète le rendement d’un outil de production.
           
          Par exemple un atelier qui fonctionnerait vraiment bien, c’est ç dire avec env .95% dans les 4 secteurs, n’aurait en fait un TRS que de 81.5% 
           
          Ou en d’autre terme l’atelier ne fonctionnera normalement que 19h30 sur les 24h00 de temps d’ouverture.
           
          Cela permet de comparer différents ateliers qui produisent les mêmes pièces avec les mêmes machines.
           
          Dans l’industrie, le TRS est souvent très mal appliqué et la plus par du temps ramené uniquement à l’efficience et au rebut.
           
          Il est vrai que voir son atelier avec un TRS de 50% n’est pas forcement valorisant pour les opérateurs qui bossent comme des malades et que les causes importantes de pertes de TRS se situent au niveau de la planification par exemple.
           
          Donc si l’on veut augmenter le TRS, réduire le temps de travail est une mauvaise chose, si les facteurs de variation restent les mêmes.
           
           
           
          Ceci dit, il existe d’autre moyens de comparer différents secteurs qui produisent pour certain des services et pour d’autre des produits.
           
           
          Il s’agit de la mesure du Sigma, mais bon c’est assez long à expliquer, mais globalement ça permet de comparer des choux avec des carottes.
           
          Maintenant je ne suis pas certain qu’il existe des indicateurs fiables pour la fonction publique, surtout dans les services, car au delà de la quantité de personnes reçues, ce qui compte avant tout c’est la satisfaction de l’usager, en principe vous venez avec des questions ou des tâches à effectuer le tout est de savoir si le fonctionnaire a bien répondu à votre attente et j’ai très rarement vu des enquêtes de satisfactions dans les bureau de l’administration.
           
          Par ailleurs comment quantifier en monnaie sonnante et trébuchante la valeur du travail d’un fonctionnaire du servie public autrement que par son coût salarial auquel sera ajouter les coût de structures, par définition les entreprises privée à de rares exception (pour les délégation de service public justement) n’effectuent pas de travail d’utilité publique. Donc comment évaluer la valeur des services proposés par l’administration.
           
          Donc à mon avis essayer de calculer la productivité d’un fonctionnaire n’est pas un bon moyen de comparer les différent pays.
           
          Par contre nous pouvons comparer les coûts de fabrications et les quantités bonnes fabriquées et à ce petit jeu là je pense que nous sommes loin d’être les plus mauvais.
           
          D’autre part pour mettre un peu plus encore de floue dans ces calcul sachez que la plus part des sous-traitants automobiles ne tiennent pas comptes des coût de transports logistiques dans leur prix pièces, puisque les prix sont établi en départ usine et que les coûts logistiques sont pris en charge par les constructeurs.
           
          Après on viendra nous dire que les constructeurs voient leurs marges fondrent…..
           
          Aparté faite, il faut aussi avoir à l’esprit que dans la production, il n’y a pas que des pièce mais aussi les service puisque sous entendue production de valeur ajoutée.
          Aussi s’il l’on prend en compte les banques et autres entreprises de service à fort rendement je pense que celles-ci contribuent à augmenter notre productivité suivant la définition donnée.

          • Céphale Céphale 9 janvier 2008 13:52

            A quoi sert de comparer la productivité de différents pays ? Ces études poursuivent généralement un but idéologique. De plus, les bases de calcul ne sont pas claires.

            La production est un concept qui s’applique exclusivement à une entreprise, un service public ou une administration.

            Le produit intérieur brut (PIB) est un concept qui s’applique exclusivement à une nation.

            Le nombre d’heures travaillées (NHT) est un concept qui s’applique aussi bien à une nation qu’à une entreprise, un service public ou une administration.

            La productivité horaire est définie comme le rapport production/NHT

            L’auteur va donc un peu vite en besogne quand il écrit que la productivité horaire est aussi le rapport PIB/NHT. Mais c’est un saut nécessaire pour donner une définition satisfaisante de la productivité horaire au niveau national. Il se fait en somme l’avocat du diable.

            On pourrait critiquer aussi le concept du nombre d’heures travaillées. Quid du directeur d’agence qui emporte un dossier chez lui pour travailler pendant le weekend ?

            En réalité je pense que le concept de productivité nationale n’a aucun sens. Il procède d’une propagande qui vise à prouver qu’en matière d’économie certains pays sont meilleurs que d’autres. Mais comparer des indicateurs chiffrés établis dans différents pays, ce n’est pas comparer des choses comparables. Je suis d’accord avec l’auteur.


            • tvargentine.com lerma 9 janvier 2008 13:53

              Il faut aussi tenir compte,que depuis mai 1981 (ou la date des entreprises que la gauche avait nationalisée) les entreprises étaient des entreprises industrielles et que les restructuration et les suppressions d’activités délibérées pour orienter la France vers une société de service ont gravement nuit à la structure de la France et de son industrie.

              Des pans entiers d’activités ont disparus (acier,chimie,charbon...) tous sont sous le contrôle de groupe étrangers.

              Les sous-traitants n’existent presque plus,ne restent que des gros sous-traitants dépendant du bon vouloir des multi-nationales dont l’actionnaire principal est un fond de pension américain

              Vouloir calculer un taux de productivité dans une boite de service ne veut rien dire et encore moins dans une société "industrielle française"

               

               


              • Vincent 9 janvier 2008 14:22

                Pas d’accord du tout avec vous Lerma, on peut absolument calculer la productivité des employés dans une boite de service.

                Au même titre que dans une boite qui fabrique des produit à partir de matière première.

                Il suffit pour cela d’utiliser les outils de mesure adéquat et de bien déterminer et spécifier les besoins des clients.

