La rentabilité des banques
Un petit exposé afin de comprendre d’où vient la rentabilité des banques et comment cela va changer avec Bâle 3.
La rentabilité est l'objectif visé par toute entreprise, les banques ne dérogent pas à cette règle.
C'est la capacité de celles-ci à créer de la richesse. Cet objectif, qui n'est pas une fin en soi, permet de développer et de pérenniser les activités de l'entreprise ; c'est même une question de survie.
Le secteur bancaire joue un rôle fondamentale dans l'économie, dans son financement (prêts distribués aux entreprises et aux particuliers) et dans les transactions rendues possibles grâce aux banques (moyens de paiements, opérations à l'internationale).
L'actualité récente permet de bien prendre la mesure, l'importance du système financier aujourd'hui. Sa place est parfois remise en cause par les politiques. Le secteur est même rendu responsable de la crise que nous traversons en ce moment. Crise des subprimes et ses conséquences sur l'économie mondiale, crise de la dette souveraine avec
C'est pourquoi les organes de contrôle demandent aux banques plus de garanties. Ce sont les fonds propres qui sont aujourd'hui le « leitmotiv » de tous les établissements qui font des prêts. Car c'est le niveau de fonds propres qui leurs permettra de faire leur métier. La solvabilité est une garantie de solidité permettant de faire face aux risques liés à la profession. Ces risques sont d'ailleurs indissociables du métier de banquier.
C'est donc dans ce contexte de fortes évolutions réglementaires que j’ai souhaité traiter de
Nous verrons donc dans une première partie les éléments qui composent la rentabilité bancaire.
Nous mettrons en évidence la composition de la rentabilité des banques et son évolution. Nous terminerons avec les ratios permettant d'appréhender cette rentabilité de manière factuelle.
Nous verrons ensuite l'évolution des réglementations. Nous verrons les fondements du Comité de Bâle avec les missions, les évolutions et les niveaux de sécurité à atteindre dans un avenir proche.
Enfin, nous verrons l'impact des contraintes prudentielles sur la rentabilité du secteur. Il s'agit en effet d'une période clé de l'histoire de notre économie en générale et de la banque en particulier, il convient donc de s'attarder sur les mutations en cours.
Le PNB, Produit Net Bancaire est le premier indicateur permettant de mesurer l'activité d'une banque. Il se compose de trois sources de revenus :
-La première source de revenus est la marge sur intérêts.
Liée à l'activité d'intermédiation classique. C'est la différence entre les intérêts perçus sur les prêts réalisés et les charges financières versées aux clients (intérêts des placements) ou aux autres établissements (refinancement sur le marché interbancaire).
Cet élément est le fondement de la profession de banquier. C'est là que le rôle de financement de l'économie prend tout son sens. En effet, environ 80% des besoins de financement des entreprises européennes sont couvertes par le crédit bancaire. Pourtant, la finance directe s'est développée durant ces deux dernières décennies. Mais l'accès aux marchés pour les entreprises reste confidentiel et réservé aux entités de grande taille. La banque reste donc essentielle dans le développement de notre économie.
De la même manière, les particuliers font appel au crédit pour diverses raisons :
-Un besoin ponctuel engendré par une dépense imprévue comme par exemple une chaudière défaillante financé par un crédit de trésorerie.
-Un besoin exceptionnel généré par l'achat d'un bien d'équipement ou une dépense importante comme par exemple les études des enfants financé par un crédit à la consommation.
-L'investissement immobilier financé via un crédit immobilier.
Cette activité présente une forte exposition à l'évolution des taux.
La marge dépend de la structure de l'actif et du passif de l'établissement, ce risque lié à l'activité de transformation se nomme « risque structurel de taux ».
La banque doit dans la mesure du possible adosser les emplois (prêts accordés) aux ressources (épargne collectée) pour limiter le risque, qui concerne la partie non adossée (risque résiduel).
Il faut s'assurer que les intérêts facturés à l'emprunteur soient suffisants pour couvrir les coûts des ressources, les frais de gestion, le coût du risque et la rémunération des fonds propres. C'est cette gestion qui permet d'optimiser les marges sur intérêts.
L'évolution des taux de l'épargne réglementée est aussi un paramètre qui impacte la rentabilité.
En effet, cette épargne qui constitue une part non négligeable des ressources est soumise à des variations décidées par les pouvoirs publics.
