La rigueur germanique et l’économie moderne
Dans le contexte actuel de raréfaction de ressources naturelles, qui deviennent disproportionnelles à l’égard de la population mondiale en forte croissance, puis dans le contexte où la mondialisation économique a accéléré la diffusion du modèle occidental de consommation vers les pays du sud, et enfin dans le contexte où ces tendance impactent considérablement sur l’environnement naturel, il nous semble à fort raison que la rigueur germanique constitue l’optimale stratégie pour remonter ces divers défis.
Rappel historique
Il est prouvé méthodologiquement et observable empiriquement que la psychologie germanique est régie par la logique de production économique, de sorte que la mentalité du germanique, et plus particulièrement de l’allemand, est permanent hantée par la préoccupation d’effectuer des actions lucratives afin d’assurer la prospérité économique. Luther avait associé subtilement cette mentalité à l’obtention du Salut.
Il convient de rappeler à ce titre que l’Allemagne a toujours marqué l’histoire par ses performances en matière économique. Souvenons-nous, que la fin de l’Antiquité, à la veille de l’effondrement de l’Empire romain, l’économie mondiale était centrée sur la Méditerranée, avec une prépondérance en Asie Minore. Quelques siècles plus tard le Pol de l’économie mondiale se trouvait sur le territoire du Saint Empire Romain-Germanique, avec une prépondérance en Allemagne, où on découvre les grandes foires commerciales, comme Francfort, Leipzig, Cologne, Hambourg, Lubeck, Dantzig. Ce qui explique d’ailleurs que Venise et Gênes dirigent davantage lors commerce vers le nord, au détriment de l’Asie et de l’Afrique.
Cette puissance économique allemande, dont les hanséatiques ont joué un rôle majeur, a connu un certain déclin à cause de la Guerre de Trente Ans qui a porté sur l’effondrement du Saint-Empire, donc sur une instabilité politique en Allemagne. Cependant, deux siècles plus tard, l’Union douanière de Zollverein permettra la diffusion de la première Révolution industrielle depuis l’Angleterre, ce qui a fait de l’Allemagne le premier grand pays industrialisé sur le Continent. Puis, l’unification bismarckienne autour de la Prusse en 1871, favorisa une croissance économique très rapide, sans freinage et sans crises durables. Rappelons que pendant cette période, la croissance économique allemande dépasse 3% par an, pourcentage qu’elle ne partage en Europe qu’avec le Danemark.
Ses structures économiques ont évolué plus rapidement que chez ses voisins, de sorte que le secteur industriel a gagné en termes d’employés, passant de 25% en 1850 à 40% en 1913. Cela explique que dans un intervalle de temps assez court, l’Allemagne prend la deuxième place mondiale en matière de commerce extérieur après la Grande Bretagne, puis elle devient la première puissance industrielle de l’Europe, et enfin la première puissance industrielle du monde. Rappelons aussi que contrairement à ces principaux concurrents, notamment les Etats-Unis et l’Empire Britannique, l’Allemagne disposait d’un territoire réduit et d’une population moins nombreuse.
Effondrée et ruinée après la première Guerre Mondiale, où elle a perdu tout à la fois une partie du territoire, une partie de la population, ces brevets, ainsi que sa crédibilité, l’Allemagne redevient à la veille de la Deuxième Guerre Mondiale la première puissance industrielle du monde et une de grandes puissances économique. Bien entendu, l’objectif n’est pas ici d’entrer dans les débats de type idéologique, mais tout simplement d’illustrer la capacité allemande de redressement, sachant qu’au-delà de politiques conjoncturelles prises par le régime de l’époque, au fondement de ce redressement se trouve une mobilisation générale de la population allemande.
Evidemment, pour confirmer cette capacité de redressement, 20 ans après avoir se retrouver à nouveau effondrée en ruine, l’Allemagne Fédérale redevient en 1968 la première puissance économique de l’Europe et la troisième du monde. Pour sa part, l’Allemagne Démocrate était en même temps la première puissance industrielle du Bloc de l’Est. Seulement le Japon a prouvé un redressement semblable, mais moins miraculeux, car les infrastructures nationales japonaises n’ont pas été entièrement détruites après la guerre, comme en Allemagne.
De la même manière comme dans les cas précédents, l’aspect qui s’illustre ici c’est la volonté et la capacité de la population à se mobiliser pour assurer ce redressement. Il convient de préciser à ce titre que les divers facteurs, type politique structurelle, politique conjoncturelle, voire aide financière externe, ne suffissent pas pour expliquer le redressement allemand, du fait que ces mêmes facteurs n’ont pas eu les mêmes effets sur les autres sociétés.