                 

                Par ailleurs il me semble que dans votre conclusion vous faites un amalgamme malheure : 

                l’industrie française selon moi n’est pas dans le secteur des services.

                 

                 


              • Emile Red Emile Red 10 janvier 2008 12:07

                Pour Lerma l’industrie c’est Péchiney, Charbonnage de France et BSN, il existe des tas d’industrie qui n’ont rien à voir avec ces géants aux pieds d’argile, et qui vivent grassement en France.

                Ne peuvent se délocaliser, aujourd’hui, que les industries à faible compétence technologique ou même artistique. Quand un Jourdan ferme ce n’est pas du à une délocalisation ou une concurrence déloyale, mais bien à des magouilles financières qui tuent un emploi viable, et là, Lerma ne va pas chercher son copain Nainbus pour remettre les argentiers dans le sens du devoir mais crache sur les ouvriers sans pouvoir.


              • Vincent 9 janvier 2008 14:16

                 Je tente de poster de nouveau car le précedent commentaire est illisible.

                Alors là je suis sur le cul.
                 
                En ce qui me concerne, je travaille dans l’industrie automobile pour information, la productivité chez nous se mesure en FTE (full time equivalent) standard de compta américaine si mes souvenir sont bon.
                Quesaqo ?
                 
                Il s’agit du chiffre d’affaire rapporter pas personne à temps complet.
                 
                En gros si vous voulez être rentable dans l’industrie automobile, il faut faire au minimum env. 150 k€/ an / personne.
                 
                Bon ceci dit, dans nos usines nous utilisons ce que l’on appelle le TRS, taux de rendement synthétique, qui correspond à la multiplication de 4 facteurs.
                 
                Nous partons d’une base de 24h00 (nous travaillons en 3x8) que nous appelons temps global.
                 
                Dans un premier temps nous déduisons de cette base de temps globale les arrêts du aux plannings, liés à l’organisation, à la maintenance. 
                On l’appelle le temps planifié : P
                 
                Ensuite de ce temps P nous relevons le temps disponible D (on déduit les pannes, les changement de production)
                On appelle le temps disponible D
                 
                Ensuite nous calculons le temps net disponible nous déduisons du temps D les arrêt courts, les pertes de vitesse et l’efficience.
                On appelle ce temps E
                 
                Enfin nous calculons le temps effectif donc du temps E nous déduisons les rebuts et les défaut, on appelle ce ration qualité Q
                 
                Enfin le produit de ces 4 facteurs représente le taux de rendement synthétique
                 
                TRS= P x D x E x Q , cet indicateur est ensuite exprimé en %.
                 
                Il permet de calculer de façon complète le rendement d’un outil de production.
                 
                Par exemple un atelier qui fonctionnerait vraiment bien, c’est ç dire avec env .95% dans les 4 secteurs, n’aurait en fait un TRS que de 81.5% 
                 
                Ou en d’autre terme l’atelier ne fonctionnera normalement que 19h30 sur les 24h00 de temps d’ouverture.
                 
                Cela permet de comparer différents ateliers qui produisent les mêmes pièces avec les mêmes machines.
                 
                Dans l’industrie, le TRS est souvent très mal appliqué et la plus par du temps ramené uniquement à l’efficience et au rebut.
                 
                Il est vrai que voir son atelier avec un TRS de 50% n’est pas forcement valorisant pour les opérateurs qui bossent comme des malades et que les causes importantes de pertes de TRS se situent au niveau de la planification par exemple.
                 
                Donc si l’on veut augmenter le TRS, réduire le temps de travail est une mauvaise chose, si les facteurs de variation restent les mêmes.
                 
                 
                 
                Ceci dit, il existe d’autre moyens de comparer différents secteurs qui produisent pour certain des services et pour d’autre des produits.
                 
                 
                Il s’agit de la mesure du Sigma, mais bon c’est assez long à expliquer, mais globalement ça permet de comparer des choux avec des carottes.
                 
                Maintenant je ne suis pas certain qu’il existe des indicateurs fiables pour la fonction publique, surtout dans les services, car au delà de la quantité de personnes reçues, ce qui compte avant tout c’est la satisfaction de l’usager, en principe vous venez avec des questions ou des tâches à effectuer le tout est de savoir si le fonctionnaire a bien répondu à votre attente et j’ai très rarement vu des enquêtes de satisfactions dans les bureau de l’administration.
                 
                Par ailleurs comment quantifier en monnaie sonnante et trébuchante la valeur du travail d’un fonctionnaire du servie public autrement que par son coût salarial auquel sera ajouter les coût de structures, par définition les entreprises privée à de rares exception (pour les délégation de service public justement) n’effectuent pas de travail d’utilité publique. Donc comment évaluer la valeur des services proposés par l’administration.
                 
                Donc à mon avis essayer de calculer la productivité d’un fonctionnaire n’est pas un bon moyen de comparer les différent pays.
                 
                Par contre nous pouvons comparer les coûts de fabrications et les quantités bonnes fabriquées et à ce petit jeu là je pense que nous sommes loin d’être les plus mauvais.
                 
                D’autre part pour mettre un peu plus encore de floue dans ces calcul sachez que la plus part des sous-traitants automobiles ne tiennent pas comptes des coût de transports logistiques dans leur prix pièces, puisque les prix sont établi en départ usine et que les coûts logistiques sont pris en charge par les constructeurs.
                 
                Après on viendra nous dire que les constructeurs voient leurs marges fondrent…..
                 