Enfin, la situation concurrentielle peut réduire la marge sur intérêts dans la mesure où les clients cherchent à limiter le coût du financement, les taux proposés par les autres influences la politique de chaque établissement qui peut diminuer ses taux pour être plus compétitif et ainsi gagner des parts de marché.
-La seconde source de PNB est constituée par les commissions perçues.
Elles correspondent à la partie « prestation de services », c'est la tarification des services rendus par l'établissement.
Ces commissions existent dans tous les métiers de la banque.
La banque de détail facture des commissions, tout comme les services financiers spécialisés, la banque de financement et d'investissement, la gestion d'actifs, la banque privée ou les métiers titres.
Les commissions sont insensibles à l'évolution des taux. Ce qui garanti une récurrence de ses revenus. Un niveau élevé des commissions dans la constitution du PNB offre alors une meilleure stabilité dans le temps.
-Enfin, la troisième et dernière source de revenus est liée aux plus ou moins-values que peut réaliser la banque.
Elles sont liées aux activités de marché, notamment au niveau de
Les revenus sont cycliques, dépendent des conditions de marché : marché actions, taux d'intérêts, matières premières et devises. Ces activités de marché comportent des risques.
Le risque de marchés ou l'évolution défavorable des conditions de marché, qui peuvent engendrer des pertes.
Voyons maintenant comment nous pouvons analyser la formation des résultats d'une banque.
Pour vous montrer cela, il nous faut décrypter son compte de résultat.
Il a pour but de retracer les revenus et les charges de la banque sur une période donnée.
Nous avons vu de quoi étaient composées les ressources.
MARGE SUR INTERETS + COMMISSIONS + PLUS OU MOINS-VALUES = PNB
Si nous voulons observer la rentabilité dégagée, il nous faut retrancher les charges générales d'exploitation, les dotations aux amortissements et les provisions sur immobilisations corporelles et incorporelles (charges fictives mais attendues, elles ont anticipées).
Nous obtenons ainsi le Résultat Brut d'Exploitation ou RBE.
PNB – CHARGES GENE – DOTATIONS AUX AMORT – PROVISIONS SUR IMMO= RBE
Pour pouvoir mesurer l'impact de la prise de risque dans la constitution des résultats, il est nécessaire de retrancher le coût du risque.
Il est composé des dotations et reprises pour dépréciations de créances sur la clientèle et établissements de crédit ; des pertes sur créances irrécouvrables et des dotations et reprises sur engagements de hors bilan.
Ce sont les pertes réelles et attendues qui représentent les risques pris qui ont ou auront des conséquences sur les résultats.
RBE – COUT DU RISQUE = RESULTAT D'EXPLOITATION
Le résultat courant représente les gains réalisés sur l'exercice.
C'est à dire le résultat d'exploitation dont on retranche ou auquel on ajoute les gains ou les pertes réalisés sur les actifs immobilisés ; les plus ou moins-values sur les cessions d'actifs corporels ou incorporels. C'est le résultat courant avant impôt.
RESULTAT D'EXPLOITATION
+/- ACTIFS IMMO
+/- ACTIFS CORP OU INCORP
= RESULTAT COURANT AVANT IMPOTS
Enfin, après avoir retranché l'impôt sur les bénéfices, le résultat net peut être calculé.
Les soldes intermédiaires de gestion ont pour but de comprendre les choix stratégiques de l'établissement.
RESULTAT COURANT – IMPOTS SUR LES BENEFICES = RESULTAT NET
Voyons l'évolution de cette rentabilité dans le temps.
Sur la période 1995-2008, la part des gains réalisés grâce aux crédits est passée de la moitié à environ un tiers de la rentabilité de la banque.
Durant cette période, les commissions ont permis de contrebalancer le recul des revenus liés au crédit et même de permettre de poursuivre la progression du résultat global avec une hausse continue.
Autrement dit, les commissions représentent aujourd'hui une part de plus en plus importante dans la rentabilité des banques.
Un autre phénomène explique ce constat. La désintermédiation, ou l'utilisation des marchés financiers dans le financement des entreprises joue un rôle majeur dans cette évolution.
L'activité de conseil aux entreprises désireuses de faire appel aux marchés devient la source de revenus. Émission d'actions ou d'obligations ; dans quelles proportions ; à quel prix ; etc.
C'est le savoir faire, la technicité et le conseil qui sont rémunérés aux travers de commissions.
