La sortie de l’Euro
S’il est une idée qui commence à s’imposer avec la force des idées qui viennent éclairer une situation qui se dégrade sans que les solutions dites « officielles » qui consistent essentiellement à financer les Banques, -on vient de le faire sans aucun résultat de relance économique-, et à s’enfoncer dans un système dont il faut être aveugle pour ne pas voir qu’il est en faillite, c’est bien la Sortie de l’Euro.
En France, les premières évocations de cette sortie, provenant malheureusement presque uniquement de mouvances de droite, Dupont-Aignan d’abord, puis Marine Le Pen.. qui se définissent néanmoins comme opposants du système néo libéral dont la chape de plomb institutionnelle (institutions non démocratiques) et de traités, étrangle les peuples et leurs états, ont provoqué les réactions effarouchées d’ « économistes » officiels du système et surtout de responsables de la finance.
Le président de la République vient lui-même de nous expliquer, de manière absurde puisqu’il y a des pays européens qui ne sont pas dans l’Euro, que la « sortie de l’Euro » était équivalente à la « sortie de l’Europe » néo libérale oublie-t-il seulement de préciser.
Pour ne citer qu’une réaction typique des milieux financiers, on reprendra les déclarations de Laurence Boone, économiste en chef chez Barclays Capital dans Libé du lundi 10 mai 2010 :
a) « Le volume des échanges sur le marché des changes est colossal : on échange 90 fois plus de monnaie que de biens »
Commentaire : spéculation > 90% donc (plus encore que ce que citait Tobin en 1999), facilité par l'euro anonyme et l'absence de contrôle des changes |
L’austérité est donc une conséquence du point précédent |
d) Sur la dette grecque :
Si la Grèce sort de l'euro : « la dette libellée en euro pèserait beaucoup plus lourd » (la nouvelle monnaie grecque serait dévaluée)
Commentaire : donc il faudra renégocier les prêts. L’euro est une monnaie surévaluée. |
e) Et des menaces : « si la Grèce faisait défaut…. Elle aurait bien plus de difficultés à emprunter sur les marchés »
Commentaire : donc il faut une Banque nationale créatrice de monnaie, une Banque nationale pour les flux monétaires et autres et il faut réinvestir dans la production pour revenir à une balance du commerce extérieur au moins équilibrée.. |
Les plus ignorants de la situation réelle invoquent des arguments du type : « le pétrole importé coûterait plus cher, alourdissant une facture qui pèserait sur l’économie et l’Industrie ».
La vérité est que l’on a passé le « Peak oil » de Hubbert mondial (à quelques réserves d’Arabie Saoudite et d’ailleurs près qui ne changent pas fondamentalement le problème tellement la demande s’accroit). Donc que globalement la production devient insuffisante pour satisfaire la demande. D’ailleurs le recours aux schistes bitumeux et gazeux, montre bien que l’on « racle les fonds de tiroirs » pour le pétrole et le gaz. Là se situe le facteur majeur, aggravé par la spéculation, de l’inflation que subit déjà le prix du pétrole brut.
Et ces perspectives de crises majeures, financières et des matières premières, devraient obliger les nations à reprendre leur destin en main (l’Europe n’a ni politique énergétique, ni politique industrielle et sa Recherche se limite à l’espace et au CERN en gros, -l’Euratom étant un échec-). Ce qui n’exclue nullement des coopérations qui sont encore aujourd’hui les seules relations qui aboutissent à quelques succès..
De la même manière on se garde bien d’expliquer comment la Grèce, avec un PIB d’environ 170 milliards d’euros pourra rembourser des prêts de 110 milliards d’euros au total sur 3 ans ! D’ailleurs elle ne peut pas et a commencé à vendre des intérêts stratégiques pour elle : type Port du Pirée.
Le FMI
Compte tenu des déficits publics qui se creusent dans la quasi-totalité des états européens, le recours aux prêts du FMI et de leurs conséquences est inévitable si l’on reste dans l’Euro.
Pour faire comprendre ce qu’est le FMI, rien de mieux que ce compte rendu public : Rapport East Asian conditions,
Part 2 - : vendredi 30 janvier 1998, débats du comité des affaires bancaires et des services financiers de la chambre des représentants des USA, dans le contexte des difficultés du sud est asiatique et en présence du secrétaire d’Etat au trésor monsieur Rubin, de monsieur Greenspan et du secrétaire de la Défense monsieur Cohen :
Citations : « Chairman Leach : Le FMI convient très bien à une aide pour l’Asie nda parce que son poids est partagé par la communauté internationale….. Le FMI est un organisme de prêts, les contributions du FMI ne sont pas des cadeaux, ils équivalent à des transferts d’avoir d’une banque à une autre…. Le FMI a l’autorité nécessaire pour imposer au pays débiteur des mesures fiscales, monétaires et politiques, la mise en place d’une économie de marché… les droits de l’homme sont pris en compte, bien que des critiques disent que l’action du FMI affaiblisse les droits de l’homme….
Mr Lafalce : j’espère que le congrès acceptera de fournir des fonds supplémentaire au FMI, …. la crise économique en Asie pourrait créer des dommages à notre propre économie, entraîner des troubles politique et sociaux, … la crise pourrait s’étendre à d’autres régions : l’Amérique latine, l’Europe de l’Est, la Russie…. Enfin le refus des Etats Unis d’augmenter les fonds abrogerait notre leadership économique, cisaillerait notre influence en Asie et au sein même du FMI… on doit aussi se soucier que le FMI n’impose pas de programmes d’austérité trop dure pour ne pas faire du tort à nos contrats en Asie et y diminuer nos exportations….
Mr Castle : En somme on nous demande d’intervenir sur le marché financier – du sud est asiatique nda- pour soulager les sanctions naturelles qu’infligent une conduite irresponsable et la cupidité….
Mr Vento : ….à travers les multiples organisations multilatérales telles que le FMI le partage du poids des aides s’est partagé….. tandis que le FMI nous coûte peu, il nous amène des bénéfices tangibles et substantiels…. »….. Fin de citation.
Tout est dit sur les risques de propagation des crises, le poids des US au FMI et la manière dont ils s’en servent, les contingences qui peuvent être drastiques pour l’obtention de prêts.. Au passage on notera avec un certain étonnement qu’ils se trompent sur la Russie (pas pour l’Argentine !). Cela est sûrement du au fait que ce sont des financiers et économistes qui négligent le fait que la Russie soit très riche en matières premières et qu’elle est très avancée sur l’atome civil notamment. Cela c’est du concret, rien à voir avec des capitaux massivement spéculatifs qui deviennent de plus en plus virtuels au fur et à mesure que ce système financier s’emballe.
Donc voilà, pour s’en sortir si l’on n’a pas de matières premières, il faut produire des richesses. Pour un pays comme la France qui doit redresser aussi son agriculture et sa pêche, ce sont des produits de haute technologie (s’il en est encore temps dans notre déclin accéléré).
Et voila aussi ce qui amorce, pour le France, une sortie de l’Euro efficace et démocratique. Réalisée autour de Banques publiques, d’organismes de Recherche publics, d’entreprises nationalisées et gérées démocratiquement pour les éléments essentiels de l’activité industrielle : l’énergie, l’eau, les transports….
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