                Aparté faite, il faut aussi avoir à l’esprit que dans la production, il n’y a pas que des pièce mais aussi les service puisque sous entendue production de valeur ajoutée.
                Aussi s’il l’on prend en compte les banques et autres entreprises de service à fort rendement je pense que celles-ci contribuent à augmenter notre productivité suivant la définition donnée.

                • donino30 donino30 9 janvier 2008 15:02

                  Bonjour Vincent, le commentaire manque un peu, disons hum, d’espacements ? smiley

                   

                  Merci pour l’illustration intéressante. Sur ce que j’ai compris, le FTE a beaucoup de défauts,on ne peut pas s’en servir pour comparer les constructeurs automobiles entre eux, ni même les filiales d’un même groupe entre elles. Par exemple, le CA par salarié d’audi sera sans doute supérieur à celui de Renault puisque les produits Audi sont en majorité sur du haut de gamme, avec une marge réputée beaucoup plus forte. Cela signifie t-il qu’ils sont d’autant plus efficaces ? On ne peut tirer aucune conclusion. De même, la filiale produisant la Logan est elle soumise au même ratio de 150 k€ par employé ? Pas sûr. 

                   

                  Le TRS semble lui, en effet, un vrai indicateur d’efficacité, avec certes les défauts cités, mais utilisable uniquement à l’intérieur du groupe. Ceci dit je n’ai pas tout compris dans sa définition car elle ne semble pas inclure la production ? Considère t-on que quand les chaines fonctionnent, c’est à une allure constante prédéfinie que les travailleurs ne peuvent ni accéler ni diminuer ? 


                • Jocrisse Jacques 9 janvier 2008 18:18

                  Donino

                  Juste un petit complément d’info car j’ai exercé très longtemps dans une grande multinationale.

                  La productivité entre usines ou filiales d’un groupe (par ex une multinationale) se mesure. Les comparaisons sont effectuées par grandes lignes de produits (terme utilisé : benchmarking). Ces comparaisons permettent :

                  -d’évaluer la compétitivité des différentes usines/filiales du groupe

                  -de mettre en oeuvre sur chaque site les meilleures pratiques du site classé n°1

                  -de se faire supprimer certains produits (si l’on est trop mauvais) ou de récupérer des productions (si l’on est très bon).

                  En revanche les comparaisons de productivité entre groupes concurents........pas facile !!!

                  Je souscris à votre article. Et meilleurs voeux.


                • Vincent 10 janvier 2008 10:24

                  OK, pour vous éclairer, je vais tâcher de vous faire un exemple compréhensible.

                   

                  tout d’abord établissons quelques données :

                   

                  Résultats qualité : production totale de 449 pces

                   rebut 30 pces

                   

                  Mainrenance : maintenance préventive

                   15 min de nettoyage

                   1 panne de 5 min

                   

                  Vitesse de production : vitesse de production standard : 70 pces/h

                   vitesse réelle : 65 pces/h (à cause d’un roulement grippé par exemple)

                   

                  Changement d’outil : 5 min

                   

                  Divers : pause de 30 min

                   10 min de prise de poste.

                   

                  Maintenant passons aux calculs :

                  480 min = 8h00

                  Ratio planning (P) : P=(480-30-10-15)/480 = 0.885 88.5%

                   

                  Disponibilité (D) : D=(425-5-5)/425=0,976 97.6%

                   

                  Efficacité (E) : 65/70=0.928 92.8%

                   

                  Ratio qualité (Q) : (449-30)/449= 0.933 93.3%

                   

                  TRS= PxDxExQ=0.885 x 0.976 x 0.928 x 0.933= 0.749 74.9%

                   

                  Comme vous pouvez le constater nous tennons compte de la production, mais pas des critères financiers.

                  Nous mesurons uniquement le rendement de l’ensemble de la chaîne de production en tenant compte de tous les aléas.


                • donino30 donino30 10 janvier 2008 19:59

                  Bien compris. Merci.


                • Roland Verhille Roland Verhille 9 janvier 2008 14:40

                   

                  Tous mes compliments à l’auteur.
                  1°. La définition de la productivité : ne définit rien en introduisant « la production », pure abstraction. Production de quoi ? Mesurée comment ? Et le nombre d’heures, quelles heures ? La productivité est dite être mesurée par un rapport entre un nombre (« la production »), et un autre (nombre d’heures), les deux n’étant pas cohérents.
                  2°. Les exemples 1 à 3. Démonstrations par l’absurde, ce qui est effectivement un mode scientifique de démonstration.
                  Ces trois exemples révèlent qu’en fait, il y a qui pro quo. Ce qui est mesuré n’est pas une quelconque productivité. C’est tout simplement un niveau du coût du travail.
                  3°. Exemple 4 : Le cheminement du raisonnement n’est pas clair. L’emprunt donne le moyen de payer du travail, et ce travail ne produit pas inéluctablement du vent. Il a sa productivité, comme le travail payé au moyen de la monnaie obtenue en contrepartie d’un autre travail.
                  L’auteur a peut être, et pertinemment mais confusément, compris que cette production obtenue au moyen de fonds empruntés par l’état n’est en réalité pas une production nouvelle. Elle n’est que la transformation en biens et services de l’épargne en réalité détruite en contrepartie. Pour que cette épargne soit reconstituée, il faudra bien que l’état prélève sur les productions ultérieures de quoi reconstituer celle détruite.
                  4°. Exemple à ajouter : Comparaison entre un pays où tous les impôts sont des impôts directs sur les consommateurs, et pays où seuls existent des impôts sur les entreprises qui, par nécessité vitale, les répercutent dans les prix (les prix de marché). Le pays à la productivité la plus élevée sera celui où seuls existent des impôts sur les entreprises répercutés dans les prix de marché, ce qui élève le PIB qui est calculé en prix de marché.
                  5°. Pas de moyen de mesurer la productivité. Vrai et faux.
                   