De la même manière, des commissions vont être générées lorsque la banque mettra à disposition de l'entreprise ses clients à capacité de financement. Enfin, lorsqu'il faudra gérer les portefeuilles titres, des commissions seront facturés aux investisseurs.
Le rôle de la banque est différent mais toujours rémunérateur et moins consommateur de fonds propres.
Pour terminer la partie destinée l'explication de la rentabilité bancaire, il nous faut définir ensemble les indicateurs clés sur lesquels les banques communiquent régulièrement.
Le coefficient d'exploitation.
C'est la part du PNB qui est absorbé par les frais généraux.
Il faut donc réduire ce coefficient au maximum, en adoptant une logique d'économie en réduisant les dépenses à tous les niveaux de l'entreprise.
C'est simplifier, industrialiser et partager les ressources. Il faut garder à l'esprit que dans une activité de services comme dans la banque, c'est le poids capital humain qui représente la dépense la plus importante.
La deuxième solution étant bien sur d'augmenter le PNB, par le développement de nos activités ; en gagnant des parts de marché grâce à notre professionnalisme, la qualité et l'engagement des équipes.
Le ratio de rendement ou ROA (pour Return On Assets).
Il montre le rendement net de l'ensemble des actifs.
ROA = RESULTAT NET
TOTAL DU BILAN
Le ratio de rentabilité financière ou ROE (pour Return On Equity).
C'est l'indicateur qui permet aux investisseurs de mesurer la rentabilité de leur investissement dans l'entreprise.
ROE = RESULTAT NET
FONDS PROPRES
Maintenant que nous avons défini la rentabilité de la banque, il vous faut comprendre dans quel contexte réglementaire la banque se doit d'évoluer.
Comme nous venons de le voir, la rentabilité bancaire est un complexe enchevêtrement de ratio aussi diverses que variés qui doivent être surveillés et règlementés.
La crise financière de
La crise a fait par ailleurs apparaître un monde bancaire sous-capitalisé. En effet, sans recapitalisation des États, un certain nombre de contreparties n’auraient plus été à même de faire face à leurs engagements.
Pour réagir face à cette crise financière la réponse du G20 de Séoul est l’instauration de nouvelles exigences du comité de Bâle avec un durcissement significatif des contraintes en fonds propres des banques. La plupart des ces règles étaient à l’étude depuis plusieurs années et la crise financière a principalement accéléré le calendrier.
Bâle III, en étude avant la crise, apparaît donc comme une obligation pour la sérénité future de la planète finance. Les trois maîtres mots de la réforme sont solvabilité, liquidité et prévention du risque systémique et vont donc mobiliser essentiellement les directions financières et les directions des risques.
Bâle III a été construit sur la base des accords de Bâle II qui prend en compte trois types de risques : le risque de crédit, le risque de marché et le risque opérationnel.
Bale III s’appuie sur 3 piliers : l’exigence de fonds propres minimum, la surveillance prudentielle et la discipline de marché.
Étant donné que pendant la crise financière de 2008, la surveillance prudentielle (le pilier 2 du Bale II) ne s’est pas montrée aussi fiable que prévue, Bâle III se focalise dès lors sur la réforme du pilier I.
Les principales mesures de Bâle III sont de 5 ordres
1) renforcer la qualité, l’homogénéité et la transparence des fonds propres ;
Selon le Comité, il existe des fonds propres de meilleure qualité que d'autres dans leur capacité d'absorption des pertes. Il est donc essentiel pour les banques de détenir des fonds propres de haute qualité en regard de leurs expositions au risque.
Il s’agit ici d’améliorer la qualité du « noyau dur » des capitaux des banques, le « Core tier 1 ». Les activités les plus risquées verraient ainsi leurs fonds propres alloués sensiblement renforcés. La solvabilité des banques serait ainsi accrue.
Enfin, pour améliorer la discipline de marché, la transparence des fonds propres sera renforcée : tous les éléments de fonds propres devront fait l’objet d’une déclaration.
2) améliorer la couverture des risques, en particulier du risque de contrepartie ;
L’une des principales leçons de la crise a été la nécessité de renforcer la couverture des risques en fonds propres. Pour corriger ces faiblesses, le Comité a achevé plusieurs réformes cruciales du dispositif de Bâle III. Le Comité relève les normes de gestion du risque de contrepartie dans divers domaines. Il a également publié des recommandations supplémentaires finales pour un contrôle ex post solide du risque de contrepartie.
