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Accueil du site > Actualités > Economie > La rigueur, appel d’air pour les spéculateurs

La rigueur, appel d’air pour les spéculateurs

A Bruxelles, la Commission sur « la compétitivité et la libre concurrence » vient d’approuver le rallongement du programme allemand d’appui à son système bancaire, qui devait prendre fin au mois de Juin. Berlin pourra continuer à donner des garanties d’Etat à ses propres banques jusqu’à la fin de l’année 2010. Non seulement ces banques, très exposées au sein de l’Europe du sud et de l’est, profiteront en premier des mesures d’austérité mis en place en Grèce au Portugal et en Espagne, mais, en plus, faute de fonds propres suffisants, profiteront des garanties importantes de la part de l’Etat allemand. Sans manifestement aucune contre partie supplémentaire. Ainsi, comme en Grande Bretagne, c’est de nouveau les classes moyennes imposables qui paieront pour les riches, au nom de la rigueur. Une facture grandissante au jour le jour, tant que le marché, s’appuyant artificiellement sur les agences de cotation, augmente à sa guise les fonds qu’il doit récupérer des Etats. Au mépris d’économistes prestigieux, mais aussi d’ acteurs importants de ce même marché, dont le représentant le plus emblématique reste le tueur de la livre sterling, Georges Soros. Ce dernier considère la politique de rigueur mise en place par l’Allemagne comme « suicidaire et un danger pour toute l’Europe »

Le président Roosevelt, lorsque une Wall Street suicidée - associée aux plus grandes fortunes américaines plumées -, critiquait avec une violence inouïe sur son « New Deal » il répondait, goguenard : « Mais pourquoi tant de haine ? Après tout, je ne fais que sauver le capitalisme ». Le New Deal n’a pas été suffisant pour régler la crise, il a fallut la guerre et l’incroyable effort militaire américain (à crédit jamais totalement remboursé) pour stabiliser la situation. 

Dans son interview de hier au Die Zeit, Soros indique que la politique allemande, qui continue à considérer Maastricht comme un texte sacré, aura des résultats catastrophiques. « Berlin » dit-il, « va entraîner ses voisins dans une stagflation et une longue période de stagnation ». Cela aura comme conséquence « des explosions nationalistes, des crises sociales et de xénophobie » L’investisseur n’exclut pas « la chute de la zone euro », et considère « que l’Allemagne devrait logiquement, si elle continue sur cette voie, sortir de l’union monétaire », ce qui, tout compte fait, « aiderait les économies européennes ».

Ce ne sont pas des paroles en l’air. En clair, Soros qui a gagné de l’argent pendant la crise financière - comme il l’admet en souriant - pariera contre l’euro tant que l’Europe met en place des plans de rigueur. Pour lui, « la Chine et l’Allemagne doivent à leur tour contribuer généreusement à la sortie de la crise » en menant une politique contraire à celle qu’ils mènent aujourd’hui, une politique visant avant toute chose, non pas le refinancement des banques, mais, au contraire la stimulation interne et externe de la consommation des ménages par l’augmentation des salaires. En effet, la crise actuelle est la conséquence directe du remplacement des « salaires » par des « emprunts ». La « privatisation » de la politique salariale et son remplacement par le crédit ont trop longtemps masqué une croissance faible endémique dans la zone euro, mais aussi et surtout aux Etats-Unis.

 Payer le travail plutôt que prêter devrait être la devise de la sortie de crise. 

Aider les banques n’est que la dernière péripétie d’une politique basée sur le crédit et cela n’a, en aucune manière, aidé à la relance. Cela a seulement permis de renverser les rôles : renforcer un secteur qui a prouvé son incapacité (banques) aux dépends des Etats.

Pourtant, on continue… 


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8 réactions à cet article    


  • Alpo47 Alpo47 24 juin 2010 11:26

    Nous sommes de plus en plus nombreux à comprendre que nos situations deviennent de plus en plus difficiles pour sauver ... nos prédateurs.

    A titre d’exemple, Obama, devant l’impossibilité pour les emprunteurs de payer les crédits immobiliers aurait pu leur accorder des aides, sous différentes formes. Ainsi, les propriétaires auraient conservé leurs maisons, et leurs prêteurs auraient été remboursés. Il a choisi de donner directement de l’argent aux banques, en laissant expulser des millions de propriétaires. Tout est dit .

    Il en est de même pour d’autres secteurs. Les prédateurs, banksters, mênent le jeu et la plèbe doit subir.

    Ce constat fait, il faut maintenant, nous tous, tourner notre imagination vers : Comment se défendre et en sortir ?


    • rastapopulo rastapopulo 24 juin 2010 14:17

      Scinder les banque d’investissement et de dépôts (Glass Steagall Act) pour ne sauver que celle de dépôt en cas de crash. > problème, la retraite par capitalisation (où les américains et les anglais qui devait partir en retraite en 2008 ont tout perdu) est déjà bien implanter.

      Mise en place d’un protectionisme social > problème ? les socialos qui devraient le défendre ont fait tout le contraire à l’Europe et ne change pas d’avis. Il faut un Zemmour pour en entendre parler !