                  a) Vrai si la mesure est recherchée dans la comptabilité nationale d’où est extrait le calcul du PIB. Pourquoi ? Parce que le rapport est effectué entre un montant de monnaie (des euros) et un nombre d’heures. Ce montant de monnaie ne mesure pas des quantités de biens et services produites, mais celui de leur prix.
                  b) Faux, car le calcul de productivité du facteur travail ne peut s’opérer qu’en effectuant le rapport entre une quantité d’objets produits (services rendus à 100 usagers dans l’exemple 3) et un nombre d’heures utilisées pour produire ce service (rapport entre deux quantités). Le calcul ne peut être opéré que pour des objets homogènes au regard de leur mode de comptage (exemple : tant de tonnes de fontes de telle qualité produites au moyen de tant d’heures de travail). 
                   
                  6°. Services publics : Ils sont bien mesurés en prix de revient (le montant de ce qu’ils ont coûté à produire), et non en prix de marché. Voir la méthodologie des comptabilités nationales, sites INSEE, Eurostat, OCDE.
                  7°. Opacité : Oui, pour l’économie souterraine, non pour l’immobilier car les plus values ne sont pas un élément du compte de production puisque les plus values pour les uns sont des moins values pour les autres. Ajouter à la liste : le production de services bancaires (SIFIM) dont le prix serait travesti dans le montant des intérêts, et la production non marchande des ménages pour eux-mêmes. Encore plus opaque : les prétendus services de logement que se rendent à eux-mêmes les propriétaires de leur habitation (environ la moitié des Français !).
                  Il y a là toutes les voies qui permettraient à l’INSEE de demander au chef du gouvernement quel est le taux de croissance qu’il désire pour l’année, et de lui fournir le montant qu’il désire !
                  8°. Le « purement comptable ». Le comptable n’a rien à voir dans cette affaire. Ce sont les statisticiens fabriquant ces comptes qui comprennent la comptabilité aussi bien que les rebouteux comprennent la médecine ; comme les économistes incapables de faire et lire des comptes. Quant aux politiques, ils sont seulement capables de vider nos porte-monnaie, et n’aiment donc vraiment pas les comptables qui gardent les caisses.
                  9°. Ecran de fumée. Vous semblez savoir calculer. Alors, vous devriez pouvoir repérer les trois doubles emplois commis dans l’addition des éléments constitutifs du PIB (production de capital fixe (biens d’investissement) à concurrence de leur consommation dont le montant est porté par les producteur dans le calcul de leur prix de marché ; impôts indirects compris dans les prix de marché ; services non marchands des administrations publiques payés avec ce qui est prélevé sur les rémunérations, lesquelles forment les coûts de production des biens et services.

                  Vous voyez, il y a bien plus d’un article à faire pour expliquer l’imposture du PIB et de tout ce qui en découle ! Mais je crains que cela n’intéresse pas les lecteurs d’Agora Vox.


                  • Parpaillot Parpaillot 10 janvier 2008 00:03

                    @ Roland Verhille :

                    Vous écrivez :

                    "Vous voyez, il y a bien plus d’un article à faire pour expliquer l’imposture du PIB et de tout ce qui en découle ! Mais je crains que cela n’intéresse pas les lecteurs d’Agora Vox."

                    Au contraire, votre commentaire est très intéressant ... Pourquoi n’écririez-vous pas un article pour expliquer cette "imposture du PIB" ? Remarquez tout de même qu’il est nécessaire de disposer d’indicateurs en économie, comme dans d’autres domaines d’ailleurs, mais encore faudrait-il qu’ils puissent être réellement utiles et que l’on ne compare pas des pommes avec des poires ...

                    PS : Je sais que "Léon" a écrit un article sur le PIB. Il nous en donne le lien sur ce fil ...

                    @ Auteur :

                    Article très intéressant, du genre que l’on aimerait voir plus souvent sur AgoraVox ... Merci !

                    Votre papier nous rappelle qu’il faut lire les indicateurs économiques avec prudence et surtout les interpréter à bon escient !

                    Cordialement !

                     


                  • Roland Verhille Roland Verhille 10 janvier 2008 11:24

                    C’est entendu, je le proposerai d’ici fin janvier


                  • Parpaillot Parpaillot 10 janvier 2008 14:05

                    @ Roland Verhille :

                    Merci !

                    Cordialement !


                  • Céphale Céphale 9 janvier 2008 15:05

                    @Roland Verhille

                    Cet excellent article, ainsi que votre commentaire, intéresse tout de même quelques lecteurs d’AgoraVox, et c’est ça qui compte : faire progresser les idées sur des questions actuelles.

                     

                     

                     

                     

                     

                     


                    • geko 9 janvier 2008 15:52

                      @Donino30 Excellent article qui montre bien que nos hommes politiques, toutes étiquettes confondues, jouent avec les chiffres en fonction de leurs dogmes politiques !

                      J’aimerais savoir :

                      1. le calcul du PIB tient’il compte des variations monétaires ?
                      2. Le PIB étant basé sur la VA (VA= production vendue (CA) ou stockée - consommation intermédiaires). La VA est elle corrigée des taxes directes sur la consommation type TVA ? 
                      3. Comment peux t’on mesurer la productivité induite d’une organisation efficiente ?
                      4. Si le nombre d’heures est un élément crédible pour un "travail à la chaîne " il l’est beaucoup moins pour mesurer l’efficacité commerciale et la matière grise (l’ingénieurie de conception) mises en oeuvres, autrement dit la matière grise, dans le calcul de la productivité !