3) introduire un ratio de levier harmonisé au niveau international.
Son but : améliorer le niveau des fonds propres individuellement et globalement, ainsi que réduire le risque de système, En tout état de cause, il est un élément de sécurité supplémentaire.
A son encontre, la principale critique entendue est qu’il traduit un élément de rupture du niveau d’égalité de concurrence entre pays : il ne pèse pas de la même façon sur chacun d’eux et présente des niveaux trop disparates (entre 1 et 4fois) avantageant les banques américaines ou celles des pays ayant un bas levier par rapport aux banques européennes.
4) réduire la pro cyclicité par la mise en place de deux coussins de capital supplémentaires (un amortisseur financier, le coussin de capital dit de conservation et un outil de gestion macroéconomique devant limiter une éventuelle surchauffe de l’économie, le coussin de capital contra cyclique) ;
En résumé, constitués de résultats mis en réserve en haut de cycle, ils seraient utilisés en cas de crise et aussitôt reconstitués en cas de période faste.
5) introduction de deux ratios de liquidité : un ratio de liquidité court terme (30j) et un ratio de liquidité long terme (1an).
- le « liquidity coverage ratio », ratio court terme, vise à favoriser la résilience des banques face à d’éventuelles difficultés de liquidité sur une période de 30 jours. Il permettra de faire en sorte que les banques d’envergure mondiale aient un volume suffisant d’actifs liquides pour compenser les sorties nettes de liquidité auxquelles elles pourraient faire face dans un scénario de crise grave de courte durée (par exemple déclassement important de la note de crédit de la banque ou retrait partiel des dépôts). Le scénario retenu s’appuie sur les circonstances de la crise financière mondiale qui a éclaté en 2007, et comprend des chocs au niveau des banques et à l’échelle du système.
Le « net stable funding ratio », ration long terme requiert la détention d’un montant minimum de financements stables en rapport avec la nature de liquidité des actifs et avec les éventuels besoins de liquidité sur une période de 1 an.
En Septembre 2010, le Comité de Bâle a dévoilé le calibrage des nouveaux ratios de solvabilité ainsi que le calendrier d’application.
La prochaine étape avant le30 juin 2015 est la transposition de la réforme Bâle III en réglementation nationale pour chaque pays membres du comité.
Les nouvelles exigences sur le ratio Core Tier 1 prendront effet à partir de janvier 2015 et les banques devront avoir 4,5 % au titre du capital de base1 auquel s’ajoute le coussin dit « de conservation » de 2,5 % qui de facto s’y assimile, soit 7 % au total, la constitution du "matelas de précaution" interviendra progressivement de janvier 2016 à janvier 2019.
Si ce coussin de sécurité n’est pas respecté par une banque, l’autorité de régulation à laquelle cette dernière est soumise, pourra la contraindre à suspendre le paiement de son dividende aux
actionnaires ou l’obliger à revoir la politique de rémunération de ses dirigeants.
En ce qui concerne le ratio Tier 1 l’exigence est de 6% dont les 4,5% du core tier one, comme on vient de le voir. L’échéance d’application arrive en 2015.
sur ces 6% du ratio Tier One s’ajoute un autre coussin de conservation contra cyclique, qui devra atteindre progressivement 10,5% en janvier 2019
Le ratio de liquidité à court terme sera appliqué en 2015 et celui à 1an sera appliqué uniquement en 2018.
L’exclusion des titres hybrides qui ne seront plus éligibles en Tier 1 sera progressive jusqu’en 2023.
Un dernier élément reste encore à définir : c’est la réserve supplémentaire pour les groupes systémiques, dont la date d’entrée en vigueur et le taux restent encore à définir.
En résumé, si Bâle II a marqué les institutions par une transformation interne des « process », des responsabilités et des systèmes, l’émergence de Bale III devrait reconfigurer plus largement le paysage financier.
Comme nous l’avons vu à l’instant, le contexte réglementaire va fortement changer. En effet, Bale 3 et son calendrier d’application vont jouer un rôle dans la modification de la rentabilité du Secteur Bancaire
L’étalement du calendrier constitue évidemment une nouvelle favorable, de nature à lisser les effets de la contrainte réglementaire sur les comportements bancaires et sur le financement de l’économie, néanmoins 2019 reste une « Dead line » assez proche comparativement au calendrier d’application de Bâle 2.
