La rigueur, appel d’air pour les spéculateurs
Le président Roosevelt, lorsque une Wall Street suicidée - associée aux plus grandes fortunes américaines plumées -, critiquait avec une violence inouïe sur son « New Deal » il répondait, goguenard : « Mais pourquoi tant de haine ? Après tout, je ne fais que sauver le capitalisme ». Le New Deal n’a pas été suffisant pour régler la crise, il a fallut la guerre et l’incroyable effort militaire américain (à crédit jamais totalement remboursé) pour stabiliser la situation.
Dans son interview de hier au Die Zeit, Soros indique que la politique allemande, qui continue à considérer Maastricht comme un texte sacré, aura des résultats catastrophiques. « Berlin » dit-il, « va entraîner ses voisins dans une stagflation et une longue période de stagnation ». Cela aura comme conséquence « des explosions nationalistes, des crises sociales et de xénophobie » L’investisseur n’exclut pas « la chute de la zone euro », et considère « que l’Allemagne devrait logiquement, si elle continue sur cette voie, sortir de l’union monétaire », ce qui, tout compte fait, « aiderait les économies européennes ».
Ce ne sont pas des paroles en l’air. En clair, Soros qui a gagné de l’argent pendant la crise financière - comme il l’admet en souriant - pariera contre l’euro tant que l’Europe met en place des plans de rigueur. Pour lui, « la Chine et l’Allemagne doivent à leur tour contribuer généreusement à la sortie de la crise » en menant une politique contraire à celle qu’ils mènent aujourd’hui, une politique visant avant toute chose, non pas le refinancement des banques, mais, au contraire la stimulation interne et externe de la consommation des ménages par l’augmentation des salaires. En effet, la crise actuelle est la conséquence directe du remplacement des « salaires » par des « emprunts ». La « privatisation » de la politique salariale et son remplacement par le crédit ont trop longtemps masqué une croissance faible endémique dans la zone euro, mais aussi et surtout aux Etats-Unis.
Payer le travail plutôt que prêter devrait être la devise de la sortie de crise.
Aider les banques n’est que la dernière péripétie d’une politique basée sur le crédit et cela n’a, en aucune manière, aidé à la relance. Cela a seulement permis de renverser les rôles : renforcer un secteur qui a prouvé son incapacité (banques) aux dépends des Etats.
Pourtant, on continue…
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