                      @Vincent et Rolland merci de faire un effort de mise en forme pour mettre en relief la qualité de vos commentaires !

                       


                      • Roland Verhille Roland Verhille 9 janvier 2008 16:46

                        Céphale, merci. Alors, j’en offrirai à Agora Vox.

                        Donino30 :

                        1°. L’INSEE présente les comptes annuels, et le PIB, en monnaie courante. Mais sont aussi présentés des comptes « en volume, prix chaînés ». Cette méthode n’est pas « additive » (la totalisation des nombres ainsi traités ne recoupe pas leur solde retraité de la même manière). C’est un traitement mathématique des nombres bien peu transparent (du genre de celui qui sert à déterminer la cote de crédit des fameux produits de titrisation !). L’idée de volume suggère que les statisticiens s’efforcent ainsi de dénombrer une quantité de biens et services. Ce n’est pas la fonction de ces comptes. Leur fonction est de dénombrer des quantités d’unités monétaires, de décrire comment elles ont été obtenues par les résidents du pays, et ce que ces résidents en ont fait. Personnellement, j’élimine les variations monétaires en pondérant les nombres en monnaie courante au moyen des coefficients de conversion fournis par l’INSEE destinés à ramener les nombres en monnaie courante des années antérieures en monnaie courante de la dernière année.

                         

                        2°. La VA contient les impôts indirects payés par les entreprises portés par elles dans leurs prix, mais pas la TVA et impôts assimilés ajoutés pour le calcul du PIB.

                         

                        3°. Je ne comprends pas suffisamment votre question sur la productivité induite pour pouvoir vous proposer une réponse.

                         

                         4°. La matière grise : son activité est mesurée par le nombre d’heures pour lesquelles elle a été rémunérée. La productivité globale de l’entreprise où se déploie cette matière grise ne peut se calculer qu’en cas de production mono produit (des tonnes de fonte par exemple). Il n’y a pas moyen de mesurer la productivité d’une partie de l’entreprise (celle où s’active cette matière grise par exemple) dans les cas où elle ne génère pas un produit propre mesurable en quantité. 

                         

                        5°. Mise en forme : eh oui, celle que je m’efforce de faire dans mon fichier Word copié dans Agora Vox n’est pas reprise par Agora Vox. J’essaie de trouver le moyen de surmonter cet obstacle. Éclairez moi si vous le pouvez.

                         ça y est, il semble que j’ai trouvé !

                        Merci pour vos compliments.

                         


                        • geko 9 janvier 2008 18:31

                          Merci pour votre réponse Roland.

                          Concernant le 2ème point, l’organisation du travail (j’y inclus le management et les methodes de travail) et sa mise en oeuvre par les salariés d’une entreprise sont primordiales pour la productivité. Pour réaliser une même tache (à effectif égal) le volume horaire est variable d’une entreprise à l’autre !

                          Par ailleurs, parceque le manque de cohésion sociale se retrouve dans le monde de l’entreprise, (pour faire le lien avec ce que dit Vieuxpassicon) <i>une société ne se construit pas sur les seuls critères économiques</i>. La productivité dépend aussi de la motivation des acteurs à travailler ensemble et à mettre en oeuvre les outils proposés ! Avant de travailler plus il faudrait penser à travailler mieux pour gagner plus et mieux vivre ! Cela passe aussi par un projet de société partagé par tous !

                          Pour la mise en page : Word et html ne font pas vraiment bon ménage, le mieux étant d’enregistrer votre document au format .txt avant de faire votre copier/coller !


                        • geko 9 janvier 2008 18:42

                          @Roland merci d’éclairer nos lanternes ! Ce genre d’article (les commentaires y attenant) comme ceux sur la conjoncture financière ont une dimension pédagogique très importante. C’est pas dans nos journaux quotidiens que vous trouverez cette information aussi bien détaillée et expliquée !

                          il faudra songer à rédiger un article sur les sondages en passant !


                        • donino30 donino30 10 janvier 2008 20:02

                          Merci pour toutes les infos Roland. Soumettre un article sur le PIB est une excellente idée, et probablement un gros travail ! Je le lirais avec grand plaisir !

                          A bientôt


                        • vieuxcon vieuxcon 9 janvier 2008 17:17

                          @ domino : oui c’est vrai la délocalisation de Ford date de l’époque ou l’Europe n’avait pas encore absorbé certains pays de L’est.

                          @ Vincent : d’apporter des exemples concrets. Bien sur nous savons tous que tout est mesurable, si nous prenons un critère unique de référence. Ce qui justifie aussi la Remarque de Domino, car nous savons bien que pour des raisons de stratégies commerciales, chacun s’emploie à brouiller les indicateurs.

                          Et ces indicateurs sont d’autant plus brouillés, que volontairement ce ne sont pas les bons. Car la valeur de la société en bourse à son importance économique (ce qui est pour moi un non sens, mais c’est ainsi) et que la startégie n’est plus seulement de faire mieux que le concurent, mais de présenter en plus le bilan de façon attrayante pour d’éventuels investisseurs.

                          Ainsi la monaie n’est même plus un indicateur, puisqu’elle est fluctuante, pas sur des critères objectifs, mais sur des critères d’affichages. Ainsi pour rester sur la délocalisation de ford, les critères de délocalisations ne sont plus seulement économique d’un point de vue de la production (qui sont sans doute meilleur en Europe de l’est) , mais aussi pondérés par des critères de marché potentiel. Ce qui pourrait tendre à démontrer que Domino à raison. Inéluctablement la production va vers les marchés émergents.