      Mise en place de protectionisme environementale > problème ? les écolos (à la sauce anglosaxonne sans le savoir) ne veule pas en entendre parler, il y a que le CO2 qui compte (et le méchant nucléaire civil qui produit 1% de la radiation dans la vie d’un homme).

      Solution ? Connaître l’histoire de ceux qui ce sont opposé à la finance anglosaxonne : List, Hamilton, Lincoln (qui battu le libvre-échange esclavagiste avec la technologie et le protectionisme), Roosevelt, De Gaule, Larouche, Cheminade,...

      Dans le cas de Cheminade, c’est rigolo de voir que personne ne tient compte que sa carrière a été empêchée par le non remboursement de ses frais de campagne 95 pour des motifs tout à fait fantaisistes (dons de campagne sans intérêts donc donations non remboursées faut oser !!!) et que son partie a été mêlé artificiellement à une sombre histoire d’assassinat (Olof Palme) pour le qualifier d’extrême droite sans aucun fondement.

      C’est à ce genre de chose que vous vous exposé si vous êtes dans le vrai.


    • ploutopia ploutopia 25 juin 2010 09:57

      Les banques ne sont qu’un outil de la machine capitaliste. Nous sommes aussi coupables qu’elles à vouloir toujours le meilleur taux bancaire à l’emprunt ou au dépôt. Ce qui ne va pas, c’est la différenciation des taux d’intérêts selon les acteurs économiques. Plus vous êtes riche moins vous payez d’intérêts ??? Quand l’Allemagne emprunte elle doit rembourser 3% d’intérêts. Quand la Grèce emprunte, elle doit rembourser 10% d’intérêts.

      C’est la question des intérêts qu’il faut penser, pas les banques qui ne font que relayer l’imaginaire collectif : l’argent qui fait des petits tous seul.

      http://ploutopia.over-blog.com/pages/Argent_et_Interets-445053.html

       



    • bonsens 24 juin 2010 11:59

      exact , koutouzis : j’ajouterais que le positionnement sur les « services » décuple le problême . Entre le produit brut , qui est de moins en moins proposé , et le produit « avec services » , il y a souvent un écart de 1 à 10 . question , un « service » peut il étre imposé , ou alors n’est ce plus un service , mais un droit de passage à payer ?
      Si je veux le produit , c’est tout , sans la fumée , je n’ai pas le droit ? J’économiserais alors pourtant 90% de mon argent , et mon pouvoir d’achat bodirait....
      Mais comment faire autrement dans un pays qui ne produit plus assez de biens consommables ? Tous ces « services » ; ce sont les emplois ( en partie superflus) des français . Alors , oui , sur le paquet de nouille , y a des petits mickeys , y a une pub à la télé avec une vedette , y a un service apres vente avec des boulots assis bien au chaud , et on vendra bientot le ketchup dans des flacons de 100 grammes , jolis comme des flacons de parfumeur de luxe , et aussi ches ( et de plus , jetables ) etc.... C’est ainsi que le cout de la vie en france nécessiterait que chacun ait des salaires de cadres sup ..... .
      Tout est à l’avenant : les jeans , tee shirts , polos , etc... qui sont vendus des dizaines d’euros ici , sont achetés en gros 1 ou 2 euros piece tout au plus .
      Le positionnement sur les services tue les français , les obligeant à choisir entre pas de pouvoir d’achat, et pas de boulot ....


      • zelectron zelectron 24 juin 2010 13:52

        @Michel,
        ...et si TOUTES les banques européennes subissaient le sort de l’équipe de France, entraineurs et comparses y compris : on vire tous les pdg, directeurs et jusqu’au rang de certains sous directeurs...


        • Nicolas 24 juin 2010 20:04

          Excellent article. En ce moment, on sort d’une politique de deux ans environ où on a laissé filer les déficits, mais cette politique est à bout de souffle, le refinancement des banques ayant montré ses limites. Comme le dit l’auteur, les perspectives de croissance à attendre d’une telle politique ne sont pas roses.


          • Antoine Diederick 24 juin 2010 22:02

            Georges Soros commence à nous la gonfler et à gonfler le peuple !

            Non mais, le voilà politologue alors qu’il n’eut en son temps de cesse de spéculer sur la livre sterling , bref sur la situation d’un Etat.

            Il est possible d’être un financier de génie, Soros l’est, mais la leçon d’orthodoxie venant de sa part est risible. Qu’il ait pu jouer au malin qui place bien ses billes, soit, bravo. Qu’il puisse jouer au donneur de leçons, je rigole. 

            Enfin, il lui faudrait aussi revoir un peu sa fameuse théorie de la "réflexibilité’ qui m’a l’air d’être une fumisterie à l’usage des ignares tout éblouis du savoir faire financier du maître, mais peu au fait des sciences humaines et économiques.

            Moralité : Qui brasse du vent, brasse aussi parfois de l’air smiley

            Georges, prends ta retraite ou bien crée une école de traders , au moins cela servira à quelque chose !



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