Aussi, même si les grandes banques disposent désormais d’une marge de sécurité confortable au regard des exigences bâloises actuelles, des efforts doivent encore être accomplis pour atteindre les nouveaux seuils applicables en 2019. L’information financière publiée ne permet, toutefois, pas la détermination exacte des niveaux effectifs des ratios de solvabilité dans leur nouvelle définition et contraignent les analystes à fonder leurs calculs sur certaines approximations. Selon les premières estimations disponibles, l’application fictive des nouvelles normes telles qu’elles s’appliqueront en 2019 ne permettrait pas à la majorité des grandes banques européennes d’atteindre d’ores et déjà les seuils réglementaires, ce qui a sans doute incité le Comité de Bâle à retenir un calendrier de mise en œuvre relativement long. En revanche, moyennant une limitation de l’offre de financement et des risques pondérés et des politiques de distribution prudentes, les grandes banques européennes devraient, à quelques exceptions près, se conformer aux normes en vigueur en 2012 sans augmentations de capital substantielles.
C’est pourquoi les banques vont être contraintes à prendre des mesures rapides, et parfois violentes, pour satisfaire dans les temps aux exigences du régulateur.
Les nouveaux ratios de Liquidité LCR et NSFR vont nécessiter une part plus importante de Fonds Propres (FP). De plus, l’augmentation des pourcentages de provisions sur les crédits va également demander plus de FP.
Or, les fonds propres se constituent à partir du PNB ainsi que des dépôts des clients (particuliers et entreprises). Dans les banques, le PNB est constitué des marges et des commissions. Les marges étant prises sur les prêts, les commissions sur les services bancaires facturés, comme nous l’avons vu plus haut.
Le Marché bancaire étant concentré, donc visible, et très concurrentiel, une augmentation importante des tarifs pour augmenter le PNB parait peu probable. En effet, dans ce marché oligopolistique, une augmentation simultané des tarifs et taux de toutes les banques ou même des plus importantes comme
La part croissante des commissions dans le PNB des banques devrait s’accentuer encore dans les années qui viennent car c’est la qu’est le moteur de croissance. Dans certaines banques elle atteint déjà 60% de revenus. D’autres banques se sont déjà diversifiées dans la téléphonie, ou il y a quelques années dans l’assurance des biens et personnes, et même, dans l’assurance obsèques.
Il est probable que certaines banques qui hésitaient sur certains choix stratégiques de diversifications, seront plus enclines à les faire. Il est même possible que certaines externalisations de services soient réintégrées, comme les assurances Décès Invalidités Totale (DIT).
Les banques vont quand même mécaniquement reporter au moins une partie du cout du risque sur leur marge. Cela va faire augmenter le taux des prêts (on le voit déjà), et exclure de l’accès aux crédits une partie des entreprises et des particuliers, qui n’auront pas les moyens. Cela va donc pousser ceux qui pourront encore faire des prêts à utiliser un peu plus leur épargne pour compenser le cout du crédit. Or c’est l’effet inverse que vont chercher à mettre en place les banques. En effet, leur marge de manœuvre étant limitée pour augmenter leur PNB, elles vont chercher à augmenter leurs dépôts.
Or, sur ce point le Secteur Bancaire n’est pas moins concurrentiel que sur les prêts. On va donc se voir multiplier les offres promotionnelles sur les produits d’épargne en général et surtout sur les produits d’épargne court et long terme, comme les Comptes Sur Livrets (CSL) et les PEL. Ces offres promotionnelles auront comme principal moteur l’augmentation des taux de rendement pour l’épargne non réglementés comme le CSL, par exemple 5% pendant « 3 ou 6 mois », ou des abondements non négligeable sous réserve de placer une somme minimale définie, comme les PEL : Par exemple, 75 € offert pour tous versements de 5 000€ minimum.
Quels effets ces politiques commerciales vont elle avoir ? Elles vont clairement entamer le potentiel rentable de ces produits d’épargne. En effet, l’objectif principal à présent ne sera plus de faire de l’argent avec ces produits, mais de constituer des fonds propres ! Seulement, la rentabilité de ces produits constituait une partie des réserves que la banque pouvait faire.
Ces différentes orientations possibles du secteur bancaire pour faire face aux nouvelles réglementations, nous amènent à nous demander si toutes les banques partent avec les mêmes avantages et les mêmes inconvénients. En effet, en France et même en Europe, les banques travaillèrent sensiblement sur les mêmes bases réglementaires du fait des directives européennes. Mais qu’en est-il des banques Américaines ou Chinoises ?