                          Maintenant devons nous batir une société sur les seuls critères économiques ? Ca c’est un autre débat. C’est normalement du ressort d"un chef d’état.


                          • vieuxcon vieuxcon 9 janvier 2008 17:21

                            Juste une précison : J’ai répondu en même temps que Roland

                            Nos réponses parlent toutes deux de monaies, mais ne s’enchaine pas forcément


                          • donino30 donino30 10 janvier 2008 19:57

                            D’une manière plus globale votre réflexion ne prouve pas que la productivité de la main d’oeuvre française n’est pas une des meilleures du monde. Elle prouve seulement qu’on n’en sait rien…

                             

                            Tout à fait d’accord. C’est tout, et uniquement, ce que l’article tentait mettre en évidence.


                          • Céphale Céphale 9 janvier 2008 20:45

                            @Geko et @Roland

                            OK pour copier-coller à partir de txt. Mais je vous signale que j’ai eu des problèmes aujourd’hui. Le retour à la ligne ne se faisait pas. Il en résulte que mon commentaire était difficile à lire.


                            • geko 9 janvier 2008 20:54

                              Il faut doubler le "Enter" pour le retour chariot  ! En passant cet article est très complémentaire à ceux que vous avez précédemment publié ! Il serait bon de constituer une archive "base de connaissance".


                            • Céphale Céphale 9 janvier 2008 21:16

                              @geko

                               

                              Merci du renseignement. Je garde en archives des documents sur l’économique, le social et le management, dont certains proviennent d’AgoraVox. Et vous ?

                               

                              Cette archive "base de connaissance" où la voyez-vous ? Sur un site ?

                               


                              • geko 10 janvier 2008 08:24

                                Un site pour web pour que tous puissent en profiter !

                                Bonne journée


                              • tvargentine.com lerma 9 janvier 2008 23:00

                                Cette article est tres interessante ainsi que les commentaires pour les échanges

                                Bravo


                                • gnarf 10 janvier 2008 10:57

                                  Excellent article ! Vous n’avez pas parle du statut cadre en France.

                                  Les cadres en France n’ont pas leurs heures de travail comptabilisees. Ils travaillent en general bien plus de 40 heures, mais l’administration considere qu’ils en font 40, donc leur productivite est gonflee puisqu’on considere qu’ils ont fait leur production en 40 heures au lieu des 50 et quelques heures qu’ils ont passees a travailler.

                                  Et si encore cela ne concernait que les cadres...ca ne serait rien. Mais en France, le statut cadre est applique abusivement a un nombre croissant de professions. Technicien informatique, developpeur... autant de metiers dont la productivite est gonflee par ce systeme. L’extension abusive du statut cadre concerne la plupart des nouveaux metiers de services, c’est a dire les plus productifs.

                                  A l’etranger, ces memes professions ont souvent droit aux heures supplementaires, et leur temps de travail est compte.


                                  • Céphale Céphale 12 janvier 2008 11:16

                                    Il faut se méfier des indicateurs économiques qui sont des moyennes générales. L’observation des écarts par rapport à la moyenne est beaucoup plus intéressante.

                                     

                                    En France il y a des administrations, des services publics comme la Poste, des compagnies privées qui font de l’acier, des voitures, des avions, des centrales électriques, des routes, des maisons... Il y a aussi des banques, des compagnies d’assurance, des agences de voyages... Parler de la productivité, en bloc, pour tout ce monde, cela n’a aucun sens. Comparer les "chiffres" de la France et du Luxembourg, c’est du délire.

                                     

                                    Il est bon d’en parler pour aider les lecteurs d’AV à mieux réfléchir. Merci à l’auteur.


                                    • HELIOS HELIOS 13 janvier 2008 12:34

                                      Merci à l’auteur et aux divers contributeurs. il y a effectivement longtemps que je n’avais pas lu un article "prenant" sans mauvaise polémique.

                                      Dans toutes les interventions il y a une tendance que je n’ai pas retrouvée, qui s’apparente au qualitatif bien que n’en etant pas directement. quelqu’un d’entre vous a-t-il lu quelque chose s’y rapportant ?

                                      Voila le contexte... c’est un exemple pour préciser ma question...

                                      Entre fabriquer une machine à laver d’excellente qualité et qui va durer 15 ans par exemple, et ses petites pieces détachées tout au long de sa durée de vie...

                                      et...

                                      fabriqure une machine à laver de m... qui ne dure que 5 ans, irreparable..

                                      Nous voyons que le nombre de machine de la seconde catégorie va augmenter la productivité d’un pays sans pour autant augmenter l’efficacité du service rendu.

                                      Pire, dans le cas ou de nombreuses interventions seront nécessaires pour la faire marcher si elle nécessite des réglages ou la réparations de pannes mineures, toute l’energie dépensée pour cela ser retrouvera dans le "PIB

                                      Donc, quelqu’un a-t-il des références a donner sur cette approche plus globale de la productivite (un peu comme le TCO, Total Customer ownership utilisé en informatique) étendu sur des sous ensembles production/service ?

                                      A la limite, pour revenir dans l’exemple ci dessus, pourrait on imaginer, vu que si les machines à laver sont necéssaires, il suffit de les faires de tellement mauvaise qualité qu’on en consommerait beaucoup, qu’on aurait une activité de consommation délirante et donc qu’on générearit une activite extraordinaire comptabilisée dans le PIB.

                                      Merci encore a l’auteur (et aux autres).


