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Accueil du site > Actualités > Economie > La SÉCU : un trou sans fond ?

La SÉCU : un trou sans fond ?

Trou sans fond, ou sublime outil social, la SÉCU traverse une grave crise. Cette crise est due à deux facteurs opposés, mais complémentaires : la volonté de la gauche de couvrir tous les assurés pour tous les soins, la volonté de la droite de couvrir à moindre frais, sans pénaliser les médecins.

L’avenir de la SÉCU est aujourd’hui plus que compromis.

Les erreurs successives commises depuis une vingtaine d’années coûtent cher, très cher à la société.

Si la couverture universelle maladie (CMU) est une avancée sociale notable, l’absence de plafonnement des soins, et plus largement "l’automatisation d’une couverture à 100%", sans responsabilisation par le paiement, même moindre, laisse place à tous les abus. Du réfugié allant se faire poser un appareil dentaire dans une CPAM, aux sans emploi collectionnant les IRM et autres prescriptions au moindre "bobo", le législateur n’a pas voulu envisager des limites salvatrices à une mesure ambitieuse.

Du coup, forcé de trouver d’autres moyens pour ne pas provoquer un tollé social, le gouvernement tire à vue sur les déremboursements de médicaments et les mesurettes (médecin traitant), sans identifier les problèmes de fond.

Mais il serait trop simple de renvoyer uniquement la balle aux assurés, qui, en plus, vont bientôt devoir compter sur leur mutuelle (quand ils en ont une) plus que sur un système qui n’a su s’adapter aux outrages du temps.

Le corps médical a une lourde responsabilité dans les coûts de la SÉCU.

- D’une part, même si nous sommes tous d’accord pour comprendre qu’un médecin doive gagner un salaire "important", aucun frein n’est venu arrêter la corporation dans sa quête d’argent. Il existe, certes, de grands contrastes entre un médecin rural et un médecin en ville, mais il est clair qu’une course à l’acte est engagée depuis quelques années. L’industrie du soin masque habilement les avantages conséquents de certains praticiens, qui bénéficient de subsides offerts par les laboratoires, mais aussi des largesses de l’État sur chaque "papier" produit. La réforme du médecin traitant se traduit par 50 € par dossier traité par médecin. Les réformes précédentes, par des sommes diverses et variées qui font que dans ce milieu, tout est facturable, et remboursé, du même fait.

- D’autre part, les rémunérations excessives de certains corps (kiné, radiologues, orthodontistes...) qui ont su tirer leur épingle du jeu, au sein même de la sphère "santé". Ainsi, il n’est pas rare de voir des rémunérations de 6000 €/mois et des remboursements dépassant les 20 000 €/mois/praticien. L’industrie du soin onéreux pèse lourd dans la balance, au moins tout autant que les largesses de la CMU, si ce n’est plus.

Le grand perdant ? La classe moyenne.

En effet, la classe moyenne est celle qui paie des cotisations, et aussi la seule classe qui ne bénéficie pas d’une couverture à 100 %. D’une part, elle n’a pas toujours les moyens d’avoir une bonne mutuelle (alors que les riches le peuvent), et d’autre part, elle limite ses soins pour ne pas toujours dépendre des délais de remboursement et rentrer dans le rouge bancaire.

Du coup, le gouvernement a cru bon, en voyant son incapacité à réformer en respectant sa volonté d’américaniser le système, d’affaiblir encore la SÉCU. Objectif : dire en 2007 que la SÉCU n’est plus amendable.

Et pourtant, elle l’est, surtout pour les classes moyennes.

Il faut agir sur le fond, en mettant au point un fichier Vitale (compte bancaire appliqué à la santé), consultable par carte vitale et modifiable uniquement par médecin agréé (ce qui éviterait les charlatans). Ce fichier permettrait de limiter les excès de consultation, et aussi d’améliorer le suivi et de renforcer la qualité des prescriptions.

Complémentairement, il serait intéressant d’instaurer un plafond à la CMU, avec des restrictions, tout en frappant de l’autre côté de l’échiquier, en limitant clairement le coût de certaines prestations qui grèvent sérieusement les finances de la SÉCU : je pense en l’occurrence aux radios, aux appareils dentaires, aux certificats médicaux (20 € pour cinq minutes de contrôle).

De plus, le déremboursement de certains médicaments courants n’est pas une bonne idée, puisque les gens se rabattront sur d’autres produits. Il serait intéressant d’engager un remboursement modéré, qui sensibilise aux excès, mais aussi laisse une couverture décente pour tous. J’évoque également la possibilité de plafonner les couvertures pour ceux qui ont toujours des "bobos", sans être pour autant malades. Pourquoi rembourser une jambe cassée à répétition, si la personne exerce une activité à haut risque et reconnue comme telle ? Il faut mettre certaines limites, tout de même. On pourra également évoquer la baisse des prix de certains médicaments, l’élargissement des génériques, et, plus largement, la responsabilisation par la sensibilisation dès l’école.

J’aimerais également évoquer le fait qu’il serait intéressant de concentrer la compétence médicale par pôles, plutôt que de laisser les praticiens opérer chacun de son côté, dans des logements souvent spacieux (libération de logements de plus). Un interne en hôpital a-t-il perdu sa liberté en travaillant dans un établissement ? Pour proposer cela (modèle anglais), il faudra sans doute beaucoup de courage, chose dont la France manque cruellement.


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