La schizophrénie de l’Etat actionnaire
La nouvelle est tombée vendredi, à priori accidentellement Renault n’ayant manifestement pas envie que la presse en parle, mais les deux nouveaux moteurs Renault seront fabriqués à Pitesti en Roumanie et à Valladolid en Espagne.
Hasard du calendrier, on apprenait le même jour que les deux nouveaux moteurs de PSA seraient fabriqués à Tremery en Moselle et à Douvrin dans le Pas de Calais, Douvrin qui va perdre de 200 à 400 emplois du fait de la perte de production des moteurs Renault.
Douvrin, usine connue sous le nom de « Française de Mécanique » qui produisit pendant des années le seul V6 Français, le fameux PRV, est détenue à 50-50 par les deux constructeurs français d’automobiles mais assure désormais 70% de sa production pour PSA.
Aujourd’hui Renault fabrique 29% des ses moteurs en France contre…85% pour PSA.
Pour ce qui est des véhicules, on est également en droit de se demander si Renault est encore un constructeur français. Les Twingo et Wind ? Fabriquées en Slovénie. Clio ? Fabriquée en partie à Flins (environ le tiers de la production, la majorité étant faite en Turquie et une partie en Espagne) aujourd’hui mais la Clio IV, dont la sortie est prévue en 2012, sera elle fabriquée en Turquie même si, suite à l’intervention de Nicolas Sarkozy, Patrick Pelata s’est engagé à continuer à produire des Clio à Flins (les miettes, on peut facilement l’imaginer). Modus et Mégane ? En Espagne. La Fluence ? En Turquie. Les Koleos et Latitude ? En Corée du Sud. Seules, parmi les véhicules particuliers, sont produites en France les Kangoo, Scénic, Laguna et Espace c'est-à-dire les modèles qui ne se vendent peu ou pas (à l’exception du Scénic).
Résultat quand en 2010 PSA a réalisé 37% de sa production mondiale en France, Renault n’a réalisé que 19.8% de sa production dans l’hexagone c'est-à-dire environ la moitié (source CCFA).
Rappelons simplement que Renault a pour principal actionnaire l’état français, qui détient 15% du capital, tandis que PSA est une entreprise privée à 100%...
Dès lors plusieurs questions se posent : A quoi sert l’état actionnaire ? A créer de l’emploi en France ? A avoir une politique industrielle destinée à assurer un avenir à l’industrie française ? Comment expliquer qu’un acteur privé français produise en France le double de ce que produit un acteur partiellement public ? Comment expliquer la totale inaction de l’état pour « renverser la vapeur » chez Renault (vu la gestion de la pseudo affaire d’espionnage par les dirigeants de cette entreprise, il est pour le moins surprenant qu’aucune tête ne soit tombée en haut de la hiérarchie) ? Comment expliquer à des investisseurs étrangers que la France est un bon endroit pour investir alors qu’une entreprise partiellement publique y investit moins qu’un opérateur purement privé ?
Inutile de dire qu’une fois de plus nos gouvernants font preuve d’une schizophrénie totale quand ils disent la main sur le cœur qu’ils ont toujours lutté, luttent et lutteront toujours pour défendre l’industrie française.
Philippe DAVID
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