                                      • Eloi Eloi 13 janvier 2008 17:30

                                        HELIOS, votre remarque est entièrement généralisable sur le calcul du PIB. Il est démontré que le gaspillage génère du PIB. De plus, accélérer les cycles économiques (changer de portable tous les ans, les voitures tous les deux ou trois ans (offres de leasing)...) permet aussi également de doper le PIB, calculé sur une durée fixe de un an : acheter une voiture de 10000€ tous les 10 ans fait grossièrement un PIB de 1000€, acheter une voiture de 10000 € tous les 2 ans fait un PIB de 5000€. Dans les deux cas, la valeur de la voiture est réinjectée dans l’économie et permet donc de réaliser l’achat. Passer d’un rythme à l’autre permet de multiplier par 5 le PIB.

                                        Il se peut même que cette accélération des cycles économiques soit inévitable.

                                        • La R&D aujourd’hui coûte si cher, que pour obtenir son financement, il est nécessaire d’augmenter l’"intensité de valeur" (il doit bien exister un vrai mot ???), cad la quantité d’argent disponible. Cela peut passer par une accélération des cycles économiques.
                                        • De même, la concurrence industrielle des pays émergents oblige à augmenter la productivité (au moyen de machines) ce qui a pour conséquence de produire beaucoup plus vite un produit industriel. Ainsi, si le taux de renouvellement des équipements étaient trop lent, toutes ces chaînes de production se retrouveraient très vite à l’arrêt

                                        On peut y voir des effets dans la nécessité de recourrir à la pub (forcer à la demande pour répondre à l’offre (lol) mais aussi dans le fait que les produits technologiques soient si peu durables.

                                        Là où ca devient embêtant, c’est que ces facteurs s’auto-amplifient : l’accélération des cycles économiques rend les produits obsolètes beaucoup plus vite, ce qui oblige à augmenter (et enchérir) la R&D et de dimensionner les usines pour une demande instantannée plus grande, et ainsi de suite.

                                        L’écologie en termes généraux, et probablement la qualité de vie exigeraient de réduire cette accélération des cycles économiques. Malheureusement, cela mettrait beaucoup de monde sur la paille, et ne courrait-on pas le risque que les cycles économiques s’allongent inéxorablement (boucle inverse) jusqu’à revenir à une économie du Moyen-Age ? D’un autre côté, pourra-t-on continuer à gonfler notre PIB en changeant de voiture tous les ans, puis tous les mois, puis toutes les heures jusqu’à ce que le système explose ?

                                        Ces quelques réflexions permettent d’envisager que la fonction économique d’un Etat serait justement de réguler la vitesse des cycles économiques en fonction des conjonctures.


                                      • HELIOS HELIOS 13 janvier 2008 18:20

                                        Merci Eloi... évidement ce que vous dites est du bon sens !

                                        Que les etats se chargent de la régulation là, par contre, c’est de l’utopie, d’autant plus qu’on cherche a développer une concurrence libre et non faussée.

                                        Seules, les avancées orientées "grenelle de l’environnement", si elles se confirment et qu’elles sont effectives rentrerons dans ce cadre... mais je n’y crois pas beaucoup.

                                        régulation... c’est un gros mot ça !

                                         


                                        • Roland Verhille Roland Verhille 13 janvier 2008 18:57

                                          A Helios, Eloi, et à tous,

                                          Votre perplexité est la conséquence d’une confusion portant sur la signification des nombres issus de la comptabilité nationale. Reportez vous au 5°. de mon premier commentaire. Et, bien entendu, un calcul normal de productivité ne mélange pas des choses dissemblables, des machines à laver d’excellente qualité  et celles de « m. ». J’insiste, la comptabilité nationale, le PIB, comptent des unités monétaires, des euros, qu’ils soient bons ou mauvais, qu’ils soient gaspillés ou non. Il n’y a pas place dans ce travail normalement compris pour quelleque mesure que ce soit de la qualité de la vie, du bonheur. Ne pas mélanger discours politiques et technique comptable !

                                           


                                          • Eloi Eloi 13 janvier 2008 21:32

                                            @ Roland Verhille

                                            Je ne remets absolument pas en cause vos définitions, ou alors si c’est le cas, excusez cette affirmation et s’il vous plaît, expliquez-moi mon erreur.

                                            Nous parlions simplement de l’effet du gaspillage sur la productivité et le PIB, et nous n’effectuons pas une contestation de leur définition.

                                            Ce qui par contre est inquiétant dans votre post, est votre affirmation que indicateurs comptables doivent être séparés de ceux refletant la qualité de vie. Le PIB et la productivité par tête sont des indicateurs tellement usuels de la performance d’un pays, qu’ils servent bel et bien à l’optimisation de la société. S’ils ne reflètent pas la qualité de vie, et sont même gonflés par la destruction de cette qualité de vie, la société, alors va aller, mécaniquement, vers la destruction de cette qualité de vie.

                                            Le débat glisse alors plutôt vers la pertinence de ces indices. Mais il semble important de ne pas systématiquement les séparer : l’objectif de la politique est bien de rendre la vie meilleure, pas d’optimiser des indicateurs.

                                            @ HELIOS

                                            Surprenons-nous encore à rêver, et espérer... smiley

                                             


                                          • Roland Verhille Roland Verhille 13 janvier 2008 23:48

                                            Eloi, je ne sais pas si oui ou non vous êtes dans l’erreur. Pour vous répondre, je vais sans doute être trop long !

                                            Je me demande si le gaspillage de ressources augmente le PIB global : pour que ce soit vrai, il faudrait que ce gaspillage entraîne un niveau supplémentaire d’activité rémunérée en vue de disposer du moyen de payer les biens et services supplémentaires devant remplacer ceux dilapidés, et aboutir ainsi à un même niveau de satisfaction des besoins. Il me semble qu’en pratique, au lieu d’une augmentation de PIB, il y a plutôt besoins en partie non satisfaits.