C’est à ce titre qu’on a insisté sur l’évolution historique de l’Allemagne, car ce détour historique prouve statistiquement que cette nation est systématiquement parvenue par soi-même à une véritable prospérité économique. Cette population qui sortait à peine de la forêt au début du Moyen-Age, a réussi faire de cette partie de l’Europe une puissance économique beaucoup plus imposante que fut la région méditerranéenne. Une nation qui s’avère capable à remonter les effondrements les plus pénibles, et à redevenir en temps record une puissance économique. Or, le paradoxe allemand, et germanique en général, repose sur le fait que ce redressement défit toutes les lois économiques.
Rappelons à ce propos, que si on résume toute l’analyse aux paramètres économiques on pourrait dire, que quel que soit le modèle économique, respectif traditionnel, mercantiliste, marxiste, keynésien, ou libéral, l’économie repose sur trois éléments principaux, en l’occurrence les moyens, les méthodes et la finalité. Les moyens renvoient aux disponibilités d’ordre humain et aux disponibilités d’ordre matériel, respectif ressources naturelles, technologies et capital financier. Les méthodes constituent l’ensemble des techniques et des procédures mobilisées pour rentabiliser les moyens, ce qu’on appelle d’ailleurs capital immatériel. Bien entendu, la finalité c’est la prospérité économique.
Donc, si on raisonne uniquement en termes économiques, il suffirait d’articuler ces divers instruments d’actions, méthodes et moyens, qui constituent d’ailleurs les principales stratégies actuelles, dites structurelles ou conjoncturelles, pour parvenir à une prospérité économique convenable. Sauf que dans la pratique cela ne se reproduit pas mécaniquement, car en réalité il manque deux éléments fondamentaux, en l’occurrence la vocation individuelle pour l’activité productive, et la rigueur comportementale. Dès lors, les instruments d’actions économiques constituent seulement la forme de l’activité productive, tandis que le fond est de nature sociale et repose sur ces deux éléments.
Pour mieux illustrer ce propos il semble judicieux d’évoquer ici l’économiste allemand Max Weber, pour qui une économie prospère et une croissance pérenne exige d’une part une initiative individuelle, ensuite une activité incessante, et enfin, une maxime rentabilisation de ressources. Sachant que la rentabilisation ou la rationalisation de ressources signifie une organisation rigoureuse entre les moyens disponibles, les moyens dépensés et les résultats obtenus. Or, seulement dans une société où l’ensemble d’acteurs sociaux s’engagent pleinement dans le processus productif l’activité devient incessante, ce qui suppose qu’il y a effectivement une vocation individuelle envers l’action lucrative. De même, seulement dans une société où l’ensemble d’acteurs sociaux font preuve d’un comportement rigoureux envers les moyens disponibles il y a effectivement une véritable rentabilisation de ressources, et implicitement une efficacité économique.
Précisons ensuite, que l’économie d’un pays est caractérisée par deux dimensions complémentaires, en l’occurrence la productivité effective et la crédibilité associée à sa capacité productive. Pour qu’elle soit rentable, la productivité doit effectivement répondre à ces deux exigences majeures, respectivement, esprit individuel d’initiative et rigueur comportementale. Pour qu’elle soit crédible, une économie doit effectivement faire ses preuves. La note de crédibilité découle de la productivité effective, mais en même temps la réconforte à travers l’investissement financier qu’elle attire.
Rappelons que la crédibilité correspond à une note de confiance attribuée sur le marché international à chaque pays et à son système de production. Cette quota de confiance mobilise toute une série de paramètres et de critères, dont capacité productive à long terme, qualité de produits, rendement économique, intégrabilité sur le marché mondial, enfin patrimoine technique, technologique et méthodologique. Or, cet ensemble repose sur une construction à long terme, où il faut prendre en compte le corps social, son engagement dans l’activité productive, ainsi que l’ensemble de dynamiques sociales au service du système productif. Dit autrement, la crédibilité dont réjouit chaque économie sur le marché est indissociable de la dimension socio-historique sur laquelle elle s’est construite et repose, car c’est à travers elle qu’on estime la dynamique productive du pays, sa rentabilité, sa pérennisation, et sa réputation.
En effet, la stabilité et la durabilité d’un système productif opérationnel et rentable repose sur la stabilité du corps social et sur la pérennisation de son engagement dans l’activité productive, car cette attitude réconforte tout à la fois la productivité et la crédibilité sur le marché international. Evidemment, cela requiert une population spécifique, hantée par l’esprit d’action et par la rigueur comportementale.
Conclusion.
Partant de ces éléments mobilisés il nous semble logique, que dans le contexte actuel de mondialisation et de raréfaction de ressources au niveau mondial, la rigueur germanique c’est la meilleure stratégie pour maintenir la croissance économique. Rappelons à ce propos que dans le passé l’Allemagne s’est avérée à plusieurs reprises capable à dépasser les situations critiques grâce à un comportement rigoureux dans l’activité productive et dans la rentabilisation de ressources.