Les banques Européennes appliquaient déjà Bâle 2, mais pas la plupart des banques Américaines ou Chinoises ! Les banques européennes sont majoritairement sur un modèle de Banque Universelle (BU), mais pas les banques Américaines. Les banques Chinoises sont des banques d’États, elles disposent donc de Fonds Propres quasi illimités grâce à l’État chinois. Même si les banques chinoises vont devoir revoir leur mode de distribution du crédit et donc s’expertiser dans le domaine du risque, (car si la Chine veut se développer économiquement elle va devoir abandonner progressivement le Capitalisme d’État) la recapitalisation de ces banques ne posera pas de problème.
Les régulateurs bancaires américains ont accueilli favorablement la réforme bâloise. La référence explicite aux grandes banques internationalement actives laisse, toutefois, présager que le périmètre ne serait pas élargi à l’ensemble des banques américaines mais restera circonscrit à la dizaine de « core banking organisations » (Organisations bancaire de base), dont le bilan est supérieur à 250 milliards de dollars ou dont les actifs détenus à l’étranger dépassent 10 milliards de dollars, déjà soumises à l’approche avancée Bâle 2.
Les champs d’application de Bâle 3 qui en résulteraient seraient très différents entre l’Europe et les États-Unis. Le bilan agrégé des douze core banking organizations (10 banques dont 3 filiales de banques étrangères) ne représenterait que 61% de l’ensemble des actifs bancaires, ce qui signifie que la réforme Bâle 3 ne sera en réalité susceptible de contraindre qu’une proportion comprise entre 15% et 20% des financements du secteur privé non financier américain, contre plus de 80% de ceux de la zone euro, ces proportions indicatives étant obtenues en multipliant la proportion d’établissements susceptibles d’être soumis à Bâle 3, exprimée en pourcentage des actifs bancaires, par la part du crédit bancaire dans le total des financements du secteur privé non financier.
On voit donc que Bâle 3 ne règle pas un des defaults de Bâle 2 concernant l’application des mesures, mais aussi concernant les banques visées par les mesures, ce qui engendrera une concurrence déloyale à l’échelle internationale et donc aura une incidence sur la rentabilité des banques les plus contraintes réglementairement parlant : c’est à dire les banques européennes. Cette situation pourrait pousser certaines banques à opérer des choix stratégiques dangereux, et précipité une autre crise.
Car, il existe un moyen pour les banques d’éviter d’avoir trop de besoins en FP. C’est de se délester d’une partie de ces crédits. Pour cela, elles utilisent la titrisation de part d’emprunt. Or, c’est une titrisation excessive des emprunts toxiques de particuliers Américains qui a provoqué la crise des Subprimes !
Cela vaut pour toutes les banques car dans le monde actuel globalisé, la corrélation entre les acteurs bancaires va plus ou moins tous les forcer à adopter ce point de vu.
Pour conclure nous pouvons dire que nous avons vu ce qu’était la rentabilité bancaire, nous avons vu dans quel environnement réglementaire évoluait le Secteur bancaire, et enfin nous venons de voir quel était l’impact réglementaire de Bâle 3 sur la rentabilité d’une banque.
Quels enseignements pouvons-nous en tirer ?
Tout d’abord que la rentabilité d’une banque dépend de plusieurs facteurs, risqués ou moins risqués, qu’elle prend consciemment ou qu’elle subie. Le contexte Réglementaire dans lequel elle évolue va à la fois la protéger de certains risques, et donc lui permettre de préserver sa rentabilité en cas de risques avérés, mais va également brider ses ressources et son potentiel à prendre des risques, et par conséquent l’empêcher de faire progresser sa rentabilité et son PNB comme elle l’entend.
Le comité de Bâle et les plus grands établissements bancaires mondiaux reconnaissent, qu’à cause du Risque Systémique, il est nécessaire de recourir aux méthodologies de Bâle 3. Le changement de modèle dans le Secteur Bancaire est encours, il faudra gagner moins mais de façon plus durable comme le dit la FBF.
Bâle 3 est la réponse, des institutions politique et financière de la planète, à la crise de 2007-2008, mais alors que celle n’est pas encore complètement appliquée, la crise des dettes souveraines nous fait nous interroger sur sa pertinence…
Bâle 3 n’est il pas déjà périmé face à cette nouvelle crise ?
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