La soumission du système carcéral au principe de rentabilité

Les Etats-Unis sont le premier pays au monde en nombre de personnes incarcérées. La justice américaine compte 7,1 millions de personnes sous surveillance des services correctionnels, dont 2 millions derrière les barreaux. Il y a 760 détenus pour 100 000 personnes. A titre de comparaison, la plupart des pays européens ont 1/7 de ce nombre, la France en a elle 96 pour 100 000. Le Brésil et la Pologne occupe respectivement la deuxième et la troisième place du classement avec « seulement » 242 et 225 pour 100 000 personnes.
Les Etats-Unis représentent seulement 5% de la population mondiale mais détiennent 25% des personnes incarcérées sur le globe. Au cours des deux dernières décennies, l’argent dépensée dans le système carcéral était 6 fois supérieur à celui consacrée à l’éducation. Par exemple en 2011, la Californie a dépensée 9,6 milliards de dollars dans les prisons contre 5,7 milliards dans l’enseignement supérieur. L’Etat dépense 8667 $ par an pour un étudiant, contre 50 000 $ par an pour un prisonnier. Depuis 1980, il a construit un campus universitaire pour 21 prisons. Le taux d’incarcération était cette année la à 25 % de ce qu’il est aujourd’hui.
Ce qui a changé, c’est la « Guerre contre la drogue » elle a abouti à la prolifération de lois répressives et à l’accroissement du nombre d’incarcérations pour un tout ou pour un rien. Ces changements sont poussés par les lobbyistes très influent des prisons américaines, évidemment privées, elles tiennent à leur business rentable. Elles ont achetées la plupart des politiciens aux Etats-Unis avec des dons rendus possible par le contrôle inexistant du financement des campagnes américaines. Leurs objectifs est de faire augmenter le nombre de personnes en prison ce qui équivaut pour elles à une augmentation de leur marge de profit. Une prison est payée entre 45 et 130 dollars par jour et par détenus. Ces établissement privés ne rendent pas non plus de compte à l’Etat, cette absence de contrôle créer une impunité. Celle de maltraiter par l’isolement ou les privations sensorielles
Pendant ce temps, les Etats s’endettent, et une sous-classes de prisonniers se constitue. Mais Corrections Corporation of America et GEO, les deux plus grandes entreprises du secteur pénitentiaire privé, ont cumulées à elle deux 2,9 milliards de bénéfices l’an dernier. La crise économique, dont le bouquet final se fait attendre, va faire augmenter radicalement la pauvreté aux Etats-Unis, la délinquance s’en suivra par corrélation, les profits aussi.
L’exemple du système carcéral américain pose clairement le problème du tout privé comme l’imaginait Friedman. Une entreprise privé poursuit purement et simplement la rentabilité comme ultime objectif. Soumettre la prison à une logique de profit met certains individus en position de pouvoir bénéficier de la criminalisation de la population, de faire du profit sur la délinquance, rôle classiquement octroyé aux parrains mafieux. Ce secteur fait son beurre sur l’insécurité d’un côté et la répression de l’autre. L’argent étant aussi pouvoir, on peut craindre qu’augmente celui d’une entreprise dont l’activité bénéficie à la fois de l’absence de politique efficace contre la délinquance et la criminalité, mais également de la présence de lois répressives et d’un contrôle accrue de la population.
En France, le 19 février 2008, le Garde des Sceaux Rachida Dati, a signée une convention d'un nouveau genre pour le ministère de la Justice. La Chancellerie franchissait un nouveau pas en officialisant son premier partenariat public-privé. Bouygues a été choisi pour concevoir, réaliser, financer mais aussi exploiter trois centres pénitentiaires à Réau (Ile-de-France), Nantes et Annoeullin.
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