                                            La dissociation que j’opère entre d’une part le PIB, quantité de monnaie produite par l’activité économique et dépensée, et d’autre part des mesures de la qualité de la vie, vous inquiète, à tort. C’est parce que je suis spécifique dans mes énoncés, quand les vôtres sont à un niveau supérieur de généralité, et qu’ainsi nous ne nous comprenons pas bien.

                                            PIB indicateur de performance d’un pays ? Mais performance en quoi ? Oui, il sert, ou plutôt a été inventé pour servir à optimiser quelque chose, mais pas la qualité globale de la vie ; seulement la performance des activités économique des gens. Le PIB par habitant, ou par travailleur, est la mesure d’une performance spécifique : celle de la quantité de monnaie produite par l’activité économique ramenée soit au nombre de résidents soit au nombre de travailleurs. Mais on sait bien que l’argent à lui seul ne fait pas le bonheur, même s’il y contribue en général, qu’il lui faut être complété par d’autres éléments constitutifs de la qualité de la vie. Ces derniers ont ou peuvent avoir leurs propres indicateurs. Et je ne vois pas qu’il soit possible de constituer un indicateur unique mesurant objectivement à lui seul la qualité globale de la vie. De plus, ce qui contribue à la qualité de la vie des uns n’est pas forcément la même chose que ce qui contribue à celle des autres.

                                            De toute manière, ce n’est ni la fonction de la comptabilité nationale, ni dans ses possibilités.  

                                            Enfin, je partage pleinement votre affirmation que l’objectif de la politique n’est pas d’optimiser des indicateurs, autrement dit d’agir sur les indicateurs en les manipulant à défaut d’être capable ou de vouloir agir sur les phénomènes mesurés pas ces indicateurs. Il n’est pas non plus d’écarter un indicateur déplaisant en le prétendant mal construit pour le remplacer pas un autre plus complaisant ou plus aisément manipulable.

                                             


                                            • Parpaillot Parpaillot 14 janvier 2008 00:34

                                              @ Roland Verhille :

                                              Merci pour tous vos commentaires très instructifs !

                                              Cordialement !


                                            • Eloi Eloi 14 janvier 2008 19:18

                                              Roland Verhille

                                              Ce fil commence à se perdre dans Agoravox, mais dans l’espoir que vous me lisiez...

                                              Oui, je pense que nous ne parlons pas sur le même plan, et je suis plus en tort que vous, puisque mon post glisse en dehors de la discussion technique sur des indicateurs. Donc, encore une fois, excusez-moi.

                                              Cependant, si vous me le permettez :

                                              "Je me demande si le gaspillage de ressources augmente le PIB global : pour que ce soit vrai, il faudrait que ce gaspillage entraîne un niveau supplémentaire d’activité rémunérée en vue de disposer du moyen de payer les biens et services supplémentaires devant remplacer ceux dilapidés, et aboutir ainsi à un même niveau de satisfaction des besoins. Il me semble qu’en pratique, au lieu d’une augmentation de PIB, il y a plutôt besoins en partie non satisfaits."

                                              S’il y a besoin insatisfait, notre système économique est sensé le combler immédiatement. Je vous renvoie à mon post précédent. Et au cas où ma réponse vous semble lapidaire (ce qui pourrait être légitime) je vous avoue en toute honnêteté qu’elle me semble avoir le charme de la simplicité

                                              Pour ce qui est du choix des indicateurs, j’aurais tendance à primer le fait d’en choisir des cohérents avec l’objectif de tout homme : être heureux. Le reste : puissance économique, bas coût... n’est que divertissement. Excusez-moi d’être un peu trop radical pour être honnête, la fatigue du lundi, probablement...


                                            • Roland Verhille Roland Verhille 14 janvier 2008 22:23

                                              Merci, c’est lu.


                                            • donino30 donino30 14 janvier 2008 11:38

                                              J’avais le sentiment que la notation et le fil de discussion pouvaient tourner au vinaigre, l’article "s’attaquant" à l’un des arguments préférés de bien des personnes dans les médias et dans les forums. Je suis heureux de constater que cela n’a absolument pas été le cas, et donc que des débats sains et de bonne foi sont, sur certains sujets tout du moins, encore possibles.

                                               

                                              A titre de pense-bête pour améliorer un jour le billet, j’ajoute une autre piste à creuser : dans la formule (PIB/Nb heures travaillées), je ne me suis pas assez intéressé au diviseur, "gniarf" l’a un peu évoqué plus haut. Il est probable que si l’INSEE dévoilait ses secrets il y aurait là quelques lièvres sympathiques à lever, comme :

                                              - Economie souterraine prise en compte (peut être ?) dans le PIB mais pas dans le "nb heures travaillées" ?’(je parierais ma chemise)

                                              - Pour les millions de travailleurs indépendants, entrepreneurs individuels, cadres, le nb heures travaillées est sans doute sous estimé (probablement estimé au nombre d’heures légal...)

                                              - ...


                                              • Roland Verhille Roland Verhille 16 janvier 2008 10:52

                                                Oui, et encore : production non marchande des ménages, pour eux-mêmes.

                                                D’une manière générale, il est toujours très difficile d’utiliser sûrement les données fournies par l’INSE. La composition de certains comptes importants et le calcul de certaines données ne sont pas fournis. On est astreint à croire l’iNSEE sur parole, à ne pas douter qu’aucun élément n’est introduit dans les données de base afin de parvenir à des chiffres "voulus". Pourtant, il ne suffit pas d’affirmer que c’est un travail scientifique qui est fourni. N’est scientifique que ce qui est vérifiable.

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