En effet, pendant la première Révolution industrielle, bien qu’elle ne disposait pas de la même quantité de ressources que l’Empire Britannique ou les Etats-Unis, l’Allemagne a réussi entre 1850 et 1900, passer devant à tous ces voisins, et devenir la première puissance économique de l’Europe. Evidemment, sa forte croissance économique de 3% par an pendant cette période, s’explique par la rigueur comportementale manifestée simultanément en matière d’optimisation de ressources disponibles, et en matière d’intégration au système productif. Sachant qu’à cette époque les conditions de travail en usine étaient rudes, environ 12 à 15 heures par jour, seulement une population qui manifestait un comportement rigoureux pouvait s’adapter à ces conditions, et implicitement, accepter le rythme de l’usine et de la machine. Ce qui explique que l’Allemagne est devenue la première puissance industrielle.
Plus tard, les deux redressements d’après les Guerres mondiales s’expliquent aussi par cette optimale synchronisation entre l’optimisation de ressource disponible et l’engagement durable et efficace de l’ensemble de la population dans l’activité productive. Rappelons qu’entre 1945 et 1957 à la fois la France et la Grande Bretagne se sont centrés sur elles-mêmes et sur leurs empires coloniaux, notamment la Grande-Bretagne. Or, c’était justement la période où s’est produit le « miracle allemand ». Certes, il y a eu quelques facteurs externes encourageants, comme une réduction de la dette en 1953, puis certains aides financiers. Mais l’essentiel de ce redressement se doit à la mobilisation de la société allemande, car aucun autre pays qui a bénéficié de mêmes avantages, que ce soit avant ou après, n’a pas connu le même redressement.
Bien évidemment, à partir de 1957, la Communauté Européenne fut constituée ayant comme moteur industriel et économique l’Allemagne, ce qui a attiré progressivement toute une série de pays européens, notamment ceux du nord. Face à cette Europe de plus en plus prospère la Grande Bretagne réoriente dès 1960 sa politique économique depuis l’Atlantique vers le Continent européen. Tendance suivie aussi par les Etats-Unis qui a fait également de l’Europe son principal partenaire économique. En 1990, la Russie, ainsi que nombreux pays de l’Est, se dirigent également vers l’Allemagne pour demander assistance technique, et entamer partenariat économique. Dès 2000, l’Inde et la Chine suivent cette même tendance.
En outre, contrairement aux Etats-Unis, la Grande Bretagne et la France qui articulent affaire économiques et affaires politiques, l’Allemagne reste centrée sur le partenariat économique. Or, si elle connaît un succès considérable sur le plan économique et commercial malgré son
non-interférence dans le domaine politique, c’est grâce à la confiance qu’elle a su s’attirer à travers les deux derniers siècles. La technologie allemande est reconnue et apprécie par tous les pays, qu’ils soient grands ou petits, ce qui favorise les exportations. Rappelons ici qu’elle est le troisième exportateur mondial. De même, la rigueur allemande en matière de production et la discipline en matière budgétaire est reconnue, ce qui attire et assure les investisseurs étrangers.
Il convient de souligner à ce titre que la crédibilité constitue l’élément majeur qui différentie l’Allemagne de grands nombre de pays comme la Chine, l’Inde, mais aussi Espagne, Portugal, Grèce. Certes, la Chine est un grand pays industriel et exportateur, mais le produits chinois n’ont ni la fiabilité, ni la viabilité des produits occidentaux, ce qui risque à pénaliser à termes l’économie chinoise, et diminué sa note de crédibilité. Certes, la Grèce et l’Espagne ont au même titre que l’Allemagne le droit à une assistance financière, voire une réduction de leur dette, mais elles n’ont pas la même confiance de la part des investisseurs.
Etant donné que les Institutions politiques et administratives, ainsi que les structures économiques sont pratique les mêmes dans toute l’union Européenne, on s’attendait que les pays de sud de l’Europe connaitront le même développement économique que ceux du nord. Mais ce n’est pas le cas, et ce qui pose problème c’est la rigueur comportementale. Au niveau individuel il se traduit par le refus de la population d’accepter les reformes structurelles, sachant pertinemment qu’elles sont impératives dans le contexte actuel de mondialisation. Au niveau étatique il se traduit par une faible rationalisation et optimisation de ressources humaines et matérielles disponibles. Evidemment, ce qui en sud est abordé en termes d'austérité, et fait peur, en Allemagne on aborde en termes rigueur et discipline budgétaire, et c’est par tradition la meilleure méthode pour traverser une situation critique.
En somme, dans le contexte actuel de raréfaction de ressources naturelles, qui deviennent disproportionnelles à l’égard de la population mondiale en forte croissance, puis dans le contexte où la mondialisation du marché économique a accéléré la diffusion du modèle occidental de consommation vers les pays du sud, et enfin dans le contexte où ces tendance impactent considérablement sur l’environnement naturel, il nous semble à fort raison que la rigueur germanique constitue l’optimale stratégie pour remonter ces divers défis.
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